Hellfest 2016 – Interview Gilles Lartigot

Le 22 octobre 2016 posté par Metalfreak

Interviewers : Metalfreak & Muchy
Photos : Metalfreak & Muchy
Interviewé : Gilles Lartigot

 

 

Metalfreak : Alors Gilles, il faut que je t’avoue que jusqu’à hier, je ne savais pas comment aborder cette interview. Je ne savais pas quelle allait être ma première question et je vais m’inspirer de la tienne pendant la conférence de presse d’Henry Rollins (vidéo ci-dessus) : quel âge as-tu ?

Gilles Lartigot : 50 ans

 

Mfk : Tu es en pleine forme…

GL : Pour un troisième jour du Hellfest, ça va. Mais je suis moins en forme que le premier jour…

 

Mfk : Quel est ton secret ?

GL : Mon secret… C’est marrant parce ce que c’est la question que je pose aux musiciens que je rencontre.

En fait, il faut avoir une hygiène de vie qui soit déjà saine quand tu es chez toi : des excès, en faire modérément sans se couper au niveau social. Mais entre faire la fête comme quand on avait vingt ans, quand on pouvait prendre quelques substances illicites avec beaucoup d’alcool… C’est un temps. Comme on dit, il faut que jeunesse se fasse. Ensuite, quand tu arrives à quarante et plus particulièrement à cinquante ans, tu as le corps qui ne répond plus.

Il faut donc avoir une hygiène de vie saine et ensuite profiter de moments comme le Hellfest pour se boire des coups et faire la fête avec des amis mais il ne faut pas que ce soit une habitude.

Donc pour répondre à ta question, j’ai en effet une hygiène de vie qui est saine. Aujourd’hui, je suis revenu vivre en France, je vis à la campagne. Je n’ai plus de stress comme avant puisque je vis de mon travail : je suis écrivain, je vis de mon livre. Je travaille avec ma femme, sans stress. Son travail est très important dans la réussite de EAT. De plus, nous vivons ensemble 24H/24H et 7j/7. Elle me soutient énormément au quotidien. C’est très important aussi : il n’y a pas que l’alimentation, il y a l’entourage et puis le travail que tu fais. Si tu t’épanouis dans ton travail, si tu as la reconnaissance dans ton travail, c’est très important pour le mental.

Mfk : Tu me dis que le truc, c’est qu’arrivé à 40-50 ans, il faut commencer à faire gaffe… Ne penses-tu pas que c’est plutôt un travail à faire en amont à savoir changer l’éducation de nos enfants par rapport à ça ? On a tendance, nous parents, pour leur faire plaisir ou les récompenser, à leur acheter des bonbons, faire boire des boissons sucrées et gazeuses, manger un chocolat, voire ne serait-ce qu’un seul verre de lait… Pour faire plaisir à nos enfants, paradoxalement quelque part, on les empoisonne…

GL : Le gros problème aujourd’hui est qu’il y a une désinformation au sujet de l’alimentation. Tu parles du lait : c’est vrai qu’au sortir de la guerre, on manquait de tout, on pensait que le lait allait augmenter notre croissance, allait nous nourrir, ce qui est surement le cas, mais il y a beaucoup d’inconvénients au lait. Le lait aujourd’hui est pasteurisé : Il reste les facteurs de croissance de la vache dans le lait car la cuisson UHT ne les détruit pas. on ne le fait plus bouillir comme le faisaient nos parents ou grands-parents. Ça nous crée des cancers de la prostate, des cancers du sein, de l’obésité, du diabète, etc…

 

Mfk : … et des intolérances au lactose…

GL : Pas uniquement, aussi au gluten entre autres. Pour en revenir sur ces « récompenses » : chaque fois, la récompense pour les enfants, c’est le sucre : et aujourd’hui, le sucre est pour moi une addiction beaucoup plus forte que les drogues dures. Parce que c’est une addiction qui est légale, et le fait de manger du sucré aujourd’hui nous rappelle que c’était une récompense de quand on était enfant.

Quand je vivais au Québec, je me battais un petit peu lorsque venait le moment d’Halloween, les enfants revenaient avec d’énormes paniers de saloperies et ils se gavaient de sucre. Après, les parents s’étonnaient et disaient qu’ils ne les tenaient plus, qu’ils étaient super excités. Oui, mais c’est à cause du sucre, ça leur fait des montées d’insuline, ça peut les rendre dépendants, et leur créer du diabète et de l’obésité.

Alors oui, cette addiction est très mauvaise.

Ensuite, tu parlais d’éducation, mais aujourd’hui, on ne peut plus éduquer nos enfants : on les confie à l’Éducation Nationale. Pourquoi ? Parce qu’avant, c’est l’homme qui travaillait, et avec un SMIC, on pouvait vivre simplement, chichement… on pouvait faire vivre sa famille !

Aujourd’hui, avec un seul salaire, on n’arrive plus à faire vivre sa famille : on est dans la survie. Du coup, les deux personnes du couple, l’homme et la femme, aujourd’hui travaillent. Donc on va confier nos enfants pour l’éducation. Le système éducatif aujourd’hui, répond malheureusement aux exigences des lobbies qui vont diriger l’information, mettre nos enfants dans des moules.

Mais après, quand tu es enfant, tu as envie de te rebeller : c’est pour ça que je me suis mis à écouter du metal, parce que j’étais un rebelle.

Je suis passé par le punk, ensuite par Iron Maiden, il y a eu cette espèce de rébellion : et moi déjà, le fait d’intervenir dans ce milieu metal, c’est ma famille, c’est une musique qui me nourrit encore aujourd’hui, et j’ai beaucoup de respect pour les musiciens et les fans, et je trouve que c’est une façon de se rebeller…

Mfk : … tu as d’ailleurs été producteur de Dagoba…

GL : Tout à fait, et si tu veux, le fait d’intervenir dans ce milieu me permet de dire aux metalleux « vous êtes des rebelles, vous n’écoutez pas la musique de tout le monde, on s’habille différemment, on peut choquer les autres, mais c’est nous ». Et pourquoi alors mangeons-nous comme tout le monde ? Pourquoi va-t-on au Mac Donald’s ? Pourquoi va-t-on manger au Quick ? Pourquoi va-t-on faire nos courses dans les supermarchés pour manger des saloperies ? Parce que tout le monde mange ces saloperies : il faut que là aussi nous soyons différents.

Je suis très content de rencontrer des gens dans le milieu du metal depuis 2010 quand j’ai commencé « Heavy metal food » où j’ai rencontré des musiciens, notamment Devin Townsend qui a beaucoup influencé mon livre, Marco Mendoza ou différents musiciens qui ont eu un déclic à un moment donné de leur vie, où ils ont abandonné cette vie rock ‘n’ roll de débauche et de drogues, pour passer sur un mode de vie et une hygiène beaucoup plus sains en se remettant aussi à faire du sport et tu vois, à 50-60 ans, ils performent encore.

C’est ce que je veux montrer aujourd’hui aux jeunes fans : je ne les culpabilise pas de boire de la bière par pichets entiers ou de manger des hotdogs mais une fois qu’ils rentrent chez eux, il faut qu’ils prennent conscience que les gens qu’ils admirent n’ont pas le mode de vie qu’avait Lemmy. Lemmy, lui, était un extra-terrestre.

J’ai beaucoup de respect pour lui parce que c’était quelqu’un d’extrêmement intègre par rapport à sa musique, au respect des fans, etc… en ça, c’est un modèle pour nous mais pas par rapport à son hygiène alimentaire : quand je le voyais faire frire ses frites dans la grosse friture, manger ses fish and chips et boire le fameux Jack Daniels…

Par contre, il a fait une pub très intéressante sur le lait, la pub a été un peu détournée et il disait qu’il n’en avait jamais bu. Alors là on peut suivre son conseil.

C’est très intéressant de faire passer ce message au sein de notre communauté.

 

Mfk : Le bio prend une place de plus en plus grande dans notre alimentation, que ce soit en France ou ailleurs. Moi, la question que je me pose c’est : peut-on encore parler de bio en France ou en Europe après le passage de Christine Lagarde au gouvernement ?

GL : Oui, je vois ce à quoi tu fais allusion (sourires complices). C’est un exemple que j’ai donné lors de ma première conférence. Pour ceux qui ne le savent pas, Christine Lagarde a été ministre de l’agriculture pendant seulement deux mois. Pendant ces deux mois où elle y est passée – je ne sais pas, c’était peut-être une erreur d’orientation (rires), toujours est-il qu’elle est restée deux mois –, elle a fait passer une loi qui autorise un infime pourcentage (NdMfk : 0,9%) d’OGM dans les produits bio… Et lorsqu’on gratte un peu, on sait que les OGM, c’est Monsanto ! Et quand on gratte un petit peu dans le passé de Christine Lagarde, elle travaillait dans un grand cabinet d’avocats américains (NdMfk : Baker & McKenzie) et elle avait Monsanto comme principal client (http://lesmoutonsenrages.fr/2013/05/03/petit-rappel-christine-lagarde-et-la-firme-monsanto-denonces-par-une-elue-deurope-ecologie-les-verts/).

Donc, là, on se pose des questions : y a-t-il des conflits d’intérêt ? Ou pas ?

Mais je ne comprends pas pourquoi, comme ça, on va autoriser un pourcentage d’OGM dans des produits bio. Mais là où je suis très content, c’est qu’aujourd’hui, en France, on provoque des réactions et j’encourage tout le monde à se battre pour ses convictions profondes. Il faut qu’on acte nos convictions : on voit qu’aujourd’hui, en France, ça commence à être le bordel, et je suis content qu’on ait ce tempérament révolutionnaire. On a ça en nous, il faut vraiment qu’on respecte nos anciens, notre Histoire. Je pense qu’il y a des choses qui sont en train de se passer aujourd’hui, et moi, mon travail est quand même centré sur l’alimentation, je vois que les habitudes alimentaires changent : les parents qui font attention à ce que mangent leurs enfants, qui vont leur expliquer pourquoi telle chose n’est pas bonne. Il n’y a pas que le goût, il faut qu’on retrouve notre instinct : tout ce qui est bon au goût n’est pas forcément bon pour notre corps. C’est tout un travail d’éducation, mais que doivent faire les parents : il ne faut pas compter sur l’éducation nationale, ni les journaux télévisés, ni les émissions… pour faire passer ce message-là ! C’est aux parents de le faire !

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Muchy : J’avais une petite question pour rebondir sur le bio : est-ce qu’aujourd’hui on peut faire confiance à un label ou à un produit qui est labellisé bio (AB) et qu’on peut retrouver dans nos rayons ? On a tendance en général à leur faire confiance, est-ce une valeur sure de l’alimentation ?

GL : Le label AB, aujourd’hui en France, et différents autres organismes indépendants de certification bio vont auditer des agriculteurs ou des producteurs de nourriture et aussi ceux qui la transforment. Il y a donc un cahier des charges à respecter dans lequel il n’y a pas d’utilisation de produits chimiques. Mais pas toujours…

Par exemple dans le vin, on va autoriser un certain pourcentage de sulfites.

Je dirais que le bio, c’est moins pire que l’industriel. Après, faut-il faire 100% confiance au bio ? Non, tu ne peux pas faire confiance à 100% au bio pour la simple et bonne raison que ce n’est pas tout le temps audité. Les audits sont là de façon ponctuelle, les agriculteurs et les industriels sont au courant qu’il y a des auditeurs qui vont venir… On peut toujours gruger, si tu veux, mais il ne faut surtout pas décourager les gens à aller vers le bio.

Il faut aller vers le bio !

Mais avant tout, il faut aller vers le paysan qui produit au niveau local, il faut aller le rencontrer sur le marché. Il faut déjà aller s’approvisionner sur les marchés locaux, parce qu’il y a des paysans qui ne peuvent pas s’acheter cette certification bio. Mais là, il faut faire confiance à la personne, c’est une confiance d’homme à homme !

J’ai rencontré plusieurs paysans, notamment un paysan au Québec, j’ai travaillé dans son champ : je lui fais confiance à 200%, il utilise zéro produit ! Cette nourriture, c’est comme si on avait notre propre potager, ce qui est de plus en plus rare.

Il faut faire attention aussi au bio industriel, c’est-à-dire le bio qui va venir aussi de l’étranger, qui voyage par avion… Il faut faire attention avec le bio qui est transformé : tu as des galettes bio, tu peux avoir du Nutella bio, mais ça ne veut pas dire que c’est bon pour la santé. Il y a de l’huile de palme, tu peux aussi avoir du sirop de glucose, même des arômes naturels – en fait, la plupart du temps c’est du glutamate monosodique (http://www.ladietetiquedutao.com/glutamate.html) – et il y en a même dans des produits bio. Et il faut faire très attention à ça.

Donc j’encourage les gens à cuisiner des aliments non transformés, à aller sur les marchés, à cuisiner différemment. Il ne faut pas se voiler la face, le coût du bio est plus important parce que cette agriculture n’est pas subventionnée. Ce sont aussi des petites entreprises qui transforment ces produits et qui ne sont pas subventionnées non plus. Alors oui, comparativement, ma pomme bio coûtera plus cher que ma pomme industrielle, mais ma pomme industrielle reçoit trente traitements de pesticides. Ma pomme bio, théoriquement, n’en reçoit pas.

Après, il ne faut pas rentrer dans la suspicion extrême. Alors j’encourage les gens à aller déjà au niveau local et de s’approvisionner avec des aliments locaux, non transformés ou exempts de produits chimiques.

Le frein n’est pas le prix, mais le temps.

Tu vois, il faut qu’on récupère du temps et là, ça devient un problème sociétal : c’est mon travail aujourd’hui d’appuyer là où ça fait mal. Je le redis : pourquoi il y a 60 ans, un SMIC suffisait à faire vivre sa famille et pour pourquoi aujourd’hui deux SMIC ne suffisent pas ? Comment ça se fait que, dès l’instant où on est passés du franc à l’euro, les prix ont explosé ?

Je parle des petits prix : la baguette de pain, le café…

 

Mfk : Oui, on paie en euro la même somme qu’on payait en franc à l’époque…

GL : Je te donne juste un exemple : je me suis fait piéger la dernière fois, je vais dans une enseigne bio qui s’appelle Satoriz pour y acheter de l’eau gazeuse. Donc de l’eau en bouteille de verre parce que là aussi, par rapport aux perturbateurs endocriniens, je privilégie le verre… que je réutilise. Je n’en achète pas souvent, et on a fait attention au prix, c’est passé à 6€50 les quatre bouteilles. Quand tu passes en franc, ça fait dix francs la bouteille d’eau gazeuse… Avant l’an 2000, tu aurais mis dix francs dans une bouteille d’eau gazeuse ?

Regarde le prix d’une bouteille d’eau : là on est au bar (et je trouve qu’au Hellfest, les prix sont corrects) et rien que la bouteille d’un demi litre d’eau minérale dans une bouteille en plastique, ça vaut deux euros…. Treize francs ! Tu aurais mis treize francs dans un demi-litre d’eau il y a vingt ans de ça ?

Donc tu vois, là on est sur un problème plus sociétal. Et c’est vrai que mon travail me porte vers ce problème sociétal, voire politique… Parce que les vrais responsables, ce sont quand même nos hommes politiques. Donc à un moment donné, ces gens, il faut qu’ils rendent des comptes.

Et je pense qu’en France, ils ne pourront pas faire les saloperies qu’ils ont pu faire en Grèce par exemple…

 

Mfk : ça commence à gronder un peu partout, les prises de conscience sont réelles. Le mur est tout près, il faut que ça bouge…

GL : Après, le changement, ça peut se faire à titre individuel : le fait de changer son mode alimentaire, c’est une forme de résilience, c’est-à-dire que tu choisis où dépenser ton argent. Tu vois, je préfère donner mon argent directement au paysan que je rencontre sur le marché sans passer par des intermédiaires de distribution comme les grandes surfaces qui vont se prendre 40 à 50% de marge.

Donc tous ces métiers qui se sont développés ces vingt dernières années qui sont des métiers de services qui ont coupé le fabriquant qui est à la source du produit du consommateur.

Pour prendre un exemple par rapport à la musique, comment ça se fait qu’un artiste, quand il vend un disque, touche à peine 10% ? Comment ça se fait qu’un auteur, comme moi, qui vend un livre, n’en touche que 10% ? Où va cet argent ? Il va à des intermédiaires. Même si je respecte le travail de tout le monde, je trouve que ce n’est pas forcément logique.

Pour en revenir à l’alimentation, on a la chance en France d’avoir ces marchés paysans. Dans le moindre petit village en France, tu as un marché paysan au moins une fois par semaine : aux États Unis ou au Québec, hormis dans les grandes villes, il y en a pas.

 

Muchy : J’allais rebondir à la fois sur la question de l’éducation de Chris et sur ce que tu dis sur les potagers et le système des intermédiaires. Est-ce que la solution ne serait pas de revenir sur le système de potagers où chaque famille pourrait avoir un accès facilité à la culture mais pour ses propres besoins ?

GL : Moi, c’est ma femme qui s’occupe de notre potager. On ne peut pas en être dépendant à 100%, on fait ce qu’on peut. C’est vrai que j’encourage ceux qui ont une maison avec un petit jardin à réserver un coin pour faire un potager plutôt que faire une piscine ou du gazon. Mais il faut du temps pour faire un potager. Il y a quelques temps, j’ai inventé un nouveau métier : potagiste ! J’encourage les jeunes qui travaillent la terre à aller chez les personnes qui n’ont pas forcément le temps ou les compétences, parce qu’il faut quelques compétences pour faire pousser des légumes, d’entretenir un potager, pour qu’ils puissent s’alimenter. Et c’est une grande satisfaction lorsque tu manges tes légumes. Après chacun son métier. Je pense qu’aujourd’hui il faut encourager nos paysans pour qu’ils puissent garder leur terre et qu’ils puissent les transformer sur une terre agricole qui soit bio et qui évite l’emploi des engrais et des produits chimiques.
Pour ça, c’est nous qui avons la clé, c’est à nous à titre individuel d’aller auprès de ces gens-là et de les payer pour leur travail. Alors c’est vrai que faire son potager c’est un plus mais c’est un peu utopique.

 

Mfk : au-delà de ça, tu penses que l’avenir est dans la permaculture ?

GL : la permaculture existe depuis la nuit des temps. Donc c’est quelque chose qui a été un petit peu endormi mais qui a été réactivé dans les années 60 avec Pierre Rabhi qui est un bel exemple français de rébellion, de dissidence alimentaire. C’est vrai que la permaculture il faut l’encourager, elle commence à se développer, on en parle de plus en plus mais ça reste un savoir-faire, un métier. Ce n’est pas donné à tout le monde.

 

Mfk : c’est extrêmement chronophage, non ?

GL : le problème c’est le temps. On a tous des priorités. On a chacun 24 heures qui nous sont allouées. Avec ça, il faut qu’on compose : il faut qu’on dorme, il faut qu’on se repose, il faut qu’on ait des distractions aussi. Mais à un moment donné, dans les années 60, lorsque l’on a connu ce média qu’est la télévision, notre temps a été vampirisé. La télévision est une addiction comme le sucre. Il est très difficile de s’en défaire. Je t’en parle en connaissance de cause, j’ai travaillé pendant des années dans la publicité. La TV, c’est très chronophage et bourré de pub pour des produits alimentaires transformés.

 

Mfk : oui et en plus, c’est assez hypnotisant parce que ça véhicule des messages qui nous poussent à la consommation ou à bouffer n’importe quoi.

GL : oui mais pas la télévision dans les années 60 ou 70. Ça a commencé à devenir très publicitaire dans les années 80. Mais aujourd’hui dans la télévision des années 2000, ça devient débilisant. Tu vois les émissions, qui ne t’apportent rien… Alors ça peut détendre, je peux le comprendre. Mais à un moment, il faut décrocher. Parce que c’est bien de lire des livres, de se documenter, de regarder des reportages ou même de sortir est d’aller voir des concerts. C’est mieux que de rester le cul vissé sur une chaise derrière un écran devant Facebook ou la télé. Il faut faire attention à cette addiction aussi.
Il y a un chercheur de l’INSERM qui s’appelle Michel Desmurget (https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Desmurget) qui a écrit un livre fantastique là-dessus, puisqu’il a fait des études sur l’impact de la télévision sur l’être humain, et notamment sur les enfants. C’est assez dramatique sur les bébés. Ça s’appelle TV Lobotomie. C’est un livre coup de poing sur l’impact néfaste de la télévision. Il y a aussi Dominique Belpomme (http://www.messages-pour-un-monde-meilleur.fr/people/belpomme.php) qui est chercheur et docteur qui a fait des études sur le développement des cancers. Il nous met en garde concernant toutes les ondes. Le Wifi, les ondes électromagnétiques, qui commencent à envahir nos foyers. Donc tout ça, qu’est-ce que ça fait ? En fait, tout ça, ça détraque notre système, ça nous fragilise et ça peut être un facteur de développement de maladies.

Donc tu vois, on vit vraiment dans un monde, comme je le dis dans mon livre Eat, on vit vraiment dans un monde toxique. On vit grâce à l’air que l’on respire, à l’eau que l’on boit, et la nourriture que l’on mange. Aujourd’hui l’air est pollué, l’eau est de plus en plus polluée, et l’alimentation est de plus en plus toxique. Et aujourd’hui, en plus, tu as les ondes. Les études prouvent que c’est nocif pour l’humain. Les générations qui arrivent vont être beaucoup plus fragilisées que les nôtres où nous avons été préservés,  où nos mères nous ont peut-être allaités. Tu vois, ça aussi c’est important. Les femmes allaitent de moins en moins. Donc ça fragilise les enfants, et ça donne la part belle à la médecine. Aujourd’hui on nous dit que l’on vit de plus en plus longtemps, oui effectivement, mais on tombe malade de plus en plus tôt. Quand un enfant naît à notre époque de nombreuses molécules toxiques sont déjà présentes dans son corps. Depuis 2014, le cancer est devenu la première cause de mortalité en France. Pourquoi ? Les autres pays européens, ce sont les maladies cardio-vasculaires.
La France est le premier pays consommateur de pesticides en Europe. Est-ce qu’il n’y aurait pas une relation de cause à effet ?
Le cancer est la deuxième cause de mortalité chez les enfants entre un et 14 ans. C’est gravissime.
Mais face à cela, il ne faut pas être pessimiste. Il faut changer notre environnement : quand on vit dans un environnement toxique comme les grandes villes, il faut se nourrir beaucoup plus sainement, faire attention à décontaminer son eau, et puis essayer de respirer de l’air pur. Même si ce n’est pas facile dans la vie actuelle.

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Mfk : j’ai regardé une liste d’aliments à effet alcalinisant ou acidifiant sur l’organisme. Si tu regardes tous les aliments acidifiants, ils favorisent les cancers, ce sont tous les produits pour lesquels nous sommes matraqués par la publicité…

GL : oui, mais ce n’est pas forcément voulu. Ce sont nos habitudes et notre mode alimentaires qui ont changés depuis la deuxième guerre mondiale. On savait comment le cancer se développait. C’est Otto Warburg (https://fr.wikipedia.org/wiki/Otto_Heinrich_Warburg), un chercheur allemand, qui en 1931, a reçu le prix Nobel de médecine. Il a découvert que le cancer se développe dans un milieu acide et alcalin et qu’il ne se développe pas dans un milieu alcalin et riche en oxygène.
Donc oui, le cancer se développe dans un milieu acide et faible en oxygène, par contre il se développe mal dans un milieu alcalin et riche en oxygène. Donc l’alcalinité de notre corps, notre pH, il faut le préserver. En mangeant des légumes par exemple. Il faut manger des fruits, boire beaucoup d’eau, tout ceci renforce notre milieu alcalin. Et tous les produits acides, ce sont les produits animaux, le lait, le sucre, l’alcool, toutes les céréales, c’est-à-dire plus de 80% de ce que l’on consomme aujourd’hui. Il ne faut pas les bannir ou les interdire aujourd’hui, par contre il faut les contrebalancer avec des aliments de base alcaline et diminuer cette part d’aliments acides.

 

Mfk : il y a un certain paradoxe avec tout ce que tu viens de nous expliquer. On nous dit qu’il faut éviter ou diminuer la part des aliments acides, mais lorsque tu as un cancer le traitement par chimiothérapie rajoute de l’acidité. C’est assez paradoxal.

GL : Pour l’écriture de EAT, j’ai collaboré avec le Professeur émérite Pierre Marie MARTIN, oncologue et spécialiste des cancers hormono-dépendants et des perturbateurs endocriniens. Une sommité en la matière ! C’est vrai que la chimiothérapie et une thérapie très agressive pour le corps. Elle détruit tout le système immunitaire, malgré tout il y a des personnes qui ont eu la chance d’y survivre. Mais ce n’est pas la seule issue aujourd’hui. Tous les oncologues aujourd’hui programment des protocoles de chimiothérapie ou de radiothérapie. Mais ces protocoles que l’on pratique aujourd’hui, ne sont pas ceux que l’on pratiquait dans les années 80 qui étaient individualisés. Aujourd’hui, tout le monde reçoit le même protocole pour le même cancer. Ils mettent sur le marché des molécules qui n’ont pas encore reçu l’agrément et ils font des tests sur les malades, on est cobayes. C’est le combat de Nicole Delepine qui était la responsable du service oncologie des enfants à Garches (92). Il faut lire son livre : Le cancer, un fléau qui rapporte. C’est vrai que le cancer est devenu business.

 

Mfk : …mais je ne l’ai pas lu, mais je me suis beaucoup documenté pour des raisons toutes simples, ma mère est partie d’un cancer en décembre dernier…

GL : donc la chimiothérapie n’est pas la seule issue au traitement des cancers. Je suis intervenu lors d’un colloque de la ligue contre le cancer, j’ai eu la chance de pouvoir délivrer ce message-là, l’alimentation est importante même si l’on suit un protocole de chimiothérapie. C’est bien aussi de faire un jeun avant chaque chimiothérapie. J’ai rencontré des malades qui le font, mais qui n’en parlent pas à leur oncologue, par peur du jugement, mais qui supporte beaucoup mieux le protocole de chimio par l’adaptation de leur alimentation. On a peur aujourd’hui de dire certaines choses. Le milieu de la santé, est un milieu que l’on peut dire particulièrement dangereux. On ne peut pas tout dire. Mais je me mets aussi à la place des professionnels de la santé, qui me disent que sur les protocoles naturels de détox, de jeun, on n’a aucune étude. Évidemment, qui va les financer ? Ce sont les labos qui financent les études. Donc les études, ça ne coûte pas 10 €, ça coûte entre 500 000 et 1 million d’euros pendant des années. Et pourquoi ils ne font pas d’études sur ces protocoles naturels ? Parce qu’il n’y a pas de médicaments à la clé. Si on commence à dire ré-alcanalisez votre corps, buvez des jus de légumes, et au bout de 40 jours vous allez pouvoir tuer vos métastases, tu ne vends pas de protocole de chimio à 100 000 € comme le traitement du cancer de la peau. Mais ça on ne s’en rend pas compte, on a la fameuse carte verte, la carte de sécurité sociale. Et là, qui paye ?

 

Mfk : des fois c’est difficile de ne pas se dire que certains médecins ne sont pas des VRP des lobbys de l’industrie pharmaceutique.

GL : oui mais ils ont fait de longues études, ils n’en sont pas forcément conscients. Il ne faut pas jeter la pierre sur tous les médecins. Il y en a qui sont tout de même ouverts. Il faut respecter le travail de chacun. Par contre, c’est vrai qu’il y a des lobbyistes. Comme il existe des nutritionnistes qui sont lobbyistes, ils se font payer par des entreprises pour être expert, pour être sur les sites Internet, pour intervenir dans des colloques. On en connaît, mais je n’ai pas à les juger. Aujourd’hui, il y a une nouvelle vague de nutritionnistes, de naturopathes, qui ont un autre discours. Et ces nutritionnistes de la vieille école se raccrochent désormais aux branches, ils ont encore leur laissez-passer dans toutes les émissions télé. Mais ils vont bientôt s’arrêter parce que l’on s’aperçoit aujourd’hui que des professeurs comme Henri Joyeux alertent sur les dangers du lait. Et le message commence à passer grâce à des médias comme le tient par exemple. Et ça, c’est encourageant.

 

Mfk : cette interview-là, si elle arrive à convaincre ne serait-ce que deux personnes, j’aurais gagné mon pari.

GL : oui, mais il ne vient faut pas chercher à convaincre. Il faut simplement avoir la volonté de partager ces informations.

 

Muchy : Quel est l’événement, est-ce que c’est une personne qui t’a donné envie de te lancer dans cette vision, dans cette manière de penser la nourriture ?

GL : pour moi la nourriture toujours été une passion. J’ai passé un diplôme de nutritionnistes lorsque je vivais à Los Angeles. Je suis un passionné de sport, j’ai la chance de rencontrer Arnold Schwarzenegger, de commencer à faire de la musculation et de connaître les intérêts d’avoir une bonne alimentation pour bâtir un bon physique. Aujourd’hui j’ai remis en question tout ce que j’avais appris, tous ces préceptes-là. Donc la viande à outrance, les produits laitiers, les compléments alimentaires, etc. etc. mais je me suis toujours intéressé à l’alimentation. Le déclic, en fait c’est mon changement de vie. Ma rencontre avec ma femme. Il y a aussi les enquêtes que l’on a fait dans le milieu de l’élevage industriel. Lorsque l’on a commencé l’écriture de mon livre, je me suis rendu personnellement dans des élevages, dans des abattoirs, et j’ai vu des choses qui m’ont profondément choqué, que je n’étais pas censé voir, et qui ont fait que du jour au lendemain mon corps refusé de manger de la viande. J’étais un peu en panique et j’ai dû apprendre à m’alimenter différemment. Et la, j’ai appris l’intérêt de la nourriture végétale, la nourriture crue, les jus, le jeun et je me suis embarqué dans un nouveau mode alimentaire. Et j’ai ensuite gratté dans le milieu industriel agroalimentaire, et tous les produits transformés.
La finalité de mon travail c’est le livre, Eat. Et si j’ai changé, la bascule, c’est quand je me suis aperçu comment étaient élevés nos animaux.

 

Mfk : tu manges toujours de la viande ?

GL : non, je n’en mange plus depuis que j’ai fait ces visites-là. Il s’agit ici plus d’une conviction. Parce que ce n’est pas forcément mauvais pour la santé de manger de la viande. Si on veut manger de la viande, il ne faut en manger petites quantités, et une viande de bonne qualité. Moi je ne veux pas en manger, c’est mon choix. Élever des animaux dans des conditions concentrationnaires et les abattre dans les conditions que l’on sait, C’est quelque chose de complètement immoral. Après c’est ma conviction personnelle, et je ne milite pas pour une non consommation de viande. Je dis simplement fait attention : 98 % de la viande que l’on consomme est une viande issue de la filière industrielle. Elle est mauvaise parce qu’il y a des antibiotiques, des facteurs de croissance, il y a beaucoup d’oméga 6, et ce sont des animaux qui ont été élevés dans des conditions immorales.
Mfk : oui, il y a des vidéos qui commencent à circuler, sur ses conditions d’abattage totalement immorales.

GL : tu sais, si tu peux les voir ces vidéos, tu peux en manger de la viande. Si tu ne peux pas les voir, c’est qu’il y a un souci. Tu ne peux pas être en désaccord avec les images et ce que tu manges. C’est pour cela que je respecte les chasseurs, qui vont chercher leur nourriture. J’ai des amis par exemple, qui sont au Québec, qui chasse l’orignal. Mais là on a tendance à dire, oui c’est barbare, mais en tout cas ça nourrit sa famille, il ne va pas acheter de la nourriture dans un supermarché. Donc aujourd’hui il y a des gens qui se battent contre les chasseurs, mais ils vont acheter de la viande au supermarché. Là je ne comprends plus, il y a un problème de logique. Après, il y a chasse et chasse. Tu as la chasse éthique et la chasse sportive, celle pour tuer. Mais moi je te parle de l’esprit chasseur, celui de mon grand-père où il chassait le lapin, le faisan. il avait conscience que lorsque qu’il tuait un animal, il sacrifiait une vie pour satisfaire un besoin. Moi, je n’ai jamais pu tuer un animal de ma vie.

 

Mfk : j’ai retenu une chose dans ta conférence, c’est que l’homme n’est pas fait pour être carnivore, de par la taille de ses intestins notamment.

GL : c’est le père de l’évolutionnisme qui dit que l’homme a une constitution de végétarien : c’est Charles Darwin. On a commencé à chasser pour survivre, mais aujourd’hui il y a des gens qui arrivent à vivre en mangeant 100 % végétal, qui sont végétaliens. Mais ça peut ne pas convenir à tout le monde, c’est possible. Parce qu’il faut se dire aussi que l’on vit dans un monde où l’on a grandi entourer de produits toxiques, en mangeant de la viande, donc on a forcément un déséquilibre. Et il faut avoir de bons intestins, une bonne constitution pour digérer les végétaux. Parce que tous les nutriments contenus dans les végétaux, sont encapsulés dans la cellulose. Il faut bien mâcher. La plupart des gens, si tu les fais basculer sur une alimentation 100 % végétale, il va y avoir carence parce qu’ils n’arrivent pas à assimiler. C’est pour cela que je dis, que j’essaie d’expliquer, qu’il faut basculer ce mode d’alimentation progressivement. Il faut faire des tests sur soi-même, il ne faut pas embarquer sur quelque chose les yeux fermés. Il n’y a pas de solution pour tout le monde, c’est pour cela que je ne donne pas de directives, pas de méthode Eat, pas de régime Gilles Lartigot. Il y ajuste des principes, et c’est à chacun de les adapter pour son compte.

 

Muchy : j’avais une dernière question : on est dans le temple de la musique, tu as un discours qui prône la bonne alimentation, on rencontre souvent des groupes dont les membres sont végétariens, pensent à leur hygiène de vie, est-ce que tu aurais été contacté par un groupe pour faire du coaching, ou éventuellement pour obtenir des informations pour l’écriture d’un texte ?

GL : lorsque je vivais au Québec, j’ai été contacté par le groupe Kataklysm. Et le chanteur Maurizio Iacono m’a demandé de le coacher pour sa tournée. Donc je lui ai fait un petit programme alimentaire et on s’est un peu entraîné juste avant sa tournée européenne, il n’avait jamais travaillé le bas de son corps par exemple. Donc je lui ai fait travailler les jambes pendant toute une semaine. Et je pense qu’il m’en a voulu parce que dans l’avion ses jambes étaient tétanisées et pendant les premiers concerts de la tournée il avait du à marcher (rires). Tu vois, je ne suis pas forcément un bon coach (rires). Mais oui, je suis régulièrement contacté par des groupes. J’aime beaucoup collaborer avec eux.

Mfk : merci beaucoup pour l’interview. On aura l’occasion de reparler du livre et de ton DVD sur notre site. Bonne journée.

 

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http://www.gilleslartigot.com/videos

 

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