Mitochondrial Sun – Bodies and Gold

Le 10 septembre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Niklas Sundin : tous les instruments

Style:

Musique Industrielle / Dark Electro

Date de sortie:

10 septembre 2021

Label:

Argonauta Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.75/10

“L’or brille même dans la boue.” Proverbe lituanien

J’ai remarqué, au regard de cette chronique, que j’avais tendance à fuir un peu les groupes que je chronique. Dans le sens où j’essaye de ne pas refaire de chroniques des mêmes groupes, même si me « spécialisant » dans le domaine doom metal, je vais probablement être amené à le faire. Mais la perspective d’une chronique est une telle promesse de découverte que j’essaye sincèrement de découvrir autre chose. Je pense que le fait de s’installer sur le suivi d’un groupe, a fortiori si ce dit groupe nous plaît, fausse considérablement le jugement. Ce n’est encore une fois que mon point de vue, il n’engage pas mes ami(e)s chroniqueur(e)s et je salue d’autant plus bas cette capacité qu’ils ont à chroniquer les mêmes groupes depuis des années sans se lasser ni tomber dans une fataliste redondance. C’est juste un constat, cela ne m’arrive pas beaucoup et tant mieux ! Car je n’ai jamais autant découvert de groupes que depuis que j’officie pour Soil Chronicles. Et rien que pour cela, je m’éclate ! Les groupes que je suis pour les chroniques se comptent sur les doigts d’une main. Il y a Entropy Zero, qui va bientôt nous proposer un album. Il y a Bovary mais pour des raisons plus personnelles. Eremit également qui m’a mis une telle branlée en doom sludge metal que cela me semblait évident que je fasse d’autres chroniques, en l’occurrence une seule pour le moment. Esoctrilihum également pour les mêmes raisons en black metal occulte. Neptunian Maxilism en étrangeté drone metal, Kaatarakt qui n’existe plus en metal folklorique, Prismeria en death thrash metal, Scald en doom metal, etc. Bon, il faut une main qui souffre de polydactylie… Mitochondrial Sun en fait partie, et ce n’est pas pour rien, vous allez comprendre avec la sortie de cet EP nommé « Bodies and Gold« .

Autant vous dire que je commence à bien me familiariser avec Mitochondrial Sun, même si de prime abord je ne l’avais pas vu dans la liste. Il faut dire que je ne m’habituerai probablement jamais au rythme soutenu avec lequel notre camarade musicien sort ses albums. Petite piqûre de rappel : Mitochondrial Sun est le projet artistique d’un seul homme, et quel homme ! Niklas Sundin, ex-guitariste du très connu Dark Tranquility, mais aussi d’un moins connu, Laethora. Du reste, Mitochondrial Sun a été monté en 2019 à Göteborg, avec en l’espace d’une année et demi deux albums, chroniqués ici et ici, six singles, et donc le fameux EP qui nous intéresse, qui se nomme « Bodies and Gold« . Enfin, EP… Plutôt un mini album six titres. Quand le quota de pistes dépasse cinq, on est en droit de se demander s’il ne s’agit pas d’un album déguisé. En tout cas je suis content de voir qu’en deçà de ma fidélité envers le groupe, qui reste exceptionnelle, Argonauta Records soigne sa pépite. Car oui ! Il s’agit bel et bien d’une pépite.

La pochette, ou plutôt les pochettes, me surprendront toujours. Parce que Niklas Sundin se renouvelle entièrement, en particulier quand il s’agit du concept album. On avait un style dessin noir et blanc pour l’album éponyme, un autre plus graphique et futuriste pour « Sju Pulsarer« , nous voici désormais avec un artwork qui revient sur des bases plus minimalistes puisqu’il est impossible de savoir à quoi correspondent les coulées dorées. Ce contraste saisissant entre le noir et le doré témoigne du fameux clivage bien connu entre le bien et le mal. Un truc aussi net et tranchant, c’est forcément tape à l’œil et avide de sens. J’y vois d’ailleurs une sorte de pamphlet visuel avec le rapprochement net de « Gold » et de la couleur doré, mais un étonnant mélange entre « Bodies » et le noir, « body » étant le corps. Il y a d’ailleurs une constante corporelle chez Mitochondrial Sun puisque le deuxième album était schématisé par une sorte de cage thoracique bleu électrique. En fait, le renouvellement s’accompagne de petits détails en commun. Le corps, et la musique nous verrons après. En tout cas, le constat que je fais de « Bodies and Gold » est que, parfois, les pochettes les plus simples sont celles qui dissimulent le plus de sens. Il suffit de se baser sur l’absence de détails pour creuser le propos, et c’est exactement ce que j’aime chez Mitochondrial Sun. Bel ouvrage !

La musique a largement dépassé mes espérances. Surfant toujours sur la vague musique industrielle, avec une parenthèse plus metal pour « Sju Pulsarer« , les ambiances changent du tout pour tout. On avait une sorte d’électro ambient pur pour l’album éponyme, on est plus sur une sorte d’hybride entre du néofolk ou des apports folk avec de l’électro. Cela me rappelle grandement mon époque de chanteur / MAO dans un groupe qui tentait de faire ce mélange avec du death pour la structure metal. Ici, les guitares et la basse sont largement utilisées en complément des samples aux claviers et par MAO, comme une banque son. Le reste est largement au service de cette musique électro peu bourrine, très planante, avec des moments d’instrumentations classiques faits de violons, d’orchestrations, etc. Le tout sans chant, toujours cette particularité de Mitochondrial Sun d’être un groupe instrumental pur. Après, si l’on devait nommer la base metal somme toute sommaire, je dirais que c’est du black metal atmosphérique dans l’utilisation mélodique, mais sans plus. En tout cas, les ambiances de l’album sont extraordinaires. Un vrai bonheur, du régal pour les oreilles. Une musique instrumentale qui rappelle par moment quelques odes ethniques, des percussions originales qui font penser à des tribus africaines. On sent que Niklas Sundin donne libre cours à son imagination, qui n’a d’égale en beauté que le talent de notre ami finlandais. Franchement, il a bien raison d’avoir un groupe pour lui, le résultat est qu’il se lâche vraiment, fait ce qu’il aime et on en redemande. La première écoute a été décisive, le reste n’est que du bonus tellement je me suis régalé. Du grand art !

La production est toujours aussi impeccable. Aux petits oignons si tant est que vous aimiez cela, moi j’adore ! J’ai toutefois été très étonné, en faisant mes recherches, de voir que c’était une tierce personne qui s’occupait du mixage et du mastering. Le gonze s’appelle Anders Lagerfors, et s’est même payé le luxe d’être un musicien invité sur le premier album au piano. Décidément, on en apprend tous les jours. En tout cas, j’ai toujours pensé que Niklas Sundin gérait lui-même ses arrangements, cela me semblait même incontournable vu qu’il voguait seul et sans bavure depuis 2019. Eh bien non ! En tout cas, il a bien eu raison parce qu’Anders Lagerfors bosse merveilleusement bien. L’équilibre entre les samples et banques sons est superbe, chaque instrumentation est à sa place et les nappes de fond sont réglées à la quasi perfection, rendant l’écoute de « Bodies and Gold » agréable, harmonieuse et je dirais même à recommander pour les écoles d’ingénierie sonore. Un boulot d’orfèvre, mais qui ne m’étonne guère en vieux briscard de Mitochondrial Sun que je suis.

J’ai relu mes deux chroniques et j’ai remarqué que le groupe grimpait de plus en plus dans le talent et le résultat. J’avais démarré fort avec un 9/10, je pense qu’avec « Bodies and Gold » on frôle la note absolue. Sans rire, l’analyse se passe de mots, les compositions sont excellentes, intelligemment construites dans le sens où elles ne sont ni trop longues, ni pas assez, que le dispositif de chaque composition est fait d’une manière où jamais on ne tourne en rond. J’ai d’ailleurs la sensation que chaque piste fonctionne comme une dualité entre des moments très tristes ou sombres, et des moments plus lumineux, brillants. Un peu comme la lumière au bout de l’ombre, comme un espoir qui renaît. Mais encore une fois, l’univers musical de Mitochondrial Sun est tellement métaphorique pour ne pas dire poétique que j’en viens à me dire qu’on ne sondera jamais pleinement ce dernier, et c’est tant mieux. En tout état de cause, chaque piste a non pas son univers, mais son ambiance propre, et on ne s’en lasse pas, c’est féérique. La musique est rarement très sophistiquée, on n’est pas sur quelque chose d’hyper technique ou avec une abondance de sons différents, les guitares ne sont pas omnipotentes, simples accompagnatrices mélodiques, et la basse itou, mais je suis persuadé que c’est à cela que l’on reconnaît les « vrais » musiciens. Ce sont ceux qui utilisent peu pour faire beaucoup, et avec brio. Un peu comme un gars qui fait un meuble avec des palettes, des vis et un tournevis quoi. Je manque totalement d’objectivité mais j’aime tellement Mitochondrial Sun que je le place désormais officiellement comme l’un de mes groupes préférés de musique industrielle, et l’album « Bodies and Gold » était écrit pour ne pas faire exception.

Et comme il n’y a pas de chant, nous allons conclure la chronique ici. Je disais en introduction que pour éviter de tomber dans le piège facile du chroniqueur qui écrit sur les groupes qu’il aime, il était bon de ne pas suivre les groupes. Mais pour Mitochondrial Sun, je fais une exception. D’abord parce que chaque album ne se ressemble pas, mais ensuite et surtout parce que je sais que c’est une valeur sûre encore trop méconnue. En tout cas, « Bodies and Gold » est un album magnifique. Une musique industrielle qui se rapproche de la poésie musicale, avec une harmonie qui défie les lois de l’évidence, une brillance totale que ce soit dans l’intention que dans l’élaboration. Cet EP ou mini-album de six pistes est un prodige et Niklas Sundin son magicien. Définitivement l’un de mes groupes références et sûrement l’un de ceux que je suivrai toute ma carrière de chroniqueur, longue vie à cette dernière rien que pour vivre des moments pareils.

Tracklist :

1. Sic Transit Anima Mundi
2. Bodies and Gold
3. Ghost of Tradition
4. Beams of Light Through Glass
5. Rigel Illuminated
6. Velocities

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