Line-up sur cet Album


Florent Charlet « Rorschach » - Chant Benédicte Pellerin « Bennie » - Chant Nicolas Pascal « Nicko » - Guitares, claviers, chant et mise en scène Manuel Gerard « Mano Low » - Basse Richard Dubois Matra « # » - Claviers Emmanuel Rousseau « Howahkan Ituha » - Claviers et programmation des percussions Cédric « Vicken » Guillo – Batterie Guests : Marjolaine Asin et Darkim Lain - Chœurs sur 5 / Jiu - Contrebasse sur 8, 9 et 11.

Style:

J'y-fous-tout Metal

Date de sortie:

1er octobre 2021

Label:

33 Degrees / Universal Music / WormHoleDeath

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

 

« Je pense que je ferai un deuxième album parce que j’ai commencé à l’écrire, parce que j’ai envie d’évoluer. » Christophe Hondelatte

Vous voyez venir la coquille hein… Un deuxième album de Hondelatte, c’est comme mettre trop de sel dans la soupe : on se dit qu’on va goûter, qu’on va la manger pour faire plaisir à maman et papa, mais qu’au final on la trouve dégueulasse. Je ne vous cache pas que j’ai pris un coup de flip quand j’ai vu que ce présentateur que j’adorais dans « Faites Entrer l’Accusé » a suffisamment de fierté et bien peu d’amour propre pour se relancer dans la chanson… Alors, cet exemple n’est pas là pour dire que je vais faire prochainement la chronique de son album, j’ai beau avoir de l’inconscience je n’en suis quand-même pas au point de me jeter sous des rails avant que le TGV n’arrive. C’était surtout pour illustrer que nos choix sont parfois dictés par ce que l’on ressent vis-à-vis des personnes. En l’occurrence, cette nouvelle chronique devait au départ être faite non pas parce que je connais le groupe (ceux qui me lisent savent que j’aime découvrir des groupes !), mais parce qu’un nom que je connais bien a gravité de près autour du groupe : Arno Strobl. Journaliste et critique musical, musicien dans Carnival in Coal entre autres et plus récemment dans Freitot que j’ai eu le grand plaisir de chroniquer, c’est un type que j’admire beaucoup. En secret, enfin… Jusqu’à ce soir. Alors il est vrai, je le confesse, que lorsqu’il s’agit de monsieur Strobl en musique, je suis de suite un peu plus attentif. Comme avec RMS Hreidmarr que j’adore, je suis de suite plus attentif à ce qu’il fait de neuf. Mon Grand, Magnifique, Sublime, Bien-odorant, Sportif et Bucolique boss Chris Metalfreak  (NdMetalfreak : C’te balance, c’ui-ci !!!) m’avait donc conseillé 6:33 et l’album « Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome » pensant que le sieur Arno Strobl était dedans ! Raté ! Mais qu’importe, je me suis engagé, j’y vais !

6:33 n’est pas l’heure à laquelle je me lève, hélas j’aimerais bien… Prononcé « six heures trente-trois », le groupe est français (cocoricooooooooo), fondé en Île-de-France en 2008 dont on ignore la date mais on a au moins l’heure exacte ! Laquelle ? Allons… Six heures trente-trois bien entendu ! Cela dit, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais cela fait un peu tôt. Je me serais mal vu mettre un réveil, sortir d’un rêve laconique et dire à ma femme « je vais fonder un groupe ! Putain, chérie ! J’envoie vite un sms à untel, untel et untel ! » C’est assez cocasse comme nom, la raison l’est tout autant. Cela m’a valu ma première dose de dopamine ! Ensuite, 6:33 a sorti quatre albums avec « Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome » et un EP. On est sur une bonne moyenne je trouve. Après si on se montre un tantinet pointilleux, il y a six années d’écart entre « Deadly Scenes » qui est sorti en 2015 et ce dernier. Bon, un silence pour faire une pause, cela n’a jamais choqué personne et cela arrive. Surtout que le premier album datant de 2011, le rythme de composition fut assez frénétique. Donc un peu de repos est totalement compréhensif. Mais ce ne sont que spéculations ! « Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome » est donc le cinquième album de 6:33 et on espère qu’ils vont nous remettre les pendules à l’heure ! (Mort de rire…)

Je dois reconnaître que le premier contact visuel avec la pochette (en même temps, le contact olfactif n’existe pas encore pour cela) a été plus que bénéfique. Sur le style en lui-même, je serai honnête en disant que ce n’est pas franchement ma tasse de thé. Ce côté bande-dessinée, avec des couleurs vives, l’aspect rétro de l’univers visuel avec le cabaret un peu cochon, au nom du groupe, le musicien qui semble débarquer de nulle part dans ce macrocosme toxique, qui pue la luxure et la débauche, cela ne me parle guère. Et pourtant, j’adore « Sin City », cela me le fait un peu évoquer. Je retrouve d’ailleurs le côté « Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome« , ces contes terrifiants pour des papillons de lumière qui débarquent dans un monde horrible, eux qui subissent leur éphémérité comme un trésor à protéger. J’ai donc beau ne pas adhérer au style propre, j’adhère totalement à l’aspect métaphorique de cette pochette, qui colle sublimement avec le nom de l’album. Il aurait été intéressant d’avoir l’intérieur de l’album, histoire de voir si le groupe pousse un peu plus loin la métaphore de notre modernité comme un poison, mais le support presse a été quelque peu famélique, sinon d’une vacuité affligeante. D’ailleurs, le même Strobl me conseillait d’avoir un support presse en bêton, avec photos du groupe, présentation, jaquette, etc. Là, le néant… Mais bon. On va retenir le positif, la pochette est parlante et pleine de sens. Le style ne me sied pas des masses, mais ce n’est pas grave en soi.

Puisqu’on parle de style, autant celui de la pochette était clair comme de l’eau de roche, autant celui de la musique de 6:33 est trouble comme les marais poitevins ! Et c’est ce qui fait tout le charme de « Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome« , cette abondance de styles musicaux qui s’entrechoquent et qui finissent par créer une fusion ultime. C’est en cela que je crédite la musique comme étant de la fusion. J’ai un peu de mal avec les termes « avant-garde metal » et « metal progressif », à mon avis c’est beaucoup plus complexe encore que cela. Le metal progressif induit une base metal certaine, avec de vraies instrumentations et un son saturé, enfin le truc qu’on connait bien quoi. Or, je ne le retrouve pas. A la rigueur on a une base rock très ancrée mais comme l’ensemble instrumental est un peu noyé dans l’abondance d’incorporations, de samples, d’instrumentations diverses et variées, on est en peine de définir la musique. Dans une référence plus ou moins proche, cela me fait penser à un mélange de Devin Townsend avec de la musique comme P.O.E qui baignait dans des ambiances similaires avec un soupçon supplémentaire de terreur. Décrire la musique n’est pas une sinécure, je parlais de richesse, il faudrait rajouter les ambiances extrêmement changeantes selon les pistes qui sont présentées, avec une ligne de conduite que j’ai un peu de mal à identifier et qui en temps ordinaire m’aurait posé souci. Mais curieusement, il convient de penser ce « Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome » non pas comme un album conceptuel mais comme un recueil. Encore que… Je nuance. Il fonctionne comme un énorme incipit, qui décrit un univers entier sans évoquer d’éléments perturbateurs ou autres procédés de styles. C’est donc plus un gros descriptif à la Zola. Du moins c’est mon interprétation. Un album qui en première écoute pose un paradoxe : la complexité exponentielle de cet album s’écoute comme si tout était fluide. Et cela, je trouve que c’est un gage de réussite absolu. 6:33 est un groupe qui a posé un album dantesque, d’une richesse rare au point de tromper l’auditeur sur la base principale de la musique. Fusion ? Rock ? Metal avant-gardiste ? Je retiens la première hypothèse pour ma part.

Pour démêler tout ce gloubi-boulga, il est bon de se doter en aval d’une production aux petits oignons. C’est évidemment le cas, à 200%. Un travail d’orfèvre, où tout instrument le plus incongru trouve une place de choix. C’est la richesse qui donne cette production puisque le son est fluide, rythmé mais surtout bien ficelé. La particularité première est que chaque partie se discerne bien des autres sans être étouffée. C’est difficile de trouver les bons mots quand on a un son aussi propre, on patauge un peu, on tourne en rond en se disant que tomber dans le lyrique ne servirait qu’à être un gros camouflet de mon incompétence ou de mon impuissance, aussi vais-je faire court. J’ai toutefois du mal à savoir avec exactitude s’il s’agit d’une vraie batterie ou d’une programmée, il y a une quantité phénoménale de samples et de programmation par MAO, du coup j’ai du mal à discerner les deux. Mais c’est un détail tant l’ensemble rythmique est prenant et bien construit. Mon seul léger bémol est qu’on a en de très rares occasions les guitares et la basse noyées dans la bouillie de samples, mais c’est trop rare pour entacher durement la production. Allez, au pire, on passe d’un 200% à un 100%, c’est quand-même très bien n’est-ce-pas ?

On devine assez aisément que 6:33 parle avec une identité qui ne fait guère de sceptiques, du monde moderne. Cet énorme embarras plein de fange et de faux-semblants, que le personnage qui brandit presque sa guitare va découvrir. Quoi de plus illustratif que l’entrée de ce cabaret rétro, dans le genre « Betty Boop » presque, qui à travers cette représentation sexualisée, tabou, est une porte qui mène vers les excès. Moi j’ai surtout retenu cet aspect métaphorique et cynique du monde, la musique donne des atmosphères très dérangeantes par moment, très euphorisantes aussi, comme un yoyo perpétuel et émotionnel. La base rock ou metal c’est selon, apporte une énergie sincère et entrainante, avec des variations dans tellement d’aspects que, comme je disais, on suit un incipit dans son entièreté et son incroyable complexité. 6:33 propose donc une musique folle, déjantée et ubuesque et cela ne m’étonne pas qu’un artiste comme Strobl se soit immiscé dedans à un moment donné, cela lui ressemble en tout point ! « Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome » est un album de grande valeur artistique, doté d’un assemblage intelligent de différents styles qui se regroupent sous la bannière d’un genre fusion idoine dont certains passages frôlent le boulot d’un Han Zimmer ou d’un Danny Elfman, et ce dernier s’écoute comme l’on regarderait le premier épisode d’une série : avec curiosité et envie ! Une vraie réussite !

Les chants ne sont pas non plus en temps normal mes chevaux préférés, mais je dois leur reconnaître deux points objectifs et donc essentiels. La justesse technique tout d’abord, pour chacun, leur donnant du crédit à tout point de vue qui se respectent, et toute la sphère qui tourne autour de leurs utilisations. Il y a un chant principal, masculin de surcroit, et je crois au moins deux autres, un féminin et un autre masculin utilisés avec parcimonie. Chacun est bien à sa place, l’utilisation du chant féminin n’est pas celui que je glorifierais d’habitude non plus mais j’admets au moins qu’il est très bien utilisé dans l’album « Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome« . Du reste, je n’ai pas grand-chose à reprocher à ces chants, l’aspect clair n’est pas forcément ce que je préfère simplement donc l’effet sur l’auditeur que je suis en temps habituel n’aurait pas été grand. Mais au moins, tout le reste fonctionne !

Pour en terminer avec cette chronique, 6:33 a sonné ! C’est une évidence, dans les oreilles de tout auditeur somnolent dans la torpeur de son monde moderne et d’une platitude lancinante. « Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome » est un album tellement riche qu’il en serait difficile d’en tirer une vraie base constructive, cela part dans des dimensions tantôt contraires, tantôt séculaires ! Mais au moins nos amis français ont sorti une vraie bombe dans nos oreilles ! Loin d’être de l’acabit d’un simple réveil cacophonique d’un IPhone, c’est plus un réveil énergique et revigorant qui nous assaille et redore le moral de ceux qui s’endorment dans leur quotidien grisonnant. « Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome » est un très bon album, une très belle découverte ! A mettre en avant de toute urgence.

 

Tracklist :

1. Wacky Worms
2. Holy Golden Boner
3. Prime Focus
4. Party Inc.
5. Hot Damn Chicas
6. Rabbit in a Hat
7. Release the He-Shes
8. Downtown Flavour
9. Flesh Cemetary
10. Act Like An Animal
11. Hangover

 

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