by Metalfreak | Mai 12, 2023 | Chroniques
Note du SoilChroniqueur (Seblack) : 8,5/10
Dans un passé pas si lointain que cela, la scène islandaise était devenue une sorte de nouvel Eldorado du Black Metal. D’Abominor à Naðra, en passant par les terribles Svartidauði , Sinmara, Misþyrming et consorts, on ne comptait plus les formations déboulant de l’île de glace.
Óreiða était déjà de ceux-là tout en se distinguant de ses compatriotes qui œuvrent ou œuvraient, pour beaucoup, dans un Black glacial et dissonant très influencé par Deathspell Omega. Après une poignée de démos, le one man band Óreiða se singularisait déjà de ses pairs par un album éponyme notable autant que remarquable. Un album instrumental pour commencer (ce qui n’est pas si courant au sein de la scène Black) et surtout un album qui se démarquait de la scène islandaise d’alors par une approche à fois plus traditionnelle, mais tout à fait plaisante. Un parti-pris qui se confirmait d’ailleurs avec son successeur Nottin, paru l’an dernier.
Et voilà qu’en 2023, Óreiða est déjà de retour avec un nouvel album intitulé The Eternal.
Un retour fracassant, même, puisque ce nouvel opus sort sur le très qualitatif label Debemur Morti Productions.
Dans cette nouvelle offrande Óreiða entend revisiter le mythe de Sisyphe à sa manière. De ce mythe découle d’ailleurs le tracklisting de l’album : « Path » (le chemin), « The River » (la rivière), « The Climb » (la montée), « The Apex » (le sommet) et pour finir « The Eternal » (L’éternel), que l’on tutoie du regard avant de redescendre de nouveau. Et ainsi, éternellement.
Musicalement le son d’Óreiða s’est épaissi, mais sans se départir de son côté mélodique et éthéré. Ici, point de voix pour nous transpercer ou nous guider. La musique se suffit à elle-même. Parfois, tout de même, quelques touches de claviers donnent l’illusion qu’une voix hante ou guide l’album dans ses pérégrinations.
The Eternal appartient à ces albums qui, l’air de rien, vous attrapent, vous font entrer dans un état confus d’attention et de rêverie. L’imagination divague dans des paysages tout à la fois glacés, escarpés et fascinants.
Sans nul doute possible, Óreiða confirme ici un réel talent pour dresser des ambiances absolument prenantes, où la musique éveille l’ensemble des sens. The Eternal vient aussi rappeler que, loin d’être moribonde, la scène Black Metal islandaise n’a pas fini de nous surprendre.
[youtube]
Tracklist :
1. The Path (08:30)
2. The River (07:38)
3. The Climb (06:39)
4. The Apex (05:58)
5. The Eternal (07:18)
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by Metalfreak | Avr 30, 2023 | Chrocorico Soil, Chroniques
Note du SoilChroniqueur (Seblack) : 9/10
En 2020, le premier EP de Bacchus avait déjà su attirer l’attention, avec une musique et un concept sortant de l’ordinaire. Trois ans plus tard, la formation Lyonnaise revient à nous avec un premier album publié cette fois chez Debemur Morti Productions et sobrement intitulé II.
Le groupe officiant dans un style et une thématique ritualistes, on pourrait nourrir quelques craintes quant au côté un peu linéaire ou longuet de la chose. Eh bien, pas du tout : cet album est de bout en bout captivant et enivrant. Un sans faute du début à la fin.
L’EP paru il y a quelques années laissait déjà entrevoir des qualités certaines, que ce soit dans l’aspect mélodique, ou la construction d’ambiances. Ces qualités, Bacchus les a conservées et affinées plus encore. La musique prend le temps, évoluant sur des progressions lancinantes, mais jamais ennuyeuses. Il y a, dans ce second album, un coté presque hypnotique qui emmène l’auditeur. Les mélodies distillées par la guitare sont plus envoûtantes encore et coulent comme un bon vin. A la fin de chaque morceau, on en veut encore. Les claviers sont très présents et enrobent l’univers de Bacchus avec goût. Ni trop, ni pas assez, l’équilibre est parfait.
Plus encore, le groupe a parfaitement su cerner et gommer les petits défauts de sa première réalisation. C’est notamment le cas de la mise en voix. Dans l’EP, il y avait un petit coté linéaire et des intonations qui pouvaient laisser un peu sceptique, parfois. Pour cette seconde offrande, aucun doute n’est permis, le travail sur les chants est époustouflant de justesse. Tout en gardant comme base ses intonations rituelles, la voix s’aventure davantage dans des textures plus contrastées, plus black, parfois death, et quelques passages en chant plus clair. Le résultat est saisissant et permet là aussi de nous maintenir dans un état d’immersion.
Le son s’étant, lui aussi, considérablement amélioré, le travail accompli par le groupe se trouve totalement mis en valeur. En un mot comme en cent, je sors donc de ce premier album totalement conquis, alors que je suis plutôt du genre à rester perplexe sur ce type de musique. Seul tout petit bémol, j’aurais bien voulu jeter un coup d’oeil sur les paroles, pour mieux encore me plonger dans cet univers orgiaque.
Envoûtant, enivrant, tout autant que captivant, cet opus de Bacchus est un petit chef d’œuvre de black atmosphérique ritualiste, et il y a bien longtemps que j’avais rien écouté de si prenant dans ce type de musique. Le genre d’album qu’on se passe et qu’on se repasse telle une longue libation sans fin.
Tracklist :
1. II.I (04:25)
2. II.II (05:41)
3. II.III (05:25)
4. II.IV (05:45)
5. II.V (08:11)
9. II. VI (05:22)
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by Metalfreak | Mar 31, 2023 | Chroniques
Note du SoilChroniqueur (Seblack) : 10/10
Comme le suggère l’artwork, nous voici arrivés au bout du chemin de Triade, ce triptyque black metal initié par le groupe suisse Aara il y a deux ans à peine et publié chez le label français Debemur Morti.
Intitulée Nyx, déesse grecque de la nuit, ce troisième volet clôt la transcription musicale du roman gothique, “Melmoth ou l’Homme Errant” de l’écrivain Irlandais Charles Robert Maturin.
Le groupe ayant composé l’ensemble de cette oeuvre en même temps, Nyx ne dépareille pas le moins du monde de ses prédécesseurs. On retrouve ces mélodies accrocheuses autant qu’enivrantes, cette batterie nerveuse et le chant si particulier de Fluss. Comme déjà dit dans une précédente chronique, Aara fait partie de ces rares formations ayant sa propre signature musicale, alors pourquoi en changer à l’heure de clore cette trilogie?
Et pourtant, Aara parvient de nouveau à proposer un album se singularisant des précédents, tout en préservant l’univers qui est le sien. Pour cela, le groupe prend appui sur la dernière partie du roman de Maturin, qui est assurément la plus sombre, Melmoth perd sa compagne, son enfant et essuie échec sur échec pour ramener vers lui les âmes promises au diable. Nyx se nourrit totalement de ce fond tragique et propose, de ce fait, plus de moments aux atmosphères sombres. Cela commence dès le premier titre “Heimgesucht”et son introduction inquiétante, même chose sur le morceau final “Edo et Edam” et cette cloche qui sonne le glas de Melmoth. Nyx comprend aussi un recours plus important aux chœurs féminins venant souligner la dramaturgie de l’œuvre (dans “Moribunda”, “Unstern, “Des Wanderers Traum”). Grosso modo, Nyx est moins systématiquement porté sur la vitesse même si l’album comprend aussi son lot d’accélérations et d’envolées absolument ravageuses.
D’un point de vue mélodique, Nyx est, peut être, aussi un tout petit peu moins complexe avec des lignes de guitares qui continuent de s’entrelacer, mais de manière plus simple, plus naturelle. Guitares et basse explorent des textures nouvelles et contribuent intelligemment à ce rendu plus atmosphérique. La production de l’album étant excellente, toutes ces nuances sont parfaitement retranscrites et l’écoute de ce troisième volet de Triade s’avère aussi agréable que passionnante.
Aara clôture ainsi de la plus belle manière son ambitieuse trilogie en continuant de proposer ce qu’il sait faire de mieux en matière de Black mélodique, tout en l’enrichissant petite touche par petite touche. La marque des grands artistes, des très grands même.
Tracklist :
1. Heimgesucht (08:30)
2. Emphase der Seelenpein (06:57)
3. Moribunda (07:37)
4. Unstern (06:11)
5. Des Wanderers Traum (06:49)
6. Edo et Edam (05:05)
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Aara – Triade I : Eos
Aara – Triade II : Hemera
by Metalfreak | Jan 5, 2023 | Chrocorico Soil, Chroniques
Note du SoilChroniqueur (Seblack) : 8/10
Depuis quelques temps maintenant le Black Metal médiéval jouit d’une cote de popularité croissante, particulièrement en France grâce à des groupes et des labels très investis dans ce style.
Et voilà justement que se repointe un des pionniers du genre : Godkiller.
Ce nom n’évoquera peut-être rien aux plus jeunes mais ils devraient y jeter une ou deux oreilles.
Godkiller est une de ces formations quasi légendaires du Black Metal français des années 1990. Enfin français… pas tout à fait puisque c’est depuis le rocher de Monaco que Duke Satanaël officiait à ses sombres desseins.
Plus globalement on pourrait rattacher Godkiller à cette nébuleuse qui a fait du sud de la France un des foyers les plus ardents du Black Metal durant les années 90 et le début des années 2000.
Durant cette période nombre de formations, aussi malfaisantes que sombres, ont contribué à l’affirmation et à la réputation du Black Metal made in France. Pensons à Gorgon, Mutiilation mais aussi à la sulfureuse “scène toulonnaise” (Funeral, KristallNacht, Blessed In Sin ou quelques années plus tard Seigneur Voland, Finis Gloria Dei, Desolation Triumphalis…) ou encore en Avignon avec In Articulo Mortis, Celestia et un peu plus tard Peste Noire.
Et tant d’autres que j’oublie.
La singularité de Godkiller et de son créateur est d’avoir développé dans sa musique et ses visuels l’univers médiéval avec pour point d’orgue l’EP The Rebirth of the Middle Age, paru en 1996, et l’album The End of the World en 1998.
Avant cela pourtant, Godkiller avait sorti deux démos :Ad Majorem Satanae Gloriam (1994) et The Warlord (1995).
Ce sont ces deux démos qui sont regroupées et proposées ici par le label Debemur Morti Productions au travers de ce disque intitulé We are the Black Nights.
A cette occasion, les différents titres ont eu droit à un petit lifting avec un mastering qui a permis d’améliorer notablement le son sans pour autant faire perdre leur cachet à ces titres vieux de près de trente ans.
Les quatre premiers titres sont donc ceux de la première démo, on y retrouve une grosse influence Death Metal, chose très courante à cette époque.
Toutefois les thèmes de ces morceaux et les claviers ont déjà cette touche médiévale presque Dungeon Synth qui s’affirmera par la suite dans la musique de Godkiller.
Des claviers qui ne sont d’ailleurs pas sans évoquer les sonorités de Dead Can Dance et son album Aion paru quelques années plus tôt (1990).
Les trois derniers titres de cette compilation exhument la seconde démo de Godkiller qui évolue cette fois dans un registre beaucoup plus nettement Black Metal. La fibre médiévale s’affirme davantage encore, que ce soit dans la thématique des morceaux ou dans la musique qu’on pourrait rapprocher du Dark Medieval Times de Satyricon (1993) voire des premiers méfaits des autrichiens d’Abigor.
Au moment du bilan, on ne peut que se féliciter de cette réédition aux vertus presque documentaires qui permet de mieux saisir comment s’est construit l’identité sonore de Godkiller et de ce style qu’on appelle le Black Metal médiéval.
Contrairement à d’autres compilations de fin d’année, il serait délirant de soupçonner ici qui ce soit d’arrières pensées commerciales, voyons-le plutôt comme un cadeau fait aux passionnés de Black Metal et de son histoire. Et qui sait, peut-être aussi comme un avant-goût à un retour de Godkiller ?
Tracklist :
1. March of the Medieval War (03:40)
2. Waiting for Lilith (06:31)
3. Celebrate His Glory (05:44)
4. Those from the Race of Cain (05:02)
5. Feasting the coming Victory (01:50)
6. Path to the Unholy Frozen Empire (10:25)
7. Bren det Hvite Riket (10:28)
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by Metalfreak | Déc 29, 2022 | Chroniques
Note du SoilChroniqueur (Seblack) : 7,5/10
Pour ce cinquième album le groupe norvégien Dødsengel poursuit sa collaboration avec le label Français Debemur Morti Productions, après avoir longtemps été chez Terratur Possession. Deux labels qualitatifs qui mettent un point d’honneur à proposer des œuvres ambitieuses tant sur le plan musical, conceptuel que graphique.
Ce nouvel opus ne fait pas exception avec un artwork somptueusement sombre de Mitchell Nolte et une thématique très pointue que le batteur Malach Adonai présente comme centrée autour de la déesse Babalon qui, je cite : “ est la Porte de la Manifestation. Mère et Prostituée de tous. De laquelle nous sommes venus et à laquelle nous retournerons… elle est associée à l’incarnation, à la chair et à la physicalité, ainsi qu’aux plus hautes aspirations spirituelles. Elle est aussi Babalon la Grande, la Prostituée de l’Apocalypse, qui chevauche la Bête dans les visions de Jean, et que John Dee et Edward Kelly ont vue dans leurs travaux énochiens… ». Tout un programme donc. Voilà, voilà…
Pour ce qui est de la musique et bien c’est un peu pareil. Voilà, voilà…une heure et douze minutes d’un black metal cérémoniel et mystique. Tout un programme aussi.
Sur le plan des intentions, on doit reconnaître que Dødsengel coche toutes les cases de l’excellence , le groupe parvient à tisser des atmosphères occultes totalement habitées avec un travail sur le chant absolument remarquable de théâtralité.
La musique n’est pas en reste jouant sur des mélodies et des dissonances qui confèrent à Bab Al On l’aspect d’une sombre cérémonie. Un morceau comme “Bursting as Boils From the Back of Slaves” en est une parfaite illustration. Le groupe parvient donc totalement à ses fins.
On pourrait toutefois regretter un son manquant quelque peu de puissance et obligeant à monter le volume pour pleinement apprécier les nuances de cet album.
Mais là où le bas blesse davantage c’est sur la capacité de Dødsengel à captiver sur l’entièreté de sa nouvelle œuvre. Et là désolé mais j’ai décroché à plusieurs reprises. Entre les très longues parties atmosphériques et les passages où le chanteur déclame seul ses paroles on finit par perdre beaucoup trop souvent le fil. Bien évidemment ces parties jouent un rôle que le groupe estime surement essentiel pour le plein développement de son concept. Mais trop c’est simplement trop et c’est bien dommage car pour le reste Bab Al On regorge de qualités. Mais voilà parfois le plus devient l’ennemi du mieux.
Tracklist :
1. Ad Babalonis Amorem Do Dedico (03:27)
2. In The Begining (06:20)
3. Annihilation Mantra (05:42)
4. Water of Unravelling (05:14)
5. Bursting As Boils From the Backs of Slaves (04:56)
6. The Lamb Speaks (08:18)
7. Agnus Dei (05:11)
8. Hour of Contemp (04:20)
9. In the Heart of teh World (09:01)
10. Dies Irae (08:52)
11. Abomination Gate (10:46)
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