Orob – Into the Room of Perpetual Echoes

Le 19 février 2014 posté par celtikwar

Line-up sur cet Album


  • Thomas Garcia: guitare, chant
  • Andrea Tanzi-Albi: guitare,chant harmonique
  • Pierre-Henry Boivert: basse
  • Yoan Tameriout: batterie

Style:

Progressive/Post-Black Metal

Date de sortie:

Novembre 2013

Label:

Zartzimut

Note du Soilchroniqueur (Lusaimoi): 8/10

Le Post-Black a le vent en poupe ces derniers temps. Il n’y a qu’à voir le succès de Neige avec ses différents groupes, Alcest notamment et son live à la BBC, pour s’en convaincre. Mais c’est surtout celui des américains de Deafheaven, qui impressionne ; la pochette rose de leur dernier né, Sunbather, étant même apparue sur écran géant lors d’une conférence de présentation de l’un des modèles du smartphone à la pomme. Mais ce succès, ça fait chier les puristes. Ça popularise une musique qui devrait rester underground, ça fait « gay », c’est que du Screamo avec des passages planants…
Personnellement, je trouve que cette scène, que j’ai découverte avec les géniaux Altar of Plagues, possède quelque chose de réellement intéressant, prenant. Il y a cette volonté de briser les barrières, de s’éloigner de l’imagerie caractéristique du style – et d’offrir quelque chose de finalement nouveau –, que ce soit dans le visuel, artworks et présentation scénique, que dans les thèmes abordés ou même les atmosphères. Il y a un travail sur les ambiances qui se montre très différent de celui du BM « classique », ce mélange entre les extrêmes, passant d’un calme serein à une explosion rageuse, qui intensifie au final la perception qu’on reçoit de chacun.
C’est ça qui m’a poussé vers Orob et leur deuxième EP, Into the Room of Perpetual Echoes. Un groupe jeune, puisqu’il s’est formé en 2010 dans le Sud de la France. D’autant plus jeune qu’il semble être la première formation, à ce que j’ai vu, de l’ensemble de ses membres. Mais Orob est aussi un groupe qui a déjà sorti une démo, Reflections, et un premier EP, Departure. Et pourtant, derrière cette apparente jeunesse se cache un groupe vraiment mature. Et je ne pourrais que donner tort à ceux qui sont partis en lisant le mot « Post-Black ».

Car après un « A Perpetual Echo », intro d’une minute bruitiste, faite de vibrations, de crissements et de choeurs religieux, c’est un visage très Black Metal que l’on aperçoit d’abord. Pas un BM agressif, malgré la guitare criarde, mais quelque chose de plus épique, hypnotique, qui part d’un riff et le répète tout en l’enrichissant pour qu’il devienne plus enlevé. Un BM atmosphérique qui me fait penser, par certains aspects, à celui de Forest Silence – side project de Winter, l’ex claviériste de Sear Bliss. Mention spéciale à « Celestial Abandon », qui, après un début à la guitare claire, toujours sombre, triste et hivernal, explose et devient de plus en plus prenant, grisant, à mesure que le titre avance. Certainement le plus hypnotique et jubilatoire du CD. « Neptune’s Torch », quant à lui, semble être une relecture de « The Pathway ». Mêmes ambiances, même frénésie épique qui prend toujours plus d’ampleur au fil du morceau, mais tout le reste est différent.

Alors oui, comme ça, Orob ressemble plus à un groupe de BM classique, qu’à du Post-Black. Pourtant, il n’en est rien. Dès « The Pathway », déjà cité, on sent que les inspirations du groupe sont beaucoup plus larges que du pur Black. Cette voix, déjà, qui apparaît là, semble moins criarde, bien qu’écorchée, que ce qu’on a l’habitude d’entendre dans le genre. Elle se rapprocherait plus d’un Death/Black. Enfin, ça, c’est pour le chant hurlé. Parce qu’un chant clair vient régulièrement apposer sa patte sur les titres. C’est quelque chose de très proche de la Folk, loin de la fragilité du Post-Rock, elle apparaît incantatoire sur la fin de ce titre. Plus puissante sur « Marrow », elle se marie à la guitare sèche de l’intro de « Celestial Abandon » et prend une sacrée assurance pour le dernier titre, « Naptune’s Torch ».
Ensuite, rien que sur « The pathway », il y a ce ralentissement qui annonce quelque chose tirant vers une musique plus Post, notamment dans la guitare, dont on aura un rappel sur « Celestial Abandon ». Néanmoins, le groupe ne se calme pas, et repart.
Plus on écoute cet EP, plus on se rend compte des multiples influences stylistiques d’Orob. « Marrow » montre des ambiances clairement plus Death Metal, mais à ça s’ajoute du Prog, sur « Through Roots and Burrows » et ses riffs plus complexes, de la Folk… sans s’éloigner du BM initial. Le titre le plus parlant est sans doute « Celestial Abandon », clef de voûte du CD, qui les réunis un peu tous pour un résultat de plus en plus grisant.
En fait, si c’est le BM atmo classique qui vient tout de suite à l’esprit, c’est que les autres inspirations sont subtilement intégrées à la musique. Il y a bien des ralentissements, des accélérations, des passages plus calmes, d’autres saturés, mais on est loin de la simple alternance entre les deux extrêmes.
Into the Room of Perpetual Echoes se paie même le luxe de se terminer par un solo plutôt dément et très typé 70’s, pour une fin un peu trop brusque, mais qui donne envie qu’on le renfile.

On pourrait reprocher à cet EP cette conclusion qui, bien que jouissive, nous laisse un peu pantois, on pourrait reprocher aussi une production qui semble étouffer un peu le son de la batterie – mais qui, à contrario, met en avant une basse dont la présence apporte une profondeur supplémentaire aux morceaux. Mais ces critiques ne sont pas importantes. Ce qu’il faut retenir, c’est qu‘Orob, avec Into the Room of Perpetual Echoes, parvient à composer une musique assez personnelle, mais sans pour autant renier ses influences, qu’il arrive à se positionner dans une scène innovante bien que populaire, sans non plus céder aux facilités de la mode.
Quand je pense, en plus, que la version digitale de cet EP est disponible à prix libre – et que la version physique possède un artwork sobre et classe –, je me dis que ceux qui sont partis au mot « Post-Black » ont vraiment eu tort.

 

 

Tracklist:
1. A Perpetual Echo
2. The Pathway
3. Marrow
4. Celestial Abandon
5. Through Roots and Burrows
6. Neptune’s Torch

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