Belenos – Egor

Le 4 novembre 2025 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Loïc Cellier – Tout !

Style:

Pagan Black Metal

Date de sortie:

06 juin 2025

Label:

Northern Silence Productions

Note de la SoilChroniqueuse (Crazy Diamond) : 8,5/10

 

Des nuages noirs envahissent le ciel de ce chaud après-midi d’août. Le tonnerre gronde au loin. Les premières gouttes de pluie retentissent sur le rebord de la fenêtre. Le dernier disque de Belenos est là, sur le meuble hi-fi, arborant un paysage forestier pris dans l’étrangeté d’un magnifique ciel étoilé où semble s’y déchirer une galaxie. Ce ne sont pas les Perséides que je vais guetter cette nuit. A la place, je vais plutôt plonger dans l’univers sonore d’« Egor », dernier album du groupe sorti en juin. La pochette annonce la promesse d’un voyage intersidéral aux sonorités sombres et mélodiques comme sait si bien mettre en avant le groupe.

Cette année, Belenos célèbre ses trente ans de carrière. L’album « Egor » est la dernière partie d’un triptyque composé de « Kornog », sorti en 2016 et de « Argoat », sorti en 2019. Ce triptyque est marqué de la culture celtique. Et dans la culture celtique, ce n’est pas toujours par deux qu’ils vont, comme les Siths, mais toujours par trois : la naissance, la vie et la mort ; le passé, le présent et le futur ; la terre, la mer et le ciel, … Ainsi, ici, Belenos dépose une triple offrande aux Dieux celtes, offrande constituée des trois éléments : l’Eau (« Kornog »), la Terre (« Argoat ») et le Feu (« Egor », mais qui signifie « Espace » – note de l’auteur : « le feu stellaire »-).
La thématique centrale de l’Artwork produit par Loïc Cellier tourne autour d’explosion de trou noir supermassif (impression sur le CD), de galaxies – une galaxie sur la pochette et la Galaxie M82 dans la constellation de la Grande Ourse sur le livret. Ce n’est pas le feu des forges celtes qui va hurler ce soir, mais bien un feu spatial, intrigant et profond. Ce troisième volet est plus long que les deux autres. Il nous offre douze titres en lieu et place des neuf morceaux habituels. Tous les chants sont en Breton, sauf pour le morceau « Morzhol Tan » (« Marteau de feu ») qui est chanté en français :
Forgé à cœur incandescent
Par le feu puis la mort pour le fer dans mon sang
belenos-egor-digicd
Le titre « D’ar Viken » (« Pour toujours », en français) s’ouvre sur un souffle très vite rattrapé par la guitare. Et ce souffle nous est indiqué dès la première parole du morceau :
Douget gant an avelioù stered
Porté par les vents d’étoiles

S’ensuit une pause – en apesanteur ? – puis c’est la chute ou plutôt une aspiration vers l’inobservable, vers un univers dans lequel l’auditeur est accompagné des voix d’un chœur masculin, prêtres lovecraftiens. Nous les suivons vers le titre « Bolz-Noz Ifernus », démarrant sur un blast beat, présent déjà dans « D’Ar’ Viken ». Le morceau s’achève sur une guitare lyrique et des notes jouées au piano, dans un silence caverneux, ambiance spectrale, énigmatique. « Morzhol Tan » nous laisse entendre la respiration des astres. Nous entrons dans la forge stellaire où les guitares sont graves et la batterie est telle un marteau frappant l’enclume. Le génie de Belenos y prend son envol : les effets arrivent au bon moment, harmonisant parfaitement le morceau, les guitares alternent lourdeur et légèreté, envolées techniques et staccato. On en vient presque à regretter l’arrivée du fondu de fin de morceau. Des notes de piano jouent le rôle d’un carillon et « E Gor An Egor » (« Dans la Porte de l’Espace ») peut enfin nous faire entrer dans le vif du sujet ! La voix arrive très vite et joue avec la batterie. Le morceau laisse place aux instruments, leur permettant une certaine expansion, tout comme l’Univers. Enfin le chant saturé reprend et nous dépose dans le berceau des mondes audacieux (kavell ar bedoù gredus).

L’album se poursuit, s’enfonçant toujours plus dans l’Inobservable, cet « Egor« . Le pari est réussi. La maîtrise des instruments, l’utilisation de leurs effets, des différents jeux permettent des alternances de nuances. Le chant saturé quant à lui, mais aussi les chœurs présents sur plusieurs morceaux, nous plongent toujours un peu plus loin dans l’énigmatique, dans ce vide sidéral qui a trouvé ici son offrande, son acoustique. Les notes de piano parsemées au fil des morceaux résonnent dans les grandes salles des Montagnes Hallucinées.
Que va-t-on découvrir au bout ? Une étoile noire, « Sterenn Du », huitième titre de l’album ? Ou bien ce grand infini, « Heg Vras An Didermen », à l’introduction sublime ? Ou encore ce qu’il y a au-delà de l’Univers observable, « Dreist An Hollved Hewel » ? Cela, cher ami lecteur, je te laisse le découvrir… Mon Troll de Bretagne me susurre de n’en dire plus.
Le voyage s’achève avec deux morceaux, « Tuzumded » et « Hurlink ». Cette fois-ci, nous avons bien dépassé l’Univers observable. Est-ce un Grand Ancien qui nous accueille ? Le chant saturé est devenu bestial et plus sombre. La musique devient une cavalcade spatiale qui donne l’impression qu’elle ne pourra s’arrêter. Mais dans la dernière minute trente, le temps semble se suspendre. C’est un retour au calme, au vide sidéral. Pour combien de temps encore ? Cette ultime fin du titre nous emmène loin, nous transporte vers un ailleurs où l’imaginaire de chacun pourra épouser les mélodies créées par Belenos. C’est le retour de ce souffle, de ce vent stellaire, qui se mêle à des notes tenues de guitare. « Hurlink » ne dure que 02:24. C’est le titre le plus court de l’album. Les effets sonores sont recherchés et offrent un caractère intrigant à cette ultime scène. Nous pouvons toujours entendre ce souffle, c’est comme si l’espace pouvait être entendu. Mais au-delà de l’Univers n’y a-t-il rien ? N’y a-t-il que du vide ? On entend que ça frotte, que ça glisse, des sons métalliques, cachés un peu partout dans le morceau et qui résonnent. Sommes-nous finalement arrivés dans un lieu ?

Belenos, une fois de plus, nous montre ses grandes qualités, musicalement mais aussi narrativement et se pose en conteur breton afin de nous faire pénétrer dans le monde de l’insaisissable et néanmoins bien réel, pour ceux qui savent l’écouter.

 

Tracklist :

1 D’ar Viken (06:29)
2 Bolz-Noz Ifernus (05:29)
3 Morzhol Tan (05:52)
4 E Gor an Egor (06:05)
5 Tenvalijenn (06:24)
6 Kabalastral (05:01)
7 Korollarvest Meurdezus (05:42)
8 Sterenn Du (05:00)
9 Heg Vras an Didermen (04:52)
10 Dreist an Hollved Hewel (04:09)
11 Tuzumded (05:32)
12 Hurlink (02:24)

 

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