by Dada metal | Juin 9, 2011 | Chroniques
Note du soilchroniqueur (Dada Metal) : 9,5/10
« Vous êtes sur Terre, il n’y a pas de remèdes ! » Ce sont ces mots, issus de la pièce Fin de partie du dramaturge Samuel Beckett, qui résonnent en tête au moment de l’écoute du nouvel album d’ Helrunar. Des mots durs pour une musique qui l’est tout autant. Nerveuse, elle semble bercer l’auditeur jusqu’au moment craint, attendu et magnifié d’une mort triomphante.
En 2005, avec Frostnacht, leur premier album, les allemands d’ Helrunar envahissent les scènes métal et les festivals européens. La presse les encense et le public les propulse comme nouveau fer de lance du pagan metal. Pour ma part, je résiste. Je boude au trio la moindre écoute sur Internet et je profite même de leur passage en festival pour aller me restaurer. La raison : un esprit de contradiction permanent (j’en suis fier) et certainement un manque d’ouverture (j’en suis moins fier).
Erreur réparée en 2007 avec Baldr Ok Iss, album qui m’enchante sans pour autant me bouleverser.
L’indifférence, le dédain et le détachement ne sont plus autorisés avec Sól. Un long album en deux parties qui, accompagné d’un artwork et de paroles toujours difficiles d’accès, plonge l’auditeur au fond des ténèbres. Et le pire, c’est que c’est beau. Une formule pré-mâchée qualifierait aisément cette œuvre d’album de la maturité, mais ce serait pour une fois amplement mérité. Car le trio, devenu duo (avec le lourd départ de Dyonisos), livre là une pièce tout à fait aboutie alliant les morceaux chuchotés à la guitare sèche aux parties rapides et lancinantes. Plus complexe qu’un Kampfar, plus mélodieux qu’un Vreid, difficile de comparer Helrunar à qui que ce soit. Peut-être pouvons-nous oser le rapprochement avec les français de Sael, mais ici le son est plus tranché, plus net et précis.
Même si l’attention de l’auditeur se perd pendant l’album (chose normale avec ce format), le groupe sait ponctuer son rythme d’éléments anecdotiques (gouttes d’eau, vent glacial et autres bruits chers à Nature & Découvertes). D’autant plus que de véritables moments de bravoures se livrent au fil de l’écoute, Unter dem Gletscher, son riff dantesque et ses envolées improbables pour n’en citer qu’un. Et si vous vous attendez à un concept-album à la Harvey Dent (double face) dont les deux disques sont radicalement différents (au point que l’un des deux devient anecdotique), vous vous trompez malheureux ! Ils sont avant tout cohérents dans leur ensemble. Certes, le premier est pagan, teinté des couleurs de la terre, tandis que le second réveille davantage le black metalleux qui est en vous (le monstrueux Moorganger). Bon, il est vrai qu’une certaine redondance se fait parfois entendre, il est vrai aussi que la voix peine à se diversifier, je vous avoue également ma perte d’impatience face à certains égarements conceptuels (les intro et outro). Mais c’est aussi pour cela que cet album me plait autant : son parti-pris, son univers et sa sensibilité (avec le talent et les limites qui vont avec). Et une fin de partie (Rattenkonig et Sol) dont le nom de l’installation d’Anish Kapoor au Grand Palais (Monumenta) semble dédié. Ecrasant et beau à en pleurer.
Les puristes ne m’en tiendront pas rigueur, cette chronique manque d’aspects pratiques et objectifs, elle est simplement l’expression d’un passionné de musique pour un album et un groupe stupéfiants. Elle est une déclaration d’amour.
http://www.helrunar.com/
by Dada metal | Avr 8, 2011 | Chroniques
Note du Soilchroniqueur (Dada Metal) : 5/10
Sex Drugs and Rock n’roll, la maxime du musicien Ian Dury a bercé la décennie 70’s. Entre jouissance et épuisement, excès et violences, ce fer de lance d’une génération a permis l’émergence d’une culture underground, de mœurs débridées et d’idoles controversées. Avec leur nouvelle livraison de “sleaze rock” énergique, les suèdois de Hardcore Superstar se portent garant de cet héritage.
Sex / Le rock c’est la musique et tout le reste. Pendant longtemps mouvement de revendication, de libération des corps et des esprits, le rock s’est teinté de déhanchés sauvages puis de conduites démesurées. Tournées d’ivresses quotidiennes et groupies ont rythmé la vie de rockeurs, à la durée de vie réputée limitée. Être un bon rockeur signifie une mort absurde, apothéose d’une carrière. Un bon rockeur est un rockeur mort diront certaines mauvaises langues. Mais c’est vrai que pléthore d’exemples l’illustrent et proposent de nombreuses possibilités : être tué par un membre de son groupe, recevoir une décharge de plomb par un fan hystérique, et ma préférée la mort digne dans sa baignoire. Voltée comme Cloclo ou mystérieuse comme Jim Morrison, la baignoire devient objet de légende. Le rock et sa tragédie, le rock et ses plaisirs, lieu de rencontre permanent entre Eros et Thanatos. Par goût personnel, nous nous attarderons davantage sur le premier. D’autant plus qu’Eros semble être la muse privilégiée d’Hardcore Superstar. Difficile de faire autrement avec un tel nom, le mieux est encore de l’honorer. Et de chanter le sexe. Et de transpirer le sexe. Et de lui consacrer la majeure partie de sa discographie. « Slip your lip », leur nouvel album, en est une preuve supplémentaire. Avec sa pochette explicite et les titres des chansons (que ma bonne éducation m’empêche de retranscrire), le groupe véhicule toujours une imagerie à la limite entre les strips cochons américains et le « 80’s porn » où des blondes aux gros lolos rencontrent des jeunes athlètes huilés et épilés. La suite vous la connaissez (si si). Avant de devenir des images insipides sur ordinateur et de faire devenir le beauf plus beauf, et le névrosé plus névrosé, le porno était synonyme de révolution des moeurs et de censure. C’est pourquoi des groupes de rock et de metal, pratiquant déjà une musique « inconvenable » ont choisi de s’exprimer (en y mettant les formes) de manière « inconvenable ». Souvenez-vous de Dee Snider, le frontman du groupe de glam Twisted Sister défendant sa musique devant le Congrès américain.
Avec son habituelle et déconcertante facilité pour pondre des tubes, Hardcore Superstar fait de ses chansons aux paroles coquines de véritables hymnes métalliques. Parfait pour écouter en soirée ou dans sa voiture pour être en forme avant d’aller au boulot. D’ailleurs, cet album semble être placé sous le signe du refrain imparable et ce dès le premier titre “sadistic girl”. Pas d’intro, pas de montée de pression inutile, un riff bien rock’ n roll et un refrain (trop?) facile qui rentre immédiatement en tête. Pendant tout l’album, la recette est la même, des riffs hard-rock efficaces et des mélodies faciles en boucles. Enfin, “pendant tout l’album”, il faut relativiser puisque ce dernier dure à peine plus d’une demi-heure. Les hardeurs ne savent pas toujours faire prolonger le plaisir, la faute peut-être à des préliminaires négligés et à une recherche d’efficacité immédiate. Où est l’ambiance ? Où est la magie de l’instant ? Alors oui, on prend du plaisir, mais du plaisir immédiat et malheureusement éphémère. Il faudra attendre encore un peu avant de recommencer.
Drugs / Ne boudons pas pour autant notre plaisir, Ghestlist et son solo de guitare bien vu, Last call of alcohol et son rythme péchu et bien trouvé, le titre éponyme et son refrain rodé pour la scène, Hardcore Superstar connaît son métier. Il faut dire que le combo enchaîne les sorties (quatre albums en quatre ans) et les succès, dans son pays mais aussi à l’international. Notons dans la discographie du groupe, un album éponyme phénoménal, comprenant les cartons des charts wild boy et standing on the verge (c’est là que je booste le référencement de Soil Chro).
De là à affirmer que la réussite accompagne les excès des rockeurs, il n’y a qu’un pas à franchir. Alors certes, il y a bien eu déjà quelques bagarres d’ivrognes dans des restaurants, des chambres d’hôtels détruites, mais le combo reste fidèle à sa ligne de conduite et produit toujours avec son nouveau bébé des morceaux de qualité taillés pour le live. Les guitares sont toujours incisives et la voix de Jocke, aggressive et heavy, est plus que jamais l’empreinte du groupe.
Rock n’ roll / Nous passerons sur les moments d’accalmie (Here comes the sick bitch) aux sons hauts perchés et à la guitare sèche rapidement lassante. Là est certainement le gros point faible de cet album : des titres souvent clichés qui donnent envie d’appuyer sur la touche next de votre télécommande audio. Heureusement, certains passages sortent du lot et méritent une oreille attentive : Moonshine et son riff lancinant aussi lourd que doomesque, puis What did I do, très simple aux premiers abords mais qui détonne par des alternances de vocaux surprenants : entre Helloween et Acid witch pour les hurlements qui le clôture. Enfin, Honeymoon le dernier moment de bravoure démontre le talent de composition du groupe, don Magnus Andreasson, le batteur, tient toujours aussi fidèlement les rênes.
Alors oui, Hardcore Superstar est aujourd’hui un fleuron du Heavy rock mondial et commence à se détacher de ses racines, Motley Crue et co, pour enfin s’émanciper et être reconnaissable. Un album original ? Non monsieur. L’album de l’année ? Sûrement pas. Le meilleur album du groupe ? Que nenni mais un album qui s’écoute avec plaisir avec un enthousiasme contagieux.
Site officiel : http://www.hardcoresuperstar.com/
by Dada metal | Fév 8, 2011 | Chroniques
Note du soilchroniqueur (Dada Metal) : 8,5/10
Le deuil est une expérience à la fois individuelle, collective et universelle. Les individus réagissent différemment selon leur personnalité, leur lien d’affection avec la personne disparue et selon les critères sociaux, ethniques et culturels. Ainsi, pour le culte bouddhiste et certaines populations africaines, les rites funèbres sont des pratiques importantes pour le travail de deuil. Dans la pratique catholique, ce sont les prières, censées accompagnées le défunt, qui constituent le travail de recueillement. De même, dans la tradition juive les coutumes de deuil que sont la veillée, l’éloge funèbre et les sept jours symboliques ont pour objet l’accompagnement dans l’au-delà et, bien sur, le réconfort des vivants. D’autres encore, moins spirituels mais tout aussi honorables, créent des groupes de musique.
En 2005, le groupe Sentenced, l’un des piliers du métal scandinave, tira sa révérence de la plus belle des manières avec son “funeral album”. Plus tard, Miika Tenkula, guitariste et tête pensante du groupe est retrouvé mort dans son appartement. Voilà pour mettre dans l’ambiance. Des cendres de Sentenced, le batteur Vesa Ranta fait renaître en 2009 le Phénix du métal mélancolique finlandais, hommage à son vieux compère avec qui il avait initié le projet ou juste nostalgie du succès d’hier. The man eating tree réunit dans ses branches Tuomas Tuominen (ex-Fall of the leaf), Janne Markus (Poisonblack), Mikko Uusima (Reflexion) et Heidi Maataa (ex-Embraze). Cette sorte de “All Star Band” ou de Think Tank du métal mélanco-gothique finlandais a pour ambition de détrôner Amorphis, l’actuel leader incontesté du mouvement. Et même si le groupe en tant qu’entité est un poussin, l’expérience des musiciens lui confère une maturité exceptionnelle pour un premier album.
Et pourtant. Et pourtant ! Ma première rencontre avec TMET ne présageait rien de bon. Un clip (« Out of Wind ») où toutes qualités artistiques musicales sont englouties par une masse d’effets visuels de mauvais goût. Cheveux dans le vent, musiciens sur la plage, scénario moyen, et insupportables gimmiks du chanteur…pour faire court, ils en font des tonnes et le ton est exagéré. Ma sensibilité visuelle, très susceptible, me dissuade alors de donner une nouvelle chance au groupe. Heureusement, je me suis alors souvenu d’un fait, malheureusement inhérent au paysage musical. Les clips de Metal sont très souvent mal conçus et manquent cruellement d’originalité. Hormis quelques groupes, attachés au développement de leur image, de leur branding personnel, la plupart tombent rapidement dans les gros clichés qui tâchent. Le support vidéo apparaît de plus en plus comme un passage obligé plutôt qu’un moyen d’expression à part, avec ses propres caractéristiques et ses exigences.
Même si l’outil promotion n’a donc pas été efficace (vidéo clichée et artwork convenu), le CV des membres titille la curiosité. Tout commence par un clavier lointain. Aux sonorités atmosphériques proches de Air, apparaît alors un riff lancinant première époque. Puis vient la voix, surprenante aux premiers abords, douce, languissante, envoûtante, superbe. Pardonnez ce qui peut paraître comme un excès de zèle dans mon vocabulaire mais le chant de Tuominen est toujours juste, varié, sobre et surtout terriblement humain. Tout son éclat se révèle sur les passages où la musique se fait la plus discrète (“This longitude of sleep”). Ne cherchez pas de chant grave, nous sommes exclusivement dans un registre de chant clair très bien maîtrisé, oscillant entre Anathema et Poisonblack.
Ce qui ressort avant tout de l’album est une force créative et une grande inspiration mélodique, ou l’art de savoir placer la note à sa bonne place sur la partition. Le résultat est assuré, des frissons parcourent mon corps (c’est là que ça devient chaud) sur presque toutes les chansons. Les guitares savent aussi affirmer leurs présences et leurs identités, tantôt puissantes (“Amended”, “Lathing a new man”) tantôt écorchées (“A tide shift”). Il convient également de saluer le travail de Heidi Mataa aux claviers, véritable valeur ajoutée du groupe. Rares sont les groupes à utiliser les claviers de manière aussi efficace. Présents tout en sachant se faire discrets, ils confèrent à l’ensemble une grande cohérence. Je dirai même qu’ils conduisent les chansons (“The white plateau”, “Out of wind”). Par leur aspect franchement dansant et leur puissance mélodique, ils rappellent les meilleurs morceaux de Bronski Beat et Jimmy Sommerville, “Smalltown boy” en tête.
La vrai prouesse de The man eating tree est de savoir doser les morceaux, les moments d’interlude, les passages plus énervés et les explosions mélodiques. Aucun ennui ne viendra interrompre votre écoute. Même les titres les plus calmes, dont je ne suis habituellement pas friand, sont des perles musicales. “Night in white satin”, outre son titre qui fait sourire, est LA chanson romantique du métal actuel (la chanson love quoi, celle qui donne envie aux couples d’enfanter et aux célibataires de pleurer). Il s’agit bien là de la relève de Scorpions, le “Still loving you” du groupe. Parlons aussi de “King of July”, le morceau phare de Vine. Évoluant d’une base à la limite du gospel à des envolées épiques, son refrain reste en tête pour la journée, agaçant votre entourage qui vous reprochera de siffloter (mal en plus) à longueur de temps. Dans la voiture, en faisant la vaisselle, en vous lavant les dents, pendant un câlin (ce qui devient assez délicat).
Il paraît que la production des artistes reflète leurs personnalités. Ainsi Piet Mondrian, figure de proue du minimalisme et des compositions géométriques en peinture, était un piètre danseur car trop rigide, à l’image de ses toiles. Si tel est le cas, l’univers quotidien des membres de The man eating tree doit être brouillard, douleurs et moments passagers d’accalmies. Le tout avec une grande classe.
Pour faire simple, j’adore cet album, j’adore The man eating tree.
Site Internet : http://www.themaneatingtree.com/
My Space : http://www.myspace.com/officialthemaneatingtree
by Dada metal | Jan 8, 2011 | Chroniques
Note du Soilchroniqueur (Dada Metal): 5/10
Nous y sommes. Une nouvelle année, la fin d’une décennie. L’occasion de regarder en arrière, de faire le point avec les évènements passés, et sur sa propre évolution. C’est beaucoup, dix ans. Et si certains, au lendemain de la Saint Sylvestre, se perdent dans des résolutions utopiques et conformistes, d’autres sont beaucoup plus sereins. Ainsi le groupe Horned Almighty a terminé l’année comme il va certainement en entamer une nouvelle : dans une brutalité old school de la meilleure tradition.
Une décennie s’achève. Et quelle décennie ! Celle d’un monde en proie aux catastrophes naturelles qui a vu son bilan s’alourdir. Séismes, inondations en séries, incendies en pagailles ont causé les plus sérieux dommages de ces trente dernières années (Libération du 03/01/11). Nous avons également eu droit, cerise sur le gâteau, à la bipolarisation de la planète, avec d’un coté les “gentils” et de l’autre les “méchants”. Dans ce conflit politico-idéologico-religieux, les plus lourdes pertes sont du côté des civils, des Etats-Unis à la Palestine en passant par Bagdad, ce sont eux qui sont au front. Chose nouvelle ou l’histoire qui se répète ? Cette décennie de la paix se voit couronné par un nobellisé emprisonné. En France, Les Roms sont menacés, Eric Woerth s’entête, les suicides deviennent “à la mode” (pour reprendre les propos d’un célèbre patron) et les bleus voient rouge. Et Eric Woerth s’entête toujours.
La culture aura également pris cher: Chabrol et Rohmer enterrent La Nouvelle Vague. Dio et Peter Steele rejoignent Dimebag Darrel. Pour couronner le tout, nous assistons, médusés, à l’ère du numérique questionnant le rôle des maisons de disques et marginalisant les revenus des artistes.
Certains changent alors de stratégies : revalorisation du support physique, prix de vente personnalisé ou changement de direction musicale. Faire vendeur signifie faire à la mode. Les experts en détection des tendances vous le diront : il est nécessaire de se conformer aux attentes du public. C’est la loi du marché. Pourtant tel un petit village d’irréductibles gaulois, certains continuent d’ignorer les codes en vigueur pour faire de la musique à l’ancienne : avec les tripes. Horned Almighty pratique depuis 2002 un black ravageur teinté de crust et de rock n’roll. Ce n’est pas original pour un sou mais ça fait plaisir. La recette est la même pour ce nouvel album chaleureusement accueilli par un public certainement en manque de choses simples mais efficaces.
Le premier titre est une bonne entrée en matière, rapide et rageur. Les influences sont visibles, Satyricon et Marduk en têtes, mais les danois y mettent tout leur petit coeur sous leurs grands airs de skinhead roulant à la bière. Car oui, Horned Almighty relance le débat de la pilosité et de la chevelure dans la communauté métallique. Bears ou androgynes ? Hommes des cavernes ou Caliméro ? Chevelus ou chauves ? Nos cinq cranes nus ont choisi leur camp. Celui d’une musique matraquant les cervicales et rodée pour les pogos.
Alors, même si des titres comme « Fountain of a thousand plagues » sont assez inutiles, voire même dépourvus de saveurs, des moments de bonheur sont parsemés dans l’album. Par ci par là. Ainsi, « Sworn divine vengeance » est un titre destructeur aux tonalités martiales, qui peut faire penser par moments à Devian. Les titres s’enchaînent dans un album qui a pour principale faiblesse sa trop courte durée de 35 minutes. C’est un peu juste pour créer une ambiance et aménager à l’auditeur des temps de pause.
Même si tout s’enchaîne beaucoup trop vite, Necro Spirituals met du temps à être digéré. « In Jubilation and Disgust » et son riff “mardukien” se termine par exemple sur un solo appréciable après seulement quelques écoutes. D’autres morceaux évoluent sur un mi-tempo pertinent (« Illuminated Void« ) au milieu d’accélérations rock n’roll bien choisies. La monotonie gagne cependant vite du terrain. La faute à des rythmiques punk trop présentes et à des redondances dans les morceaux. En ce sens, « The Blasphemous Burden« , le titre le plus lent et paradoxalement le plus énervé de l’album, donne un peu d’air frais et d’originalité à l’ensemble. Smerte (mais il péfère qu’on l’appelle S.) au micro, prend enfin un vrai risque avec une voix grave cassée qui évolue jusqu’à un chant semi-clair. Tandis que la première partie de l’album est assez répétitive, la dernière sort du lot et laisse un bon goût en bouche à la fin de cette courte demi-heure.
Un bon album mais qui manque encore d’originalité et de personnalité pour que le groupe s’émancipe d’un statut de chauffeur de salles. Mais la mission d’Horned Almighty semble être de simplement donner du plaisir, barbare et primitif. Ces dix ans se terminent comme ils ont commencé. Bonne année à tous.
Myspace: http://www.myspace.com/hornedalmighty
by Dada metal | Déc 23, 2010 | Chroniques
Note du soilchroniqueur (Dada Noël) : 8,5 / 10
J’aime noël. Voilà c’est dit. Je sais que ça va en choquer plus d’un de le lire mais c’est vrai. Et tant pis pour mon image de metalleux intrépide mais j’aime contempler le sapin illuminé près d’un bon feu (assez éloignés l’un de l’autre quand même). J’aime mettre le petit Jésus dans la crèche lorsque sonne minuit. J’aime regarder les classiques Disney en mangeant des pains d’épices. Allez hop ma chronique de noël !
J’ai une confession à faire (oui une autre). Quand les fêtes arrivent, les disques de Metal se font rares dans ma platine (non me tapez pas !). Surement l’effet de la neige ou les chocolats matinaux du calendrier de l’avent qui me conditionnent. Chaque année, je délaisse provisoirement mes chouchous de Vomitory ou Suffocation pour des galettes plus sucrées et chaleureuses. Ainsi cet hiver j’ai un faible pour l’excentrique La Roux, la fabuleuse Florence and the machines et surtout la « Neuvième Symphonie » d’Anton Bruckner. Vous imaginez ma joie intérieure lorsque je me suis attelé à la tâche d’écouter le nouvel album du duo norvégien Solefald. Surtout que leurs précédentes sorties me donnaient l’impression d’un groupe en quête d’identité. Après avoir crié à tout le monde « Nous faisons dans le pur Black », les deux norvégiens se sont autoproclamés groupe de pagan, puis de black guerrier typé allemand avant de clamer « Nous sommes des vikings ! » avec une série de concepts albums peu convaincants. Leur recherche identitaire (tel un Eric Besson) est visible également à travers les photos officielles du groupe, tantôt habillés en chevalier, en DJ gays ou encore en poetic lovers.
Mon manque de motivation avait aussi pour origine mon souvenir de la tête de nos deux compères, lorgnant davantage du côté d’un père fouettard en manque de vitamines C que de Santa Claus. De plus, je venais de faire connaissance avec le Vrai esprit de noël Celui des centres commerciaux où celui qui achète le moins de cadeaux à la fin de la journée est un vrai loser. Je me suis perdu, je me suis fait piétiner, je me suis évanoui sous les odeurs de transpiration. Et là, dans un magasin, je me suis retrouvé face à des punkettes (ou gothiquettes) se battant pour un t-shirt d’Edouard le vampire. J’ai su alors la vérité. L’impensable vérité. Deicide, Marduk et consorts se trompent quand ils nous font rêver avec les limbes, l’antre de Satan, les vices et les souffrances éternelles. Je sais maintenant que l’enfer ressemble à un Claire’s géant. Devant moi, à la caisse, se tenait une jeune fille avec deux oreilles qui ressemblaient à des trompettes en forme de patates. Je me suis dit qu’elle n’était pas très belle mais qu’au moins elle devait bien entendre. C’est peut être même un avantage. C’est alors que, perdu dans mes pensées, je me suis juré d’écouter non pas une mais plusieurs fois ce nouveau Solefald le soir même.
Dès les premières notes, il est certain que Solefald ne pratique pas du true black metal, avec ces chœurs aux timbres de voix proches de Tyr. Ce premier titre est d’ailleurs séduisant par son ambiance de grand froid et de vent nordique. Des chants en canon et de lointaines voix féminines contribuent à dresser un portrait mélancolique réussi. Proche de l’atmosphère de Solstafir, des sonorités black se font présentes de temps à autre. Certes, cela reste anecdotique et continuera d’irriter les puristes qui crient à l’unisson « Du true, du true ! Encore du true ! Il est bon mon true ! ». Et après tout, n’est pas true qui veut. La preuve sonore, le titre éponyme qui se veut plus énervé avec ses blasts et ses grognements est décevant et apparaît comme un sous-Aborym. Le chant haut perché heavy agace et ne colle pas avec la rapidité du morceau. Autant un groupe comme Grand Magus assure ce type de chant avec des compos rapides, autant là la sauce ne prend pas et fait du mal aux oreilles.
Mais ce serait une erreur de s’arrêter à ce faux pas. L’album enchaîne sur Tittentattenteksti avec au chant la grandiose Agnete Kjølsrud. Officiant déjà au sein de Dimmu Borgir, sa prestation totalement hallucinée, fait de cris de petites filles et d’intonations rageuses, donne l’impression d’entendre chanter une héroïne énervée d’un manga de Kishiro (Gunm). L’ensemble de l’album demanderait de le décrire tracks by tracks tant son hétérogénéité est forte. Nous passons d’un black théâtral à la Hollenthon à un morceau de délice au saxophone (Eukalyptustree) aux vocaux enchanteurs. Essentiellement en norvégien vous l’aurez compris, les deux érudits aiment surprendre. C’est ce qui fait qu’aucun album du groupe ne se ressemble. L’auditeur ne peut donc jamais savoir à quoi s’attendre, alors laissez Dada Noël vous le dire : il s’agit d’une bonne cuvée Solefald.
Les passages les plus tranchants (Hugferdi) sont complétés par des expérimentations sonores, des envolées épiques (le génial (Vitets Vidd i Verdi), des passages électro et un large panel de chants, féminins, masculins et non définis. Pour son aspect avant-gardiste, nous ne sommes pas loin de Sleepytime Gorilla Museum avec un supplément de groove et de mélodies étourdissantes. Enfin vient le final, guerrier et superbe. Car si le groupe pèche, par manque de légitimité, sur les passages les plus rapides, il excelle sur les moments lents et intimistes.
Il apparaît après plusieurs écoutes attentives que le manque de cohérence musicale reproché au départ donne à cet opus une saveur particulièrement attirante et originale.
Finalement, ça sera un bon noël, métallique à souhait. Découvrir Norron Livskunst sous le sapin fera le bonheur de tous nos p’tits métalleux. Quand tu descendras du ciel, avec des jouets par milliers, n’oublies pas mes petits souliers…
Lien myspace : www.myspace.com/solefaldofficial