For the Storms – The Grieving Path

Le 21 avril 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Federico Albini : basse
  • Fabio Pierani : guitares, batterie
  • Nicola Belotti : chant, paroles

Style:

Death Metal Mélodique / Doom Metal

Date de sortie:

21 avril 2022

Label:

Time to Kill Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 7.5/10

« Pippin : J’imagine qu’il s’agit d’un titre honorifique… Enfin ils ne s’attendent pas à ce que je me batte ? Pas vrai ?
Gandalf : Vous êtes au service de l’Intendant dorénavant. Vous devez faire ce qui vous ordonne Peregrin Touque, ridicule hobbit, Garde de la Citadelle.
Pippin : Il n’y a plus d’étoile. L’heure est venue.
Gandalf : Oui.
Pippin : C’est si tranquille…
Gandalf : Oui c’est ce qu’on appelle le calme avant la tempête.
Pippin Je ne veux pas aller me battre… mais être dans l’attente d’une bataille à laquelle je ne peux échapper c’est encore pire. » Le Seigneur des Anneaux Le Retour du Roi

Nous avons tous des films qui nous ont marqué. Vous aurez probablement deviné me concernant qu’il s’agit de la trilogie « Le Seigneur des Anneaux », ma préférence allant même vers la version longue. Il n’y a pas que ce livre ou ces films bien entendu, mais j’avais envie de parler de ce que procurent des œuvres d’art sur ma psyché. Il y a quelque chose de l’ordre du solennel qui m’attire, j’aime les belles répliques et les bonnes postures, martiales et sérieuses, et il est bien évident que l’on retrouve tout cela dans des films type péplum ou trilogie fantastique. Il va de soi que Tolkien était un pur génie, un inventeur génial notamment dans son domaine de la philologie et de la philosophie, et j’adore tout simplement les répliques mais aussi et surtout le livre. On pourrait également évoquer la trilogie « Le Hobbit », qui est là encore un vrai puits de bonheur. Mais je me suis largement plus attaché aux personnages présents dans le « Seigneur des Anneaux » et qui ne le sont pas dans « Le Hobbit ». Pas étonnant donc que vous découvriez sûrement ce soir que j’adore les groupes type Summoning, pour leur accointance avec ces ouvrages. Mais pas que ! J’aime retrouver dans la musique metal particulièrement cet aspect solennel. Je suis en effet très sensible à cela, j’aime vraiment le metal qui déborde d’épopées, de belles paroles et a fortiori, avec une dimension mystérieuse et personnelle. C’est donc tout naturel que je me penche sur un groupe qui sort prochainement son premier album et qui, sur le papier, avait de quoi me plaire. Attention ! On ne tombe pas dans le péplum ou quoi. On reste plus sur une branche intime mais très solennelle. Je parle ici du groupe For the Storms et donc de son premier méfait nommé « The Grieving Path » !

For the Storms, contrairement à ce que je pensais sans que je sache pourquoi, est un trio italien qui vient de Brèche, Brescia en italien si vous préférez. Il faut savoir que le nom du groupe actuel fait suite à un groupe qui existait de 2013 à 2021, qui se nommait Shantak et qui officiait dans un death metal mélodique signé en plus chez Sliptrick Records, avec un album, une démo et un single en 2018 qui s’est avéré bien trop seul car il n’y a eu aucune suite après. Dommage parce que Shantak était un groupe intéressant. 2021 sonne donc comme le renouveau puisque le line up est le même qu’avant mais avec cette-fois ci un nouvel album, « The Grieving Path » qui, il est très important de le noter, est sorti initialement en format digital en 2021 avant de se voir parer d’une version physique cette année. Voici donc la chronique en avant-première d’un album déjà sorti ! Pas mal non ? Je n’ai pas énormément de renseignements à fournir sur le groupe, donc on va passer directement à la chronique.

Je suis un peu partagé sur la pochette. Esthétiquement parlant, je n’ai pas grand-chose à lui reprocher parce que la photographie est belle, le noir et blanc est d’un très bel effet et rajoute une pointe de neurasthénie à ce décorum qui sent la destination finale à plein nez. La falaise est belle, je déplore un peu que le contraste ne la mette pas plus en valeur, on ne distingue pas grand-chose de ces façades. Mais franchement, la photographie en elle-même est belle, sincèrement. Et même si on ne sait pas qui est cette personne au bord de la falaise, on aimerait bien profiter de ce paysage avec elle, ou sans elle d’ailleurs. C’était pour le style. Mais pour le fond symbolique, je suis un peu sur ma faim. La carte du bord de la falaise, on a déjà donné plein de fois et je crois deviner en traduisant le titre de l’album (« Le chemin du deuil ») qu’on va parler de la mort, de dépression, du cheminement spirituel vers un état de détresse qui conduit à la délivrance, etc. Je crois que la thématique de la falaise, on l’a déjà polie un nombre incalculable de fois et je ne comprends pas pourquoi For the Storms ne joue pas sur une autre métaphore. Il n’y avait pas moyen de faire plus original, ne serait-ce que pour se démarquer un peu ? C’est dommage, parce que beaucoup de groupes font l’effort de se creuser la cervelle pour trouver des imageries un peu chiadées et vous en avez encore qui choisissent la facilité. Non, je pense que les Italiens auraient pu largement faire mieux sur ce coup-là, et je ne valide cet artwork qu’à moitié.

La musique de For the Storms, issue probablement de l’ancien Shantak, reste sur une démarche death metal mélodique au premier plan avec toutefois, et c’est la nouveauté de ce renouveau musical, une dimension plus doom metal qui s’en ressent fortement tant les accélérations de tempo sont rares. La majorité de l’album se déroulant sur une base assez lente, sans tomber dans l’excès ce qui rend l’écoute des morceaux agréable et fluide, « The Grieving Path » est un album court sur le nombre de pistes mais long sur l’ensemble, environ quarante-cinq minutes. J’ai noté également une légère apparition d’un style progressif sur les morceaux, ces derniers fonctionnant souvent en deux ou trois phases, voire plus : une première avec une montée en puissance de la musique, une deuxième en interlude qui se pose et qui amène quelque chose de plus atmosphérique, et une nouvelle montée en puissance jusqu’à une sorte d’apothéose où l’on trouve des claviers, des fins en fondus, mais aussi des fins en clean. Je dirais que les pistes sont composées de manière intelligente, clinique puisque très carrées, avec une certaine aisance dans la construction, et la première écoute est donc sur le principe validable. Cependant, j’ai trouvé que les pistes fonctionnent un peu trop sur le même schéma décrit plus haut. Il n’y a guère de place à la variété, et je trouve cela un peu péremptoire de proposer un album qui semble parler du chemin vers l’acceptation, probablement semé d’embûches en pagaille, et qui persiste à nous endormir dans des compositions qui se ressemblent trop. Alors, ok ! J’exagère car toutes ne démarrent pas sur les mêmes ambiances, toutes n’ont pas de claviers, et ainsi de suite. Mais malgré tout, quand on emploie le même croquis composal, on finit par lasser l’auditeur. Je trouve donc un peu rédhibitoire que For the Storms n’ait pas joué l’atout de l’originalité plus concrètement. La première écoute m’a donc plu, mais sans tomber dans l’emphase comme j’aime dire souvent. Je dirais plus amplement pourquoi à la suite.

En tout cas, on ne peut pas enlever un élément capital à « The Grieving Path » : la production qui est sublime. Pour faire du death metal mélodique il faut arriver à mêler habilement les deux parties de guitares qui parfois se chevauchent, jouant sur les harmoniques et les arpèges, et il faut donc pouvoir donner une place suffisamment importante mais aussi un peu en retrait pour ne pas dénaturer l’une ou l’autre. For the Storms a eu cette chance d’arriver, via le talent et le travail aussi bien entendu, à dégager deux lignes mélodiques aux guitares qui s’entendent superbement bien et en plus se complètent. C’est déjà cela ! D’autant qu’il n’y a qu’un guitariste officiel dans le line up, donc double boulot pour lui ! La basse est en retrait, ce qui est un peu dommage pour du mélodique mais enfin, ce n’est pas grave non plus. La batterie est dans son rôle et bien mise en exergue comme il faudrait aussi, avec un soin tout particulier sur la caisse claire et les grosses caisses qui sont sûres d’elles dans le mixage général. Le chant est selon moi un poil trop mis en avant, d’autant qu’on ne comprend pas tout, mais vous allez me dire, un chanteur qui râle parce qu’un autre chanteur est un peu trop mis sur le devant sonore, cela frôle la folie. Je plaisante ! Voici donc une production vraiment très bonne, tout est à sa place et tout est propret. Rien à jeter sur ce « The Grieving Path » !

Pour revenir sur la musique, après quelques autres écoutes faites notamment de bon matin, j’ai trouvé comme je disais que les compositions gagneraient à être meilleures si le schéma n’était pas trop répétitif. C’est une affirmation qui a marqué mon écoute et mon analyse et heureusement, les mélodies différentes et les ambiances qui sont plus recherchées sauvent le tout. J’ai franchement aimé notamment les fins de morceaux, souvent sur un registre intelligent de final en douceur ou en fondu, avec une sorte d’apothéose musicale comme je disais, et j’aime ces fins. Les milieux en clean sont intéressants, les moments plus ambiants notamment via la MAO sont aussi plaisants et apportent un truc indéniablement intéressant. On sent bien que toutes les pistes sont des étapes avec des hauts et des bas, y compris dans les morceaux en eux-mêmes, et cette manière d’illustrer le deuil via ces espèces de yoyo, c’est bien, vraiment bien. Mais si on s’amuse à se souvenir des étapes du deuil, on a : choc et déni, douleur et culpabilité, colère, marchandage, dépression, reconstruction et acceptation. Or, je suis convaincu que « The Grieving Path » n’amène pas d’acceptation et que l’auteur finit par trouver une issue finale mortuaire et que les autres étapes sont maquillées dans l’album, mais existent. Et donc, cela conforte mon hypothèse qu’il aurait fallu rendre chaque piste plus démarquables. Parler du deuil en musique est toujours un sujet délicat mais rarement étiolé par les groupes, For the Storms ne fait pas exception et l’exercice est globalement réussi. Ce premier album est bon, captivant et intrigant par moments, mais il manque un peu de prise de risques pour totalement me convenir.

Le chant est excellent ! La technique vocale est impeccable, j’ai été bluffé par les étendues vocales et le souffle long qui épanche l’album « The Grieving Path« . Sur une technique de growl largement variable, et qui justement sauve la redondance composale que je décrivais avant, j’ai trouvé l’utilisation des nombreuses tessitures totalement à propos et loin de prendre un risque, le groupe italien For the Storms a fait un gros travail d’introspection sur le chant. Cela s’en ressent ! En même temps, il n’était pas évident de parler de deuil avec un chant qui est officieusement agressif et gras, mais le résultat est bluffant. J’ai vraiment aimé !

Pour terminer, For the Storms est un groupe qui renait de cendres manifestement épuisées, pour laisser éclore un projet qui sort ce premier album en 2021 et qui voit ce dernier revenir sur le devant de la scène avec un format digital pour avril 2022. Gage d’un death metal mélodique avec des accents doom metal très prononcés, sans tomber dans la lenteur escargotienne, « The Grieving Path » est une belle entrée en matière. Traitant du deuil et de son cheminement sur une dimension probablement personnelle, c’est surtout un album qui montre quelques faiblesses notamment dans l’élaboration des morceaux et dans leurs enchainements. Je trouve que le dosage mélodique aux guitares et le côté progressif un peu discret se voient tous les deux étouffés par une répétition d’un schéma de composition sur toutes les pistes ou presque, qui peut lasser l’auditeur assez vite. Peut-être que la prochaine étape serait de prendre plus de risques, car comme disait Pierre Corneille : « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. » Pour la gloire, For the Storms repassera, la postérité est encore loin, mais au moins voient-ils les prémices de la grandeur, et c’est déjà pas mal !

Tracklist :

1. For the Storms to Come 12:44
2. Tombless 08:16
3. Just Another Skull 06:10
4. A Downfall 11:30
5. Unbound 07:36

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