Seules les mortes – Seules les mortes

Le 19 avril 2019 posté par Bloodybarbie

Line-up sur cet Album


  • Antoine – Batterie, Chant
  • Mickaël – Guitares, Chant

Style:

Post Black/Post Hardcore

Date de sortie:

23 Février 2019

Label:

Bus Stop Press

Note du chroniqueur (Gibet) : 7,5/10

Dans ma chronique de Radio Non-sens de Yuzu !, j’expliquais mon aversion pour ‘’Support your local scene’’ et je maintiens cette rage. Néanmoins, je me dois de rendre honneur à un petit groupe de chez moi qui mériterait grandement d’être plus connu. Le duo marseillais (enfin presque, de la Fare-les oliviers, pour les connaisseurs) Seules les mortes est une petite pousse qui ne demande qu’à grandir. Fait avec les moyens du bord dans la petite salle (très sympa au demeurant) qu’est l’Humus, cet EP éponyme ravira sûrement les fans les plus assidus de la scène post-black française. Antoine, le batteur, m’expliquait à l’entracte d’un formidable concert regroupant Nesseria, Impure Whilemina et Rorcal et Seules les mortes donc, qu’il était un fervent amateur de Déluge entre autre. Ce concert était merveilleux et j’admets que la prestation passionnée du groupe m’avait marqué… et que l’écoute de cet EP était en fait une redite profonde des qualités et des défauts de ce live tout à fait touchant (Je vous enjoins à aller les voir le 26 avril à Roquebrune Cap Martin par exemple, ils le méritent).

Premièrement, la musique de Seules les mortes est d’une honnêteté rare et non, ce n’est pas un argument fallacieux qui vise à dissimuler les erreurs du groupe. Je vous promets qu’il se dégage des cinq titres de l’album un sentiment d’urgence que seuls les débuts enragés de musiciens passionnés peuvent délivrer. On se retrouve ici face à une musique qui veut parler à nos ressentis les plus profonds, émettre chez nous des sensations de spleen et la simplicité des mélodies leur donne une aura particulièrement sincère. Cette sincérité se retrouve d’autant plus renforcée par une production home-made qui rend hommage à cette passion, dans le sens où l’EP sonne comme sonnerait un live, intense et avec une sonorité tout à fait particulière. On sent, par exemple, dans chaque coup sur la batterie d’Antoine une sorte de hargne, peut-être pas toujours contrôlée mais qui a, je le répète, ce charme indescriptible des débuts.

Ensuite, ne vous méprenez pas, l’album, majoritairement instrumental, est assez riche. Par moment, il se fait galvanisant, proposant des riffs qui sonneraient presque hardcore ou crossover. Par exemple l’intro de  » Seule la terre  » me fait penser au parti qu’a pu prendre Deafheaven sur New Bermuda. En cristallisant le monde qui nous entoure, il faut illustrer une sorte de colère, d’énergie dévastatrice. Prenez cela comme étant la bande sonore d’une vague très puissante ou d’une dispute violente dans un ménage amoureux, vous verrez, la synesthésie rend l’écoute d’autant plus agréable. Pour rester dans les aspects proche du hardcore, certains riffs, certaines mélodies et surtout lignes de chant sonnent clairement screamo. C’est le jeu de tout un pan du Post Black, certes, mais ici, l’influence se fait nettement audible et c’est tout à fait appréciable de se plonger dans les méandres d’un style profondément humain. Écoutez le très beau morceau  » Agonie  » et ses répétitions hypnotiques pour vous en convaincre !
Néanmoins l’album garde des composantes Black Metal qui contrastent évidemment avec le penchant humain et sensible de la musique de Seules les mortes : on retrouve du tremolo et du blastbeat caractéristique. Cet élan black metal vise, et c’est tout à fait réussi, à densifier le propos du groupe, à le rendre plus accrocheur, plus prenant.

La production laisse d’ailleurs au sentiment d’urgence qu’on retrouve chez certains cadors du Black cette sensation d’immersion live dont je vous parlais un peu plus tôt, qui prend alors tout son sens. Du Black, l’EP tire aussi une sensation d’attraction vers le bas, de fatalisme lourd et pénible, qui remet en place notre condition d’homme. La fin, par exemple de  » Les craintes s’effacent  » est déchirante et si, justement, les craintes s’effacent, c’est pour qu’il ne reste rien. Ce morceau, à mon sens le meilleur de l’album traverse d’ailleurs l’humain dans ses contrastes les plus forts, on passe d’une certaine envie, de riffs justement assez lumineux à une fin funèbre magnifique.

Je ne voudrais pas me répéter mais le parallèle avec Déluge et autres groupes de Post Black très émo (au sens noble du terme, le vrai émo, celui qui vous arrache des larmes) est évident. Les mélodies sont toutes très mélancoliques, prenantes et fortes de sens, l’album vous envoie d’un monde grisonnant absolument splendide et chaque seconde du disque dévoile un détail de ce sublime tableau, tableau musical constamment en mouvement qui semble laisser souffler le vent, claquer les portes et éclater les vagues. Le final de ce délicieux 5-titres, un morceau instrumental d’une tristesse profonde, qui laisse l’auditeur contempler avec délice les dernières nuances de cette musique, propice au voyage. Pour tout vous avouer, j’étais tenté de comparer cette apothéose à une scène de film, mais je ne saurais choisir laquelle. Il y a, dans l’image sonore, dans le relief humain de cette musique, quelque chose d’assez fabuleux.

Alors, évidemment, il sera facile de critiquer la production, l’identité du groupe pas encore tout à a fait établie mais la sincérité et l’humilité de cet EP, très bien composé et particulièrement touchant, à mon sens surpasse tout à fait ce défaut d’immaturité. Il convient donc à quiconque aime le Post-Black, le Post-Hardcore ou la belle musique d’écouter ce petit skeud, très sympathique et se laisser tomber dans sa saveur innocente, telle la jeune fille sur ce très bel artwork de Flobath (qui me fait penser à une version bien plus détaillée de l’immense démo The Fall de Cairiss).

Tracklist :

1. Agonie (6:21)
2. Seule la terre (3:56)
3. La nuit ne tombe qu’une seule fois (4:57)
4. Les craintes s’effacent (5:45)
5. – (3:00)

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