Déluge – Ægo Templo

Le 6 novembre 2020 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Frédéric Franczak : basse
  • Benjamin Marchal : batterie
  • Richard de Mello : guitare
  • François-Thibaut Hordé : guitare
  • Maxime Febvet : chant
  • Guests :
  • Tetsuya Fukagawa : chant (track 5)
  • Matthieu Metzger : saxophone (track 2)
  • Helene Muesser : chant (female, tracks 2, 6, 8))

Style:

Post-Black Metal

Date de sortie:

06 novembre 2020

Label:

Metal Blade Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

Il n’y a que l’inutilité du premier déluge qui empêche Dieu d’en envoyer un second. ” Chamford

Il y a d’excellentes surprises dans ce milieu du metal. Je me souviens des premiers concerts que faisaient Fleshgod Apocalypse, où les gonzes jouaient principalement en chemises et en short, et voyez où sont-ils actuellement. Cela fait partie des réussites dans ce milieu qui sont, somme toute, assez rares. La notion de succès dans le metal est une affaire d’exceptions, et je pense que les critères parfois péjoratifs de commercial et underground sont à une échelle basique tellement basse que cela en devient vexant. J’ai eu une discussion fort intéressante avec le gérant d’un studio d’enregistrement qui m’expliquait, à juste titre, que le metal repose sur des bases tellement vides en termes financiers que réussir dans ce milieu part d’un sacré exploit et que même les groupes ultra commerciaux continuent d’avoir un job alimentaire à côté. Je ne parle pas des gigantesques machines comme Iron Maiden ou AC/DC, mais plus des groupes qui sont régulièrement en têtes d’affiche et qui sont légèrement ou franchement en dessous de ces légendes citées avant. Ce qui m’amène en tant que chroniqueur, mais aussi et surtout en tant que musicien, à me questionner sur la professionnalisation des groupes dans ce milieu, et à partir de quel critère l’on peut considérer que l’on a réussit son parcours musical. Est-ce en jouant au Hellfest? Est-ce en faisant une tournée européenne en première partie d’un groupe une fois dans sa vie? Est-ce en ayant un tour bus, plus qu’un van pourri? Est-ce enfin en signant chez un gros label pour ne serait-ce qu’un album? Je pense que c’est une question hyper intéressante en l’état car les critères sont tellement changeants selon les gens, y compris le but d’être professionnel dans le metal, que l’on pourrait en débattre pendant des plombes. Mais si je me suis lancé dans cette réflexion, c’est parce que j’ai pour prochaine chronique choisi de parler de Déluge. Et croyez-le ou non, le parcours s’inscrit impeccablement dans cette démarche réflective.

Déluge est un groupe français, issu de la ville de Metz et qui a fondé ses premières bases en 2013. Une formation relativement jeune qui a tout de même déjà sorti deux albums en comptant Ægo Templo qui sort cette année, et une démo éditée en 2014. Et bien malgré ce peu de longévité et un album sorti en 2015, voilà que nos français signent un contrat pour leur deuxième album chez… Metal Blade Records! Pour que vous compreniez un peu plus le truc incroyable, il y a sur le roster de Metal Blade des groupes comme Amon Amarth, King Diamond, Tyr, Ensiferum, Primordial, Vomitory, etc. C’est quand-même un putain de sacré roster! Et il est bon de préciser que les groupes français chez eux sont Fractal Universe et eux. Et c’est tout! Voilà où je voulais en venir dans mon introduction : la notion de réussite, si abstraite dans le metal, ne se résume-t-elle pas à une telle signature chez un label aussi énorme? Moi, je pense que cela fait partie des choix potentiels. En tout cas, signer chez Metal Blade après seulement un album et une démo, c’est juste dingue. Et j’espère que ce deuxième album tiendra évidemment toutes ses promesses.

J’avais été ébahi par la pochette du premier album Æther qui prenait des tons bleutés et des symboles un peu en fractals. La beauté et la richesse de détails de ce premier artwork m’avait époustouflé et je suis heureux de constater que le deuxième surfe sur cette vague. Le même teint de bleu et un luxe de détails encore bien présents surtout au milieu de l’artwork avec cette fois-ci deux changements par rapport au premier, et qui subliment considérablement encore l’ensemble. Le premier est cette quadripolarité entre des symboles astraux avec le Soleil, la Lune, la Terre et un ciel étoilé avec un astre non-identifiable, et le second est cette colonne brisée, corinthienne, ornée de symboles comme un salut à trois doigt (qui a plusieurs significations), un compas en bas ou un sextant, et la dite colonne semble entourée d’une couronne de laurier dorée. Ce luxe incroyable de détails, de symboles et ce bleu roi bien franc, j’adore. Tout simplement, j’adore cette pochette, je pense qu’elle représente une dimension philosophique totale dans la musique de Déluge et que la décrire plus longuement prendrait une thèse entière. Je trouve que la constante principale de ce design se situe dans les représentations assez anciennes des symboles présents, le tout étant complètement en symbiose avec les autres parcelles de l’artwork beaucoup plus graphiques et modernes. C’est un véritable travail de joailler qui nous est proposé et tout le talent de la personne qui a créé ce diamant brut réside dans cette capacité à faire du neuf avec de l’ancien mais aussi du neuf, en couplage. Aussi ai-je découver que l’artiste s’appelle Metastazis (Valnoir, ex musicien de Glaciation et the CNK par exemple) et a produit énormément de pochettes pour des groupes ultra connus. Je lui tire mon chapeau, je suis allé voir sa page Internet et son boulot est magnifique. Aussi vais-je rester sur une impression plus que positive avec cet artwork exceptionnellement beau, je pense l’un des plus beaux qui m’aient été donné de chroniquer en 2020, sans aucun doute possible.

La musique composée par Déluge me confirme un point capital que je pensais de plus en plus : il y a bien une deuxième vague de black metal. Une vague beaucoup plus moderne, avec des ajouts d’inspirations différentes et qui composent ce que l’on appelle parfois très vulgairement le « post black metal« . La part belle est faite à la variabilité, aux expérimentations diverses et aux ajouts parfois ubuesques. On avait eu la vague néo metal, voici la vague post black metal et il me semble que Déluge fait partie de ces plus dignes représentants. La musique s’écoute avec beaucoup de surprise et pas mal d’étonnement! J’ai retrouvé ce que j’aimais dans cette nouvelle ère musicale, avec des riffs agressifs et beaucoup de passages calmes, des instruments étranges comme un saxophone sur le morceau « Opprobre », un chant japonais sur « Gloire au Silence » et une chanteuse additionnelle sur « Opprobre », « Ægo Templo » et « Digue ». Il y a une véritable richesse de composition rendant les pistes audio superbes, avec un côté froid mais majestueux, quelques envolées de riffs, et un chant torturé au possible, limite sludge. Vraiment, une très très belle première écoute qui ne m’a pas laissé indifférent du tout.

La production est excellente, le son est juste comme il faut avec des instrument plein d’effets, sentant la modernité. La particularité d’un son comme celui-ci est qu’avec une telle mise en place, on n’a plus qu’à manger, le couvert est déjà mis! C’est d’une grande fluidité, il y a un très gros boulot de fait en studio même si je n’en attendais pas moins de la part d’un groupe qui a signé chez Metal Blade. C’est d’autant plus complexe et fou comme taff que les morceaux ont chacun leur spécificité et qu’il faut prendre au vol ces subtilités pour les retranscrire avec justesse, ce qui est fait ici. Le job est fait, rien à redire, c’est impeccablement bien fait.

Je pense qu’il serait offensant de dire que les musiciens sont talentueux et d’en faire un paragraphe précis, aussi vais-je passer à ce qui, pour moi, représente deux gros points forts, deux gros intérêts principaux à écouter cet album Ægo Templo : le chant et la richesse de composition que j’ai détaillée plus haut. Le chant est phénoménal, et présente la particularité de baigner tantôt dans la froideur du sludge, tantôt dans la violence incommensurable du hardcore! Et couplé ensemble sur un assemblage black metal, c’est étonnant. Plus encore, c’est bluffant parce que cela fonctionne parfaitement. La faute à un chant varié, placé intelligemment et rythmé d’une manière que les riffs les plus plats passent crème. C’est la grande force de ce Ægo Templo que d’utiliser le chant comme un vrai instrument d’appui mélodique pour combler les parties linéaires mais majestueuses! Enorme!

Une grosse sortie donc en perspective pour nos français de Déluge qui, déjà avec un deuxième album, installe leur domination avec un ancrage fort et puissant! Il y a fort à parier que les prochaines sorties seront encore meilleures si le groupe de Metz parvient à se sublimer encore davantage. Mais on sent tout de suite que des bases sont posées, et qu’elles sont suffisamment solides pour hisser ce Ægo Templo dans les meilleures sorties de l’année 2020 en post-black metal.

Tracklist :

1. Soufre 05:03
2. Opprobre 04:42
3. Abysses 08:56
4. Fratres 03:47
5. Gloire au silence 06:51
6. Ægo Templo 06:19
7. Baïne 04:36
8. Digue 06:02
9. Béryl 04:00
10. Vers 06:32

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