Loudblast, Destinity, Como Meurtos : Paris [21.04.11]
C’est à 19h30 que le spectacle commence et faut le dire … Il y a personne…
Mais rien n’empêchera Como Meurtos de jouer ! Groupe formé en 2007 et originaire de Sens (en Bourgogne). A priori pas forcement attiré par la culture des escargots, ils montent un groupe de … « groovy horror metal with cojones », vous l’aurez compris les garçons parlent plusieurs langues, et affectionnent particulièrement l’espagnol pour leurs textes. Il n’était pas rare de les croiser dans des petites salles parisiennes comme le Klub, mais on commence à les voir en fest (Motorcultor fest, chaulnes metalfest), ce soir ils jouent dans la cour des grands ! À leur actif 2 EP et un album en 2010 « chronica del dolor ».

Como Meurtos fait partie de ces groupes qui misent beaucoup sur la mise en scène, et moi en général j’aime ! Là nous avons le droit à une ambiance film d’horreur kitch, chanteur déguisé en boucher, faux sang, des chaînes, des têtes de zombie, une ambiance résolument comique avec le boucher qui brandit son couteau en plastique ! Et ça prend ! Le public, si peu soit-il, entre dans une danse qu’une bande d’excités arborant le t-shirt Com Meurtos, exécuteront inlassablement tout le long du set ! À priori il s’agirait de danser comme un coq ?! Des slams seront tentés … organisation difficile quand on est peu ! Et les malheureux qui oseront approcher de trop prés le maître au haut couteau de cuisine en plastique risquent la sentence de l’exécution dans la fosse publique !! Ca ne rigole pas ! Enfin si … car lorsque les strobos éclairent les musiciens, et bien ils sont juste mort de rire ! Tout ce cirque n’empêche pas que les mecs assurent et envoient du lourd, un son bien death’n’roll efficace, qui flirte parfois avec le Grindcore ! Un beau bordel qui donne le sourire.
Aller 20 minutes top chrono, et c’est parti pour les lyonnais de Destinity.
Pas moins de déjà 15ans de carrière. Avec à leurs débuts un son beaucoup plus Black, ils évolueront avec l’album « Synthetic Existence »(2005), vers un style Death/mélo qui forgera leur patte. Le groupe prendra un coup de pied lors avec la sortie de « The Inside » en 2008, qui leur ouvrira des portes, comme de partager des scènes avec Dagoba, Gojira, Loudblast, mais aussi Sepultura ! De gros fest (Hellfest, Summerbreeze …). Et tout cela sans prendre la grosse tête puisque ils ont aussi la réputation d’être fort sympas, oui enfin pas trop !! Il ne faut pas les faire chier !! Car sur scène ça envoie méchant !

Et ce des les premières notes, ça va s’énerver sur les planches, mais aussi dans la salle ! Des musiciens aux cheveux très longs qui vont voler dans tout les sens, on peut imaginer le mal de nuque des lendemains de concert ! Rajoutez à cela l’incontestable dynamisme de Mike (le chanteur), branché sur 220 volts qui court dans tous les sens et nous fait de belles démonstrations de Air Guitare, taquine ses copains, une attitude qui séduit le public et démontre une fois de plus qu’un chanteur charismatique assure toujours une connectivité avec les gens, bras levés et slams plus qu’au rendez-vous. Bon je noterai quand même une faute de goût fashion ! Le t-shirt de l’Olympique lyonnais ! (rire), c’était tout suite mieux quand il l’a enlevé hey hey ! Musicalement Destinity, c’est un son bien carré, un Death efficace et l’originalité donnée par la touche mélo, avec sur certains morceaux des samples qui donnent un beau dynamisme. Je suis pas une grande fan du genre, mais ce soir sur scène les lyonnais ont su me faire passer un bon moment. Je constate aussi, que même si j’affectionne plus le Black Metal, la maturité qu’a pris leur musique leur donne un son beaucoup plus personnel et original que leurs débuts plus Black.

À l’approche de Loudblast, on peut constater que la salle c’est remplie un peu plus, sans être pleine à craquer quand même …
Mais les fans de Loudblast sont déjà collés à la scène pour attendre LE groupe de Death français ! Les lillois font partie de la petite poignée d’anciens (désolée!) groupe de Death français qui ont influencé beaucoup de groupes de Death/thrash. Formés en 1985, actifs jusqu’à aujourd’hui avec juste une absence de 3ans. En effet, ils se séparent en 1999 et ce reformeront en 2002 à l’occasion d’un concert en hommage à Chuck Shuldiner. Un parcours scénique à faire pleurer, 1er partie de Manowar en 1991, ils tournent aussi avec Cannipal corpse ou Sepultura, ils participent à de nombreux festivals comme le Hellfest, le Motocultor… et ils ouvrent Iron Maiden au printemps de Bourge. C’est avec un album tout frais sorti ce 18 Avril « Frozen moments between life and death » qu’ils s’apprêtent à nous en mettre plein les oreilles !

Le set débute avec « Streering for paradise », à priori un très bon choix qui met le public en rage ! Les fingers hells ne quitteront pas de la fosse, et de nombreux slams qui seront cette fois-ci bien rattrapés, ou des intrusions sur scène. Il faut dire que les Loudblast ont l’expérience de la scène (ils ont d’ailleurs déjà reçu les honneurs d’être nommés meilleur groupe live), et c’est avec très peu de blablas ou de mise en scène outrancière, qu’ils savent entraîner avec eux leurs fidèles. Rock star attitude des zickos qui savent envoûter, juste avec des classiques levés de guitare et autres … Et bien-sûre Mr Stéphane Buriez qui conquit tous et toutes avec son savoir-faire légendaire, aussi bien par son air isolent qui met au défi quiconque viendrait le chercher, mais aussi coquin, complice et en phase avec son auditoire. Sans oublier leurs immenses talents de musiciens, des compos audacieuses, exécutées à merveille, un son limpide et violent, on voit le caractère perfectionniste du groupe, qui nous démontre encore une fois que leur solide réputation ne sort pas de nulle part. Une set-list composé de pas mal de titres du dernière album, et des classiques comme : « Emptiness crushes my soul » et d’autre !! je vous ai fait une petite photo de le set-list !! comme ça libre à vous d’y trouver votre classique!
Je dois tout de même dire que Loudblast ou d’autre groupe du genre n’a jamais vraiment était ma came, reconnaissant bien volontiers la qualité musicale et une carrière impressionnante, j’ai tendance à trouver le genre un peu rébarbatif. Mais c’était la première fois que je les voyais sur scène et j’ai était conquise, un moment très agréable sans même regarder l’heure ! Je vais même me payer un petit bain de foule, histoire de vivre Loudblast comme les fans !

Cette date 100% Death français aura eu le mérite de me réconcilier avec le genre ! Et je vous rappelle que Loudblast sera au Sonisphère ( le 9/05/11), cette fois-ci pour partager l’affiche des bigs 4!
Set-list Loudblast :
Loudblast, Destinity, Como Meurtos : Paris [21.04.11]
Paradise Lost, Arkan : Paris [03.04.11]
C’était donc tout naturellement qu’après avoir fêté leurs 25 ans en 2008, que Paradise lost surfent sur la vague des concerts à thème, pour nous jouer l’intégralité de cet incroyable album sur scène.
Un rendez-vous initialement prévu à l’Elysée Montmartre … qui pour les raisons que l’on connait tous, sera reporté le 3 Avril au Bataclan. La première partie sera elle aussi modifiée, les très attendus de Ghost ne seront pas dispo à cette date, et seront donc remplacés par une valeur sûre et montante de la scène française : Arkan.
Il semblerait bien que les nostalgiques de cette époque sont nombreux, un public de bons trentenaires, où l’on peut d’ailleurs apprécier un joli défilé de T-shirts de tous albums, tournées, générations !
Début du concert à 19h… et les français d’Arkan s’apprêtent à investir les lieux…
Groupe de death oriental, à savoir un surprenant mélange entre un death nerveux et hargneux et de musique traditionnelle, héritage de leurs origines algériennes. Formé en 2005, par Foued Moukid (nom qui vous dit quelque chose ?? en effet ex- Old dead tree ! Mais aussi ex-Horresco Referens.) et Abder (ex- Dawn of decline), rejoins ensuite par Reda, qui sera rapidement remplacé par Mus et Samir tout les 3 Ex- Worth, groupe qui remporte un certain succès en Algérie. Viendra au chant Growl Florent (ex-Anthea, sympatique groupe de thrash/death !! non non , on ne les connait pas !), puis Sahara dans un premier temps juste en guest sur certains morceaux, elle s’imposera de plus en plus dans le groupe. Influencés bien sûr par leurs anciennes expériences, mais surtout par la culture musicale orientale, mélange très original entre instruments électriques et traditionnels mais aussi dans la dualité des chants Growls et chants arabes. Leurs dernier album « Salam » et sorti le 18 Avril (retrouvez notre chronique ici : https://www.soilchronicles.fr/chroniques/arkan-salam ). Ce soir nous allons donc découvrir beaucoup de morceaux de ce nouvel opus.
A l’arrivée des musiciens sur scène, il n’est pas des plus évident de comprendre que nous allons assister à un show à l’orientale. Structure de scène classique d’un groupe de Metal avec des grosses guitares, basse, batterie et un joli micro Oldschool. Mais très vite on sent l’influence dans la composition des morceaux, genre de plans que l’on peut apprécier dans un groupe comme Nile ou plus proche d’eux encore Orphaned land (groupe Israélien avec lesquels ils avaient déjà joué). Même si on reconnaît et ressent bien les sons orientaux, je trouve qu’il est un peu regrettable de ne pas voir ces instruments joués sur scène. La touche algérienne sera donc donnée par Sahara, vêtue d’une grande robe blanche et qui nous offrira, en plus de sa voix gracieuse, de jolis déhanchés. Cette danse du ventre ne laisserait pas les messieurs de la salle indifférents… même si… avec la nature « beauf » de l’homme en masse… nous aurions eu le droit à de gros et lourdingues : « à poil!! », classe … Mais laissez moi vous dire que la demoiselle en a !! Quand le growl arrive, elle headbangue sévère de sa très longue chevelure brune ! J’ai tout de suite ressenti les influence de Old dead tree, et me suis même demandé si ça n’était pas leur nouveau projet, certes en beaucoup moins doom. Arkan est un groupe très actuel. Outre la fusion des genres, il y a aussi une grosse touche « core » dans leurs compos, qui pour le coup me séduisent moins. Les musiciens sont très bons et cela se sent, qu’ils n’en sont pas à leur première expérience de la scène. Le chanteur et la chanteuse sont extrêmement charismatiques, et charmeront avec hargne et élégance leur auditoire. Un très belle découverte, Arkan, c’est une dépression venue de Scandinavie qui envoie un Metal puissant et froid, un anticyclone venu des terres du Maghreb chaud et dansant qui vient nous envoyant un orage des plus sensuel et éclatant ! Et avec ça des musiciens plus que ravis de jouer pour nous, et fiers de faire la première partie de ce groupe qui doit compter dans leurs influences.
Paradise lost en a inspiré beaucoup ! Et pour cause !
Anglais originaires d’Halifax, formé en 1988, le groupe et considéré avec My Dying Bride et Anathema, comme étant l’un des 3 groupes qui ont popularisé le doom/death.
C’est avec l’album « gothic » en 1991, considéré pour beaucoup comme étant le meilleur album du groupe, qu’ils vont affirmer leurs personnalités en adoptant cette touche gothique si significative. Les choses continuent à s’affiner avec l’album « Icon ». Nick Holmes quitte progressivement le growl pour une voix claire qui peut rappeler la voix de James Helfield. Puis arrive en 1995, « Draconian time », le 5ème album, ce disque transitoire, plus mélodique, plus ambiancé, destructuré, épuré, et des titres qui marquerons toute une génération (comme moi !) et influenceront bon nombre de musiciens. L’album rencontre un très grand succès en Europe, particulièrement en Grèce et en Allemagne, sauf dans leur terre natale où il mettra beaucoup plus de temps à entrer. Puis Paradise lost et son goût pour l’innovation flirtera avec l’électro pop (souvent comparé à Depeche Mode), le rock … fera de chaque album une ambiance différente, pas toujours suivie par les fans, les 2 derniers albums retrouvent un son plus death !
«Même en Enfer, régner est digne d’ambition ; mieux vaut régner en enfer que de servir au ciel.»
[ John Milton ] – Extrait de : « Le Paradis perdu »
Le drapeau « Dranconian » flotte doucement dans le noir … et les premières notes du synthé annoncent : « Enchantement » … difficile de se concentrer pour moi à faire des photos tant ce morceau représente la carrière du groupe ! Et les sourires dans le public auront du mal à partir !
Nous connaissons tous ici très bien Paradise lost et je pense que pour beaucoup cela n’était pas notre premier concert…Et autant tout le monde aime ce groupe, mais on s’est tous déjà aussi fait chier à l’un de leurs concerts … Oui il faut le dire, sur scène ils jouent très bien … mais c’est tout !
Le plus, ce soir, vient du Synthé, (Miton Evans qui avait déjà assuré la guitare sur la tournée de « Faith divides ») ce qui donne plus d’attractivité et de profondeur musicale et scénique.
Et le son est très bon, les musiciens sont en place et contents de jouer ! Un peu trop peut-être ! Un peu plus de froideur dans leur jeu de scène, me ferait peut-être plus rentrer dans un mode doom.
Ils sont aussi réputés pour n’être pas très loquace entre les morceaux, et bien ce soir aussi ! Mik Holmes parlera un peu plus qu’à l’habitude ! Mais ! Mais! Il semblerait bien que notre ami anglais… s’est fait plaisir à l’apéro ! Cela ne l’empêchera pas d’assurer tout le set ! De nous faire vibrer et de nous faire croire qu’on a 15 ans et que l’on va à notre premier concert de Paradise lost ! Un énorme moment avec le titre « Forever failure » et son solo mythique ! Si psychédélique … Une set-list sans surprise si j’ose dire puisque nous aurons tout l’album « Draconian time » avec entre autres « Hallow Land », « The Last Time », « I See Your Face » … Il faudra attendre le rappel pour avoir d’autres morceaux mythiques ! Avec : « Faith Divides Us – Death Unites Us » et the « Rise Of Denial » du dernier album, morceau extrêmement bien choisi tant par son efficacité, que son retour au death. Des morceaux de « One Second » avec « One Second » et « Say Just Words », et « True Belief », un des morceaux phares de l’album « Icon ». Et nous finirons tout en beauté avec « As I Die » de « Shades of God » … Si, comme à chaque concert de Paradise Lost il ne se passe pas grand chose sur scène je dois dire, que, comparé à leurs prestation plus que barbante du Hellfest 2008, on est quand même vraiment dedans lorsque l’on ferme les yeux … Si leur musique plait tant c’est pour toute cette énergie qui nous fait inévitablement battre du pied et bouger la tête ! Voire jusqu’à slamer et pogoter… mais un peu aussi avec une mélancolie magique qui nous faire frissonner, pleurer… nous fait voyager dans nos réminiscences… Un morceau de Paradise Lost ça rappelle toujours quelque chose…

Et comme dit John Milton (poète du 15eme siècle) : « Ce ne sont pas les lieux, c’est son cœur qu’on habite » (extrait du poème Paradis Perdu).
Photos et report : juliA photosynthese.
