by Dada metal | Jan 4, 2012 | Chroniques
Note du soilchroniqueur (Dada Metal) : 7 / 10
Une étude récente, de l’université d’Atlanta, vient d’intriguer scientifiques et producteurs en affirmant être en mesure de prédire les futurs tubes. A partir de l’imagerie cérébrale et des algorithmes de la musique (temps, niveau sonore, battements), il serait possible de mesurer le potentiel d’une chanson à devenir un tube en puissance. Alors, ce nouvel album de The Rotted regorge-t-il de hits… ?
Pas sûr que les cobayes de l’étude ont été soumis à du Death ‘n Roll énervé, alors pour l’amour de la science je veux bien subir cette épreuve avec Ad Nauseam de The Rotted. Fraîchement nés des cendres de Gorerotted, les anglais délaissent depuis deux albums (dont un premier assez décevant) le grind en faveur d’un death metal teinté d’influences punk et de hard rock. Nos comparses ont visiblement mis les musiques qui ont bercé leur jeunesse dans une grande marmite, saupoudré d’un son radicalement moderne et de beaucoup d’alcool (pour le goût).
Après une entrée à la basse, l’album s’ouvre sur Anachogram Sun, un titre malsain avec une sonorité black metal très bien sentie. La voix démontre l’ensemble de ses capacités en évoluant dans trois registres différents, du rageur poussif au growl impactant. Mais tous les bienfaits pour les oreilles et le cortex cérébral prennent véritablement forme dès Rex Oblivione, rapide et sans concessions, la double pédale mitraille pendant que les guitares balancent des riffs inspirés. Déjà notre logiciel de prédiction s’emballe sous ce flot de beat, puis son taux d’exactitude déraille face à la « dance ability » de Surrounded by Skulls. 3 minutes 30 de rage jubilatoire au refrain punk sous des airs de The Exploited.
Le reste de l’album évolue tantôt dans les sphères du death (Non serviam, The House of Bedlma) tantôt dans des sphères qui sentent bon le grind (Just add nauseam…quand le naturel revient au galop). En bref (mot à la mode en ce moment), un parfais compromis entre Entombed et Napalm Death. Ces deux inspirations sont librement exprimées, et surtout parfaitement assumées.
La force de l’album est surtout de distiller des petits moments de bravoure qui évitent le sentiment de lassitude. A ce titre, Entering the arena, est à mon sens le meilleur morceau de l’album avec son changement de rythme épique, sa voix graveleuse et son groove à la manière d’un Razor of Orcam au meilleur de sa forme. Notons aussi Motorbastards, hommage sans prétention au groupe de Lemmy qui sent les excès en tout genre d’un groupe incisif qui s’affirme maintenant comme une valeur sûre. Surtout qu’il sait varier les plaisirs en cloturant avec Put me out…, une ambiance froide, sorte d’oraison funèbre, qui fera vibrer le cœur des amoureux de Darkthrone sans qu’ils en aient à rougir.
En bref (encore), un album tout à fait honorable même si The Rotted se cherche encore et multiplie les inspirations. Parions que la prochaine fois, ils exprimeront pour de bon leur propre personnalité. En attendant, ne boudons pas notre plaisir.
PS : nous ne savons pas les résultats de l’étude pour The Rotted, le niveau sonore autorisé ayant été dépassé…
Et pour ceux qui ça intéresse, le site consacré à l’étude est : http://scoreahit.com/
MySpace : http://www.myspace.com/therotted
by Dada metal | Déc 13, 2011 | Chroniques
Note du Soilchroniqueur (Dada Metal) : 9/10
Entre le XIIe et le XIIIe siècle, des récits mythologiques racontaient les origines d’elfes islandais (huldufólk), des nains qui reçurent la conscience et l’intelligence par des dieux primordiaux en des temps ancestraux.
Plus qu’une plongée musicale, c’est à une plongée folklorique que nous convie Solstafir à chaque nouvel opus. Un groupe dont les racines culturelles sont intrinsèquement liées à leur musique.
Comme beaucoup, j’ai connu Solstafir il y a peu, en 2009, avec l’album Kold. La pièce majeure de la discographie d’un groupe qui lui a permis de gagner en popularité et en reconnaissance. Instantanément j’ai été soufflé par tant d’énergie et de mélancolie, quelque part entre Baroness et Primordial. Comme ces derniers, Solstafir baigne dans une atmosphère peuplée des fantômes du passé, de luttes épiques et de martyres perdus dans la nature ensorcelante… une atmosphère islandaise.
Plus connu pour ses volcans qui paralysent nos aéroports et son égérie électro-hybride-pop (Bjork), le pays regorge de légendes surnaturelles qui ont une grande place dans la société. Popularisés par le conteur du XIXème siècle Jon Arnason , et par de nombreux témoignages (y compris de nos jours) , les huldufolk sont une légende toujours vivace en Islande. Pour certains, ils seraient des elfes de la nature, restés neutres dans le conflit opposant Satan au Créateur, punis de ce fait à rester éternellement à la frontière entre l’enfer et le paradis, sur Terre, entre deux mondes. Pour d’autres, ils seraient les enfants cachés d’Eve, que Dieu a choisi de cacher du regard de la population. Dans tous les cas, tout le monde s’accorde à dire qu’ils étaient là bien avant l’arrivée des premiers colons et que seuls les enfants et les personnes ultra-sensibles (skyggn, des medium) peuvent les voir.
De nombreuses pistes de Svartir Sandar, nouvel album de Solstafir et généreux double CD (2 X 40 minutes), laissent entrevoir cette ambiance mystérieuse qui pèse sur l’île islandaise. Evoquant tour à tour un univers onirique (Kukl, ou Sjuki Skugginn, aux premiers couplets dont le timbre de voix est proche des derniers Rammstein), ou un univers plus étrange à la Lynch, calme ou éprouvant mais toujours difficile d’accès (Stormfari). Malgré la place accordée aux grosses guitares (Melrakkablus) et ses rythmiques post-rock (Draumfari), l’album sent surtout la terre, la roche et la poussière. Rien d’étonnant lorsque l’on connait le lien qui unit l’Islande à son sol, à la nature (et aux esprits qui la peuplent).
Ce sont donc des ambiances particulières que dégagent cet élégant groupe de dandies du nord, impulsées par des titres explosifs et éloquents (Ljos i Stormi), avec des tonalités musicales très sombres, parfois à la limite du doom alternées par des parties de batterie dantesque et « punkesque ». Aidé par un chanteur charismatique à la voix languissante, à la limite du plaintif mais toujours aussi juste, Solstafir s’acharne à donner des frissons à ses auditeurs. Solstafir, c’est l’émotion.
Comme les huldufolk, parfois génies maudits, ensorcellent leurs proies, le quatuor de cuir hypnotisent par ses variations et ses audaces musicales. Ainsi la progression du magnifique Fjara évolue avec une véritable montée de pression d’un début intimiste à une fin grandiose accompagnée de chœurs féminins, sans jamais verser dans la caricature.
Là où un Solefald (que j’aime beaucoup du reste) innove et fait de la rupture musicale son cheval de bataille, Solstafir évolue aussi, innove aussi, mais toujours dans le raffinement, la sobriété et la recherche de la bonne mélodie. Eara en est le bon exemple, avec ses nappes d’harmonie variées, s’offrant même le luxe d’une alternance guitare/piano exécutée avec la plus grande dextérité.
Sensible à l’extrême, Solstafir nous livre peut-être son approche la plus aboutie, la plus personnelle aussi, une œuvre qui vous rappelle à chaque écoute que vous êtes vivants. Un album à posséder pour qu’il vous possède à son tour.
Site Internet : http://www.solstafir.net/
MySpace : http://www.myspace.com/solstafir
by Dada metal | Oct 30, 2011 | Chroniques
Note du Soilchroniqueur (Dada Metal) : 9/10
On raconte que Zhang Xu (aux environs de 700), père de l’écriture folle, une fois ivre mort s’adonnait à la calligraphie, nu et poussant des cris surhumains. C’est exactement l’effet que procure ce nouvel album de Ghost Brigade, un éclatement de joie face à tant de beauté, face à ce souffle puissant de mélancolie.
Inconnus il y a cinq ans, les finlandais de Ghost Brigade ont réussi le tour de force de se faire attendre impatiemment pour leur troisième album. Un “Until Fear No Longer Defines Us” qui boucle à merveille une “trilogie” nordique sans faute, ce nouvel opus en est même le point d’orgue, une œuvre absolue qui prend toute sa substance et délivre toutes ses subtilités au fil des écoutes.
Mon introduction avec Zhang Xu n’était pas qu’une digression destinée à attirer votre attention (pas que…) sur cette chronique, elle est fondée. Le calligraphe chinois a enfanté de véritables chefs d’œuvre picturaux par un subtil mariage de talent, de folie et de travail. Plus encore, il semblait avoir la vision d’un art qui se construit et grandit par lui même en fonction du regard et de la sensibilité du spectateur. Un chef d’œuvre a plusieurs vies donc.
De la même manière, Ghost Brigade sait aussi faire grandir et évoluer ces morceaux. Des riffs tellement caractéristiques qu’ils se répètent intensément et inlassablement jusqu’à ce que le morceau se taise définitivement (par exemple le merveilleux « Soulcarvers »).
Compositions millimétrées, interprétations énergiques, ce nouvel opus prouve (si c’était nécessaire) que les finlandais débordent littéralement de talents. Dès les premières secondes de cet album (« In The Woods »), nous comprenons que nous sommes en compagnie d’une œuvre hors-norme et inclassable. Ce morceau, atypique pour une ouverture d’album, est un duo entre une guitare et la voix de Manne Ikonen tout en sobriété. Ces quatre minutes d’introduction suffisent à installer l’ambiance et l’univers de l’album. Un arrière bois, un peu humide d’où émanent des odeurs de fruits sauvages et de rosée, et où rodent peut-être quelques créatures d’Odilon Redon…
La rage de « Clawmaster » n’en est que plus puissante, mais une rage maîtrisée qui alterne passages énervés postcore-convergiens à des moments calmes proches d’un Katatonia ou d’un Octobre Tide pour les passages instrumentaux, pour finir par une envolée épique libérant tout le génie des musiciens. « Chamber », le morceau suivant, peut rappeler par ses sonorités « Into The Black Light », LE titre phare du précédent album. Il illustre parfaitement le fait que Ghost Brigade se détache progressivement de ses inspirations (Katatonia, Neurosis, My Dying Bride) pour créer sa propre musique, avec sa sensibilité et ses structures uniques.
Qu’on se le dise, Ghost Brigade joue du Ghost Brigade, devient incomparable et n’a plus rien à prouver!
La suite de l’album est tantôt psychédélique (« Divine Act Of Lunacy », idéal pour des moments de transe), énervée (« Breakwater », dont l’intro rappelle Devil Sold His Soul) ou gracieuse (« Cult Of Decay »). L’ouvrage fourmille de ces moments habités qui vous demandent d’arrêter tout ce que vous êtes en train de faire pour écouter, juste écouter et déguster chaque instant (le délicieux « Torn »).
Toujours aussi pachydermique dans ces rythmes, mais plus mélodique, captivant et spirituel, Ghost Brigade continue de donner généreusement des frissons à ses auditeurs. Le fabuleux « Grain », mon coup de cœur, finira de vous faire vibrer par son chant écorché, sa mélodie imparable et ses subtiles variations de ton. L’album se clôt par « Soulcarvers » et sa mélodie touchante et cosmique, qui se meurt lentement dans un flux d’émotions fortes.
Notons que je vous conseille de vous précipiter à leurs (malheureusement rares) concerts en France, l’album décolle vraiment et délivre toute sa substance en live, aidé par le grand charisme scénique dont ils font preuve.
Magnifique tout simplement.
Site officiel : http://www.ghostbrigade.net/
by Dada metal | Sep 24, 2011 | Chroniques
Note du Soilchroniqueur (Dada Metal) : 3/10
Il y a peu ma patronne me confiait « lorsque l’on a aimé quelque chose, un film par exemple qui t’a vraiment touché, tu ne pourras jamais retrouver ta première sensation ». C’est vrai que nous avons tous des premières expériences que nous n’oublierons jamais. A titre d’exemple, je pense à ma première rencontre avec « Le salaire de la peur » de Clouzot. Ce fut un tel électrochoc que je n’ai jamais pu retrouver cette saveur lors de mes nombreux autres visionnages. Idem pour ma première rencontre avec Morbid Angel.
Celle-ci s’appelait « Blessed Are The Sick » (1991) et elle a été longtemps pour moi une référence en matière de Death Metal. Commercialisée par Earache, ce disque me semblait beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection de rythmiques thrash et d’une voix (David Vincent) sortie du plus puant des enfers. Mais cet album était déjà le (digne) successeur d’un autre bijou, « Altars Of Madness » (1989), qui a permis aux américains d’accéder au titre de rois du Death Metal pour leur originalité hors norme et leurs paroles travaillées. Après quelques virages plus violents et controversés (« Domination », 1995) le groupe connaît quelques changements de line-up en accueillant notamment le musicien de génie Erik Rutan (futur Hate Eternal). En 1996 arrive le drame de la décennie : David Vincent quitte le groupe et délaisse le death au profit du groupe de sa bonne femme ! Comme si Mick quittait (définitivement ) les Rolling Stones, ou comme si Dave Gahan quittait Depeche Mode ! Impensable ! Imaginez les 4 fantastiques sans La Chose ! C’est le seul qu’on aime, les autres sont importants mais un peu chiants, même si La Femme Invisible hante de nombreux fantasmes…
En 2004 Steve Ducker quitte aussi le groupe, il ne manquera à personne car son absence est vite oubliée au profit de la grande nouvelle : le retour de David Vincent et des Envahisseurs !(nb : pour les plus jeunes, David Vincent est aussi le nom d’un personnage de la série TV avec des extraterrestres souffrant d’une raideur au petit doigt…). L’euphorie est générale. Surtout que Monsieur D. annonce un nouvel album. Le groupe est alors attendu aux tournants.
Ce nouvel album, prié comme le petit Jésus, arrive en cette année 2011, il est signé chez Season of Mist et s’intitule « Illud Divinum Insanus ». Ce qui est donc totalement dans la tradition de Morbid (le groupe nomme ses albums suivant l’ordre alphabétique).
Pour être sur de vous livrer une chronique totalement objective de ce disque, je l’ai écouté maintes et maintes fois, matin et soir, essayant de prendre du plaisir à chaque fois. Je n’essayais pas d’atteindre la saveur de mes premières écoutes du groupe, mais bien d’avoir une lecture critique de cet album, tentant de faire abstraction de la mythologie de Morbid Angel. Et pourtant, inutile de vous le cacher plus longtemps…le résultat est sans appel : c’est une énorme déception.
Déjà l’artwork est mal construit, là où le groupe était connu pour avoir de très bonnes pochettes. Musicalement, tout commençait bien, l’intro faisant monter la pression de manière indiscutable. Pimentée de « petits cris » de David Vincent, elle réussi à coller des frissons. Entendre de nouveau cette voix incomparable est un véritable bonheur. Avec « Too Extreme », mon sourire du début laisse déjà place à une mine déconfite et à des yeux exorbités ! On a droit à un riff de Rammstein en ouverture ?! Les rythmiques « indus » ne font même pas bouger la tête, la violence n’est même pas agréable ! Rapidement l’impression d’être dans une usine yougoslave où des ouvriers vissent des pièces de voitures à la chaîne devient très forte. Ou alors, vous pouvez aussi vous imaginer dans une rave allemande des années 80, mais une mauvaise rave… Seule chose intéressante, à 2:29 un passage grégorien de 20 secondes. Trop court et anecdotique pour sauver un titre cruellement raté.
« Existo Vulgare » parvient à un exploit. Celui de nous lasser au bout de la deuxième chanson. Les guitares sont insipides, les blasts ne sont pas convaincants et la structure ne tient pas la route. Malgré la voix assez efficace, les mélodies sont téléphonées et l’énergie musicale déployée est largement insuffisante. Même chose pour « Blades For Baal » qui aurait tout à fait pu être un bon titre mais qui n’est clairement pas assez travaillé. Nous avons au mieux l’impression d’écouter une « ébauche » de chanson. Enfin « I Am Morbid », le grand moment de mégalomanie de l’album ! Imaginez une foule qui hurle votre nom, c’est agréable c’est sûr, mais de là à en faire un album ?!! Malgré tout, nous avons affaire là à la bonne chanson de l’album (enfin). C’est rythmé, péchu et groovy même si très easy listening (d’ailleurs depuis quand Morbid Angel doit être groovy??). Notons que nos amis savent tellement qu’ils ont fait un bon titre (le seul) que du coup ils le font durer 5 minutes 16 avec la répétition du refrain au moins une dizaine de fois. L’exagération a parfois du bon, mais là, ça devient lassant par manque de relief. Finalement, ce que l’on pensait être une lueur d’espoir dans cet album devient un pétard mouillé.
Le reste de l’album est similaire avec une ligne conductrice : les refrains consistent en fait à répéter en boucle les trois mots du titre de la chanson. De plus, dans plusieurs titres, une horrible sensation de déjà entendu se fait sentir. Mais oui ! L’ensemble des riffs semblent pompés chez Static X ! C’est pour dire le niveau de l’album ! Seul « Beauty Meets Beast » sort du lot et peut s’offrir le luxe d’être écouté par plaisir.
Soyons honnête, venant d’un groupe amateur et méconnu, cet album aurait eu du bon (un peu…). Mais pas de la part de Morbid Angel ! Illud Divinum Insanus ou l’histoire d’un retour totalement raté.
Site Internet : www.morbidangel.com
Myspace : www.myspace.com/morbidangelofficial
by Dada metal | Août 18, 2011 | Chroniques
Note du Soilchroniqueur (Dada Metal) : 5,5/10
Les plages se remplissent, les axes routiers parisiens sont impraticables, M6 lance ses reportages sur les libertins du Cap d’Agde…pas de doute c’est l’été ! Et il est de tradition, en cette saison, que les mag/webzines proposent leur sélection des plages. Leurs incontournables pour passer des barbecues mémorables si vous préférez. Mais à Soil Chronicles, on se moque de la tradition ! Et en guise de palmarès de l’été, je vous ai choisi le dernier méfait de Sourvein, l’anti-bonne humeur absolue.
Sourvein est un groupe américain fondé en 1991 et, qui reste toujours, très discret. Ses trop rares albums et ses tournées avortées ont sans aucun doute contribué à la méconnaissance de ce quatuor officiant dans un sludge metal du fond du garage. Et c’est après neuf ans d’absence que les américains ont décidé de refaire parler la poudre avec Black Fangs. Un album crade et malsain, un savoureux mélange entre Eyehategod et Electric Wizard. Comme ces derniers, l’ambiance est lourde et gluante. Comme ces derniers encore, les riffs martèlent l’auditeur et malmènent sa pauvre nuque.
Tout commence par une longue plainte (« Fangs ») pour nous plonger dans 45 minutes de malaise sonore où le principe de mélodie est revisité (« Society’s Blood ») voire annihilé (Gasp). Le son est saturé, parfois à la limite du supportable, mais les compos restent variées et les musiciens parviennent à faire ressortir leur talent (mention particulière au batteur, génial). Celui qui s’en sort le moins bien est surement T-Roy dont la voix semble abusivement sous-mixée. Dommage car le garçon sait crier pour bien retranscrire sa rage. Il en ressortira que le chant, pas assez mis en valeur, pas assez varié et peut-être insuffisamment maîtrisé est ce qui lassera le plus dans Black Fangs.
D’ailleurs pendant les premières écoutes, un ennui se fait même ressentir au milieu de l’album. Heureusement, « Nomadic » apporte un vent d’air frais avec un feeling rock n’ roll / punk très bien venu, et introduit à merveille « Gemini », la pièce majeure de l’ouvrage. 4 minutes 25 de bonheur où la tension se fait croissante et qui nous fait même l’honneur d’un refrain très catchy. Et pour une fois, la voix assure. Décidément, après avoir servi de nom d’album à Archie Shepp, Gemini continue de porter bonheur aux artistes…
Black Fangs se clôture en beauté avec un « Bleeding Charm » (prévisible mais efficace) et un très inspiré « Nocturnal/Negative Phaze » (une fin musicale tout en beauté qui rappelle l’esprit des BO de John Carpenter et des films de séries Z). Par leur intégrité et leur parti-pris radical, ces beatniks des temps modernes offrent un album éprouvant qui ne saura s’apprécier que sur la durée. Tel « On the road » de Monsieur Kerouac, ces barbus délivrent un art personnel, qui entre en résonance avec une société à laquelle ils refusent de se conformer.
MySpace : www.myspace.com/sourvein13