Line-up sur cet Album


  • C.F : chant, guitare, composition, paroles
  • A.C : basse
  • R.S : batterie
  • M.N : guitare, chant

Style:

Black Metal

Date de sortie:

07 avril 2023

Label:

Les Acteurs de l'Ombre Productions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

« La chose la plus apaisante en ce monde, c’est quand quelqu’un embrasse vos blessures en ne les voyant pas comme des catastrophes dans votre âme mais simplement comme des fissures dans lesquelles mettre son amour. » Allen Emery

Bienvenue en Enfer! Après avoir écumé mes pénates habituelles autour du doom metal et ses cousins, me voici de retour sur les sentiers battus du black metal! Cela m’avait manqué, puisque depuis quelques temps je n’en écoute plus beaucoup. Je fais suite à l’absence de sortie chez Black Shadow Legions qui ne m’a pas contacté depuis un moment pour une chronique, et je reconnais qu’après avoir donné de très nombreuses années de ma jeunesse (trente-trois ans, cela commence à me peser. Une collègue m’a dit que passer trente ans fait de toi un vieux… Ce n’est pas une blague!) à ce genre musical, je pense que mon cœur et mon âme ont eu fortement envie d’explorer d’autres styles. Pas que metal d’ailleurs! En ce moment, je suis plutôt branché musique du monde. Et je voyage beaucoup au travers de ces musiques. De Tinariwen qui fait du rock psychédélique « touareg », au duo vénézuélien Hermanos Gutiérrez, en passant par Šarišanci qui fait dans la musique traditionnelle slovaque. Bref! Vous l’aurez compris, je suis depuis quelques mois assujetti à un besoin maladif de sortir de ma zone de confort, et de me sevrer de cet espèce de fanatisme total pour la musique metal en allant découvrir d’autres styles, et parfois dans un effet contraire absolu. Je pense que malgré tout, le black metal restera mon style « historique », de prédilection, parce que je ne peux renier que c’est vers ce genre musical que je me suis pour la première fois identifié pleinement depuis mes treize ans. J’ai débuté avec des groupes tellement extrêmes, voire underground, que je ne peux pas passer outre cette passion pérenne avec ce style musical qui m’anime encore certainement beaucoup, même si l’animation est suffisamment enfouie à ce jour pour que les trémulations d’antan se fassent bien plus discrètes. Maintenant, j’allais dire, la musique c’est comme la famille : on ne choisit pas mais on ne peut pas renier ses origines. Alors, de temps en temps, j’ai un éclair de lucidité qui remonte, et qui ravive ma flamme. Cette lucidité, je la trouve toujours dans le roster génial du label Les Acteurs de l’Ombre Productions. Eh oui! On y retourne, aux affaires avec le label! Voilà pourquoi ce soir, je me suis repris en main le temps d’une chronique que je devais au label en release du jour. Cette sortie, qui vaut tout un ramdam, c’est celle de Hyrgal, et de son EP nommé « Session Funéraire Anno MMXXIII« . Une sortie sous la bannière brulante et chaotique du black metal, voilà de quoi s’enthousiasmer!

Avant cette chronique, je ne connaissais Hyrgal que de nom. C’est vous dire à quel point je me suis éloigné du genre! Parce que, pour le connaître de nom, je le fais pour une raison très simple : le groupe est cité très souvent sur les réseaux sociaux comme étant un groupe d’une pure tuerie! Pas étonnant donc que les français atterrissent un jour dans ma poche d’opportuniste pour une chronique! Il me fallait ainsi ce partenariat avec le label pour accoucher d’une première chronique pour Hyrgal qui existe depuis 2007, avec toutefois une pause de 2010 à 2016, et une reprise d’activité depuis. On note d’ailleurs deux périodes distinctes dans le parcours discographique de Hyrgal : une démo et un split avec Kairn en 2008 tous les deux, puis plus rien jusqu’à 2017 et ce premier album nommé Serpentine. Viendront par la suite un nouveau split avec Bâ’a et Verfallen, deux albums et donc ce fameux EP qui sort ce soir, date de rédaction de la chronique. Une belle discographie pour un groupe qui a su se faire indéniablement un nom dans le paysage sombre du black metal underground, et dont je suis très heureux ce soir puisque non seulement je conjure le sort de ne pas avoir eu l’idée d’écouter le groupe avant, mais en plus je le sens bien, cet EP. Je ne sais pas pourquoi!

Alors! Qu’est-ce-que le groupe va bien nous proposer comme pochette pour illustrer ce nouvel EP? J’allais dire, un truc finalement assez basique mais dans la lignée de cette simplicité désarmante qui fait pourtant la force du groupe depuis sa résurrection. En guise d’apéritif visuel, Hyrgal nous propose donc une photographie du groupe en mode « promotion », avec des poses qui font effectivement très « metal » si j’ose dire, et directement mis en avant, la tracklist de l’EP, le line up, le logo du groupe en haut à gauche et le nom du groupe en lisible en bas à droite. On dirait un peu les designs de format cassette! Bon, on reprend les codes bien connus dans le milieu black metal avec cet effet noir et blanc très ancien, ce côté crade qui me fait croire que la musique va en être tout autant. Un aspect raw dans le visuel qui me surprendra après la première écoute mais que je trouve au final bien au point avec l’esprit de Hyrgal. Il y a en effet un côté franchement old school dans le rendu de la photographie qui est assumé et qui se targue d’avoir une certaine efficacité, en espérant que la musique suive cette lignée illustre de faire dans une transfiguration raw et sale, là où le black metal prend une certaine quintessence encore de nos jours. J’aime bien l’idée! Elle semble assez facile comme cela, mais finalement, et c’est là que c’est très intelligent de la part du groupe, l’artwork présente l’essentiel, l’essence même d’un groupe et ne cherche pas à aller dans des images alambiquées ou trop chiadées, ce qui change un peu de ce que je recherche d’ordinaire d’ailleurs. Cette essentialité, c’est le groupe en lui-même, tout simplement. C’est donc en cela que j’aime beaucoup cette pochette! Elle me sort de ma zone de confort et de ma recherche maladive de sens. Et c’est très bien! Enfin… Cela fait du bien!

Niveau musique, je vous ai de toute manière déjà vendu la mèche en vous parlant de black metal. C’est effectivement le style avancé par Hyrgal pour ce « Session Funéraire Anno MMXXIII« . Le black metal proposé ici est celui que l’on connait dans sa forme la plus brutale, bestiale même. Avec des compositions qui ne dérivent guère d’un mid tempo agressif et poussif à l’extrême, allant de temps en temps sur quelques incorporations plus rythmiques si j’ose dire, mais la dissonance dans les riffs guitares et les accélérations en double pédale de la batterie, tout cela fait partie de la recette black metal dans son aspect le plus rustique et sans vergogne. Tout ce que j’aime donc! Maintenant, il convient d’expliquer que Hyrgal ne fait pas dans la dentelle, mais associe très habilement son agressivité brute de pomme avec une forme totalement démoniaque et cruelle de sa musique. J’en veux pour preuve ces fameuses dissonances aux guitares qui sont présentes pour justement dérouter l’auditeur de sa sérénité naturelle, pour l’emmener vers un profond sentiment malaisant, une sorte de plongée dans les eaux troubles de l’âme qui ne laisse personne indifférent. Je pense pouvoir affirmer que le black metal de Hyrgal ne transpire pas spécialement la nostalgie et la froideur qui en découle, encore que les influences pourraient en être quand-même. Mais plutôt sur un versant bestial, brutal et d’un assombrissement spirituel quasi total. C’est ce qu’on appelle une musique sans faux col. Si vous cherchez la sophistication, je ne pense pas que « Session Funéraire Anno MMXXIII » soit un EP pour vous. En revanche, si vous adorez comme moi le black metal dans sa forme la plus primaire, sans concession ni recherche de complaisance, alors il est bien évident que Hyrgal est un groupe fait pour vous! A noter ce morceau samplé en japonais qui est du plus bel effet et qui représente la seule tentative de touche plus ambient de l’EP, et une reprise de Marduk que je trouve, à titre personnel, aussi inutile qu’inexpliquée. Mais au même titre que toutes les reprises, il n’y a pas forcément quelque chose de sérieux. De l’ordre de l’appropriation culturelle que je n’ai jamais compris sauf en concert… Mais en première écoute, l’EP est absolument fabuleux dans le registre black metal bien brutal. Une belle découverte!

La production joue énormément sur ce ressenti d’une grande violence et de cette physionomie terrifiante. Loin d’être dans un registre raw comme je le pressentais à tort, je trouve toutefois qu’elle n’est pas totalement propre! Attention! Propre n’est pas forcément un terme plus positif que d’autres, puisque pour moi, une production bien raw peut tout à fait être à propos selon les contextes. Mais ici, Hyrgal s’est doté de son propre son, avec une sorte de mélange entre un black metal assez raw, et une certaine « modernité » même si je suis convaincu qu’il s’agit d’un gros mot pour le groupe. Il y a en tout cas une sorte d’hybridité sonore que j’aime beaucoup. Ce n’est pas totalement une découverte, mais j’aime cette mise en exergue de la fameuse violence, la bestialité qui en ressort ne peut pas laisser indifférent l’auditeur. Le but de ce black metal est de bouleverser non pas les codes, la musique étant plutôt classique dans ce qui se fait dans un black metal écouté souvent, ce qui est très bien, mais de mélanger sonoriquement parlant la malveillance et la violence. Imaginez quand vous avez un seul paradigme dans la musique, mais quand vous avez les deux, cela donne un résultat d’une production vraiment intelligente, se mettant en servitude d’une musique qui se veut primaire et démoniaque. Une production étonnante, mais réellement intelligente!

Je pense avoir saisi l’essentiel de l’EP « Session Funéraire Anno MMXXIII » en première écoute, je vais donc passer directement sur le chant. Premier gros motif de satisfaction : le chant est en français dans les compositions du groupe. Pas la reprise de Marduk bien entendu, ce qui corrobore l’idée selon laquelle cette reprise n’a pas réellement lieu d’être, factuellement parlant. Mais ce n’est pas le plus important! Le fait de chanter en français, mon côté chauvin en atteste, me fait énormément plaisir! J’aime quand notre belle langue de Molière est mise en avant. C’est une constante dans le roster du label Les Acteurs de l’Ombre Productions qui me tient à cœur, et Hyrgal ne déroge pas à cette habitude qui me fait du bien tout le temps. Ensuite sur la technique de chant, j’aime particulièrement celui employé ici qui n’est pas tellement en high scream pur, mais plus sur un côté sludgien qui là encore me ravit au plus haut point! Le chant hurlé comme ici se marie très bien avec non seulement la production de l’EP, mais aussi avec les riffs dissonants et la violence qui est sous-jacente. Un chant comme celui-ci permet une retranscription totale d’une forme de noirceur intime et enfouie, qui sort telle une explosion, dans un raptus de violence et de souffrance qui ne peut que glacer le sang. J’aime donc énormément cette technique vocale associée au black metal, ce qui est fait de plus en plus dans le black metal « actuel », n’en déplaise aux puristes. Très belle pioche!

Pour mettre le point final à cette nouvelle chronique, Hyrgal sort ce jour (c’est tout frais!) un EP nommé « Session Funéraire Anno MMXXIII« . Comme une réelle procession, cet EP composé de quatre titres estampillés black metal, un interlude instrumentale ambient et une reprise de Marduk, s’impose à moi comme une découverte majeure dans le paysage foisonnant du black metal français. Pur produit des Acteurs de l’Ombre Productions, gage de sérieux et de bonne production, Hyrgal nous sort une musique d’une violence rare, d’une bestialité inouïe et d’une froideur associée qui n’a pas de quoi rougir face à ses prédécesseurs. Cette alliance musicale d’une forme primaire d’instinct bestial et d’un démonisme lancinant, font de cet EP un ouvrage brut de pomme, et qui ne souffle aucune complaisance sur les braises des sceptiques. Cette musique se vit, s’assimile pour ne pas sombrer dans un désespoir ou un marasme éternel, pour n’en retirer qu’un sentiment de noirceur aussi prenant qu’hypnotisant. Vraiment un très bel ouvrage! Excellent.

Tracklist :

1.     Deuil éclair     03:57
2.     Phalanges assassines     04:01
3.     Épique spleen     04:18
4.     Gorge blanche / Surin noir     04:22
5.     炎が秒を貪り食う場所 (Honō ga byō o musabori kuu basho)     04:34
6.     Dark Endless (Marduk cover)     04:03

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