Line-up sur cet Album


  • Brian “Itztlakamayeh” Ortiz : chant, guitares, basse, instruments folkloriques, percussions
  • Manzig “Yohualli” Sanchez : guitare lead
  • Eric Delgado : basse
  • Mateotl Boughton : guitare lead
  • Erol Ulug : guitare, chant
  • Jason “Katulu” Brunes : percussions, instruments traditionnels, chant
  • Justin Moore : chant
  • Justin Ton : guitare
  • Lord Foul : chant
  • Alejandro Aranda : chant, batterie, percussions, instruments folkloriques

Style:

Death / Doom Metal

Date de sortie:

17 mai 2024

Label:

20 Buck Spin

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.5/10

Garde-toi d’écouter des propos qui ne te concernent pas, surtout s’il s’agit de la vie des autres.” Proverbe aztèque

« Je vous rassure, ma sagesse n’est pas proverbiale au point de connaître des citations aztèques. Celle-ci, je l’ai cherchée sur Internet pour la chronique, parce que pour une fois je vais bel et bien me frotter à l’histoire des aztèques, ou tout du moins à ce qui y ressemble. Ce n’est pas commun ! J’avais eu le plaisir de découvrir au Hellfest en 2019 la prestation scénique absolument incroyable du groupe mexicain Cemican, qui inscrit son univers metal autour des traditions aztèques et la langue nahuatl, avec toutes les voyelles et consonnes qui s’enchainent, pire à la prononciation que le polonais. Non, peut-être pas à ce point quand-même. Mais j’ai toujours été impressionné par la musique de Cemican et le jeu de scène, permettant de mélanger metal extrême et traditions dans une logique de metal folklorique, mais je trouve surtout que le metal sublime considérablement la noirceur de ces fameuses traditions. A part quelques références à Quetzalcoatl, les fameuses pyramides précolombiennes et les costumes, je ne connais quasiment rien à ce peuple et sa religion qui porte le même nom. C’est donc sur une totale inconnue et des étoiles plein les yeux que Cemican s’était offert à moi sur scène. Oui, mais voilà! La vie nous rappelle souvent qu’il n’y a que très rarement l’unicité parfaite dans le monde, et de surcroit dans le milieu metal qui regorge de références et de concepts tous aussi farfelus les uns que les autres ! J’en ai bouffé, des trucs louches. Ainsi, ai-je pris conscience qu’il n’y avait pas que Cemican dans la vie puisqu’il y a dans les tréfonds de l’underground un groupe absolument fou qui parle aussi de tout ce folklore aztèque précolombien, avec aussi l’utilisation au moins dans les titres de l’album et des pistes de la langue nahuatl, et dont l’artwork ne laisse aucune place au doute. Depuis ce jour où j’ai découvert un groupe incroyable de traditions aztèques, je ne pouvais pas passer à côté de la prochaine sortie de Tzompantli et de l’album nommé de manière beaucoup plus compréhensible « Beating the Drums of Ancestral Force » ! Bon, la bonne nouvelle dans l’histoire est que j’ai tellement poncé le fameux et truculent « Tlazcaltiliztli » que j’arrive à le prononcer désormais !

Tzompantli n’est néanmoins pas un groupe aztèque et donc possiblement mexicain, mais américain ! De la belle ville de Ponoma en Californie, première surprise donc. La deuxième est que le groupe existe depuis seulement 2019 et a déjà sorti un EP la même année, avant de proposer ce premier album qui s’appelle donc « Tlazcaltiliztli » sur le label 20 Buck Spin, spécialiste des albums bien grassouillets et gores. Cela promet donc du lourd même s’il est étonnant d’associer de prime abord des croyances ancestrales avec une musique potentiellement bien bourrine. Et en fouillant un peu le pedigree des membres du groupe, celui qui apparaît comme étant le leader du groupe Tzompantli me fascine. Il a une carrure impressionnante, qui oscille entre le rappeur gitan Henock Cortès (oui je sais, j’ai des références étranges…) et George Fisher de Cannibal Corpse, avec un côté hispanique que l’on retrouve dans son nom Brian Ortiz, alias Big 0))), référence à Sunn 0))) ? Mais ce n’est pas tout. Il a un autre groupe où il officie en tant que guitariste et qui s’appelle Xibalba. Encore une argutie sur les traditions aztèques ! Notre ami américain aime donc à ce point cette culture. En tout cas, on sent toute la passion de ce type et j’espère qu’on la vit avec autant d’intensité que ne le laisse paraître ce deuxième album appelé sobrement cette fois « Beating the Drums of Ancestral Force » d’autant qu’il s’est entouré, pour cette deuxième sortie, pour bien faire les choses de nombreux musiciens de session ou officiels pour cette sortie. Let’s go !

Première belle surprise en ce qui me concerne avec ce deuxième album, il s’agit de la pochette. Là où j’émettais de grosses réserves concernant le premier album et cet artwork totalement quelconque et moche, n’ayons pas peur des mots, ces dernières sont évaporées à la découverte de « Beating the Drums of Ancestral Force ». En même temps, le nom ne m’est pas inconnu puisqu’il s’agit d’Adam Burke à qui l’on doit de nombreux magnifiques artworks comme Fer de Lance, Evoken, etc. C’est un artiste que j’ai l’impression de découvrir au fur et à mesure que je chronique des albums dont il est le maître d’oeuvre visuel, et Tzompantli ne déroge pas à la règle. Semblant continuellement se renouveller, y compris dans le style, Adam Burke propose ici un schéma superbe, reprenant les codes aztèques avec la divinité Quetzalcóatl représentée sur une pyramide en train de brandir son épée, semblant dominer une foule d’adorateurs en-dessous. Le ciel reprend les tons que je connais de son auteur avec ce crépuscule magnifiquement coloré et bien entendu, à côté du dieu, le fameux tzompantli, cette « structure de poteaux en bois sur lesquels sont empalés les crânes humains des victimes sacrifiées en Mésoamérique. » On sent que ce deuxième album fait l’éloge bien évidemment de la culture aztèque, mais j’y vois une forme non négligeable d’hommage. Comme si le groupe américain voulait vraiment mettre en exergue Quetzalcóatl comme une divinité majeure. Il faut savoir par ailleurs que Quetzalcóatl est un des protagonistes du mythe de la création des hommes chez les aztèques, donc une divinité qui visuellement a un aspect guerrier, mais qui s’avère être une représentation étroitement liée à la création de l’humanité. Une divinité bénéfique en somme ! Voilà pourquoi je ne suis pas particulièrement surpris de cet artwork magnifique, qui donne pleinement envie d’écouter la musique de Tzompantli. On sait non seulement où on met les pieds conceptuellement parlant, mais on a réellement une pochette qui attire l’oeil des plus curieux comme moi. Autant dire qu’avant même l’écoute, le contrat est rempli pour moi qui adore la formation depuis le premier album.

En revanche, au niveau de la musique, rien n’a changé ou presque. Désireux sûrement d’enrober encore davantage leur incroyable death metal aux accentuations fortement doom metal, on retrouve tout un tas d’instruments folkloriques et traditionnels dans ce que j’imagine être de la culture aztèque. Le résultat est totalement bluffant. Les parties metal sont d’une lourdeur toujours aussi folle, avec cette saleté dans le son qui fait très death metal old school, avec cette épaisseur sonore maléfique, des guitares qui sont très mises en avant, une batterie qui joue la carte de l’alternance entre de la lenteur oppressante et des parties en blast beat efficaces sans être outrageuses. Cette basse qui enrobe le tout avec une rondeur déconcertante et ce chant guttural poussé au plus profond de ce que les entrailles humaines peuvent produire de gastrique. C’est rare ces dernières années que je m’extasie sur un album de death metal old school comme cela, pourtant Tzompantli a réellement un truc en plus. Un supplément d’âme qui sonne dans cette sincérité que l’on ressent dans les instruments et le chant, c’est naturel. En fait, il est clair que le groupe américain ne révolutionne pas le style puisque les gens vont y trouver des bases séculaires dans les gros groupes estampillés death américain. Mais d’une part, via l’utilisation de passages avec des instruments folkoriques et traditionnels, et d’autre part par le talent et la sincérité que met le créateur et compositeur de Tzompantli, ce « Beating the Drums of Ancestral Force » sonne comme une production dingue. J’adore non pas la dénomination doom death metal qui est trompeuse dans certains cas de figure, mais l’inverse. Le death metal saupoudré de doom metal donne un compromis intéressant entre la lenteur et la rapidité, rendant l’ensemble lourd mais rapide en même temps. Oppressant ou qui donne envie d’exploser en se dérouillant la nuque. Autant vous prévenir, hormis les incorporations que j’ai citées plus haut, les parties metal sonnent incontestablement comme du réchauffé pour certains. Moi, je considère que le supplément d’âme existe ici et cela se ressent par le fait d’adorer un style old school que l’on a trop entendu avant. Bref ! Vous l’aurez compris, en première écoute, Tzompantli m’a mis d’accord avec moi-même. C’est juste énormissime ! Bon, petite parenthèse drôle : si l’album « Beating the Drums of Ancestral Force » a un nom prononçable, les morceaux c’est une autre paire de manche.

Il est bon de préciser que le fait d’avoir un album death metal old school sous-entend, vous vous en doutiez, une production absolument tout sauf mainstream. Il vous suffit de vous référer aux premiers Cannibal Corpse par exemple pour comprendre de quoi je cause. Tzompantli fait la part belle à la lourdeur, comme je l’expliquais, au détriment de la fioriture et du moderne, donnant donc un son très gras et épais, le tout se basant sur une instrumentation metal très rythmique. Le but est d’avoir une sorte de nostalgie de ce temps béni où le death metal en était à des balbutiements de bébés, quand-même bien replets. Au final, il convient de préciser que la production ne conviendra pas aux avides de sons modernes et aigus, y compris dans le death metal. Tzompantli fait place nette aux nostalgiques avec une démarche excessivement old school, un son épais et dégoulinant ! C’est donc un son qui ne révolutionne là encore rien du tout mais qui a le mérite de faire très « proprement » si j’ose dire, ce que les grands groupes du genre ont fait de mieux par le passé. Rien à redire de plus sur le son !

Je vais aller directement au chant, ayant selon moi suffisamment détaillé le concept album de « Beating the Drums of Ancestral Force ». Le chant, là encore, est dans la belle lignée des grands chanteurs de death metal, avec une technique vocale en grunt grave majoritaire, pour donner cette coloration typique au death metal teinté de doom metal de Tzompantli. En revanche, pour parachever encore davantage le concept autour de la culture et de l’histoire des aztèques, il y a parfois des hurlements qui font très rituels, avec des déclamations de termes en langue de cette époque, comme si nous avions affaire à quelque chose de tribal. Dès lors, le chant se met à ce moment précis totalement au service des traditions et des anathèmes d’antan, pour aller sur une musique beaucoup plus violente, faisant preuve d’une immense cruauté comme étaient capables les guerriers de l’époque.

Pour terminer là cette chronique, que vous avez deviné comme étant factuellement dithyrambique, Tzompantli sort aujourd’hui son deuxième album appelé « Beating the Drums of Ancestral Force ». Toujours chez le même label, la formation américaine fait preuve d’une remarquable continuité, avec ce death metal fortement influencé par le doom metal, reprenant des codes résolument old school pour donner une grosse bouffée de nostalgie sur un genre qui me paraissait, personnellement, trop éteint pour que je m’y intéresse. Et pourtant, loin de donner sa langue au chat, Tzompantli a réussi à sortir un deuxième album qui surpasse l’autre par son visuel travaillé et sa musique toujours aussi violente et tribale. C’est incontestablement un de mes plus gros coups de coeurs en matière de death metal old school depuis… le premier album.

Tracklist :

1.     Tetzahuitl     04:52
2.     Tlayohualli     06:22
3.     Tlaloc Icuic     04:13
4.     Chichimecatl     04:52
5.     Tetzaviztli     08:08
6.     Otlica Mictlan     04:46
7.     Icnocuicatl     09:04

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