Tout d’abord en introduction, une fois n’étant pas coutume, saluons la création de M& O Music, nouveau label français qui nous délivre en cette rentrée 2009, ses deux premières offrandes dans deux styles diamétralement opposés. A savoir, d’une part les « Modes De Pensées », Metal lourd agressif et corrosif, des nantais de GOKAN ; et de l’autre ce « Lives And Walls » des lyonnais de KIPLING , qui surfent et exploitent des ingrédients musicaux à l’antithèse de ceux des bretons. Une constante en devenir malgré cela, -et pour en finir sur la venue de ce nouveau label se voulant « indépendant et de musiques actuelles »-, sera celle de l’ouverture et la qualité « Made in France » si l’on prend pour références ces deux premières sorties. Donc bonne route à ce nouveau partenaire ayant déjà en catalogue deux combos très intéressants et particulièrement prometteurs et hors sentiers battus pour ce qui est de ce quatuor de gones.

Formé en 2007, et au line-up définitivement assis en 2008 ; KIPLING a d’emblée une particularité réelle qui est de ne pas afficher grand-chose de Metal au sens strict du terme. Quand se déchainent les éléments, la batterie a beau marteler férocement, la ligne de basse résonner druement et les guitares se lâcher par leurs mises en avant… Il n’empêche que malgré l’intensité conséquente du mur sonore enregistré au NSR studio ; on évolue jamais dans les méandres du style précité. Certains y verront peut-être du Metal-mélodique, ou affubleront les compositions délivrées de je ne sais quel nouveau qualificatif ; ce qui ne pourra s’avérer qu’inexact et réducteur tant ce « Lives & Walls » ne pourra s’intégrer aisément dans les carcans des fans où autres chroniqueurs.

A l’image des autres hexagonaux de DustBowl, la musicalité des rhodaniens est empreint d’une forme de cold-rock post-new-wave des années 80 ou même sans aller jusqu’à des albums comme « Seventeen Seconds » ou « Faith » des Cure, on arrive à un sentiment de spleen assez récurrent. Ressac continuel entre mélancolie de plages plus calmes et facettes rageuses ou se libèrent les émotions, froideur et tristesse de certaines ambiances, esthétisme poétique et nostalgique ; KIPLING évolue sur le fil du rasoir entre The Chameleons, Klimt 1918 et Coldplay. Un hybride certes, mais plus résultat de différentes genèses que fruit d’un croisement artificiel et manipulé. L’unicité est donc bien réelle ; et l’univers âpre, sensuel, profond, ou intensités rageuses et mélancolies glaciales se renvoient incessamment le joug sur des mélodies accrocheuses vous asservit sans coups férir.

Que ce soit par des mélopées de sonorités comme les arpèges de « Eyes Opened », ou par une « Heroin » vous glaçant les veines, les titres assénés font viscéralement mouche par leur profondeur telle la triplette « Lives and walls », « Ghosts » et « Stolen Days »…La tracklist est en outre continuellement rehaussée par la performance vocale de Nicolas dont la prestation parvient à faire passer un ressenti profond en vous. Un Post cold rock émotionnel, où les moments les plus forts vous submergeront dans leurs écumes de vagues dévastatrices ; quand l’instant d’après vous verra couler des larmes incontrôlées sur une mer d’huile mystérieuse, froide et brumeuse. Quelques petites langueurs, voir une once de longueur, sur un premier opus très appréciable et affichant quand même onze titres et plus de cinquante minutes ; dans cette période de crise et de grippe… Alors, ne gâchons pas notre plaisir !!!

Une sacrée surprise que cet album libérant en vous tout un panel de sentiments étouffés par la routine du métro boulot dodo. Un pur bonheur, tout simplement…

Myspace : www.myspace.com/kiplingtheband

MetalPsychoKiller