Dusk of Delusion – World At War

Le 19 juillet 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Benoit Guillot: chant
  • Claude Colmars: guitare rythmique
  • Natan Gengenbacher: batterie
  • Matthieu Morand: guitare lead
  • Julien Skorka: basse, choeurs

Style:

Néo Metal

Date de sortie:

19 mars 2021

Label:

Fantai'zic Productions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

“Le roman est le fruit d’une illusion humaine. L’illusion de pouvoir comprendre autrui.” Milan Kundera

Milan Kundera aurait pu contextualiser sa citation à la situation actuelle qui fait que l’on se berce royalement d’illusion, comme dit l’adage. L’Homme a ce manque de résilience naturel qui fait que ce qui se dissipe ouvre la voie à tous les abus. Le coronavirus aurait dû nous offrir quelques leçons, quelques introspections concernant notre manière d’évoluer en société. Mais je me rends compte que malheureusement, l’Homme reprend ses vieilles habitudes aussi vite que lorsqu’on lui a demandé de les mettre de côté. C’est terrible… Franchement, cette situation m’exaspère. Je ne vais pas faire de laïus sur le vaccin parce que chacun est libre d’avoir son opinion et son envie de se faire vacciner, moi cela ne me dérange pas du tout que quelqu’un patiente pour avoir un regard plus sécure sur l’inoculation. Mais en vérité, si l’on respectait AU MOINS les distanciations sociales, que l’on ne soit pas dans une recherche frénétique et maladive de contact, de tactilité et de frottement, on serait déjà un peu plus en progrès. Les terrasses de café qui débordent de gens, c’est typiquement le genre d’image qui me donne des ulcères. Les quais de Grenoble m’ont donné d’ailleurs au début du déconfinement le plus gros trou dans l’estomac qui m’ait été donné d’avoir dans ma vie. Mais bon… En fait, je suis parti dans une diatribe acerbe en partie à cause du nom du groupe que je m’apprête à faire en chronique, qui n’est en rien responsable de mes états d’âme attention! Mais Dusk of Delusion, c’est assez parlant comme nom de groupe et très inspirant en tout cas. L’album qui va suivre est World at War, je vous invite à la lecture de cette nouvelle chronique Quantumesque qui va donner des sueurs froides à mes chers correcteurs Antirouille et Arno. Désolé les mecs!

Dusk of Delusion est un groupe qui nous vient de Nancy, qu’on ne présente plus bien entendu. Bon allez, pour ceux qui vraiment l’ignoreraient, mais j’en doute fort, c’est en France! J’en profite pour saluer mon ami et camarade de musique Florian Lagoutte qui est de là-bas. C’est intéressant que je fasse un coucou à Florian parce qu’il se trouve que dans Dusk of Delusion officie un ancien musicien de Forsaken World que je connais très bien, qui n’est autre que Claude Colmars le guitariste. Le monde est petit dans le microcosme de la chronique. En tout cas, Dusk of Delusion en est actuellement à trois méfaits : deux albums et donc ce qui ressemble à un EP. On est plus sur un entre-deux puisqu’il y a cinq morceaux ce qui me paraît un peu léger pour constituer un album mais un peu gros pour un EP. Un « al-P » on va dire! Je n’ai jamais vraiment approfondi la discographie de Dusk of Delusion, mais je sais que rien que les pochettes d’albums sont attrayantes, ce qui pourrait me pousser à aller plus loin dans ma connaissance et mes analyses. En tout cas, me voilà aux prises avec World at War.

Je parlais donc de pochettes attirantes, c’est exactement le cas de celle-ci. Encore que je considère que ce soit la pochette la moins élaborée par rapport aux deux précédents albums. Je prends notamment l’exemple de (F)Unfair qui était vraiment splendide. Ici, le groupe nous propose une photographie qui nous envoie directement pendant la Première Guerre Mondiale. Pas de doute là-dessus, avec ces costumes, ces canons à l’ancienne, les tranchées. Ce que je trouve toujours très clair et intelligente de facto c’est que le groupe plante le décor de chacun des concepts directement via la pochette. Et cela, c’est très bien! Au moins on sait de quoi l’album va causer, et cela démontre une belle diversité d’univers musical. Là, on voit bien un décor sombre, tragique et chaotique comme pourrait être de toute manière un champ de ruine vers Verdun. J’ai aussi beaucoup aimé la photo du groupe qui là encore prend un soin tout méticuleux à accentuer le concept-album avec des costumes et en posant dans ce qui ressemble à une vraie tranchée. En même temps, le groupe est lorrain donc on pourrait y voir une forme d’hommage historique. La photo du groupe accentue donc tout cela tout en conservant une touche « propre ». En bref, la pochette est intéressante, nette et précise concernant le choix artistique et je lui trouve non seulement un certain cachet mais en plus un rôle abrasif fort. Même si, je me répète, je préférais les précédentes.

J’ai accompli vaillamment, baïonnette en main (enfin, mon stylo surtout) et je me suis posé une grosse question, mais plus à cause de mon côté novice sur le style : où est le néo metal vendu en dossier presse? Je vais partir de la définition simple que je connais du néo metal, qui est un genre « fusion » c’est à dire que l’on est censé présenter avec du metal et d’autres genres musicaux modernes, avec très peu de solo, une ligne composale plutôt classique et répétitive, structure assez groovy qui se reconnaît facilement, etc. Ici? Que nenni! C’est même plus ou moins tout le contraire. Le metal est très accès sur un genre thrash voire speed metal mais avec une production très moderne qui rajeunit vraiment bien la musique, pas de fusion quelconque, des soli (en plus de cela très bons!) et une structure plus rythmique et lourde qui laisse un peu moins de place à l’aspect groove. Pour moi, et ce n’est donc que mon humble avis, Dusk of Delusion, sur cet album précisément, officie plus dans un registre thrash metal moderne avec quelques accents speed. En lui-même, l’album est très bon, voire excellent! La musique proposée est agressive +++ (comme disent les infirmiers) et mélodique sans la rapidité redondante et des tempos extrêmes. Quelques petites touches par-ci par-là mais vraiment rien de choquant. Je trouve simplement après première écoute que l’errance identitaire est un peu trop marquée. Est-ce un regain de conceptuel? En tout cas, cela mériterait un peu d’éclaircissement de la part du groupe nancéen.

La production est bonne, comme je disais en préambule : moderne. Surtout moderne pour le coup. Typique des retouches en studio qui donne un côté moins organique, plus… Métallique. Les guitares sont plutôt aiguës, la basse et la batterie amène une certaine épaisseur non-malvenue et surtout bien à propos. C’est du simple mais efficace, ce qui se fait de mieux dans le monde metal actuel et qui rajeunit considérablement certains genres comme le thrash metal. Je l’aime bien ce son, il est agréable. Effectivement, on pourrait voir quelques ressemblances sonores avec certains groupes de néo metal. Je pense que la principale attraction de ce dernier se situe d’ailleurs sur le champ sonore dominant, puisque les productions en général sont modernes. Étant donné au passage que le style est l’un des derniers à avoir éclos… Bon en tout cas, Dusk of Delusion a fait un gros travail en studio pour nous pondre un EP bien produit, classique. Un bon boulot!

En vérité, c’est un EP que j’ai eu un peu de mal à apprivoiser. Doté d’un mélange subtil de complexité et de simplicité, il est abordable que si l’on a au préalable eu l’expérience d’un metal moderne et innovant, ce qui d’ordinaire n’est pas réellement ma came. Dusk of Delusion a le mérite de proposer des compositions avec des structures changeantes, variables et mélodiques, ce qui non seulement accentue le concept de départ mais en plus lui donne différents chapitres. Un peu comme un livre! D’ailleurs je loue la volonté du groupe lorrain d’expliquer dans le dossier presse chaque morceau, chaque réflexion dedans. Cela permet de comprendre plus facilement les morceaux et de pénétrer rapidement dedans. Après, est-ce que le groupe a exposé cette explication conceptuelle dans son format CD, bonne question. Mais en tout cas, je retiens que World At War est un album qui s’écoute avec un peu de recul au début puis la suite est un long fleuve tranquille, les autres écoutes sont harmonieuses et prenantes. Il y a une intensité très forte sur l’album qui force le respect et met en exergue les intentions. C’est donc un album que je valide haut la main, et ce qui est surprenant c’est qu’il me fait sortir totalement de ma zone de confort sans grosse difficulté. Étonnant pour un genre de metal que je n’écoute pas beaucoup.
A noter la superbe reprise de In The Army Now que vous pouvez retrouver ici :

Ce qui m’amène donc à faire un paragraphe que je ne fais plus systématiquement, et qui concerne la mise en avant du talent des musiciens. J’imagine qu’un tel paragraphe est un pompeux, mais au moins on peut reconnaître le talent quand il crève les yeux et les oreilles. Dusk of Delusion se dote d’un line up que je découvre hormis donc Claude Colmars, et bizarrement je retrouve quelques touches qu’il pouvait y avoir dans Forsaken World. La modernité et la technicité instrumentale est telle qu’on sent une sorte d’empreinte indéniable, et je peux donc sans peine admettre que nos protagonistes belliqueux sont très bons dans ce qu’ils font. Les instruments sont bien représentés chacun sonoriquement parlant mais aussi dans le jeu. Les soli sont excellents, courts et nets. Les parties plus rythmiques sont bien carrées, propres, et en plus de cela assez variées ce qui donne une couleur et une nuance différentes selon les morceaux. Et cela n’arrive qu’avec des gonzes très talentueux. A n’en pas douter, Dusk of Delusion sera un groupe qui pèsera dans le game plus tard. Obligé.

Pour le chant, je dirais qu’il se situe dans la même veine que précédemment, c’est à dire quelque chose de moderne et frais. La technique vocale est très bonne dans son ensemble, et me fait également penser à ce qui se fait dans le néo metal, soit une alternance de chant clair et saturé, selon les convenances. Cette variabilité est d’autant plus importante qu’elle permet encore une énième fois d’apporter de la saveur à chaque piste proposée, et ne pas tourner en rond dans l’écoute. Selon les états d’âme et les textes, le chant jongle habilement sur les différentes techniques pour amener tantôt de la gravité, tantôt de la solennité. Et ça, j’aime beaucoup! Il ne faut pas tomber dans l’extrême variabilité où les lignes de chant changent tout le temps, ici c’est bien dosé, au poil. Donc un chant qui me plaît bien, les chœurs également. Tout fonctionne de ce point de vue-ci.

Les textes enfin sont aussi variés que le reste avec des références historiques diverses. C’est ce qui m’a tout de suite attiré l’œil concernant cet EP : la différenciation entre les sujets qui tournent pourtant autour du même univers : La Première Guerre Mondiale. Vous avez donc des références aux soldats algériens, à l’Arménie, les spahis si j’ai bonne mémoire, etc. C’est fort intéressant quand on est féru d’histoire de près comme de loin, quand on connaît les grandes lignes mais qu’on aime découvrir d’autres aspects moins connus de cette sale guerre. C’est super !

En définitif, cet EP est une très bonne production. Toujours aussi soucieux de faire dans le conceptuel, Dusk of Delusion propose ici avec World At War un univers centré sur la Première Guerre Mondiale avec un style de metal un peu difficile à identifier de prime abord, mais qui s’avèrerait être du néo metal. Cela conduit la première approche sur une belle interrogation concernant le genre musical, qui arrive quand on puise trop dans la volonté de faire des albums conceptuels très poussés. La question de comment le groupe s’identifie, se voit et se vend est prépondérante pour l’image qu’il renvoie sur le public. Mais sinon, pour le reste, l’EP est une franche réussite, aucun doute là-dessus. La touche moderne est évidente et les compositions sont excellentes. Dusk of Delusion nous embarque dans une virée historique pleine de gravité et de philosophie, et ce avec de la modernité! Quoi d’autre à redire en cela? Sinon que c’est une belle découverte pour moi.

Tracklist :

1. Slain in the desert 03:51
2. So long Atlas 03:51
3. Stars and stripes 03:51
4. Idolatry for aversion 05:31
5. In the army now (Status Quo cover) 03:54

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