Sael – The sixth extinction

Note du Soilchroniqueur (Dada Metal) : 8,5 / 10

Certaines chroniques sont plus faciles à faire que d’autres. Certaines demandent, au contraire, de fournir davantage d’efforts, de persévérance et d’écoutes attentives. Indéniablement, celle-ci entre dans cette dernière catégorie.

L’attente augmente le plaisir c’est bien connu. Prenons l’exemple de deux jeunes tourtereaux qui se sont rencontrés sur les bancs du lycée. Lui, la moustache naissante et les boutons tout juste éclos. Elle, le sourire métallique et le rire strident. Est-ce qu’ils vont décider de se jeter l’un sur l’autre victimes de leurs pulsions sauvages? Non, ils (elle) vont décider d’attendre, le bon moment, la bonne période, le bon soir. Leur union n’en sera que meilleure. Sauf qu’à force d’attendre, ben…ça gave ! Lui ne pense plus qu’à devenir cultivateur et à semer à tout va. Elle, se réfugie dans des films pour ados en espérant voir enfin le héros enlever son t-shirt. Mains qui tremblent, prise de poids (faut bien compenser), état paranoïaque croissant. Vous connaissez maintenant mon état d’esprit au moment d’entamer cette chronique. En effet, que l’attente fut longue avant de recevoir dans ma boite aux lettres cet album de Sael ! Je ne suis pourtant pas un inconditionnel de leur black-metal atmosphérique, que je connais à vrai dire assez mal. Mais, à la vue des nombreuses éloges que cet album récolte sur d’autres sites (moins bons que Soil Chronicles bien sur !) et dans divers magazines, j’étais impatient de me faire mon propre avis sur la bête.

Alors autant être franc, notre cher service de courrier national, que j’aime tant d’ordinaire, a, osons les mots, franchement merdé. Un mois pour recevoir ma commande c’est pire que du vol ! Le pire étant que mon facteur, sous prozac apparemment, s’est trompé de boite aux lettres. Mon courrier m’a donc été dérobé (sans l’enveloppe, c’est moins intéressant) par un voisin peu scrupuleux. Voisin, qui, bien que protégé de mes attaques par une masse musculaire impressionnante, s’est quand même décidé à me remettre mon précieux bien.

Les français de Sael nous auront également fait attendre. La formation, née en 2002, sort aujourd’hui avec un mix made in Echoes Studio son premier album après une démo et le MCD (prometteur) The Ocean. Nos charentais ont compris que pour faire les choses bien il fallait prendre son temps. Ils nous ont ainsi mitonné un album qui fait preuve d’une rare maturité. Tout commence par un titre d’une agressivité radicale qui meurt lentement pour laisser vivre le riff d’intro du second morceau. La transition est parfaite. Les hostilités sont lancées.

Blasts impitoyables, cris rageurs, l’auditeur entame alors une traversée qui dévoile tous les spectres de la souffrance et de la douleur. Mais ces instants de violence émotionnelle sont ponctués de courtes accalmies avec des ruptures de rythme, des chants clairs (rares et réussis) et des passages très jazzy. Ces notes d’air frais dans ce monde obscur permettent d’accentuer davantage les passages plus bruts qui suivent. La chute n’en est que plus violente. Les longs titres de l’album (oscillants entre 5 et 9 minutes) construisent progressivement une vive tension qui ne demande qu’à éclater. Le morceau The Venom en est le meilleur exemple : une guitare hispanique laisse rapidement la place à une mélodie plaintive (à t’hérisser les poils dis donc! ) puis à un enchaînement de riffs et de tempos dévastateurs. Malgré les nombreux horizons visités, le tout reste très cohérent. Le groupe privilégie la création d’ambiance, sans oublier pour autant le plaisir de l’écoute. Ainsi chaque titre peut tout à fait vivre par lui-même et une écoute intégrale n’est pas obligatoire pour apprécier l’album.

Nous penserons bien sur à Enslaved pour les passages les plus psychés et pour cette science de savoir emprunter avec brio les routes les plus tortueuses. D’autres influences, toutes bien digérées par le groupe, sont également présentes à l’esprit, de Keep Of Kalessin à Taake pour les mélodies démoniaques distillées. Mais loin de ces noms et autres références scandinaves, qui n’engagent que moi et mes oreilles, Sael trouve surtout sa propre identité, qui en fera certainement dans les années à venir l’un des fleurons de la musique extrême française.

C’est donc un bien bel album que nous livrent là les charentais. Album d’une grande technique, raffiné et à l’artwork magnifique. Mon coup de coeur du moment.

Arghoslent – Hornets of the pogrom

note du soilchroniqueur (Dada metal) : 7,5 / 10

Prenons par exemple les américains de Arghoslent qui livrent depuis 1990 (ah oui quand même !) un death metal inspiré et rentre dedans. En 2007, le groupe sortait discrètement, via le label français Drakkar Productions, leur nouvel album. Hornets of the pogrom, c’est son nom, a été trop injustement ignoré. Justice doit être rendue ! Il n’est jamais trop tard pour bien faire !
La vue de l’artwork avec sa scène de combat aux allures de guerre carthaginoise donne le ton de l’album. Un massacre bestial dans lequel nous entrons dès l’intro de In coffles they were lead : un riff particulièrement prenant qui doit faire un malheur en concert. La courte accalmie qui suit n’est là que pour nous infliger le premier coup de massue avec l’apparition du premier growl. C’est le début de plus de 40 minutes de death metal bien gras qui blaste à tout va. Mais la force de cet opus réside dans son sens des mélodies. Vous serez surpris de siffloter l’ensemble des morceaux sous la douche. Evitez tout de même de reproduire les voix si vous êtes invités chez vos beaux parents.
L’ensemble est direct, accrocheur et percutant. Pour preuve, le morceau Swill of the knaves, qui, avec ses nombreuses envolées de guitare et son intensité dramatique est certainement LE titre phare de ce bijou de brutalité. Mais les ricains ont aussi à coeur de faire headbanguer l’auditeur, ils font même preuve d’une grande force de frappe. Les moments de rage sont complétés par des accélérations très punk et des rythmes rock qui répondent à une voix très grave. Cependant, ne vous méprenez pas, le tout est plus proche d’un Jungle Rot au top de sa forme que de Six Feet Under.
Tout le talent et la dextérité des musicos se révèlent sur le titre The nurbian archer. Avec ses changements de rythme et ses solis, nous avons enfin une petite idée du son qu’aurait donné Vivaldi armé d’ une guitare électrique.
Bon, je vous l’accorde la comparaison est risquée (et exagérée?) mais il est très difficile de modérer son enthousiasme à l’écoute d’un tel brulôt.
Seul bémol, le titre éponyme, (trop) long passage musical plus que dispensable.
Vous aimez le death-metal sincère et brut de décoffrage? Alors procurez-vous cet album ! Pas de chichis

Site Internet : http://www.drakkar666.com/arghoslent