Pain of Salvation : Ninkasi Kao – Lyon [7.04.17]

Pain of Salvation : Ninkasi Kao – Lyon [7.04.17]

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Pain of Salvation
C’était il y a bientôt huit ans. Au mois de décembre 2009, l’ami Bodom m’avait proposé de faire des photos pour le concert d’un groupe que je ne connaissais alors que de nom. Et moi, écoutant les conseils des potes, qui me disaient « Oh oui, j’y serai !», j’avais accepté.
Ce soir-là, je fis vraiment mon entrée sur Soil Chronicles et découvris deux choses : la photographie de concert IMG_2174(mais bizarrement, mes clichés ne sont plus disponibles) et Pain of Salvation. Le concert fut une claque, du genre qui marque une vie, si bien que rapidement, toute la discographie du groupe prit place sur mes étagères et tourna, tourna encore et encore dans ma chaîne, au point d’en connaître les morceaux par cœur – si c’est réellement possible. J’ai aimé tous leurs albums, les Road Salt inclus, l’émotion m’a pris, quand j’ai su pour la maladie de Daniel Gildenlöw, l’espoir est revenu quand j’ai vu que son état s’améliorait, que les concerts reprenaient et que la route du studio était à nouveau empruntée.
Vint alors, après des réinterprétations d’anciens titres afin de se remettre dans le bain et d’installer le tout nouveau line-up, In the Passing Light of Day et l’annonce d’une tournée accompagnant cette nouvelle offrande.
Et quand j’ai appris qu’Access Live faisait revenir sur Lyon ce groupe dont je suis tombé véritablement amoureux, il était impensable que je le loupe, pour une soirée pleine de promesses…… qui débuta par un rendez-vous manqué.
Une mauvaise lecture d’horaire engendrant soixante minutes de retard et, alors que je pensais entrer dans la salle au début du set de Port Noir, je me suis vite rendu compte que je n’en voyais que les tout derniers instants. C’est vraiment dommage, tant la curiosité me donnait envie de connaître leur mélange entre Metal, Pop 80’, Jazz, Electro, etc. Et puis, en les voyant laisser un public enthousiaste, la déception n’est que plus grande.
M’enfin, comme tout retour en arrière est impossible, il ne me reste qu’à faire confiance en Pain of Salvation pour oublier cette déconvenue.
Pain of Salvation
20h20 environ, le groupe monte sur scène, bien prêt à défendre leur dernier bébé. Défendre, c’est bien le mot, car à « Full Trottle Tribe », parfaitement adapté à une entame de concert, succède logiquement « Reasons », puis « Meaningless ». Un gros bloc de trois morceaux estampillés 2017, pour un total de près de vingt minutes d’unePain of Salvation musique délaissant le Rock 70’ des deux précédents albums pour revenir au Metal Progressif qui, s’il se rapproche de la première période du groupe, troque un peu de son côté barré pour devenir plus rageur et intimiste. Ces deux aspects en font un album parfait pour le live, surtout qu’il est soutenu par des ingé lights très en forme, multipliant les ambiances et soulignant chaque émotion dégagée… Du grand art.
Tandis qu’on se dit qu’on aimerait bien avoir aussi d’anciens morceaux, les lumières se rallument pour un petit discours durant lequel Daniel blague avec le public, l’occasion de se rappeler à quel point le frontman dégage une sympathie non feinte. A partir de ce moment, PoS va piocher dans une bonne partie de sa discographie, Remedy Lane notamment – le Re-lived oblige – dont les premières notes du monument « Beyond the Pale » met en émoi une partie de la salle. Le show est varié, avec Road Salt One, pour du direct et efficace et The Perfect Element, qui nous donne à entendre une version un tantinet plus métallique du magnifique « Ashes ».
Pain of SalvationAprès ce retour dans le passé – où j’aurais personnellement aimé retrouver un « Disco Queen », pour l’ambiance, ou d’autres morceaux cultes du groupe, comme « Ending Theme » ou « The Perfect Element »* –, In the Passing Light of Day pointe à nouveau son nez, avec « Silent Gold » et celui que j’attendais : « On a Thuesday ».Ce morceau me donne d’ailleurs l’occasion de dire à quel point Ragnar Zolberg est une fabuleuse recrue. Moi qui étais attristé du départ de Johan Hallgren, je ne peux qu’avouer que sa suite a été reprise avec brio. Ce chant, se confondant parfois avec celui d’une femme lors des montées dans les aigus, dans le titre sus-cité notamment, est une pure merveille.
On peine d’ailleurs à croire que les seuls rescapés du précédent album soient Daniel Gildenlöw et Léo Margarit, tant l’alchimie entre les cinq membres fonctionne. Ce n’est pas qu’ils soient complices et échangent beaucoup pendant le show, non. Chacun reste même de son côté, chacun possède un jeu de scène bien différent – celui de Ragnard étant bien plus triste que de reste de ses camarades. Mais, tandis que certains surnomment PoS « Le Daniel Gildenlöw Band », on sent ici que tous les membres sont pleinement impliqués. Bien sûr, le frontman, en tant que dernier membre originel, que principal songwriterPain of Salvationet créateur (malgré lui, en quelque sorte) du concept, reste en avant – en témoignent mes photos. Mais il n’a rien du dictateur seul maître à bord. Les chœurs à deux, trois, quatre ou même cinq voix, parsèment le show, et chacun apporte sa touche, et se semble se réapproprier les morceaux, les anciens compris.

Ce set se conclut sur « The Physics of Gridlock », épopée sauvage dans le Grand Ouest Américain, dont la fin en français est l’occasion d’une petite phrase de Daniel sur sa maîtrise de notre langue, phrase vannée par Léo. Une belle fin, qui sent l’air frais, la liberté et qui ne semble pas contenter le public, puisqu’il réclame un rappel.
Le chanteur revient donc, seul sur scène, nous annoncer un morceau pour lequel on doit se laisser porter par ses émotions, et entame alors l’intro de « In the Passing Light of Day ». Ce début intimiste au possible nous envoûte, soutenu par le jeu de lumière, appuyant toujours autant les émotions à fleur de peau dégagées par le chanteur. Au bout de Pain of Salvationquelques minutes, Daniel Karlsson le rejoint sur les planches lorsque le clavier fait son apparition, suivi, au fur et à mesure, des autres membres. Une mise en scène évidente et pourtant si belle. Exactement ce qu’il fallait pour souligner la montée en puissance de ce titre de quinze minutes.

Comme tout doit avoir une fin, la salle se rallume, les musiciens nous saluent et s’en vont, fatigués mais contents, certains viennent saluer des membres du public avec une disponibilité qui fait plaisir à voir.
Cela faisait bientôt huit ans que j’attendais de revoir Pain of Salvation. Et leur show était à la hauteur de mes attentes, quelque part bien différent du précédent concert – qui, selon mes souvenirs, se montrait plus festif – et, malgré tout, aussi prenant.
Dommage cependant que cette soirée m’ait été un peu gâchée par quelques connards anti-photographes.

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*mais il y en a tellement, qu’établir la sélection parfaite est du domaine de l’impossible.
Pour plus de photos, la galerie est ici.

Synopsys – Timeless

Synopsys – Timeless

Note du Soilchroniqueur (Lusaimoi) : 7,5/10

Synopsys est un groupe dont le nom prend tout son sens en live. Les musiciens s’y effacent au profit d’un film composé d’extraits parfois terribles, parfois poétiques, diffusé en arrière-plan, laissant l’auditeur se faire son propre scénario, bercé par des atmosphères variées mais jamais enclines à la joie. Des ambiances que porte particulièrement bien le genre dans lequel les Avignonnais évoluent et qui se voit fortement influencé par les désormais maîtres dans le domaine : Cult of Luna.

En studio, la présence de ce modèle se ressent dès les premiers instants, dans le démarrage lent et désertique de « Red Stars », rappelant indéniablement « Ugin », de nos Suédois. Et si pour le reste, elle sera moins prégnante, grâce à une production plus rentre-dedans, elle se fera néanmoins bien ressentir tout au long de cet EP, notamment sur le long et ambitieux « Naïve », qui mène son ascension progressivement, doucement, par petites touches, avec pour exemple ce regain de fluidité à la troisième minute qui termine l’introduction sans vraiment la conclure.

A ce point de ce texte, les lecteurs les plus attentifs auront décerné une seconde critique que l’on pourrait émettre à propos de ce Timeless au digipak sobre et classe. Deux titres seulement ont été cités et les deux débutent de façon similaire, avec une saturation qui arrive après une introduction appelant plus à la méditation. Ce qui est également le cas du très beau « We have still the Sun » (un jeu de mot still/steal/stollen ?), à l’entame triste et nostalgique, grâce à cette guitare sur lesquels viennent se poser de vieux enregistrements puis un chant clair réussi.
Il faut attendre, pour se défaire de ce schéma, « Drops of Fire », quatrième et dernier titre de cet EP et suite directe de « Naïve ». Un morceau qui nous plonge sans amorce dans une sorte de Post-Hardcore/Noise chaotique et bruitiste, avec un petit côté shamanique dans les chœurs. Ici, le ton change radicalement sans choquer et Synopsys se détache réellement de son modèle et de ses structures privilégiées, jusqu’à la deuxième minute où il calme le ton et revient à un Postcore plus classique et pourtant toujours prenant.

Mais, contrairement à la ressemblance parfois trop visible avec Cult of Luna, qui est un défaut réel et néanmoins bien excusable (il y a pire comme modèle), ce deuxième reproche s’efface lors d’une écoute plus attentive. Car en prolongeant son introduction à plus de la moitié de la durée de « Red Stars », les Avignonnais déconstruisent les attentes de leurs auditeurs, créent la surprise pour finir dans un final musclé. Même chose avec « We have still the Sun », qui contraste avec la fin de son prédécesseur. Alors qu’on aurait pu s’attendre à une simple alternance entre passages calmes et saturés, celle-ci ne vient pas et l’explosion, point central du titre, reste unique et assez courte, le groupe reprenant ensuite son intro en l’enrichissant petit à petit d’une touche Electro. On peut également mentionner une nouvelle fois « Naïve » et ses onze minutes à la progression exemplaire, possible illustration de la définition de « montée en puissance ».

Cette chronique a un défaut. Elle débute sur le(s) défaut(s) de Timeless et en occulterait presque ses qualités. Car s’il y a bien quelque-chose que l’on ne peut pas enlever au groupe, c’est son savoir-faire en termes d’ambiances. Spleen, mélancolie et contemplation mènent vers une violence frontale et à une sorte de colère désespérée – sensation apportée par le chant guttural mixé légèrement en retrait. Tout cela vient nous envahir à l’écoute de cet EP et nous rappelle à quel point Synopsys porte bien son nom.
En se concentrant ce(s) défaut(s), qui ne méritai(en)t pas autant d’attention, cette chronique semble dépeindre un Timeless en demi-teinte. Pourtant, il suffit de l’écoute de ces quatre titres pour se convaincre du contraire. Après une première démo, voilà un début prometteur qui ne demande qu’à se concrétiser sur le premier album, à paraître prochainement.

Site officiel : synopsys-project.com
Facebook: www.facebook.com/synopsysproject
Bandcamp: synopsys-project.bandcamp.com

Wolve (Rock Progressif) et SaaR (Post-Rock) en tournée

Wolve (Rock Progressif) et SaaR (Post-Rock) en tournée

Une bonne nouvelle pour les amateurs de Rock Progressif, le groupe Wolve, qui avait fait fort impression dans nos colonnes il y a deux ans, part en tournée pour la sortie de son nouvel EP, Lazare. Une œuvre plus « brute, radicale et organique », d’après le groupe, ce qui devrait bien différer du très atmosphérique Sleepwalker.

Intitulée Normal Animal Tour, cette tournée se fera en compagnie de SaaR (Post-Rock) et comprendra 14 dates, dont 4 en France. Plus de détails dans le flyer que vous pouvez voir dans cette news, ainsi que dans les liens ci-dessous.

Facebook de Wolve : www.facebook.com/wolveofficial
Facebook de SaaR : www.facebook.com/saartheband

Sylak Open Air 2016

Sylak Open Air 2016

Texte : Lusaimoi
Photos : Didier Coste

Tandis que les festivités ont (très bien, apparemment) démarré hier, ce n’est que ce matin que l’équipe de Soil, composée ici de Didier aux photos et (Lusai)moi au texte (même si j’ai pris mon appareil), arrive au stade Régis Perrin de Saint-Maurice de Gourdans. La faute à un travail qui prend du temps et des rendez-vous que l’on ne pouvait rater. A ce que j’ai pu entendre, ce vendredi était une bonne soirée, même s’il fallait aimer le Punk pour pleinement apprécier la tête d’affiche. Quoi qu’il en soit, je ne doute pas qu’un groupe comme Les Ramoneurs de Menhir ait réussi à mettre l’ambiance dans une foule bien chauffée par la scène locale et une machine à mousse qui fait toujours son petit effet. Une soirée entre fun et brutalité, comme chaque vendredi de Sylak, et comme toujours, ça leur réussit.

Pour nous, c’est Nonsence qui ouvre. En gros, le groupe idéal pour entamer une journée de fest. Une jolie énergie, un côté violent. Juste ce qu’il faut pour nous mettre dans le bain. Je regrette un peu quelque chose de trop frontal à mon goût. Un léger manque d’accroche qui ferait naître la petite étincelle de potentiel coup de cœur, même si des passages plus calmes se montrent intéressants. Une chouette découverte, à laisser mûrir en attendant une autre écoute pour pleinement la savourer.

Pour moi, le vrai premier coup de cœur, il vient avec R.A.B. Parce que rien qu’avec les balances, on sent qu’on va se faire plaisir, même si notre photographe ne semble pas immédiatement convaincu. Le groupe Revient Aux Bases avec un Hard Rock/Stoner épais, couillu et dansant à souhait. Chose d’autant plus vraie qu’il l’envoie dans un set détendu et fendard, un parfait équilibre entre parlotte et musique. J’ai un peu pensé à Flayed et ce n’est peut-être pas un hasard, puisque leur chanteur, Renato, A Bandé passé tout le show contre la barrière à chanter les paroles qu’il connaissait par cœur. Moi, le groupe m’a fait prendre dans les 200 photos, contre une cinquantaine par groupe habituellement. Quoi qu’il en soit, chez R.A.B, il n’y avait Rien A Balancer. Si tous les groupes de la scène locale pouvaient en donner autant, les salles seraient plus souvent Remplies A Bord.

Voilà, la machine est lancée, et la suite du programme ne devrait pas faire retomber la sauce avec du Death… Ah non, du Thrash, pardon. Je pensais qu’avec un nom comme Artillery, on allait nous servir une musique plus growlée. Mais c’est un Thrash assez Heavy que jouent les Danois. Second étonnement, c’est d’apprendre que les gars sont là depuis 1982, et qu’ils passent en troisième position (quatrième, en théorie, puisque Internal Suffering a dû annuler sa venue), même si je ne me plains pas de cet ordre vu que je ne les connaissais pas avant aujourd’hui. Et ce que je retiens surtout (mis à part Christian, d’Adipocère, qui a laissé son stand quelques minutes pour foncer dans un pogo), c’est un chanteur plutôt doué dans son genre – et avec de beaux cheveux mis en valeur par la petite brise qui s’est levée –, qui court sans cesse d’un côté à l’autre de la scène et pallie des musiciens plus statiques. Statiques, et néanmoins impressionnants, du genre qui nous sortent des soli de fous comme nous on se sert un café le matin. Un geste automatique parfaitement maîtrisé, à la « non, vraiment, je ne vois vraiment pas ce qu’il y a de difficile là dedans ».

Après trois groupes inconnus et un coup de cœur que j’ai bien envie de revoir, voilà le premier dont j’ai déjà entendu le nom. Et dire qu’Unearth le porte bien ne me semble pas exagéré. Dès l’introduction, la terre semble trembler et le son vrombit dans nos corps. La suite ne dément pas, avec un Metalcore violent et massif qui ne s’accorde que quelques concessions, comme un chant clair qui intervient sur quelques titres et des envolées bienvenues, uniquement présentes pour que le groupe revienne nous assommer ensuite. Une prestation plutôt bonne, même si la vraie claque Hardcore viendra plus tard.

En attendant, c’est Swallow the Sun qui prend la suite. Adorant leurs albums, avec un Doom-Death pesant, beau et personnel, ces Finlandais-là, je voulais les voir. Et il est assez dommage qu’ils aient été programmés si tôt dans la journée, car le beau ciel bleu d’août ne sied guère à leur musique. Un ciel noir ou nuageux et lourd aurait été plus approprié. Dommage aussi que certains problèmes techniques aient également gâché la fête avec un chant d’abord complètement inaudible puis très en retrait. Et quand on sait à quel point le growl de Mikko Kotamäki peut être puissant et son chant clair d’une sublime fragilité, on ne peut que le regretter. Le set n’a rien de fougueux – la musique ne s’y prête pas – il est tout de même habité. Et puis le charisme de leur chanteur est tel, qu’il aurait pu rester une heure complètement immobile, il aurait complètement capté les regards. Dommage est le mot pour cette prestation. Alors à revoir en espérant que ce soit un soir d’automne ou d’hiver.

Je ne sais pas si c’est le show de Doom/Death qui a frustré les fêtards, mais avec le Stoner d’Orange Goblin, ceux-ci ont l’air d’être bien décidés à se rattraper. Dès le lancement, c’est une vingtaine de peluches qui ne va cesser de faire des va-et-vient de la scène à la fosse, obligeant même le groupe à commencer une collection. Vu du pit, le public semble fou. Et le groupe, entre un chanteur qui dès son entrée semble nous dire « Allez ! Venez ! On va faire la fête ! », un bassiste qui fait des têtes de guitariste en plein solo et un gratteux qui fait plus que le job, le leur rend bien. En résumé, Orange Goblin c’était vachement cool.

Et la claque Hardcore du jour promise un peu plus haut, arrive maintenant, avec Sick of it All. Parce qu’Unearth, c’était sympa, mais là, on est à un tout autre niveau. Faut préciser aussi que cette formation culte du NYHC fête ses 30 ans de carrière, alors de la bouteille, ces gars en ont. Néanmoins, voir les membres d’un groupe plus vieux que moi bouger comme celui de jeunots qui ont envie d’en découdre est toujours aussi étonnant. D’autant plus que leur musique, vindicative et directe, ne fait qu’augmenter cette impression. Je pense un peu au show de Madball, l’année dernière, à cela près que cette fois, le groupe entier s’empare de la scène et pas seulement le frontman. Une fureur qui se transmet au centre de la fosse, avec pogos, circle-pits et lancers de peluches, mais aussi aux bords de la foule, généralement plus passive et qui, à ce moment-là, se met à danser. Allez, pour chipoter, un « Make a Mark » aurait été bienvenue, alors faudra que je retourne les voir pour qu’ils me la jouent.

Et à la suite de ceux de New York, ce sont d’autres vétérans que l’affiche nous offre : ceux du Metal français. Mass Hysteria. Alors on peut dire ce qu’on veut sur le groupe (pour ma part, je ne m’y suis intéressé que récemment au détour d’un CD acheté sur un coup de tête), mais là où tout le monde sera d’accord, c’est que ces gars savent comment bouger un public. Dès l’entrée, le ton est donné et la pression ne retombera pas tout le long du set avec, point d’orgue, un titre entier joué en plein cœur d’un circle-pit. Une musique efficace, des paroles (en français) qu’une bonne partie du public connait sur le bout des lèvres, des musiciens particulièrement fougueux, et voilà la recette de Mass pour un show réussi. Je reprocherai un peu trop de blabla de la part de Mouss entre les morceaux (d’autant plus que je ne suis pas particulièrement fan de la musique engagée), mais la conviction qu’il y met – et le joli hommage aux victimes du 13 novembre – efface un peu les doutes qu’on pouvait émettre. Comme sur CD, ça m’a rappelé mon adolescence (alors que je ne les connaissais que de nom, à l’époque) et ça m’a fait un bon petit plaisir.

Ce qui est rigolo avec Ensiferum, c’est que je les avais oubliés sur l’affiche. Je pensais qu’ils passaient demain, et que c’était Suicidal Tendencies qui, directement, suivait Mass. Mais en passant dans un genre radicalement différent, un Folk Metal enjoué et festif, les Finlandais offrent une respiration bienvenue. Une prestation tout en kilt, un jeu tout en headbangs qui vont bien, une accordéoniste au sourire ravageur, une musique alliant un peu d’épique avec une sacrée dose de bonne humeur qui ne vient pas pour autant gâcher l’ambiance que le groupe installe, quelques transitions tirant vers l’Europe de l’Est ou l’Amérique du Sud. Un show franchement sympa.

Et donc, c’est maintenant que Suicidal Tendencies entre sur scène, le dernier groupe de ce samedi. Les pionniers du Crossover. Et je ne sais pas si c’est le genre qui conserve, mais beaucoup aimeraient avoir leur recette. Bon, OK, seul Mike Muir, le chanteur aux mimiques de monstre, est d’origine, mais quand même ! Comme Sick of it All un peu plus tôt, ces types bougent plus que bien des jeunots pourtant censés être en pleine forme. Ils en deviennent difficiles à prendre en photo avec mon petit matos. Avec ces soli fous, ce groove, cette violence brute, ce côté direct et rageur très Hardcore, on se fait bien plaisir aux tympans. Et sur le retour, on se dit que c’est fou, tous les groupes cultes que parvient à ramener ce petit village de l’Ain.

 

 

 

Après une bonne petite nuit de sommeil, nous voilà de retour, à Saint-Mô, pour la dernière journée. En arrivant, de loin, on entend une voix particulièrement caverneuse nous parvenir de la scène. Une chose étonnante quand on sait que le premier groupe, Tusk, fait dans le Stoner. Et pour le coup, c‘est plus un Stoner Hardcore, avec le second côté mis en avant. Qu’importe le style, pourvu qu’on ait l’ivresse. Et le truc nous met tout de suite dans sa poche grâce à un show d’un dynamisme fou. D’une part, la musique nous montre un groove qui, dans la violence, convainc immédiatement, et de l’autre, les musiciens la mettent en valeur en livrant un set pour le moins bougeant. Une grosse mention spéciale au chanteur qui, hyperactif, court dans tous les sens, descend de scène pour se rapprocher du public et monte sur les structures à la Greg Puciato (avec moins d’assurance, mais ça viendra).

Bizarrement, ce début de journée, c’est un peu l’inverse de celui d’hier. Parce que si Tusk nous a mis dans sa poche direct, Self Esteem a plus de mal. Pourtant, le Hardcore Downbeat, c’est un genre fait pour la baston, ça devrait s’agiter, c’est plombant, lourd, massif et tout un tas d’autres synonymes. Un truc pour les hommes virils et musclés, qui veulent se foutre sur la gueule. Le groupe se démène et le genre me sied personnellement pas mal, mais quelque chose ne passe pas. Le public bouge un peu, mais globalement, il ne fait qu’écouter poliment. Le chanteur – à l’attitude un peu « wesh wesh », mais c’est un détail – tente à plusieurs reprises de remuer le monde et y parvient un peu à la fin. Pas assez au regard des efforts fournis.

Heureusement, cette petite baisse de régime disparait rapidement grâce à du Sludge. Un genre que moi j’aime comme mes œufs au plat : lourd, baveux et avec un petit supplément qui fait la différence. Et Hangman’s Chair, c’est exactement ça. C’est des riffs épais et gras, qui flirtent avec des passages magnifiques portés par une voix envoûtante. Tellement, qu’on est rapidement emporté dans leur univers pesant et enivrant à la fois, et il est réellement dommage qu’une coupure de courant soit venue casser la magie. Heureusement le son revient et les Parisiens n’ont pas de mal à regagner l’attention de leur public. Un show véritablement enlevé, et quand on me mentionne ensuite Pearl Jam comme probable influence, j’ai comme l’impression que c’est un compliment autant pour les élèves, que les maîtres.

A partir de ce moment, le Sylak nous offre une suite de groupes qui, dans différents styles, sont tous américains et œuvrent tous à la gloire de la violence sonore. C’est à Goatwhore d’ouvrir le bal. Dès les premières secondes, lorsque l’apparition de la batterie fait décoller les graviers du sol, on sait qu’on va avoir affaire à un déluge de brutalité, que set ne va pas être calme. Et le Black/Thrash du quatuor reste dans cette continuité. C’est rapide, furieux et direct pour un spectacle bien éloigné du Black misanthrope que l’on peut nous offrir parfois. Le public, lui, s’il ne se montre pas toujours enragé, est tout de même bien démonstratif. En quelques mots, ça envoie, et ce n’est pas qu’une question de décibels.

Le deuxième morceau de cette brochette porte un nom qui ne fait aucun doute quant à la teneur de sa musique. Dying Fetus fait dans le Death genre… brutal. Et rien à dire, ça matraque, en effet. Malgré tout, l’impression qu’il manque un petit quelque chose demeure. C’est peut-être dû à une constance dans le déchaînement qui engendre un manque de respiration et rend le tout un peu opaque, ou au jeu des musiciens, qui offrent une technicité de taré, mais restent quasiment immobiles. Et si je ne me suis pas vraiment ennuyé durant ce show, j’ai été semble-t-il beaucoup moins réceptif que la foule autour de moi.

Si la suite reste d’un niveau de violence similaire, on est dans quelque chose de bien différent avec The Black Dahlia Murder. Un truc moins opaque, plus moderne, un Death Mélo à l’américaine, mélangeant au genre de Göteborg sous stéroïdes, un peu de Core et un soupçon de Black, qui a influencé pas mal de formations. Et en les voyant, on comprend aisément pourquoi ces types restent les patrons du genre qu’ils se sont appropriés. Car même si le groupe jouit d’une popularité qui énerve les puristes, il faut bien avouer que la mélodie n’est pas là pour attirer les jeunes en manque de sensations, mais ne fait au contraire qu’amplifier l’agressivité dégagée. Et puis on ajoute à ça un jeu de scène illuminé par un Trevor Strand dont l’humour se manifeste aussi bien dans des danses hawaïennes sur certains soli de ses compères, que dans certaines de ses interventions entre les morceaux. Résultat : The Black Dahlia Murder sait comment rameuter et provoque même l’un des (le ?) plus gros circle-pit(s) de la journée.

Et la brochette se conclut par un Death old school. Si on avait pu craindre un set proche de celui de celui, très bourrin, de Dying Fetus, on est étonné dès les premiers instants par un Immolation qui sait convaincre (oui, bon, ils ont presque 30 ans d’expérience, mais Dying Fetus n’est que 3 ans plus jeune). D’autant plus qu’aujourd’hui, le groupe est amputé de l’un de ses guitaristes et le seul restant parvient à nous faire oublier ce quatrième membre. Avec une musique possédant un feeling plus important que celui de ses confrères cité plus haut, Immolation est exactement ce qu’il fallait pour conclure cette plage en évitant la lassitude du groupe de trop.

En ce début de soirée, on me dit que pour se figurer un peu Finntroll, il fallait s’imaginer des Trolls dans une forêt jouant du Metal. Et si je m’attendais à un aspect traditionnel plus prononcé (ce qui est habituellement le cas d’après les dires), l’image que l’on m’a donnée avant leur entrée sur scène est bien vue, d’autant plus que le cadre du stade aide un peu à se croire dans des bois. Finntroll, ce sont des gars en noir et blanc aux oreilles pointues nous jouant un Death folklorique enjoué qui fait du bien après toute cette vague de violence. Une ambiance renforcée par des trolliciens (je vais déposer le nom) heureux comme tout. Et le public, assez passif durant le groupe précédent, semble être de mon avis, puisque les slams et les pogos ne cessent pas.

Autre découverte et petit plaisir du soir : Exodus. Même si le Thrash, ce n’est pas du tout ma came, même si je trouve que le chanteur a une voix fatiguée, ce set me fait du bien. Avec leurs belles crinières au vent, les gars nous donnent de bons riffs et de jolis duels de guitares. Parfait pour les photos, parfait pour les slams. Et si ce report peut vous sembler court, c’est simplement qu’il n’y a rien d’autre à ajouter. Fallait juste y être et profiter sans penser à autre chose.

Pour cette fin de festival, je dois dire que j’ai été un peu déçu. Déçu oui, que Tarja ne soit pas en tête d’affiche. Détestant Nightwish par tous les pores de ma peau, le show de leur ex-chanteuse ne m’intéressait que guère et si elle avait conclu ces deux jours, j’aurais pu partir un peu plus tôt, histoire d’être un peu plus frais pour le boulot demain matin. Mais bon, Converge étant le groupe de clôture, il fallait que je reste un peu. Alors je pensais aller photographier la première chanson puis partir dans ma voiture faire une sieste.
Après une intro bien trop longue, le groupe entre sur scène et étrangement, ça ne me déplait pas. Ça sonne réellement moins prétentieux que ce que les créateurs de « The Fish… » « The Wishmaster » ont pu nous pondre. Un truc plus direct, pêchu. Puis la montée de Tarja sur scène, sa robe blanche et ses coucous à la foule me font penser à une princesse Disney lors de la parade de Main Street. Mais rapidement, la dame se donne et montre un visage bien plus énergique que ce à quoi je m’attendais. Bien sûr, malgré certains moments où le truc fonctionne étonnamment, le mélange Metal/Opera me semble toujours aussi bancal, et c’est au bout de quatre ou cinq morceaux, que je décide de me retirer, étonné. Moi, ne pas détester Tarja. Voilà quelque-chose d’inattendu et c’est aussi ça, la magie du Sylak et de sa programmation : on découvre des choses qu’on ne serait jamais allé voir autrement.

C’est donc moins en forme que prévu, que j’assiste au dernier show de cette sixième édition. Converge. Un groupe que je ne connais que de réputation, mais que j’avais tout de même sacrément envie de voir. Déjà parce que leur style musical a de quoi émoustiller mes oreille, et ensuite parce que même ceux qui n’aiment pas le groupe sont d’accord pour dire qu’il faut le voir en live. Deux choses qui se confirmeront lors de leur entrée sur scène. Leur Hardcore chaotique possède quelque-chose de réellement taré, une sorte de noirceur qui se mêle à des éléments barrés et à une rage redoutable d’efficacité. Du groupe, il se dégage une aura puissante qui, à certains moments, me cloue sur place. Durant le reste, je tente de les prendre en photo, chose pas aisée, à cause d’un jeu de lumière étrangement minimaliste qui, toutefois, ne gâche en rien le spectacle et contribue même à mettre en valeur les musiciens. C’est donc avec une certaine déception que je me vois contraint de quitter les lieux avant la fin. J’aurais aimé continuer à me prendre claquounette sur claquounette. Malheureusement, certaines obligations m’en empêchent.

Voilà maintenant l’heure du bilan. Et que dire de cette édition ? Le Sylak ne change pas. Il conserve tout ce qui a forgé son caractère depuis maintenant six ans. Une programmation éclectique, qui ne peut satisfaire tout le monde à 100%, mais qui nous fait côtoyer et découvrir des formations que l’on n’aurait jamais décidé de voir autrement. Une ambiance qui, malgré la recrudescence de l’affluence, reste humaine et agréable. On peut croiser des membres de groupes se balader dans la foule, on peut s’allonger sous les arbres en écoutant d’une oreille distraite ce qui se passe au loin. J’ai d’ailleurs l’impression que certains ne viennent que pour l’ambiance, peu importe l’affiche. Même si cette dernière, pour ma part, je lui reprocherais une Tarja venant un peu trop tôt – et un Converge un peu trop tard du coup.
Le Sylak ne change pas, mais il évolue et se perfectionne. Alors on oublie la tristesse de la fin de fest, et on se dit à l’année prochaine.