Barabbas – La Mort Appelle tous les Vivants

Le 30 décembre 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Saint Jean-Christophe : batterie
  • Saint Stéphane : guitare
  • Saint Rodolphe : chant
  • Saint Thomas : guitare
  • Saint Alexandre : basse

Style:

Stoner Doom Metal

Date de sortie:

09 décembre 2022

Label:

Sleeping Church Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

« Hauts et bas, c’est la route ordinaire du deuil. Le survivant, pendant des semaines, ressuscite son mort comme il peut jusqu’à ce que la vie , à l’usure, gagne la partie et renvoie définitivement le défunt à sa tombe. » Irène Frain

Barabbas est un groupe français (cocoricooooooooo) qui nous vient tout droit de Combs-la-Ville, en Île de France pour les méconnaisseurs. Moi, je l’ignorais en tout cas, c’est la magie de la chronique que de découvrir le pays qu’on est censé connaître n’est-ce-pas? Je ne sais toutefois pas pourquoi mais je me doutais que le groupe venait de là-bas. Bref! On s’en fout, je sais. Ce qui demeure en tout cas le plus intéressant dans l’affaire, c’est que cet album nommé donc « La Mort Appelle tous les Vivants » est le successeur d’une discographie étonnante. Rappelons que le groupe a été fondé en 2007, mais n’a sorti à ce jour « que » deux albums avec ce dernier, un EP et une démo. Et c’est tout. Étonnante discographie qui semble bien famélique comparée aux critiques positives que j’ai lues un peu partout sur Internet, et qui me semblaient plutôt témoigner en faveur d’un groupe d’expérience, avec beaucoup de matières musicales. Mais en fait, c’est exactement l’inverse. Le groupe n’a pas grand-chose à nous mettre sous la dent en guise d’apéritif avant de passer au plat de réjouissance ce soir. Je suis donc fort surpris de cette discographie un peu pauvre. Mais les Dieux m’en sont témoins, je ne rechignerai pas pour autant à aller à la découverte de cet album qui a donc beaucoup fait parler ces derniers jours, depuis sa sortie. C’est parti!

Passons si vous le voulez bien, comme il est d’usage désormais, à la pochette de cet album. Une pochette qui, je me dois de le reconnaître, m’a toujours attiré l’œil quand je tombais sur un lien d’écoute du groupe. Probablement dans un but de surfer sur une démarche un peu nostalgique avec cette vieille photo, dont j’ai un peu de mal à situer l’origine précise mais mon côté chauvin étant prenant avec Barabbas, j’imagine qu’il s’agit d’une photo d’origine française, histoire d’ajouter un semblant de cynisme à l’égard de notre pays comme c’est d’usage parfois dans le style idoine de l’album, j’y vois en tout cas une vraie symbolique. Parce que les gens sur la photographie, aussi retouchée soit-elle, on voit d’abord qu’il s’agit d’une sorte de procession funèbre puisque les personnages portent des vêtements noirs pour la majorité, portent également des couronnes de fleurs et vont tous ensemble dans la même direction, ce qui fait très clairement penser à une procession funèbre et va en corrélation avec le nom de l’album qui est, je le rappelle, « La Mort Appelle tous les Vivants« ! Mais au-delà de cet aspect évident sur le plan visuel, j’aime surtout à voir que d’une manière ou d’une autre, nous marchons tous vers la même direction dans nos vies pourtant très dissolues, et différentes. Cette direction étant la Mort, ultime but de nos longues et fastidieuses existences, et le choix de cette photographie me semble être tout à fait opportun et judicieux pour illustrer cette destinée commune. C’est vrai qu’en fait, il y a quelque chose de très cynique à vouloir vivre sa vie égoïstement et oublier qu’on se dirige finalement tous vers le même but, conscient ou pas, qu’est la Mort. Et quoi de mieux pour illustrer ce rassemblement tel un égrégore que la musique? Voilà! C’était ma réflexion philosophique du jour, pour preuve que Barabbas a pondu une pochette efficace et intelligente pour montrer sa musique, je suis allé très loin dans ma réflexion, et je ne vous ai partagé qu’une bribe de celle-ci, sinon je pourrais écrire un essai tout de suite! La pochette est donc géniale pour se creuser les méninges et pour avoir l’avant-première de la musique de l’album. Même si, petit bémol : une référence à l’auteur de cette photographie aurait été mieux pour ne pas tomber dans l’appropriation culturelle…

Pour la musique, ayant lu quelques éloges de la part de certains de mes contacts inspirés du doom metal, je m’attendais à un truc grandiose et très travaillé. C’est toujours le danger de lire des critiques avant de faire une chronique, mais on ne peut pas tout le temps y échapper donc… En tout cas, les éloges étaient unanimes autour de moi. C’est donc avec un enthousiasme certain que je me suis lancé dans l’écoute. Alors, mon constat primaire est un peu plus nuancé que mes collègues musiciens ou chroniqueurs du fait de cet abord un peu biaisé, mais j’ai trouvé la musique très intéressante et entrainante. Surfant sur un doom metal bien teinté d’éléments stoner, ou carrément rock par moment, la base principale est en tout cas bien mélodique, avec un son typique du genre soit épais et un peu boueux, et l’approche est suffisamment facile quand on est un habitué de ces styles. Pour moi, le doom metal est l’élément moteur de cet album et le stoner vient compléter ce dernier, qui est d’une lenteur abyssale et qui bénéficie tout de même de quelques accélérations éparses, par des mélodies rock et sur une tonalité cyniquement joyeuse, comme c’est d’usage. j’ai beaucoup apprécié d’entendre quelques courts éléments aux claviers, histoire d’apporter une petite touche un peu plus solennelle ou old school, mais l’ensemble demeure structurellement parlant très doom stoner metal. C’est probablement une question d’habitude, mais je n’ai pas été aussi enthousiaste que mes confrères ou connaissances. J’ai adoré l’album mais sur certains passages, pas partout. Il y a un côté old school qui demeure bien présent, et on sent que l’expérience des musiciens joue un rôle clé dans cet apport nostalgique qui fait que l’on ne peut aimer pleinement « La Mort Appelle tous les Vivants » que si l’on parvient à faire abstraction de ce côté très old school dans la musique. Pour ma part, si j’aime toujours autant cet aspect là, expérience et devoir de chronique oblige, j’ai parfois un peu de mal à me dire, par habitude des sophistications, que ce type de musique est enthousiasmant. Mais sur cette première écoute, j’ai noté largement assez de notes satisfaisantes pour dire que ce deuxième album de Barabbas, arrivé huit années après le précédent, mérite le détour. La musique est mélodique, très rock et stoner, avec donc une approche singulière de la définition de la Mort rassembleuse, sur une tonalité cyniquement joyeuse et entrainante, énergique même, qui ne laissera personne indifférent. Je trouve simplement que la musique manque un poil d’énergie. Je vais développer tout de suite en bas.

La faute selon moi à une production qui a fait la part belle, à juste titre dirions-nous, à l’épaisseur sonore et au tempo très lent. L’idée est séduisante puisque c’est exactement ce que l’on rechercherait dans ce type de musique, à un détail près. Quand on incorpore de la mélodie aux guitares, l’idée est que l’on pénètre complètement dans un univers musical induit par les tonalités et qu’ainsi, l’on soit aspiré par une certaine énergie. Énergie que l’on retrouve d’ailleurs facilement même dans le tempo lascif du doom metal! Cela n’enlève en rien du tout cette perspective. Mais ici, je trouve que la production est un peu biaisée par cette sur-consommation d’épaisseur sonore, qui fait que même les mélodies guitares les plus old school ne sont pas mises en avant comme elles devraient l’être. Je note que l’on entend parfaitement la basse, qui joue son rôle très stoner d’être un instrument majeur, mais qui justement manque un peu d’aspect mélodique. C’est probablement là que le bat blesse d’ailleurs, je pense que ce souci d’épaisseur vient en partie de la basse un peu trop linéaire. Après, par moment, on peut s’amuser à bouger et se faire plaisir sur les rythmes de la batterie qui joue un rôle prépondérant dans cette approche d’énergie, et je pense que si la basse suivait le mouvement, on pourrait vraiment se complaire à cette musique mélodique au possible et rock. Mais il manque un peu d’énergie. De tranchant dans les mélodies guitares. Et je trouve le chant du coup, un peu trop en retrait aussi ce qui est dommage car il est chanté en français et que je ne suis pas insensible à sa technique vocale. Voilà selon moi, avec toute mon objectivité possible, ce qui pêche un peu dans cet album « La Mort Appelle tous les Vivants« . Barabbas a tous les atouts pour composer un excellent album, il ne manque qu’à peaufiner la production la prochaine fois qui est largement perfectible.

Par contre, sur l’approche conceptuelle de l’idée que j’ai développée plus haut, selon laquelle la Mort rassemble tout le monde vers un but commun qu’est le sien, je trouve que l’album est superbe. Malheureusement je n’ai pas eu accès aux textes et même si j’étais très attentif au chant, je n’ai pas pu non plus tout noter et tout développer pour me forger mon idée. Mais on sent que cette énergie un pue étouffée sonoriquement existe et il y a cette volonté de rassembler via notamment des textes fédérateurs, voire selon moi un peu politiques sur les bords, et à visée un peu philosophique. J’ai vraiment senti que Barabbas voulait faire passer un message, qu’il soit cynique sur notre société ou tout simplement sur la condition humaine, et c’est en cela que même si les mélodies stoner ont une dimension un peu entrainantes, il y a surtout un vrai pessimisme et un vrai message cynique derrière. J’ose comparer la démarche derrière à un groupe comme Sidilarsen qui véhicule ce genre de textes et de regard, et même si la musique n’a rien à voir avec celle de Barabbas, j’ai noté quelques similitudes dans cette approche musicale. C’est probablement ce qui m’a convaincu que le groupe francilien a de quoi créer de très bons albums par la suite même si la discographie vise plus à la rareté qu’à l’abondance. Et je dirais même que ce dernier doit persévérer dans cette démarche de message à faire passer parce que non seulement, si l’on fait abstraction de la musique old school et de la production un peu loupée, on pénètre complètement dans le concept dans lequel le groupe veut nous faire embarquer, mais en plus on pourrait justement créer une sorte de fédération artistique autour d’un groupe comme Barabbas ou d’autres, qui permettraient, pourquoi pas rêver, de faire évoluer les choses dans une société endormie, en léthargie de sens. C’est en cela que je loue pleinement ce deuxième album. « La Mort Appelle tous les Vivants » est un excellent album sur le plan conceptuel et qui, et c’est bien dommage, manque juste d’objectivité sur la production et l’approche musicale. Mais comme on est un peu chauvin dans le milieu du webzine, on pardonne.

C’est le chant qui faisait un peu débat d’abord entre nous, membres de Soil Chronicles, et sur les critiques. Plus ou moins pour rire d’ailleurs! En fait, la technique de chant peut effectivement interpeller, puisqu’on est sur un registre rock ou stoner, avec un chant clair très enraillé, qui trahit une certaine puissance même si, le chant étant noyé dans la production trop épaisse, on n’entend pas particulièrement cette puissance. Mais la voix claire comme elle est ici présente, permet en tout cas d’appuyer sur certaines envolées lyriques les fameux textes et le message itou. Contrairement à un chant estampillé rock pur, il n’y a pas réellement de rythmiques rapides, le chant étant plus sur un registre doom metal. J’aime tout particulièrement l’idée d’avoir une rythmique un peu linéaire pour justement appuyer les textes. Pour la voix, je dois admettre qu’elle est un peu singulière, mais pour avoir déjà entendu des chants comme celui-ci dans le groupe Sons of Otis par exemple, je ne suis pas surpris. Le stoner étant proche du rock, il n’y a pas spécialement d’originalité pour quelqu’un comme moi qui écoute du stoner souvent, mais pour les autres oui. Cela doit surprendre. En tout cas, encore une fois, je n’ai rien à reprocher au chant qui se situe sur ce qui se fait de mieux dans le doom metal, avec la lenteur qui va avec et qui appuie des textes par des envolées lyriques longues et spéciales, ou des répétitions. La touche supplémentaire dans Barabbas est que les textes sont très bien écrits et puissants. Tout colle ainsi pour que le chant soit un des autres moteurs de « La Mort Appelle tous les Vivants« . Excellent.

En conclusion de cette nouvelle chronique, Barabbas propose depuis peu un second album nommé La Mort Appelle tous les Vivants. Huit années après son précédent méfait, le groupe francilien intervient dans ce qu’il avait fait de bien au départ : un doom stoner metal, registre musical qui brille par sa lenteur rythmique et son épaisseur sonore extrême. Un peu trop pour moi qui trouve que l’album souffre d’un manque important de tranchant et de mise en avant des mélodies guitares et du chant, pourtant des atouts majeurs pour planter un décor conceptuel exceptionnel. Du reste, l’album a de très bonnes qualités pour que Barabbas soit à un moment donné un groupe important du doom metal français, mais il faudrait s’essayer à un peu plus de recul sur la production pour se rendre compte que les atouts premiers de « La Mort Appelle tous les Vivants » se situent dans les textes conceptuels certes, mais aussi dans les mélodies et le chant. Et j’attends le prochain avec impatience pour voir l’évolution de ce groupe prometteur et rassembleur. Mais ce sont déjà de très bonnes bases.

Tracklist :

1. La mort appelle tous les vivants (Intro) 00:50
2. Je suis mort depuis bien longtemps 08:04
3. Le saint riff rédempteur 07:42
4. De la viande 05:11
5. Le cimetière des rêves brisés 07:05
6. Sous le signe du néant 08:10
7. Mon crâne est une crypte (Et j’y suis emmuré) 09:38
8. La valse funèbre 09:39
9. La mort appelle tous les vivants (Outro) 02:11

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