Mitochondrial Sun – Sju Pulsarer

Le 1 janvier 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Niklas Sundin : tous les instruments

Style:

Metal Industriel

Date de sortie:

13 novembre 2020

Label:

Argonauta Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.25/10

« Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige
. » Charles Baudelaire

Comme je me Yann Moixise des fois, et que j’ai la flemme, surtout après quatre matins intenses de boulot, et parce que j’aime cette citation provençale qui dit  » Grosse tête, et petit cou, est la marque d’un fou », je vais faire un copier-coller de ma précédente introduction concernant Mitochondrial Sun. Voilà, enjoy!
Lorsque l’on me demande quel est mon sentiment quand je suis sur une scène ou lorsque je compose de la musique ou écris les textes, je réponds quasi systématiquement que la musique et le théâtre sont des arts similaires. Il faut sans cesse s’inventer des personnages, se mouvoir dans la peau d’un autre et parvenir à mettre en symbiose les éléments factices et les miens pour créer. Factuellement parlant, nous ne sommes pas totalement les mêmes lorsque nous sommes sur scène : nous amenons, certes, une part de nous-même mais le personnage que nous sommes est souvent éloigné de la vie de tous les jours… et heureusement ! C’est en cela que beaucoup d’artistes metal font leur rentrée dans le monde musical : par une porte dérobée, à laquelle on ne s’attend pas du tout parfois ! Il y avait par exemple Shagrath de Dimmu Borgir qui a lancé son groupe de Hard Rock, Chrome Division ou, pour le citer à nouveau (deux ou trois fois en autant de chroniques), Richard Lederer de Summoning qui a lancé son projet solo de Darkwave, Ice Ages. Citons enfin Gaahl, célèbre chanteur de Black Metal, qui a fini par lancer… sa propre marque de prêt-à-porter. Vous voyez ? Les exemples de pluridisciplinarité fourmillent et je ne suis donc pas étonné, en tant que musicien et en tant que chroniqueur, de voir débouler un énième projet solo. Et ce dernier se nomme Mitochondrial Sun .
Avouez, elle en jette cette introduction hein?

Plus sérieusement, ayant adoré le premier album de Mitochondrial Sun, projet solo donc de Niklas Sundin, ancien guitariste de Dark Tranquility de 1991 à 2017, de HammerFall de 1993 à 1995, et actuel guitariste de Laethora, il était tout naturel (même si mon magnifique, grandiose, grandiloquent, gargantuesque et badin patron Chris Metalfreak me l’avait rappelé, qu’il était sur la liste et que je l’avais honteusement ignoré) que je m’occupasse du deuxième album appelé Sju Pulsarer . Fait à souligner : le premier album éponyme était sorti en avril 2020, Sju Pulsarer sort… En novembre 2020. Une productivité plutôt rare quand il s’agit d’œuvres plus complexes, pour ne pas dire commerciales. Je ne m’attendais, pour ma part, pas du tout à une telle rapidité de sortie. Je suis de fait un peu inquiet, voyons cela.

« Sju Pulsarer » signifie en suédois « sept pulsars » et j’ai un peu de mal à cerner le lien entre ce nom plus évocateur de sa musique, et l’artwork. On reconnait facilement les différentes voies de circulation qui se trouvent au niveau du dos et l’on voit bien qu’il s’agit d’un corps vu de dos, dans sa partie haute donc sans les jambes, ni les bras, ni la tête. Les couleurs sont très jolies, j’aime énormément le bleu en général et particulièrement ces nuances entre ciel et électrique. En fin de compte, ce design est très bien réalisé, colle très bien avec le style de musique (dark électro) mais je ne vois pas tout à fait quel lien peut-on faire entre des supposés pulsars et l’imagerie. Je sais que je fais souvent allusion à ce lien, et qu’il y a souvent des sens cachés et que l’on pourrait supposer que ma frustration exprimée ici relève surtout de mon incompréhension de la métaphore d’un album. Je peux concevoir que cela gonfle. Mais c’est important, selon moi, de ne pas faire trop personnel non plus si c’est pour être le seul à comprendre l’univers de son album. Typiquement, cet artwork est à classer dans cette catégorie de : « c’est beau, mais on ne comprend pas tout ». C’est toutefois un grain de sable sur une plage, il n’en demeure donc pas moins que ce deuxième album s’annonce sous de très bons auspices avec un design aussi réussi.

Et « bons auspices » s’avère être totalement euphémique! La musique est dans la lignée du premier album : prête à toucher les étoiles! Franchement, si je devais résumer succinctement mon ressenti en première écoute, je dirais un banal « c’est beau ». Mais vous savez! Avec tout l’orgasme qui va avec, genre « aaaaaaaaaah c’est beau putain ». Alors, la petite nouveauté et non des moindres réside dans l’utilisation d’instruments metal, ce qui colle évidemment plus avec le pedigree bien méritant de Sundin, et qui semble être en subodorant ses instruments de prédilection. On passe donc d’un album éponyme totalement électro, voire industriel, à un deuxième plus dans une sphère metal industriel. Et si le virage s’apparente un peu à un angle à 90 degrés, il est fort bien exécuté. Je dois admettre que je m’attendais vraiment à un album plus violent, plus bestial dans sa construction, et je ne m’étais pas imaginé que notre zikos suédois s’amuse à mettre du metal dans ses morceaux. Mais l’évidence est là : la première écoute donne totalement satisfaction et permet de digérer le précédent avec une facilité déconcertante. La force de ce Sju Pulsarer est donc de faire oublier son glorieux prédécesseur en ajoutant une nouvelle perspective musicale bien fournie, bien riche et surtout très talentueuse. Belle demi-surprise pour moi.

Je crois que, définitivement, la grande force du travail fait par Sundin, seul maître à bord je le rappelle, est le contrôle quasiment parfait qu’il accorde à sa production. Le son est juste exceptionnel et amène ce fameux côté « pulsar » que j’attendais dans la musique. Une sorte de lumière lointaine, aérienne et planante comme un cosmonaute dans l’espace, mais qui fonctionne par à-coups répétitifs et brutaux, comme les flashs d’appareil photo que l’on déteste tant. Cette ambivalence entre douceur et violence me fascine au plus haut point et parvenir à rendre aussi claire cette oxymore, me laisse pantois. La musique de Mitochondrial Sun est exceptionnellement produite avec un son génial, l’utilisation massive des claviers, MAO et autres analogiques, est d’une intelligence incroyable et je n’ose imaginer le casse-tête que cela représente pour un ingénieur son que de rendre audible ce travail pointilleux et maximaliste. Je n’emploie jamais le mot « parfait » car pour moi la perfection n’existe point, mais force m’est de constater que si elle existait, ce Sju Pulsarer s’en rapprocherait jusqu’à l’effleurement rien que pour son travail en (home?) studio. A découvrir de toute urgence!

Contrairement à l’album éponyme, cette fois-ci l’album est beaucoup moins cyclique. J’y trouve une forme de ligne directive bien plus claire et je la trouve ad hoc au fait de mettre des instruments metal. Là où les compositions du premier album étaient riches, venait du fait que Sundin s’accordait certainement le droit de pouvoir varier considérablement sa musique tant les perspectives en électro pur le permettent. Ici, devant rajouter des instruments favorisant la linéarité comme la batterie ou les guitares, il fallait une suite logique. Du coup, cet album est bien moins varié que le précédent et ce n’est pas plus mal. Je pense que la césure entre les deux devait encore plus être béante, et rajouter du metal a été une très bonne pioche dans la composition de l’album. Les ingrédients que l’on retrouve toutefois sont dans les commencements des morceaux : tantôt électro ambiant, tantôt metal bien directif, le décor donne l’impression de changer, mais pas de socle si je puis dire. Difficile cependant de classer le genre de metal qu’usite Sundin dans sa musique, peut-être du black metal, mais sans conviction aucune. Au pire, on s’en fout! L’important est que les pistes sont plus semblables, et donc plus faciles à suivre, n’épuisant pas l’auditeur d’y revenir jusqu’à poncer de trop ce CD. Voilà donc un point de changement que je souhaitais souligner et qui doit vous motiver encore davantage à l’écoute de ce bien nommé, au vu de la musique, Sju Pulsarer .

Ce qui est étonnant se situe dans le nom des morceaux. Allant d’un pulsar 1 à pulsar 7, le dernier morceau qui est aussi le plus court sonne comme une fin tragique, le traduction voulant dire « zéro et rien ». J’ai été piqué de curiosité devant cette démarche artistique qui sonne comme une fin sans recours. Il y a une vraie dimension mélancolique que j’avais retrouvée dans l’album éponyme et qui se veut plus discrète ici. L’album étant instrumental, le mystère sur les intentions contextuelles de Sundin demeure totalement. C’est frustrant ! Mais excitant.

Qui dit album instrumental, dit album sans chant ni textes à analyser! Je me Yann Moixise mais par la force des choses! En gros : « pas ma faute, et toc! »

Et puis, se morfondre en analyse pompeuse nous empêche des fois d’aller à l’essentiel. Aussi, suis-je heureux de conclure cette chronique rapidement parce que je me serais perdu en palabres avant. Ce Sju Pulsarer , deuxième nouveau-né de l’imagination de Niklas Sundin, s’impose véritablement comme un futur grand CD. Il est à noter cependant que les deux CDs qui jalonnent sa discographie sont assez différents les uns des autres, alors je mets en garde ceux qui s’attendent à trouver le même objectif artistique : ne vous attendez pas à un autre Mitochondrial Sun. Ce second a une dimension plus brutale, plus intérieure encore avec son instrumentalisation metal marquée, parfois au détriment de ces époustouflants passages électro qui avaient été le fer de lance de la carrière jeune de Mitochondrial Sun. Voilà donc un album de metal industriel, extrêmement bien foutu, avec tout ce qui fait un bon vin en quelque sorte : du caractère, la jeunesse piquante, les arômes enivrants et l’impression, une fois les gorgées dans la bouche, de vivre un moment total de bonheur spatial. Si l’on devait donc comparer ce Sju Pulsarer à un vin, ce serait sans détour possible un Domaine de la Romanée-Conti Grand Cru, Côte de Nuits, France. Cher qu’on vous dit!

Tracklist :

1. Pulsar 1 04:35
2. Pulsar 2 03:53
3. Pulsar 3 04:02
4. Pulsar 4 02:45
5. Pulsar 5 02:56
6. Pulsar 6 04:15
7. Pulsar 7 03:13
8. Noll och Intet 02:32

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