Ars Magna Umbrae – Throne Between Worlds

Le 12 novembre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


N.K. : tous les instruments, chant

Style:

Black Metal

Date de sortie:

12 novembre 2021

Label:

I, Voidhanger Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10

« A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. » Pierre Corneille

Cette chronique est l’histoire d’une intime conviction. J’ai vu ce nom qui m’était étonnamment familier alors que je n’avais aucune souvenance d’un quelconque contact avec lui. Mais je ne sais pas pourquoi, j’étais obligé de faire cet album en chronique. Pourtant je me suis juré qu’à défaut d’un groupe connu, que j’adorais, je délègue mon accointance pour le genre black metal à d’autres collègues pour me concentrer sur le genre doom metal et tout ce qui gravite autour. Mais voilà! Je savais au fond de moi qu’il fallait que je me lance dans cet écrit. En fin de compte, j’ai compris pourquoi et c’est bien évidemment moins romancé que ce que je décris. C’est tout simplement parce que l’avant-dernier album, je l’ai fait. Et je l’avais honteusement oublié celui-là. Pourtant j’étais particulièrement extatique devant cet album et j’envisageais à l’époque d’acheter ce dernier! Puis, la perspective de l’acheter s’est noyée au milieu de tous ceux que j’achète tous les mois… Pas grave! Je vais y remédier! Mais pour l’heure, et je suis pragmatique au possible, je fais donc le dernier album. Ars Magna Umbrae a en effet sorti un nouvel album ce jour, appelé « Throne Between Worlds« , et maintenant que je me souviens de tout, je suis joie! Mais en même temps cela va à l’encontre de ce que j’essaye de ne pas faire, soit de faire la chronique d’un même groupe. Mais passons, maintenant que j’y suis, j’y reste!

NB : voici le miracle déjà produit dans l’album d’avant avec ce paragraphe écrit. « Et c’est soudainement et sans crier gare que j’ai compris! Ars Magna Umbrae était tout simplement sur ma liste d’attente des groupes à (impérativement) acheter! Oui, j’ai une playlist YouTube des albums que je dois acheter, cela me permet de m’y retrouver. Et j’ai eu le déclic en écoutant le premier très bon morceau du CD. Donc non seulement j’avais déjà écouté ce dernier et l’avait franchement adoré, mais en plus la providence m’a amené directement à en faire la chronique! Autant vous dire que cela ne va pas constituer une avalanche d’objectivité tant le metal proposé est incroyable. »

Derrière Ars Magna Umbrae se cache un seul homme : Kthunae Mortifer, surnom artistique de Petros Xolaiathyos, musicien multi-instrumentaliste qui vit en Pologne mais comme son nom l’indiquerait, il est de nationalité grecque et polonaise. Du musicien en lui-même, on ne sait pas grand-chose, ce qui cultive une part de mystère mais son pedigree mentionne un ancien side-project nommé Cultum Interitum où notre ami officiait à la guitare pendant un an. On peut donc supposer que Kthunae Mortifer maintient son projet avec motivation, et il est bon de noter qu’il est productif, avec au compteur trois albums avec « Throne Between Worlds » et un EP. Serait-il utile de rappeler qu’Ars Magna Umbrae existe depuis 2017, date de sortie du premier EP? Un musicien prolifique, signé chez un label vraiment bon comme I, Voidhanger Records ; on a de quoi largement se réjouir. Et ayant fait la chronique du précédent album avec beaucoup de dithyrambes et d’emphase, et ayant surtout calculé que j’avais fait le précédent album comme j’avais mentionné en introduction, je partais sur de très bonnes bases. Voici donc la chronique de « Throne Between Worlds« , de l’one-man band polonais Ars Magna Umbrae.

Comme précédemment, la pochette est superbe. J’ai fait ce constat sur une chronique récente mais on reconnaît vite la patte des artistes qui font les pochettes. Celle-ci est l’œuvre d’une que je connais bien, pour être un grand fanatique d’Esoctrilihum, c’est la nommée Dhomth, artiste slovaque qui a produit pas mal de pochettes et qui a un univers visuel bien précis. Ainsi, nous retrouvons une technique de peinture avec des couleurs vives et un contraste avec du noir bien marqué, des visages peints grossièrement un peu mais qui ont un vrai aspect effrayant. Une imagerie très surréaliste mélangeant du macabre (bougies, crânes, cadavres) avec quelque chose d’inattendu comme cette immense cité, avec en prime une perspective visuelle étrange, faisant croire que la cité est à échelle égale par rapport à des constructions censées être plus grandes. Je pense qu’au travers du nom de l’album « Throne Between Worlds« , l’idée est de proposer une force gouvernante, extrêmement puissante et malsaine, limite démoniaque avec une potentielle représentation de l’Enfer, qui dominerait en douce le monde pour mieux y régner après. Ce monde gouvernant nous serait révélé à travers l’album ci-contre. Au final, je vais aller plus loin que mon simple constat : je suis convaincu qu’Ars Magna Umbrae a progressé en se payant les services de cette artiste slovaque, puisque même si la pochette du précédent méfait était magnifique, celle-ci ne donne pas sa part aux lions et s’en défend bigrement bien. Un très beau chef d’œuvre!

J’étais parti à l’époque sur un mélange étrange de black metal atmosphérique et mélodique, on n’était pas loin du vrai mais il y a un cap très important de franchi sur « Throne Between Worlds« . Et non des moindres! C’est la brutalité des morceaux. Au diable les mélodies envahissantes et imposantes, l’aspect aérien de ce black metal atmosphérique est un peu trop vaporeux. Le black metal présenté par Ars Magna Umbrae est beaucoup plus agressif, incisif et violent. La brutalité se réfère évidemment à des groupes comme Dark Funeral et 1349, on n’en est pas là mais disons que c’est étonnant de ressentir ce virage dans les riffs qui sont bien plus insoutenables que l’était la musique avant. Ma première réaction de cette première écoute a été l’ébahissement, puis je dirais une forme d’habitude qui s’installe mais qui n’enlève en rien l’enjaillement d’une musique aussi sombre. Car la particularité de ce « Throne Between Worlds » est de maintenir malgré tout une forme extrême de noirceur qui avait été un point fondateur que j’avais relevé auparavant. Cette folle noirceur qui glace le sang et gèle l’âme avec un son d’une brutalité incroyable. On conserve quelques soubresauts pas inintéressants d’éléments black atmosphérique, mais ils sont bien plus rares et discrets. Alors chacun fera son jugement sur l’intérêt de prendre le risque de perdre des auditeurs en modifiant tel un revers de main salvateur une musique qui pourtant était forte et élogieuse, mais je retiens que derrière cette intention, il y a forcément du calcul et de la volonté propre. Ainsi ne suis-je pas spécialement moins enclin à aimer ce dernier album d’Ars Magna Umbrae qui ne frappe pas un grand coup, loin de là, mais se maintient très bien! L’innovation a du bon parfois. Et « Throne Between Worlds » est un exemple concret.

J’ai un peu la flemme ce soir, je m’en excuse mais comme la production n’a pas changé d’un pouce, je vous copie mon paragraphe de la précédente chronique. La production n’est pas étrangère à cela. Il me sera difficile de trouver une originalité dans le son de l’album puisqu’il est très fidèle à ce que l’on entend dans le genre black metal. En lui-même il n’a rien d’hyper extraordinaire, mais le simple fait qu’il se marie de manière synchrone avec les riffs et qu’il a ce côté aérien qui oscille entre le plaisir de planer et la déchéance totale, me laisse admiratif. Le son est de fait très bien enveloppé, avec pas mal d’effets de résonance et une sorte de fluidité à l’oreille, comme lorsque vous admirez les pistes d’enregistrement et que la saturation du son est sur les mêmes fréquences tout du long. Tout cela pour signifier que le son est très propre et très appréciable, sans briller non plus. Juste un son qui fait le job et qui le fait en revanche à merveille.

Après, la vraie question qui demeure est ce que mets dans son album un musicien aussi talentueux que Kthunae Mortifer. Et j’avoue que je n’ai pas encore percé le mystère. La volonté de choisir une musique comme le black metal ne laisse peu de doutes sur les intentions mortifères de la musique, mais le black metal qui est devenu à ce jour bien plus violent et incisif m’interroge beaucoup sur l’idée fondatrice derrière. C’était un défaut que j’avais relevé de mémoire sur l’avant-dernier album, que les intentions n’étaient pas claires comme de l’eau de roche. La métaphore de départ autour de cette cité est superbe mais je ne ressens pas cette magnificence et ce foisonnement imaginatif dans la musique. Le black metal d’Ars Magna Umbrae est très bien fait, très bien composé mais manque un peu d’originalité et je trouve cela dommage comparé à cet univers indicible mais terriblement intéressant d’un point de vue visuel. Je regrette un peu que cette surabondance de composition d’albums soit plus une stagnation qu’une amélioration. C’est donc un constat où je retourne un peu ma veste, je louais cette innovation de brutalité mais qui s’avère finalement, après plusieurs écoutes, n’être qu’un léger coup d’épée dans l’eau. « Throne Between Worlds » est un très bon album, attention! Mais malheureusement pas meilleur que le précédent, au mieux sur la même ligne de talent, au pire plus bas. Nous verrons par la suite.

Le chant reste par contre sur cette ligne de conduite qui m’avait intéressé à l’époque, avec une vraie dimension ésotérique et spirituelle. Avec un soin apporté à le rendre tout aussi déroutant et original, c’était une force majeure de l’album d’avant. Je suis presque fasciné par ces changements de techniques vocales, et je suis plutôt content que ce point n’est pas évolué. Le chant reste donc un vrai atout pour « Throne Between Worlds« .

Pour conclure cette chronique, Ars Magna Umbrae a eu le mérite de me faire changer d’avis au fur et à mesure de l’écriture. Autant la première écoute de ce troisième album appelé « Throne Between Worlds » était franchement sympathique, avec une appréciation de ce black metal qui a évolué sur un versant plus brutal et donc encore plus macabre qu’auparavant, sachant que le black metal d’avant était plus un hybride étonnant d’atmosphérique et de mélodique. Mais au final, j’ai eu le sentiment que ce revirement musical n’a connu qu’un plaisir éphémère. Je dirais que finalement, ce virage n’aura causé qu’une adaptation que l’on entend partout, soit un black metal moderne et violent, qui ne laisse place parfois à aucune croyance quelconque, ce qu’Ars Magna Umbrae s’efforce de maintenir ce qui me rassure beaucoup. Mais je suis en peine de trouver une amélioration de la part de notre camarade polonais dans sa musique. Au mieux « Throne Between Worlds » est un album aussi bon que le précédent, autant l’amorce d’une musique qui devient plus conventionnelle, et cela me force à baisser la note. Mais j’ai bon espoir que les choses remontent. J’y crois.

Tracklist :

1. Into Waters of the Underworld 04:54
2. Consecrating the Shrine of Undoing 05:41
3. Beyond the Stellar Gates 03:48
4. Treader on the Dreamless Path 05:16
5. Throne Between Worlds 06:29
6. Metempsychosis (Transmigration of the Soul) 11:11

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