Live report : Bloodybarbie

Le 22/05/2015 à Montpellier, 30 minutes avant le concert, je me trouve devant cette salle mystérieuse dans laquelle je n’ai jamais mis les pieds : le Secret Place, et surtout je me retrouve seule devant une porte ! C’est à se demander si je ne me trompe pas d’endroit car à Paris ça ne risque pas d’arriver, surtout pour un concert comme celui-ci.  Trois excellents groupes et pas n’importe lesquels !

Ce n’est qu’un hasard si je me trouve à Montpellier, mais ce hasard a bien fait les choses puisqu’il m’a permis d’assister à cette date unique en France et que les groupes avaient décidé de snober Paris pour cette tournée ! Et c’est une petite association située au fin fond du sud de la France, en banlieue Montpellieraine qui a  réussi à les capturer pour nous faire vivre une soirée hors du commun.

Bref, j’étais là, au bon endroit et au bon moment pour ces trois excellents groupes, et pas n’importe lesquels, que je n’ai jamais eu la chance de voir en concert. En tête d’affiche, Melechesh qui détient l’ultime secret du Black Métal authentique avec une discographie sans faute jusqu’à présent, avec six excellents albums dont le dernier sorti en Février 2015 (http://www.soilchronicles.fr/chroniques/melechesh-enki), dont nous aurons certainement le plaisir d’en découvrir une bonne partie en live !

Pour faire du bon Black Métal d’origine, il faut être norvégien de préférence (puisqu’il parait que c’est dans les gênes), avoir un excellent batteur qui bat de ses baguettes quatre fois plus vite que son cœur. Et en option, avoir une belle chevelure, être haineux et brûler des églises. Mais pour produire du très bon Black Métal, il faut rajouter des éléments épiques et mélodiques à cette recette basique. C’est là qu’est tout l’art que maitrisent si bien les norvégiens de Keep Of Kalessin. Ce soir, ils seront en co-tête d’affiche avec Melechesh pour faire bouillir notre sang et banguer nos crânes !

Ce n’est pas tout, puisqu’il y a un troisième excellent groupe, un des meilleurs du Death Métal Old-School qui sait se faire très discret mais qui mériterait d’être plus connu que ça. Ils ont su détenir mon âme en captivité avec leur dernier album « The Children Of The Night » (http://www.soilchronicles.fr/chroniques/tribulation-the-children-of-the-night). Il s’agit des suédois de Tribulation, qui disposent jusqu’à ce jour de trois merveilles dans leur discographie. Je ne pensais pas les voir un jour en concert, surtout pas en France puisque ce modeste groupe reste plutôt inconnu au bataillon et n’assure pas beaucoup de tournées. Mais voilà qu’un de mes rêves s’est accidentellement réalisé, et ce soir, je suis la métalleuse la plus heureuse au monde (en plus de celle qui était présente pour la même raison) !

Pour couronner le tout, une entrée en la matière bien brutale par les soins des italiens d’Embryo, dont je n’ai jamais entendu parler avant ce jour. Je me laisse la totale découverte comme presque à chaque concert !

Il est 20h et il n’y a qu’une vingtaine de personnes ! Je crains le pire, que Melechesh et ses compagnons jouent devant une salle vide, … Bof, peu de chance, sinon ça voudrait dire qu’il n’y aurait aucun métalleux fan de métal extrême dans toute la région Languedoc Roussillon et ça, c’est le drame !  Ou alors que la com n’a pas été correctement faite, mais on n’est quand même pas à l’époque du pigeon voyageur ! En tout cas, Embryo devra jouer devant une poignée de personnes.

L’intrigue commence par cette intro, puisqu’on ne sait toujours quel style de métal ils pratiquent, même si ça sent le métal extrême. A ma grande surprise, le premier morceau balance déjà une déflagration sonore puissante de Death Mélodique teinté Hardcore frôlant le Deathcore, telle la nouvelle tendance de Nightrage, à laquelle se rajoute ce clavier charismatique, une cascade d’énergie et un ouragan de gros riffs des guitares sous-accordées comme je les aime. Mais comment un tel groupe aurait réussi à échapper à mon filet de chasse ? Moi qui croyais connaître tous les bons groupes de Deathcore! Comme dirait Socrate « Tout ce que je sais, c’est que je ne saurais jamais tout » (version moderne).

Setlist Embryo :

-My Pounding Void
-An Awkward Attempt
-Manipulate
-My Consciousness
-The Door To The Abyss
-The Touch Of Emptiness
-Embryo
-No God Slave

Place maintenant aux préparatifs de la scène pour les vampires de la soirée, les suédois de Tribulation, que j’ai pu voir sans maquillage après leurs balances (vu que j’étais accidentellement arrivée un peu trop tôt). Je ne commenterais pas leur aspect physique, puisqu’à la l’exception du frontman Adam, ils sont tous fins comme des clous comme j’en ai jamais vu, ce qui est très rare dans le monde du métal.  Rajoutez à cela leur maquillage sombre au noir à lèvre et aux yeux smooky et bien noircie pour un regard profond, ce qui leur confère ce ton ténébreux et vampirique assez bien réussi.

Les lumières s’éteignent et c’est « Strange Gateways Beckon » qui introduira cette messe lugubre, avec ce bougeoir maléfique accroché au micro qui suffit à rajouter une touche plus troublante au décor. Un regard vicieux de Jonathan vous fera cauchemarder toute la nuit (croyez-moi, il m’a foutu la trouille !). Contrairement à ses camarades, ce guitariste est  un vrai générateur d’énergie, surtout lorsqu’il est en transe, il est comme possédé et perd tous ses moyens, voire même son équilibre lorsqu’il s’essaye à quelques figures physiques mais sans pour autant perdre ses facultés et la maitrise de sa guitare !

Transition abrupte et brutale, on passe directement aux morceaux les plus rapides truffés de soli et des blasts incessants « Beyond The Horrors » et « Vampyre ». Le clavier refait de nouveau son show avec « Cauda Pavonis » qui installe, par sa magie unique et son lent tempo, cette ambiance lugubre et sinistre tel un film d’épouvante-horreur et sème en vous la terreur. « Ultra Silvam » vient juste après casser cette ambiance avec son intro aux jeux de guitares distordues et psychédéliques, alternés avec des riffs orientaux plus lourds. Le chant n’y est pas présent, ce qui vous permet de mieux apprécier cette sublime composition à sa juste valeur. « When The Sky Is Black With Devils » marque la fin de cette partie d’extase, un titre plus dynamique et plus lourd, orienté Thrash/Death.

Ayant fait plusieurs concerts de Death/Black, aucun groupe que j’ai vu n’a pu établir une ambiance aussi particulière, aussi sombre et vicieuse comme le fait si bien Tribulation. Je n’ai pu que devenir encore plus fan après ces 30 minutes intenses de pur plaisir.

Nos suédois se sont montrés très distants du public sans aucune interaction. Ils semblent tous déconnectés et dans un autre monde. Bien que le claviériste fût bien caché, sa présence se fait bien entendre puisque le style particulier de Tribulation réside principalement dans ces sonorités d’orgue électrique dont jouit la moitié de leurs morceaux, sans oublier la voix caverneuse de Jonathan, à l’image de leur musique froide et sépulcrale.

Bien évidemment, il n’y avait aucune chance que la setlist soit décevante, puisque absolument TOUS leurs morceaux, des trois albums, sont uniques et inégalés.

Dommage que mon morceau préféré de toute la discographie « The Motherhood Of God » n’a pas été interprété.

Maintenant que j’ai vu Tribulation en concert, je peux mourir tranquille !

Setlist Tribulation :

-Strange Gateways Beckon
-Beyond the Horror
-The Vampyre
-In the Dreams of the Dead
-Rånda
-Cauda Pavonis
-Ultra Silvam
-When the Sky Is Black With Devils

C’est l’heure de l’apocalypse et c’est Keep Of Kalessin qui en sera l’auteur avec ses riffs assassins, ses blasts mitraillants et des claviers pour harmoniser le tout et agrémenter de mélodies cet hymne apocalyptique, seuls vos gilets pare-balles vous sauveront.

Bien évidemment, un instant de jalousie intense à cause des plus beaux cheveux au monde, des cheveux dont rêve toute femme (ou même tout homme chevelue), ceux de Wizziac, digne de figurer dans les catalogues des plus grands coiffeurs. Heureusement que ce n’est pas là que réside tout son charme, mais aussi dans ses doigts et ses cordes vocales, puisque sa voix aigüe est unique (ça fait des économies d’auto-tune ou de micro performant).

Cette tournée est bien la première sans leur quatrième membre, Thbeon, qui a été éjecté du groupe. C’est désormais le guitariste prodige Obsedian C. qui se chargera de martyriser le micro en plus de sa guitare.

Le trio lance les hostilités avec « The Grand Design » aux sonorités orientales tel une œuvre de Melechesh. Vous vous sentirez transformés en une machine de guerre, prêt à dégommer votre voisin le plus proche. Un exercice de self-control est nécessaire pour ne pas que la police débarque et interrompe ce concert exceptionnel ! Il va nous falloir résister à la violence pendant ce set de déflagration de brutalité de 45 minutes. On se contentera de se briser la nuque et de creuser un minable pit. Gare à ceux qui ne secouent pas la tête et ne lèvent pas leurs cornes du diable, Wizziac surveillait chacun de nous et s’assurait que nous suivons correctement les règles d’un concert de Death Métal. Il y avait un seul individu qui résistait à tout mouvement, peut-être était-il paralysé ? En tout cas, bien qu’au premier rang, il n’a pas bougé d’un poil ! Même avec tous les efforts de Wizziac et Obsedian pour le stimuler !

Le groupe a fait preuve d’une excellente prestation, à se mouvoir sur cette étroite scène, à s’échanger les micros. Le show était propre et carré, le son était digne de la salle, les morceaux joués s’appréciaient beaucoup mieux qu’en album. Obsedian.C, le pilier de KoK et compositeur du groupe, qui a usé sa LTD jusqu’à la moelle, nous a exposé une belle galerie de soli fugaces et techniques. Une attraction aussi bien pour les oreilles que pour les yeux. Sans parler de leur capacité à faire le ventilateur avec leur crinière aussi longtemps que George Fisher. C’est voire même plus spectaculaire puisqu’ils ne tiennent pas simplement un micro, mais sont  en même temps aux commandes des instruments qui assurent 75% des mélodies.

J’ai été très surprise par l’attitude du batteur : la rapidité, la technicité et les blasts, c’est juste du gâteau pour lui, même pas une goutte de sueur, il les exécute les yeux fermés et un grand sourire. D’ailleurs il enchaînera une tournée avec Gorgoroth en tant que batteur session.

La setlist n’est malheureusement pas rassasiante, (trop) axée bien évidement sur le nouvel album sorti en février « Epistemology » (la pochette est juste magnifique) même s’ils auraient dû jouer « Necropolis », la meilleur de cet album… Mais nous aurons bientôt le droit à un vrai show complet du groupe, le 10/11/2015 au Divan du Monde à Paris pour un deuxième show apocalyptique.

Setlist Keep Of Kalessin :

-The Grand Design
-Dark Divinity
-Introspection
-The Awakening
-Judgement
-Dragon Iconography
-The Divine Land
-Ascendant

Tête d’affiche suprême, voilà enfin que ma première fois arrive, celle que j’attendais depuis des lustres, l’unique groupe dans son genre, la suprématie même du Black Métal atypique : Melechesh ! Tout ce qui est produit par les soins du compositeur Ashmedi est inimitable, sans égal et un véritable régal pour les tympans. Lui et ses disciples ont su donner un son unique de mélodies orientales au Black Métal aux thèmes inspirés de la mythologie mésopotamienne pur… Hélas, ils se retrouvent à jouer devant un petit public Montpelliérain, puisque Paris ne figurait pas dans leur tournée.

Ils se présentent sur scène la face voilée tels des habitants du désert puis laissent le voile tomber, découvrant leurs visages lors de ce premier morceau aux riffs 100% orientaux « The Pendulum Speaks » (vous allez me dire “comme tout le reste”). C’est décidément un des meilleurs de leur dernier chef d’œuvre, « Enki », et sur scène il sonne encore mieux ! « Tempest Temper Enlil Enraged » accélère la cadence avec ses blasts infatigables, il ne faut surtout pas essayer de suivre le rythme en headbangant !

Le frontman Ashmedi sans aucun doute expose ses talents d’excellent guitariste, rapidité et maitrise absolue tout en étant aux commandes du micro avec son chant black aigue unique, mais se plaint à la fin de chaque morceau de la chaleur !

On remonte le temps avec un des meilleurs titres, qui vous incitera à bouger non seulement votre crâne mais aussi vos hanches avec son jeu de batterie inégalé, « Triangular Tattvic Fire ». Le tempo se tasse pour un moment de répit lors de ce « Ghouls of Nineveh », ça fait sacrément du bien !
Et pour couronner cette magnifique prestation, « Rebirth of the Nemesis : Enuma Elish Rewritten » vient clôturer la soirée.

Le son était parfait, peut-être légèrement trop fort (même avec des boules quies). Il y a eu quelques temps morts lorsqu’Ashmedi faisait sa pause accordage de guitare différemment selon les morceaux, et entre temps ses fans lui faisaient la conversation, et il ne manquait pas d’humour pour leur répondre malgré sa tache! J’ai trouvé que la setlist était trop courte et le temps est passé trop vite sans qu’on se soit suffisamment rassasié. Un concert de Melechesh est un rare concert de Black Métal qui vous donnera envie à la fois de headbager et de danser la danse orientale puisqu’aucun morceau n’est dépourvu de ces grooves orientaux, que ça soit en sonorités et riffs de guitare, ou encore le jeu de batterie et des percussions comme « Ladders To Sumeria » auquel on a eu droit. Il y avait trois fans qui tenaient à être collés à la scène et qui n’ont pas arrêté de headbanger. Mince, il y a plus fan que moi de Melechesh !

Il est 00H45 et le concert arrive à sa fin, mais le public en redemande encore. Il ne fallait surtout pas se soucier des transports pour un concert comme ça, car si vous comptiez sur les transports en commun, vous pouvez espérer passer la nuit dans leur tour bus !

Voilà que le grand moment de tristesse arrive, celui de la fin d’une telle soirée, et nous voilà tous sous l’emprise de la nostalgie et de la dépression post-concert ! Qui aurait cru que de tels groupes joueraient devant si peu de monde. En tout cas, c’est ce qui a fait tout le charme de ce concert !

Si vous étiez dans la région et que vous aviez raté ce concert, vous avez manqué une soirée intimiste exceptionnelle avec quatre excellents groupe avec des styles du métal extrême tous différents les uns des autres !

Un grand merci à Valérie et Nuclear Blast pour l’invitation, à l’organisation du Secret Place pour avoir permis ce fabuleux concert et aux quatre groupes pour nous avoir fait vivre une soirée extrême !

Setlist Melechesh :

-The Pendulum Speaks
-Tempest Temper Enlil Enraged
-Ladders to Sumeria
-Grand Gathas of Baal Sin
-Genies, Sorcerers and Mesopotamian Nights
-Deluge of Delusional Dreams
-Multiple Truths
-Triangular Tattvic Fire
-Ghouls of Nineveh
-Rebirth of the Nemesis: Enuma Elish Rewritten

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1 Commentaire sur “Melechesh + Keep Of Kalessin + Tribulation + Embryo au Secret Place (Montpellier) le 22/05/2015”

  1. pingback pingback:
    Posté: 23rd Fév 2016 vers 1 h 10 min
    1
    Tribulation + Grave Pleasures + Vampire au Glazart (Paris) 26/01/2016 | Soil Chronicles

    […] Cela ne fait qu’un an que j’ai découvert ce groupe d’enfer à travers la promo de leur dernier album, via Century Media, qui m’a mis complètement en transe. Clairement, dans mon top10 des albums death metal de tous les temps ! Je l’ai écouté jusqu’à en connaître chaque note de chaque instrument, voire sucé jusqu’à la moelle (le vampirisme, quoi).  Ensuite, je rêvais de les voir en live et mon rêve s’est réalisé en mai 2015 lorsque je les ai vus dans une petite salle en banlieue de Montpellier avec Melechesh et Keep of Kalessin. Je m’en souviendrai de cette date intimiste – moins de 100 personnes avec une telle affiche, c’est quand même misérable et lamentable – et fort sympathique (http://www.soilchronicles.fr/reports/melechesh-keep-of-kalessin-tribulation-embryo-au-secret-place-m…). […]

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