1782 – From the Graveyard

Le 26 mars 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Gabriele Fancellu : Batterie, Chœurs
  • Francesco Pintore : Chant
  • Marco Nieddu : Chant, Guitare, Basse.
  • Guests : Nico Sechi - Orgue sur 4 / Alfredo Carboni - Claviers sur 8.

Style:

Doom Metal

Date de sortie:

26 mars 2021

Label:

Heavy Psych Sounds Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 7.5/10

“On ne brûle plus les sorcières, ni même les livres, mais on brûle toujours les idées.” Jean Dutourd

La représentation de la sorcellerie de nos jours est de loin l’une des plus mystérieuses qui soient. Je ne parle pas de la tendance actuelle qui fait hurler de rire ma femme, et qui consiste à se dire « sorcier » dès lors que l’on fait un rituel chez soi et que l’on s’épanche dessus avec autant de pudeur qu’un naturiste sur une piste de ski. Je parle de la vraie sorcellerie, celle qui perdure contemporainement et qui garde un ensemble de croyances bizarres. Sujette à bien des fantasmes, cette dernière peut s’apparenter à une foi étrange, sans compter les différents mouvements de pensée de sorcellerie qui pullulent, sans cesse renouvelés par de nouvelles têtes pensantes. Je ne saurais vous énoncer ces différents courants, mais ce n’est pas le plus important. L’important, et ce qui nous intéresse, c’est comment les groupes actuels font pour retranscrire cette sorcellerie. Certains choisissent la voix du paganisme, qui est une forme un peu de sorcellerie. Certains s’emploient à faire dans le folklorique pour se souvenir que nos traditions sont irrémédiablement ancrées sur de la sorcellerie parfois, ou de la superstition. Et puis, d’autres usitent des styles de musique totalement inattendus. C’est le cas du groupe 1782, et de son deuxième album From the Graveyard. Parce que niveau style musical, j’avoue que je ne m’attendais pas à autant d’évidence ! Pourtant, tout colle. Il fallait l’oser, 1782 l’a fait, affaire à suivre !

1782, outre le nom du groupe, c’est surtout une année charnière pour la sorcellerie. Il s’agit de l’année de l’exécution d’Anna Göldin, dernière sorcière « connue » exécutée. Enfin, en Suisse en tout cas. Je ne sais sincèrement pas s’il y a un lien de cause à effet sur le choix du nom pour le groupe, d’autant qu’ils sont italiens, en Sardaigne exactement. Le groupe dit que le nom est « in honor of all the « witches » murdered by the bigoted minds of many generations. » Bon, comprendra qui veut bien. Toujours est-il qu’à ce jour et depuis la création du groupe en 2018, le trio italien a sorti deux albums avec From the Graveyard. Le premier est éponyme et a déjà été paru chez Heavy Psych Sounds. A noter que ce label a sorti trois volumes de « doom session » en split, et 1782 a été présent sur le deuxième volet avec Acid Mammoth que j’ai d’ailleurs fait en chronique. Étonnant donc! Le heureux hasard comme on dit, mais je crois surtout que ce label choisit vraiment bien ces groupes et que cette jeune formation montre une véritable motivation puisqu’on en est à trois sorties en trois ans. Après, la bonne nouvelle c’est que chaque « doom session » m’a fait aimer les groupes du label, donc je pars relativement confiant concernant 1782. « Je pars à l’Ouest » comme dit ma fille chérie, alors allons-y.

L’artwork n’est pas très engageant, mais dans le sens de la macabrité latente qui est dedans! D’emblée, j’aime bien le style qui est rapporté, cet effet peinture graphique est plutôt intéressant et dégage des couleurs, notamment dans les contrastes, accrocheuses. Le choix des couleurs en elles-mêmes peut sembler hasardeux, en particulier ce rose foncé sur une tonalité froide et ce jaune pâle, mais je trouve qu’il est plutôt judicieux puisqu’il met en avant un aspect vieilli de la pochette qui sied bien à un LP. Pour le format CD les couleurs sont plus flashy. La part belle est faite à un décor de cimetière au clair de Lune, avec quelques bougies, des crânes, des pierres tombales et… Une croix de Lorraine. Alors ça, j’avoue que je ne comprends pas vraiment pourquoi. Peut-être doit-on voir un symbole d’une quelconque résistance, ou alors pour étayer le soutien fait aux sorcières comme dit le groupe dans son dossier presse. Je ne sais pas vraiment, en tout cas l’inscription « doom » est un spoil du style de musique proposé et semble être un slogan. Bon, quoiqu’il advienne, l’artwork est plutôt sympa. Le style me plaît bien en tout cas, sans me transcender.

Pour ce qui est de la musique, je dois dire que la première impression laisse un peu dubitatif. Du moins au départ, parce qu’après l’opinion personnel prend un peu le pas, et on se forge une conviction plus sûre. Clairement on est sur du doom metal, le groupe est étiqueté comme étant aussi dans le stoner, mais sincèrement j’ai un peu de mal à trouver où. Peut-être sur un album précédent. Quoiqu’il en soit, j’ai considéré assez vite que cet album reflète des points positifs notables et qui permettent de s’y intéresser rapidement, et des défauts qui sont plus quantifiables mais surtout un peu rédhibitoire pour le commun des auditeurs, si tant est que cette musique doom metal avec un son étrange soit réellement adressée au commun d’entre nous. Les riffs sont tentants, il y a de bonnes choses dans les compositions qui sont toutefois un peu longues et tournent un peu en rond. Disons que, pour faire simple, la musique de 1782 part certainement d’une très bonne intention, avec une motivation certaine, mais qu’il y a des éléments qui sont à améliorer pour que cette première écoute soit déterminante comme elle peut l’être en temps normal. Des petites choses qui ne me plaisent pas dont je vais vous parler incessamment.

A commencer donc par la production qui me semble plutôt étrange. Pour vous expliquer le souci, 1782 est un trio de musicien qui fonctionne donc en studio selon la base instrumentale suivante : basse/batterie/guitare. Une guitare donc, pour un doom metal censé être avec un son épais et bien lourd, cela me semble au départ un peu juste. Hormis avec un arrangement un peu sludge, on aurait du mal à comprendre l’intérêt de faire avec une seule guitare. C’est pourtant ce qu’accomplissent nos amis italiens, et le résultat est moyen. On sent qu’il manque une deuxième guitare, c’est criard! L’autre souci est la batterie qui manque de pêche, qui est limite trop brute de pomme. Un bon coup d’effets sur la batterie suffirait à englober plus durablement le spectre sonore, comme c’est d’usage dans le style doom metal. Sauf qu’encore une fois, la production est biaisée par des instruments mal retouchés et le résultat donne une musique vraiment… Spéciale. Pour ne pas dire déroutante. Il n’y a heureusement pas que du mauvais dans ce son! Je trouve que le seul point positif, c’est d’apporter une touche macabre assez surprenante. Je ne sais pas si c’est fait exprès, mais la musique sonne comme une sorte de tréfonds des cimetières, avec une texture sombre et malsaine, limite un peu série Z, qui me laisse du coup perplexe sur le bienfondé de cette production bizarre. Pour vous résumer la chose : je ne suis pas convaincu, je ne sais pas si je dois louer ce son mal fait, ou si je dois l’encenser pour son rendu très malsain. Je vous laisse donc seuls juges et maîtres, ma décision la plus claire sera l’indécision. Et oui, c’est un oxymore!

C’est d’autant plus frustrant qu’après quelques autres écoutes, je me suis mis à bien apprécier cet album. Pas l’adorer, juste l’aimer, ce qui est déjà pas mal. On se prend bien au jeu en fait, on fait fi des convenances habituelles et on se lance dans cet espèce de récit cimetérial, cet éloge funeste qui semble danser entre les tombes comme un feu follet. La musique de 1782 est oppressante sans avoir la lourdeur que l’on connaît du doom metal. Même si la tentative est clairement avortée concernant cette orientation, il n’en demeure pas moins que l’album From the Graveyard est intéressant. La faute à des riffs bien construits, des morceaux qui sont assez simples mais qui globalement fonctionnent bien, je reviendrais sur le chant qui est pas mal non plus, bref! Un deuxième album bon, qui se voit un peu détourné et qui aurait mérité, je pense, un bien meilleur travail. Les compositions sont certes un peu longuettes, mais bien faites. Je suis partagé, sincèrement.

Pour ce qui est des musiciens, il y a de la maitrise mais comme la production est moyennement bonne, je dirais que cela ne s’entend pas toujours. Et la concordance entre talent et pointillisme étant étroite, il est difficile d’évaluer avec certitude que notre trio de musiciens est vraiment très bon. Je dirais qu’en tout cas, ils bossent bien ensemble, mais il manque encore un petit truc en plus pour faire la différence! Après, n’oublions pas que le groupe est jeune, il va forcément s’améliorer. Le chant est donc le point qui m’a le plus questionné. Pareil, au début j’étais très sceptique, pour ne pas dire réticent, parce qu’il est très innovateur. Doté d’une technique vocale un peu bizarre aussi, oscillant entre les gémissements d’un mec bourré et le chant d’un artiste qui a tapissé les loges avec de la poudre blanche, on ne peut pas dire que ce soit vraiment du très grand chant clair. Je me demande si ma blague sur l’alcool et l’héroïne n’est d’ailleurs pas totalement vérifiée! Mais quoiqu’il en soit, au début je me disais bien que ce chant… N’en était pas vraiment un. Il y avait une sorte de machin qui ne fonctionnait pas, un peu comme si vous mettiez un cavalier dans un jeu de poker. Et puis, après, on se prend au jeu. Passé l’effet de surprise, on se dit que le chant, comme la musique et la production, on s’y fait! Et limite, on y prend gout. On se rend compte que le chant a pour but lui-même de taper dans le macabre, et je me souviens que cette « technique » vocale était notamment employée – avec bien plus de succès – dans l’album Exile d’Anorexia Nervosa, précisément dans le morceau où on se croirait dans un tunnel de métro désaffecté, et d’où surgirait une créature monstrueuse. C’est une très belle comparaison venant de moi. Donc voilà! Un chant très bizarre aussi, très difficile à apprivoiser, mais pour lequel on finit par se prendre d’affection. Par contre, il serait bon de varier les tessitures entre les voix, parce qu’à trois chants, on ne distingue que très peu les différents chanteurs…

Pour finir cette nouvelle chronique, il me serait compliqué d’affirmer avec précision et exactitude que ce deuxième album appelé From the Graveyard est réellement un très bon album. Le premier mot qui me vient à l’esprit serait « bizarre » pour définir cette musique soi-disant doom metal, et qui sera répertoriée comme telle, mais qui s’apparente, il faut bien le dire, à pas grand-chose. La faute à une production que je trouve moyennement satisfaisante, peut-être même, n’ayons pas peur de le dire, totalement loupée. Mais! Ce qui sauve indéniablement l’ensemble et permet en plus des louanges, d’avoir une médaille, c’est que l’on finit par se prêter au jeu, à trouver des points d’accroche et se dire que le trio italien cherche à faire dans un registre beaucoup plus macabre qu’à l’accoutumée. La vraie question étant de savoir si 1782 va perdurer sur cette voie impénétrable, ou s’il va changer quelques petites choses pour que l’on soit moins contraint d’enfiler plusieurs fois l’album avant de l’aimer. Parce qu’à ce compte, je doute fort que l’auditeur pressé n’ait envie de redonner une chance à From the Graveyard. Affaire à suivre, et je vais m’y employer !

Tracklist :

1. Evocationis (Intro) (1:00)
2. The Chosen One (4:17)
3. Bloodline (7:17)
4. Black Void (8:03)
5. Inferno (5:37)
6. Priestess of Death (5:54)
7. Seven Priests (5:01)
8. In Requiem (6:19)

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