Titans fall harder – Heavy lies this Life

Le 27 avril 2019 posté par Bloodybarbie

Line-up sur cet Album


  • Clément Casagrande : Chant
  • Matthieu Mervant : Guitare
  • Stéphane Hacquard : Basse
  • Eliott Tordo : Claviers
  • Niels Quiais : Batterie

Style:

Cyber Metal

Date de sortie:

27 avril 2019

Label:

Titans Production

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

« Nous sommes en l’an 2052, le monde a évolué dans une société robotisée, l’homme est devenu dépendant d’une technologie hyper sophistiquée, chaque individu est assisté par une machine qui répond à leur besoin et le soulage de tout effort physique. Tout est à portée de main… la technologie est dorénavant le culte de l’Homme ! » (René Barjavel)

Un de mes livres préférés ne pouvait qu’être utilisé en de telles circonstances : celles de faire la chronique d’un des groupes pour lequel j’ai eu le plus gros coup de cœur lorsqu’ils ont fait une entrée assourdissante dans le monde du Metal comme la chute d’un titan. Et puis, théoriquement, je vivrai jusqu’à l’an 2052 et plus, donc à voir si d’ici là Barjavel aura été un visionnaire… Enfin, vu la tournure de son livre il ne vaudrait mieux pas. Mais revenons à nos moutons !

Titans Fall Harder est un groupe de la capitale des Alpes qui semble être revenu dans le passé jusqu’à l’an 2015 pour déchaîner les feux de l’Enfer à la mode Matrix, un peu comme les Nécrons dans Warhammer. Avec un premier EP intitulé Evolve sorti en 2017 et après avoir écumé une grosse partie de la scène régionale sur les festivals et les salles les plus sympas, les voilà repartis pour apporter ce que la technologie a de plus malsaine dans ses tripes. Nous voici donc en face de l’album Heavy Lies This Life qui ne laissera personne indifférent.

Pour présenter succinctement (si j’y parviens) la musique du groupe, imaginez que ce soit une musique non-binaire jouée par des robots. Vous avez en effet un Metal basé sur ce qui ressemble à du Djentavec des structures désorganisées mais qui tiennent une rythmique bien carrée. De plus, le son général ne dispose que peu de basses ce qui me fait penser à certains groupes de Metalcore qui jouent la carte de la vitesse d’exécution plus que de l’épaisseur du son. Ce son si particulier ne peut que laisser place à des parties indus, voir électro, très sophistiquées. On retrouve des nappes de chœur assez variées, des samples avec des banques sons électro/indus, voire dark indus par moment, qui donnent à la fois une dimension futuriste et robotique qui semblent être les fondations de l’univers de Titans Fall Harder. Si l’on devait résumer la musique, je dirais donc que nous avons un mélange de Metal industriel, de Djent et de Metalcore, ce que le groupe nomme (à juste titre) du Cyber Metal. Je ne peux m’empêcher de me souvenir que l’un des premiers groupes que j’ai écouté durant mon adolescence était Malmonde, groupe de Cyber Metal (quoique résolument plus Death Metal) de… Grenoble. Coïncidence ? Je ne pense pas. Je vais même jusqu’à affirmer que cette corrélation a été le moteur de ma curiosité envers Titans Fall Harder.

Autant le premier EP du groupe, Evolve, avait introduit une musique assez innovatrice ; ici, l’album sonne comme une confirmation du genre. Avec ce même mélange de musique metal type djent avec un son metalcore et des parties indus très travaillées, on retrouve en effet ce qui avait fait la force du groupe, à quelques nuances près, évidemment, comme une base metal qui tabasse un peu moins que l’EP, qui suit de manière plus calquée les parties indus qui, elles, sont plus rythmées. On avait, du temps de l’EP, des passages électroniques qui servaient plus de fond et étaient donc plus linéaires ; ici, les morceaux sont plus marqués sur le plan rythmique ce qui donne le sentiment d’écouter tantôt des parties instrumentales, tantôt des vrais morceaux électro ! Le tout amène une harmonie sonore assez manifeste, on sent qu’il y a eu un gros, gros travail en studio qui a été fait pour donner un son qui sort de l’ordinaire, pas « lourd » dans le sens metal car ce dernier se fond complètement dans le son électro des samples ce qui justement sonne comme l’innovation principale de Titans Fall Harder : un son unique qui, pour ma part, m’a rendu fan dès les premières écoutes. Un vrai bijou !

Cette confirmation d’un son unique me laisse cependant assez interrogateur concernant le retour du public. Si le premier EP avait fait l’effet d’une bombe exponentielle du fait, d’une part, d’une communication sur les réseaux sociaux excellente et, d’autre part, suite à cette innovation certaine qui a dû apporter un vrai cyclone de nouveauté et de fraicheur, l’album reprenant exactement les mêmes codes que l’EP, ne va-t-il pas le décevoir ? Lorsque l’envers et le revers de la médaille sont identiques, n’est-ce-pas un gage de découragement dans un style où l’amélioration est reine ? La question mérite d’être posée surtout lorsqu’on est une jeune formation comme Titans Fall Harder. A titre personnel, il est bien évident que je ne leur souhaite aucune déconvenue mais je m’interroge devant le risque de reprendre la même recette car il faut bien le reconnaitre, l’album sonne quand-même bien assez à l’identique que l’EP. A voir par la suite…

En ce qui concerne les morceaux, non content de retrouver les mêmes ingrédients qui faisaient de leur EP une grande promesse, je trouve la majorité des morceaux bien composée, les parties indus se font plus présentes et contribuent à ajouter une atmosphère apocalyptique à la I, Robot. Je trouve cependant que les parties sont plus -core qu’auparavant. Je ne sais pas si la volonté du groupe a été de mettre en avant les instruments metal au détriment du reste mais l’ensemble sonne résolument plus -core (plus de breakdowns, par exemple). Moi qui ai une oreille moins réceptive au -core, je suis en revanche particulièrement conquis par l’ensemble car je dois admettre que je suis plus accroché par les parties indus : l’indus étant un de mes domaines préférés, je trouve les compositions au clavier tout simplement exceptionnelles. Un vrai régal car on plonge rapidement dans cet univers dystopique qui présage de sombres desseins à l’Homme et sa relation pathologique avec le progrès et la machine.

Nous sommes face à un album composé de dix morceaux dont les trois derniers semblent sonner comme une trilogie finale. Je me dois de vous recommander les morceaux « Oblivion Awaits » dont vous découvrirez le clip ci-dessous, ainsi que « Humanity » et « Flesh Fails » que j’ai également beaucoup appréciés et qui sont redoutables en milieu d’album, ce qui est rare!

Mais ma mention spéciale en revient à la trilogie de fin qui est une tuerie sans préfixe suffisant pour exprimer la hauteur qu’elle atteint ! L’intro de la première partie est géniale et le reste est un pur déchainement de violence ! On sent qu’il y a une inspiration qui est trouvée dans les musiques instrumentales comme « Two Steps From Hell », par exemple, et j’adore ce genre de musique. Autant vous dire que je suis resté coi ; rarement parties indus m’ont autant fait cet effet de jouissance.

Finalement, mon seul petit lot de déception se situe dans deux points : le chant et la redondance de certains morceaux. Je m’explique : tout d’abord je ne suis pas fan du chant -core et du chant trop « arrangé » en studio ; or, pour impacter le concept de l’album et la base compositrice, il fallait ces deux points-là et je le comprends… Seulement, je ne trouve pas le chant assez varié… Il est trop linéaire en quelque sorte. Peut-être serait-il de bon ton de changer quelques parties en chants différents ? Je ne sais pas et je ne souhaite pas non plus me mettre à la place du groupe dans ce genre de décisions mais, oui, le chant est encore mon point faible et il l’était déjà sur l’EP.
En ce qui concerne la redondance des morceaux, elle est hélas assez présente. Moins sur l’EP mais plus sur cet album. Pourtant il y aurait tellement matière à varier ! Avec le talent incroyable des musiciens, pourquoi se borner à répéter les mêmes riffs plusieurs fois dans le même morceau?… Je pense que certaines chansons comme « MK Goliath », par exemple, auraient mérité une peau neuve.

Pour l’artwork, je le trouve magnifique. Assez déroutant avec cette belle femme qui enlace affectueusement un genre de « roi-robot » sur son trône mais une belle image du concept assez dystopique du groupe et de la relation fusionnelle de l’Homme et de la technologie. J’adore ! Le jeu de lumière est parfait en arrière-plan. Après, si on part du principe que la musique du groupe est extrêmement agressive, je trouve cet artwork presque trop posé ! Il fait un peu trop calme comme dirait l’autre. J’aurais bien vu une espèce de pochette à la Warhammer, encore, avec des planètes en voie d’explosion. Mais ne chipotons pas : le design est très bien.

Je me dois de conclure en citant le groupe qui avait fait une interview en 2017 : « nous tenterons d’obtenir un statut national ». Non seulement c’est tout le bien que je leur souhaite mais en plus il le mérite amplement : Heavy Lies This Life est un véritable ouragan qui va déferler sur nous et démolir toutes nos certitudes sur la définition d’une bonne musique metal car Titans Fall Harder bouscule les codes et le fait avec brio. C’est du lourd du début jusqu’à la fin ! Je sais en plus que les prestations scéniques sont largement à la hauteur de nos attentes, alors je vous pose cette question à mille francs : ce statut national on leur offre quand ??? Moi je dis : maintenant !

Tracklist :

1. The Second Renaissance
2. MK G.O.L.I.A.T.H.
3. Oblivion Awaits
4. Laser-induced Obscurity
5. Humanity
6. A Soul to Blend With Life Itself
7. Flesh Fails
8. Ruled by Destiny I : Fires Fade
9. Ruled by Destiny II : Heavy lies this Life
10. Ruled by Destiny III : The Harder We Fall

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