by Wën | Juin 4, 2011 | Chrocorico Soil, Chroniques
Note du soilchroniqueur (Wën) : 7,5/10
Malgré son patronyme et les affables cicatrices qu’il ne va indéniablement pas manquer de laisser derrière lui, ce n’est pas de Russie que nous vient Scars On Murmansk, mais bien du sud de la France, de Bayonne, plus exactement. Et de cette cité, outre son jambon, c’est sa devise, « Nunquam polluta » (jamais souillée), que nous retiendrons ici car apparemment, côté musique, les p’tits gars dont je vais vous parler ne sont assurément prêts à aucun compromis !
Avec deux ex-Hypnosis en son sein (Pierre : basse, chant et Cindy : guitare) et deux de leurs confrères de chez Silent Opera (Romain : guitare et Jon : batterie), le groupe, vous allez vous en rendre compte, malgré son unique année d’existence au compteur n’en est pas pour le moins inexpérimenté. Fourmillant d’idées et pressé d’en découdre, c’est donc à point nommé que ce dernier nous invite au voyage vers de sombres contrées désolées via ce « Travelling Through Dark Places », son premier EP.
Et parmi le large choix de destinations inhospitalières que peut habituellement vous proposer la SoilTravel Agency, c’est vers les scènes scandinaves que va nous faire bourlinguer Scars On Murmansk. Car la formule développée ici, sans fioriture aux premiers abords, n’est pas là pour faire dans la dentelle. En effet, la musique du quatuor, appuyée par de petits brûlots comme ‘My death’, nous ramènera d’emblée à la scène death-metal suédoise du début des 90’s par son apport relativement mélodique à ses sonorités old-school.
Mais, heureusement, ce n’est pas tout. Sur un titre comme ‘Buried dreams’ par exemple, en dehors d’une propension à coller des baffes, les bayonnais se plaisent aussi à entretenir le suspense, n’hésitant pas à emprunter des éléments sonores à différents styles, en témoignent ce groove typiquement français ou ces riffs plus brutaux (voire carrément techniques sur ‘Blind’), tranchant dans le vif du sujet comme autant de paires de crocs dans un bon bout de barbaque sanguinolente. Tout en conservant une approche très personnelle, le fait d’élargir ainsi son spectre musical en fait ressurgir d’autres, de spectres, à commencer par ceux d’Hypocrisy (première période) et des autres piliers suédois du genre, tout comme ceux de grosses pointures américaines (Nile, en quelques occasions). En variant intelligemment les registres (growl et scream notamment), le chant aussi, apporte efficacement sa contribution à cet édifice consciencieusement bétonné. Quant aux soli, bien ficelés, ils ne font pas dans le déballage gratuit, mais boostent réellement les morceaux.
Mais, pour ma part, l’élément qui ressort le plus de cet EP et par conséquent de la musique de Scars On Murmansk, concerne cette façon, non pas unique mais néanmoins enrichissante, de mâtiner ses bons riffs death old-school d’accents typiquement black-metal. J’entends par là, ces accords dissonants qui nous débusquent dès l’intro de ‘Through dark places’ et qui, pour ainsi dire, n’auront de cesse de nous poursuivre, de nous hanter, durant les 25 minutes de cet EP et ce jusqu’à l’apothéose de ‘Dark new messiah’. Alliés à la précision chirurgicale du death, ces relents black, contribuent ainsi grandement à développer une atmosphère malsaine voir même viciée par moment.
Aidés par une production rauque et brute, pas exceptionnelle mais idéale (nous ramenant directement aux standards de l’époque), ces éléments, couplés à une alternance de breaks impromptus et de revirements musicaux, feront naître chez l’auditeur une tension palpable, le tenant ainsi en haleine durant les cinq titres que nous propose la formation. Et pour un premier jet, force est de constater que Scars On Murmansk se démerde plutôt bien, nous livrant un premier né élevé aux hormones et déjà plutôt bien torché.
Page Myspace : http://www.myspace.com/scarsonmurmansk
by Wën | Mai 29, 2011 | Live Reports

Compte rendu Septicflesh VS Wën : Acte 2 !
En préambule … Avant d’écrire ce report pour la seconde fois (je vous passerai les détails, j’ai honte), je disais que cela faisait un petit bout de temps que je n’avais pas assisté à un concert digne de ce nom (le dernier devant nous ramener à Helloween, en début d’année). Hors, en grand amateur de la scène grecque des années 90 et par extension de Septicflesh (ou bien est-ce l’inverse ?) je me devais d’être au Marché Gare en ce dimanche pluvieux pour cette date organisée par MyReferencEvents.
Une interview de Christos Antoniou (Septicflesh) et de Sakis (W.E.B) en poche et un demi à la main, nous voila devant la scène flanquée de deux oriflammes à l’effigie du tout récent premier album de Valet Parn. Et c’est un combo tout jeunot, ne devant qu’à peine dépasser la vingtaine, qui va prendre possession des planches. Sa musique, un hybride de metalcore empruntant autant à Arch Enemy et à Edguy qu’à Innactive Messiah, est plutôt bien ficelée, mais en raison d’un chanteur à la ramasse et faux durant la quasi-intégralité de la prestation, les sourcils n’auront de cesse de se froncer parmi l’assistance et il sera bien dur de juger convenablement du potentiel du groupe. Les autres musiciens auront beau se démener, c’est hélas ce que nous retiendrons, couplé à une présence scénique pas folichonne non plus, de cette ouverture de soirée bien mitigée.

Avec W.E.B qui prend le relai, l’ambiance va en revanche s’élever d’un cran. Avec deux albums en poche et quelques tournées européennes à leur actif (notamment en ouverture d’Orphaned Land et de Septicflesh), le show des athéniens est déjà mieux rodé et plus professionnel. Sakis, son guitariste-chanteur de frontman ? en impose déjà plus et n’hésitera pas à mettre la main à la pâte, ponctuant les chansons de ‘merci beaucoup’ et autres ‘ca va ?’ de rigueur, afin de remuer le public qui émergera progressivement de sa torpeur. On perçoit les influences du combo et l’ombre de Rotting Christ viendra plus d’une fois étendre ses longues ailes au dessus de la scène. Cependant, si j’avais un bémol à émettre suite à cette découverte live, celui-ci concernerait les compositions qui ont par moment tendance à se perdre un peu en chemin par l’adjonction de passages plus atmosphériques nuisant à la cohésion de l’ensemble. Sinon, pas grand-chose à redire.


Le Marché Gare commence doucement à se transformer en chaudron, mais on s’en fout, on enchaîne, avec les black-metalleux de Svart Crown. Malgré le buzz qui entoure les niçois depuis la sortie de leur dernier album (« Witnessing The Fall »), j’avouerai être passé à côté du phénomène et ne réellement découvrir le groupe que lors de ce set. Mais mine de rien, en live, ça envoie le pâté bien comme il faut et le public, sous les exhortations du chanteur (« On veut du sang sur les murs, cette fosse sera votre tombeau ! ») ne manquera pas de répondant, commençant à foutre un ‘joyeux’ bordel en contrebas. Sur une scène dépouillée et austère, seulement flanquée d’un énorme backdrop reprenant le sordide logo de la formation, le set qui s’y déroule est, lui, haut en couleur. Les lights et le son sont aux petits oignons permettant pleinement au black-metal plutôt mélodique mais toujours dissonant du groupe, non dénué de quelques relents death-metal, de trouver un point d’ancrage solide avant de nous le foutre dans la gueule, son poing. Rien à redire sur la prestation de ces gars là, Svart Crown est une machine de guerre parfaitement rodée.



Après la sombre couronne garnie d’épines, voici le clou de la soirée, les grecs de Septicflesh ! Suite à la baffe monumentale reçue à Dijon en 2009, j’attendais ce moment avec impatience et avec le grandiose « The Great Mass » réaffirmant son style tout en redéfinissant un genre, Septicflesh ne pouvait pas décevoir … et ne décevra pas. Apparaissant un à un et s’emparant de leurs instruments respectifs, ces gladiateurs des temps modernes ne tarderont pas à mettre le feu à l’arène avec ‘The vampire from Nazareth’, sitôt que les samples d’introduction auront terminés leur office, rapidement enchainé avec l’archi-puissant ‘Communion’, aussi dévastateur que fédérateur. Le son est énorme et permet d’apprécier à leur juste valeur les orchestrations sans pour autant couvrir les parties de guitares plus bourrines. On revient rapidement sur le nouvel album, le temps d’un ‘Great mass of death‘ et mis à part le chant (clair) de Sotiris samplé (le bonhomme étant malheureusement absent des tournées du groupe), toutes les subtilités en sont fidèlement reproduites et force est de constater que ces récentes compositions sont taillées pour le live. Les grecs l’ont bien compris et leur setlist sera essentiellement axée sur leurs deux dernières réalisations avec pas moins de 10 morceaux sur 14 ! Comme nous l’expliquait Christos en interview, le groupe ne renie pas pour autant son passé, preuve à l’appui avec les deux titres suivants issus de l’écrasant « Sumerian Daemons » (2003), ca bucheronne sec, quoique que j’émettrais un bémol pour la version de ‘Virtues of the Beast‘, plus lente qu’à l’accoutumée et manquant un peu de caractère.
Comme de coutume, Siro Anton (chant, basse), s’impose naturellement en maître de cette cérémonie impie, distillant à ses fidèles, de son phrasé unique et par une gestuelle appropriée, ses funestes oraisons. Un peu plus en retrait derrière ses futs, Fotis (batterie) fait néanmoins preuve d’une réelle présence par la qualité et la précision de son jeu : d’un passage en blast beats à un break orchestral, rien ne dépasse, c’est propre et net comme un coup de tondeuse sur un cul de babouin ! Suite à un poignant ‘Ocean of grey’, le groupe reviendra sur des albums plus anciens, notamment « Revolution DNA » (1999) avec ‘DNA’ mais surtout « Esoptron » (1995) avec le titre éponyme. Un grand moment pour les fans de la première heure, précédant l’ultime et épique ‘Persepolis’, a priori très attendu, et son désormais inévitable ‘wall of death’ imposé par le charismatique leader de la formation. Le rappel, court mais intense, sera constitué du désormais classique ‘Anubis’ et d’un ‘Five-pointed star‘, du même acabit, qui clôturera à merveille cet excellent set mais que l’on aurait aimé plus consistant (2-3 morceaux supplémentaires n’auraient pas été de refus). Ceci-dit, Septicflesh a encore botté des culs et ce soir, ce ne sont pas ces fameux babouins qui auront le plus rouge !




Setlist Septicflesh :
01. The vampire from Nazareth
02. Communion
03. The great mass of death
04. Virtues of the Beast
05. Unbeliever
06. Pyramid god
07. Lovecraft’s death
08. Oceans of grey
09. DNA
10. We, the gods
11. Esoptron
12. Persepolis
—
13. Anubis
14. Five-pointed star
by Wën | Mai 15, 2011 | Evènements
by Wën | Avr 30, 2011 | Information

Abstract Agony, groupe de dark-metal lyonnais aux influences variées (de Septicflesh à Moonspell, en passant par Enslaved, Samael et In The Woods …) vient de sortir son second EP, « Collapse ».
« En 3 titres pour une trentaine de minutes, Abstract Agony transcende son (court) répertoire, prouvant à qui veut bien l’entendre que musique extrême et mélodies peuvent cohabiter en un tout original et définitivement personnel ! A découvrir d’urgence ! »
Le groupe vous invite à venir découvrir son univers via :
MySpace : http://www.myspace.com/abstractagony
ReverbNation : http://www.reverbnation.com/abstractagony
Et enfin, rejoignez la AA Crew pour vous tenir au fait des dernières actualités :
AA Crew : http://www.facebook.com/profile.php?id=100000775708834
Abstract Agony : http://www.facebook.com/pages/Abstract-Agony/171407349548798
by Wën | Avr 22, 2011 | Chrocorico Soil, Chroniques
Note du Soilchroniqueur (Wën) : 08/10
Arkan, en voici une formation qui aura su, par une approche à la fois unique et originale, s’extraire des sentiers battus du simple death-metal. Réellement jetée sous les feux de la rampe suite au départ de Foued Moukid, son batteur, du giron de The Old Dead Tree, c’est lors d’une tournée en première partie de Septicflesh que j’aurai pu pleinement découvrir le potentiel de cette formation parisienne. Hasard du calendrier, c’est ce lundi que sont sorties, chez Season Of Mist, les nouvelles offrandes de ces deux entités.
Avant de se lancer dans la décortication de ce « Salam », il est juste de préciser que la baffe reçue lors de l’exercice live ne fut en aucun cas le fruit du hasard. Le groupe a su travailler dur, se forgeant son propre son, et même si sa première démo ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable, avec son « Hilal » (2009), Arkan frappa un grand coup, bousculant les conventions avec son death-oriental de très belle facture. Cet opus fut, et reste encore, l’une des productions, en terme de puissance et d’impact sonore, les plus efficaces qu’il m’ait été donné d’entendre. Autant vous dire que j’attendais donc son successeur de pied ferme.
Coupons court au suspense, nous reconnaîtrons immédiatement cette griffe Arkan dont les bases furent posées avec brio sur « Hilal » : ces gros riffs qui dépotent (‘Origins’, ‘Sweet opium’) entrecoupés d’interludes acoustiques déconcertantes de fluidité (‘Blind devotion’, ‘Amaloun Jadid II‘), ces percussions sachant enrichir la batterie d’un groove ethnique certain (‘Beyond sacred rules’) et, enfin, ce timbre si impressionnant de Florent Jannier, sans retenue, qui défriserait la plus revêche des peaux de chameaux. Tous les éléments qui définissent la musique d’Arkan depuis quelques années sont réunis ici pour que ce « Salam » s’impose en digne successeur de son illustre aîné.
Cependant, même si Arkan conserve une approche ferme et solide, il serait faux de prétendre que le groupe n’évolue pas. La recette reste sensiblement la même, certes, mais en marmiton averti Arkan saura varier la teneur de chaque ingrédient par rapport à la recette originale, sans oublier non plus d’y ajouter quelques nouvelles saveurs qui sauront intelligemment faire revenir son bouillon (de culture). Ainsi en 2011, seul le fol et l’inconscient oseront sciemment prétendre que les parisiens s’en tiennent seulement au death-metal pur et dur. Les guitares restent virulentes, le growl omniprésent, mais plus que jamais le groupe expérimente, s’extirpant du carcan propre au genre en laissant davantage de place aux parties plus ‘atmosphériques‘ (‘Jerusalem – Sufferpolis’), sa musique tendant vers un metal, au sens large du terme, auquel viendrait se greffer des parties plus extrêmes et ces mélodies typiques, toujours en droite provenance du Maghreb.
Mais le changement fondamental, concerne, à mon avis, les vocalises féminines qui gagnent définitivement en importance, Sarah Layssac (ex-The Outburst) jouant maintenant quasiment jeu égal avec son homologue masculin. Je me permettrai juste d’émettre ce petit bémol, que sur ses lignes les plus techniques et les plus ‘arabisantes‘, on sentira parfois la miss atteindre ses limites. En tout cas, voici une démarche qui n’ira pas sans rappeler celle des israéliens de Distorted ou, dans une moindre mesure, celle d’un certain Orphaned Land. Cette dernière comparaison n’est d’ailleurs pas si anodine qu’il n’y parait puisque le duo Florent Jannier/Kobi Farhi (le chanteur de la susnommée formation) sur le titre ‘Deus vult‘ fait assurément parti des moments forts de l’album. Le rapprochement s’arrêtera cependant ici pour qui ne veut pas tomber dans le piège de la comparaison facile et un peu douteuse envers toute formation qui draperait sa musique d’une robe toute orientale : certes, l’auditeur averti pourra y déceler des points communs sur le fond, mais sur la forme, c’est un gouffre stylistique qui sépare ces deux combos. Et il n’est d’ailleurs pas dit que les plus réfractaires au metal-prog d’Orphaned Land ne trouvent pas leur compte dans la musique d’Arkan.
Nul besoin de vous faire un dessin, c’est donc un second album ambitieux, parfois complexe et plutôt bien fourni, que nous présente ici Arkan. Non contents de confirmer les espoirs placés en eux, les parisiens enfoncent le clou et nous prouvent, à l’heure où la scène française semble ne vouloir jouer qu’à qui sera le plus brutal, que puissance, technicité et mélodie ne sont pas indissociables les unes des autres, pouvant même former un tout de qualité et extrêmement cohérent. Comme quoi, même en musique, là où nos politiques s’engluent dans des débats aussi puérils que stériles, il reste possible de démontrer qu’un peu de diversité, bordel, ça fait du bien !
Site officiel : http://www.arkan.fr/
Page myspace : http://www.myspace.com/arkanband