Live report : Bloodybarbie

Photos : Bloodybarbie


J’avais loupé Shining une fois, je ne le ferai pas deux fois, même si en ce 12/09 il y avait un concert concurrent de Heavy Rock/Stoner dans la salle voisine (La Boule Noire) de l’excellent groupe The Sword… Mais il ne fait pas le poids devant Shining. On parle bien de Shining, le groupe de black metal avant-gardiste suédois et non de son voisin, les black jazzeux, Shining de Norvège (comme si le dictionnaire anglais n’était pas suffisamment riche pour s’approprier le même nom de groupe et induire en erreur tout le monde), qui seront d’ailleurs en concert le 18/11/2015, toujours préparé par les bons soins de notre organisateur de concert bien-aimé Garmonbozia (dois-je refaire une énième déclaration d’amour?) !

Qui ne connait pas Shining ? Au moins 5 milliards de terriens, sans compter les animaux (parce que Shining, ce n’est pas Beyoncé ou Justin Bieber non plus)… Mais dans la communauté restreinte des amateurs du metal extrême, bien noir et carbonisé, tout le monde connait Shining. Il s’agit de ce fameux groupe de black metal avant-gardiste dépressif et suicidal si l’on se fie à la pochette de l’album « Through Years of Oppression« , et aux mille-et-un dires sur la personnalité, le comportement et les tendances suicidaires du fondateur de la bande, Niklas Kvarfoth, le mec qui a fait croire qu’il avait disparu, pour réapparaitre déguisé en zombie lors d’un concert, boire de l’urine, et prendre part à d’autres pratiques bizarres sur scène, sans exclure ses propos et ses textes poétiques.

Malgré toutes ces étiquettes et clichés, véridiques ou pas, cela fait des années que je suis fidèle à leur musique et je ne me suis toujours pas suicidée, ni n’ai encore fait de dépression sévère. Les membres non plus d’ailleurs, puisqu’ils sont toujours vivants. Bref, tout ça pour dire que leur musique est unique et distinguable parmi tant d’autres, et qu’ils en sont à leur 10ème album depuis 2000 (toujours fidèles au nombre romain dans les intitulés d’albums, un clin d’œil à Led Zepplin) ; autant dire que la productivité de bonne qualité, ils savent faire, même si la qualité oscille entre originalité et réchauffé !

Je vous avoue que j’appréhendais beaucoup la première partie élue pour ouvrir cette messe noire, The Great Old Ones, même s’ils ont une belle audience bien méritée vu que leurs deux albums (« Al-Azif » en 2012 et « Tekeli-Li » en 2014) ont été fortement appréciés par les black-doomeux. Mais leur concert en première partie de Behemoth l’année dernière (http://www.soilchronicles.fr/reports/behemoth-the-great-old-ones-lempreinte-savigy-le-temple-15-decembre-2014) m’avait laissée complètement indifférente. Eh bien, figurez-vous que j’ai totalement changé d’avis cette fois puisque les bordelais nous ont livré un show d’exception, que je ne suis pas prête d’oublier, et je demande même à les revoir désormais (qui l’aurait cru ?!). Il faut dire que le son était excellent, au point de donner un tout autre charme à ce qu’on peut écouter en album. Grandiose, sombre et terrifiant, trois qualificatifs pour décrire leur musique qui a le mérite d’honorer un de mes auteurs de romans d’horreur vénéré : Seigneur H.P Lovecraft. Comparé à leur précédent concert, leur mascotte, le Cthulhu en cuivre, orne la scène pour soutenir davantage cet univers lovecraftien. Autres effets spéciaux importants : ces jeux de lumières éclairants un amas de fumée, occultant les cinq musiciens, ne laissant transparaître rien d’autre que leur silhouette et ombre.

Après avoir passé en revue tout cet aspect visuel et son ambiance, très important voire primordial dans le monde de The great Old Ones, parlons musique ! Ce grand récit musical s’introduit, comme à leur habitude, par une narration extraite des écrits du grand maître Lovecraft dont nous retiendrons surtout la célèbre phrase “Je ne suis pas fou” et, à partir de là, on est complètement immergé dans leur monde par la force captivante de leurs longs morceaux de doom/Post-black extrêmement puissants, avec une rythmique lourde et prenante assurée par trois braves guitares, limite étouffante et stressante, à l’image du monde qu’elle décrit. Les guitaristes Jeff et Benjamin se partagent les parties du chant en plus de celles instrumentales. Les morceaux s’enchainent d’une façon tellement fluide, comme une suite de chapitres d’un roman. Nous nous réveillerons lors de la partie narrée au milieu du set pour replonger dans cet univers onirique jusqu’à la fin de ces 45minutes. Nous avons même eu le droit à une avant-première, un nouveau morceau annonciateur d’un nouvel avant de terminer le set par le fameux morceau éponyme « Al Azif ».

Pour les fans de Lovecraft, voilà une musique qu’aurait certainement alliée aux récits ce grand écrivain de l’épouvante ! Si vous n’avez jamais lu un livre de Lovecraft, alors vous ne pourrez pas saisir la magie de ces hymnes. Certes, ce n’est pas tellement le genre de musique qui vous fera headbanger, mais plutôt une musique qui vous fera vivre une aventure sordide et ténébreuse, un voyage au cœur de la bête !

En espérant les revoir très vite, en première partie de groupes de black métal, ce sera parfait !

P.S : les patches de Lovecraft et de Cthulhu sont très bien pensés et faits, je n’ai pas pu m’empêcher de m’en procurer. Dommage qu’il n’y ait pas eu de posters, voire de peintures à l’effigie de leurs sublimes et magnifiques pochettes.

Pour faire une super bonne impression et charmer le public, je pense bien que c’est mission accomplie !

Si vous avez manqué le concert, cette partie a été presque entièrement filmée par mes propres soins !

Setlist The Great Old Ones :
-Antarctica
-Visions of R’lyeh
-The Elder Things
-Nouveau morceau
-Al Azif

Chronique de « Tekeli-Li »http://www.soilchronicles.fr/chroniques/the-great-old-ones-%E2%80%93-tekeli-li

 

 

21h, voilà que la salle est désormais bien remplie, aussi bien le bas que le balcon, tous unis pour l’amour de Shining. Certains ont eu le courage de se mettre en première ligne devant le frontman qui a la réputation de piétiner le premier rang, distribuer des lames de rasoir et nombreux autres comportement irrespectueux envers le public et les journalistes (surtout les photographes). Niklas Kvarforth ne jouit pas d’une bonne réputation envers son public ; il reste néanmoins un musicien talentueux qui a su faire de Shining ce qu’il est, et sans qui Shining ne serait rien (enfin, je pense que Sir Peter Huss ferait bien mieux à lui seul). Mais parait-il qu’il s’est assagit au fil du temps…

Les lumières s’éteignent pour accueillir Shining. Mais le problème, c’est qu’elles ne se rallumeront pas vraiment ensuite : on baignera dans cet éclairage rouge sang jusqu’à la fin du concert (vert pour les daltoniens), parfois bleu… Que le cauchemar pour les photographes commence ! Si vous ne clignez pas les yeux, vous pouvez voir ces brefs instant de lumière jaune pour admirez la gueule des muzicos en face de nous.

Ce court et sinistre prélude à l’image de leur musique, suivi du véloce et rageux « Vilja & Dröm », extrait de leur nouveau-né “IX – Everyone, Everything, Everywhere, Ends” (sorti quelques semaines plus tôt) pour entamer cette sombre setlist (je vous recommande de regarder le clip de ce morceau pour en saisir ses subtilités). Plus tempéré, « Framtidsutsikter » est truffé d’arpèges ; Niklas reprend son souffle sur ce titre exclusif complètement différent du reste, et fait apparaitre son chant clair et rauque, limite chant Gospel/Soul. On a pu jouir du duo exquis de ces deux sublimes guitares qui forment un beau couple, aux jeux simplistes dans ce titre mais très agréables dans le mid-tempo. Ce « Framtidsutsikter » se termine avec un beau solo et un jeu de batterie plus soutenu. On se sent déjà hypnotisé d’une certaine façon, par ce post-black metal mélodique et progressif, du Shining de toute beauté ! Ils sont tellement fiers de ce nouvel album qu’ils en jouent une bonne moitié. Si certains ne l’ont pas aimé, je l’ai adoré, surtout pour son côté très mélodique et son accent prog. Mais en live, je l’ai savouré davantage, comme une certaine magie qui s’est rajoutée, notamment sur « Människotankens vägglösa rum ».

Niklas quitte la scène pour laisser place à un invité très spécial pour cette date parisienne, débarqué de nulle part et auquel je ne m’y attendais pas (je ne sais pas pour les autres). Il s’agit de Famine (Peste Noire), que Niklas apprécie beaucoup au point d’avoir collaborer avec lui sur l’album « 8 ½ – Feberdrömmar I Vaket Tillstånd » (2013) et l’inviter à chaque fois sur la scène parisienne, qui fait son entrée sous un ‘’Si si si La Famine, j’viens dégueuler mon putain d’fromage, plein d’vermine, sur ta Suède à pâle mine, gros, en direct live de La Chaise Diable, 2013, à La mesnie Herlequin’’ et qui nous interprétera, avec ces brillants musiciens de Shining, le titre « Terres des Anonymes ». Même s’il manquait une bonne minute de chant à cause de ce maudit micro qui refusé d’obéir à la voix de Famine, Niklas le bienveillant a eu la gentillesse de lui en ramener un autre. Un grand moment du concert qu’on ne risque pas d’oublier, ça nous a bien fait plaisir ! Famine n’hésite pas à boire de la bouteille de Jack Daniel sacrée de Niklas (ça se voit qu’ils sont vraiment amis intimes) et la faire passer à quelques fans d’ailleurs.

S’ensuit une narration diabolique et horrifiante dans le noir total pour introduire « Eradication Of Condition » (de l’album « IV: The Eerie Cold » (2005)). Et la foule s’excite sous ce rythme effréné et appétissant pour enfin former un grand circle pit et se taper dessus. Niklas, le sympathique, a pris la main d’une demoiselle au premier rang pour l’embrasser, voire la lécher (elle devait être aux anges). Un autre a réussi à slammer pour atterrir sur scène, mais Niklas le jettera violemment – mais avec douceur – et le bassiste lui fait un signe de fuck, le couvrant d’insultes, allant même jusqu’à lui cracher dessus pour lui faire part de sa colère. Encore une bonne minute  acoustique avec ce magnifique duo de guitares.

Je ne m’attendais pas à ce que « Ohm » (de l’album/hymne à la lamentation « Klagopsalmer » (2009)), au fort aspect progressif, soit joué, et chanté non pas en suédois mais en norvégien… Mais j’en étais plus que ravie, surtout pour voir et entendre ces jeux de guitares. Je n’oublierai pas non plus ce moment de tranquillité où ce guitariste soliste live Euge Valovirta accompagné et Peter Huss, nous jouent un passage de 2-3 min de slow digne d’un branleur de manche. Un moment épique de la soirée : on se croirait dans un autre concert que celui de Shining !

Pour terminer en toute splendeur, rien de mieux que la célèbre « Låt oss ta allt från varandra » et cette beauté mélodique et authentique de la discographie de Shining : « For the God Below » – dans  mon top 3 de Shining d’ailleurs.

Mon plus grand plaisir et extase de ce concert, vous l’aurez compris à force de le répéter dans cet écrit, ce sont ces nombreux moments forts et intenses lorsque ces merveilleuses guitares font leur show : une flopée de technicité et de sublimes jeux, sans oublier ces soli dignes de guitar-hero que nous a fait par ce guitariste live très talentueux Euge Valovirta. Je peux dire que j’étais en complète admiration devant son jeu !

Beaucoup d’émotion, de mélancolie et de moments d’évasion, ce concert en particulier m’a fait un bien fou que je ne peux décrire en de simples mots, que je ne peux décrire aussi bien que je l’ai ressenti d’ailleurs ! Une setlist aussi parfaite que le son et l’ambiance !

Vous ne devinerez jamais ! Le finale choisi pour conclure ce concert fut la « Sonate au clair de lune » de Beethoven (ou l’outro « Åttiosextusenfyrahundra ») !  Moment épique !

Si on m’avait dit beaucoup de mal à propos du comportement Niklas, je n’ai pas pu noter le moindre écart de conduite de sa part : bien au contraire, il a été adorable (il n’a même pas fouetté un fan avec son espèce de fouet qu’il nous a sorti à plusieurs reprises).

Sinon niveau merchandising, il y avait le choix entre cd, patches, t-shirts, et un super drapeau qu’il fallait que je m’approprie, même si je n’ai pas pris le string Shining. Une sacrée annecdote, lorsqu’un mec vient acheter le t-shirt de je ne sais plus quel album, le dernier a été acheté par la personne juste devant lui. Le mec pique une crise « Putain, c’est la troisième fois que ça m’arrive, j’en ai marre, à chaque fois que je vais l’acheter, y’en a plus » ! J’ai faillit croire qu’il allait assassiner la personne qui lui a piqué son t-shirt.

Un énorme merci, encore une fois à Garmonbozia pour l’organisation du concert et l’invitation, ainsi que les deux groupes !

Galerie photos du concerthttp://www.soilchronicles.fr/photographies/shining-swe-the-great-old-ones-au-divan-du-monde-paris-le-12092015-2

Setlist Shining :
-Vilja & Dröm
-Framtidsutsikter
-Människotankens vägglösa rum
-Besvikelsens dystra monotoni / Neka morgondagen
-Människa o’avskyvärda människa
-Terres des anonymes (feat. Famine from Peste Noire)
-Att med kniv göra sig illa
-Eradication of the Condition
-Ohm (Sommar med Siv)
-Låt oss ta allt från varandra
-Fullständigt jävla död inuti
-For the God Below

 

 

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1 Commentaire sur “Shining (swe) + The Great Old Ones au Divan Du Monde (Paris) le 12/09/2015”

  1. pingback pingback:
    Posté: 22nd Oct 2015 vers 23 h 42 min
    1
    Shining (swe) + The Great Old Ones au Divan Du Monde (Paris) le 12/09/2015 | Soil Chronicles

    […] report : http://www.soilchronicles.fr/reports/shining-swe-the-great-old-ones-au-divan-du-monde-paris-le-12092… #gallery-1 { margin: auto; } #gallery-1 .gallery-item { float: left; margin-top: 10px; text-align: […]

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