Note du SoilChroniqueur (Seblack) : 8/10

Onzième album studio du projet du prolifique multi-instrumentiste hongrois Tamas Katai, Alföld se présente à la fois comme un album très différent, sans pour autant renier ce qui a toujours fait la singularité de Thy Catafalque. Comme depuis longtemps maintenant, le groupe reste fidèle au label français Season of Mist.

Assez différent de ses prédécesseurs, cet opus l’est incontestablement, avec une musique nettement plus Metal dans sa forme. Les guitares saturées prennent, en effet, beaucoup plus de place qu’à l’accoutumée et les différents vocalistes à l’œuvre (voir la liste des nombreux guests) piochent aussi bien dans le Death caverneux (“A Csend Hegyei”) que dans un Black-Death vénéneux ( “A Felkelo Hold Országa”). Le sixième morceau “ Csillagot Görgeto” s’ouvre sur des ambiances Black Pagan mélangeant des sonorités nordique et d’autres plus orientales avec ses airs de ney. Autre petit signe, l’album est presque court pour une œuvre de Thy Catafalque avec 43 minutes, là où Vadak (2021) dépassait l’heure, à l’instar des premières œuvres de Tamas Kapai. Doit-on voir ici un lien avec le fait que désormais Thy Catafalque est aussi un projet live ? Peut-être. Toujours est-il que le multi-instrumentiste n’a pas caché son jeu, affirmant d’emblée, à l’annonce de ce nouvel album, que celui-ci serait, je cite : « l’album de Metal Extrême le plus direct et le plus classique que le projet ait jamais enregistré. Cette fois, je voulais simplement faire du Metal sans innovation ni progression, en me concentrant sur les chansons et les riffs plutôt que d’expérimenter et d’innover. » 
A l’écoute d’ Alföld, force est de constater que c’est effectivement bien le cas, avec des compositions qui sont, dans l’ensemble, beaucoup plus directes, voire accessibles.

Toutefois, on tempèrera un peu l’idée que la formation met totalement de côté son aspect expérimental et avant-gardiste. Thy Catafalque reste Thy Catafalque. Toutes les pistes ou presque demeurent empreintes de ce qui fait l’identité du projet, avec ce côté progressif ( « Testen Tú”), ces sonorités synthétiques associées ou non à des voix claires étranges (“A Földdel Egyenlo”, “Néma Vermek” ou encore l’instrumental “Szíriusz”). Et que dire de la pièce monumentale que constitue le morceau titre “Alföld” et ses près de dix minutes ! Une piste tout en progression, avec sa première partie glaciale où un cor d’harmonie résonne comme une voix fantomatique, que viennent réchauffer ensuite une ligne de guitare mélodique, puis la voix angélique de Martina Veronika Horvath, avant un final de guitare acoustique. Que dire également de cet air de flute traversant “Folyondár”, avant un final presque sautillant de violon et de viole. En clair, si cet album n’est pas le plus expérimental de Thy Catafalque, il en conserve l’ADN primordial.

En amalgamant ainsi un Metal extrême plus brut aux sels de son avant gardisme, Alföld, s’affirme comme un album très audacieux, voire même risqué. De fait, la frange la plus métallique peu familière de Thy Catafalque risque de trouver cette recette indigeste, alors que certains « die hards » de la formation hongroise pourraient faussement y voir un virage un peu opportuniste, ce que personnellement je ne veux pas croire.

Dans tous les cas, si une chose est bien certaine, c’est que Tamas Katai n’a rien perdu de sa créativité, qu’il ne s’interdit rien en matière de composition et sait toujours aussi bien s’entourer. On dit parfois que le plus est l’ennemi du mieux, c’est peut-être vrai, et Thy Catafalque a peut-être été bien inspiré de proposer un album plus brut, plutôt que de céder à la tentation d’une escalade dans l’expérimentation qui, toutefois, est loin d’être absente de ce nouvel opus. Thy Catafalque change mais reste Thy Catafalque. Peut-être bien un des must de l’année en matière de Metal Avant-gardiste.

Tracklist :

1. A Csend Hegyei (04:10)
2. Testen Tú (03:56)
3. A Földdel Egyenlo (05:25)
4. Alföld (09:24)
5. Folyondár (04:07)
6. Csillagot Görgeto (05:25)
7. A Felkelo Hold Országa (05:23)
8. Szíriusz (01:28)
9. Néma Vermek (04:12)

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