The Ruins of Beverast – The Thule Grimoires

Le 5 février 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Alexander von Meilenwald : tous les instruments, chant

Style:

Black Metal Atmosphérique / Industriel

Date de sortie:

05 février 2021

Label:

Vàn Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 7.5/10

« L’univers n’est pas une fin mais un ordre. La nature diversifie, sépare, hiérarchise. L’individu, libre et volontaire devient le centre du monde. » Jean Mabire

Ah, Thulé… Cette île pleine de mystère. Issue de la mythologie grecque, cette île a été mentionnée la première fois par Pythéas, un explorateur, qui la présente comme une sorte de lieu paradisiaque situé dans le Nord de l’Europe. Beaucoup d’explorateurs et de chercheurs auront tenté de situer cette île entre les îles Féroé et l’Islande. En fait, tout le flou artistique réside dans le fait que Pythéas lui-même ne l’a jamais vue! Il a simplement supputé que Thulé existait via des calculs et des hypothèses. Après moultes détournements, on n’a encore jamais réussi à savoir de quelle île il s’agit. Certains avancent même l’hypothèse que Pythéas parlait de la Norvège ou du Groenland. En France, on a supposé qu’Ouessant, dans le Finistère, était Thulé également. Cela, c’était pour le côté jovial. Pour l’autre versant, Thulé a donné son nom pour le tristement célèbre parti nazi allemand, avant son apogée dans la Seconde Guerre Mondiale. Il faut savoir qu’une société secrète, considérée comme l’inspiration directe du nazisme, s’appelait Ordre de Thulé. De même d’ailleurs que l’écrivain Jean Mabire a détourné le mythe de Thulé pour parler de l’Hyperborée, continent considéré comme le berceau de la race aryenne. Bref, vous l’aurez deviné, on nage en plein détournement mythique! Je ne suis pas spécialement étonné de découvrir un CD qui parle de Thulé, étant donné sa face sombre et la capacité aisée de faire de la provocation en parlant d’une simple petite île. C’est donc sans suspense que je me lance dans la chronique de The Ruins of Beverast et de son dernier album appelé The Thule Grimoires .

The Ruins of Beverast est un groupe allemand, d’Aachen, et a commencé à faire de la musique en 2003. Pour l’anecdote, « Beverast » est une façon d’écrire Bifröst selon le fondateur et seul membre actif du groupe, le dénommé Alexander von Meilenwald. Alors il faut savoir que ce chouette gars n’est pas un illustre inconnu de la scène metal, puisqu’il est aussi le fondateur du groupe connu Nagelfar, l’un des groupes allemands de black metal les plus connu en son temps (ce dernier a splitté en 2002). Donc, on a un musicien expérimenté, qui peut se vanter d’avoir sorti sous l’étendard de The Ruins of Beverast, six albums avec celui présentement chroniqué, cinq splits (dont un avec King Dude et Urfaust, quand-même!), une démo, un EP et deux singles. A noter également, fait rare, une compilation après huit petites années d’existence. En tout cas, à quarante-trois ans, notre cher Alexander von Meilenwald a déjà un très beau parcours musical et la sortie prochaine de ce sixième album appelé The Thule Grimoires promet du bon, du très bon que dis-je. A noter également que le one man band se produit régulièrement sur scène et Alexander von Meilenwald s’entoure donc de (bons) musiciens live. Allons-y gaiement pour l’analyse de ce CD prometteur au vu du pedigree du maître teuton.

Je vais me faire un truc à la Olivier de Benoist, comme je suis un peu toqué de la chronique concernant mon déroulé didactique : « Bonsoir… **Bonsoir** L’autre jour, j’ai décidé de faire l’analyse de l’artwork! Pas difficile vous me direz, il s’agissait de la typographie de ma femme! » Parenthèse refermée. L’artwork de ce The Thule Grimoires est affriolant pour le petit obsessionnel de l’artwork que je suis. Avec ce splendide fronton de temple grec qui représente la partie ostensible de la Terre, et la partie basse, une sorte de grotte souterraine avec ces stalagmites et stalactites, et ce personnage démoniaque qui vit dedans. J’aime bien l’analogie qui est faite de manière totalement blasphématoire entre l’aspect goétique et mythologique des croyances. Puis, cette couleur verte, significative comme des vapeurs toxiques, donnent une touche vraiment noire à l’artwork. Bon, si j’étais tatillon comme souvent, je ferais une diatribe malsaine sur le paralogisme qui existe entre le titre de l’album, toute la partie sur Thulé que j’ai détaillée en introduction, et le côté maléfique du design. Mais je suis à même d’imaginer que c’est une interprétation subjective et compréhensible du mythe de Thulé. Aussi vais-je me contenter de trouver cette pochette plutôt agréable à regarder, mystérieuse et donc attire-l-oeil. En vérité, il ne m’inspire pas grand-chose, je le trouve sympathique à regarder mais je n’arrive pas vraiment à rentrer dedans. Un peu surfait peut-être. Honnêtement je ne lui reproche rien sinon de ne pas me faire plus d’effet que cela. Il y aurait probablement eu moyen de faire encore mieux, même si mon objectivité me pousse à admettre que c’est déjà intéressant.

Je dois admettre que la première écoute ne m’aura pas laissé de souvenirs impérissables. Non pas que la musique soit mauvaise, loin de là! Proposer ce mélange de black metal atmosphérique avec de bonnes incorporations industrielles, en soi cela devrait foncièrement me plaire! Mais j’ai trouvé l’écoute – il est vrai, d’une traite – de ce sixième album rendue difficile par l’hyper sophistication des compositions. Elles sont longues, et très variables selon les riffs, les ambiances, même le chant varie pas mal. Du coup, quand il s’agit d’analyser l’album via une première écoute, toujours la plus salvatrice, cela s’avère être un vrai chemin de croix. En fin de compte, j’ai trouvé que The Thule Grimoires est un concentré de plein de bonnes choses, mais trop copieux. Un peu comme un buffet à volonté où vous voulez tout gouter et au final, vous vous retrouvez ventre à terre en train d’agoniser de sur-bouffe. Je découvrirai plus bas qu’après plusieurs écoutes, cet album est en fait excellent et a tout pour me plaire. Après, il m’est difficile de le vanter, je pense que ce n’est pas le genre d’album que l’on devrait conseiller à un néophyte du metal, qui plus est du black metal, parce qu’il n’y trouverait pas son compte et se perdrait dans les abysses de l’incompréhension, de la stupeur et des tremblements! (Amélie, si tu nous lis, on t’embrasse). Un bon album quand-même mais qu’il faut appréhender avec du recul, sinon c’est indigeste clairement.

Par contre, on ne peut pas renier que le boulot fait en studio est époustouflant. Déjà que l’incorporation de samples industriels est un parcours du combattant dans une programmation metal, alors imaginez que ce doux Alexander von Meilenwald compose tout et mixe tout, le reste étant assuré par un certain Michael Zech. Je suis toujours épaté, à tort ou à raison d’ailleurs, sur la capacité qu’ont les artistes qui composent de l’industriel à incorporer leurs samples déjà beaucoup travaillés, sur des pistes non-mixées, brutes de pomme, et qu’il faut donc par-dessus le marché mixer le tout. C’est… Bon, je suis naïf probablement. Autant il n’y a aucune prouesse du tout et c’est un jeu d’enfant. N’empêche que j’adore le son de l’album. Il oscille habilement entre une sorte de légèreté que l’on impute à la phase atmosphérique, à la froideur et décadence des parties black metal, et aux ambiances très dark electro, voir dark ambient des samples. Je pense que le travail très technique fait sur le son, résulte d’une vraie volonté de faire une musique complexe et sophistiquée. Cela démontre un fort talent et un potentiel de création très impressionnant. Vous verrez qu’au plus j’avancerai dans l’analyse, au plus cet album trouvera grâce à mes oreilles. En tout cas, cette production est fort belle, et mérite que l’on s’y attarde, surtout si l’on cherche un album complexe mais avec un son idoine.

J’ai percé la clé du mystère : il faut l’écouter plusieurs fois et essayer de décortiquer un peu ma quintessence de chaque piste. Il est vrai que l’on cherche souvent des CDs que l’on peut écouter d’une traite en conduisant par exemple, ou simplement poser chez soi. Dans le cas de[b] The Thule Grimoires[/b], je vous le dis : c’est quasiment mission impossible de s’enfiler cet album sans faire de pauses. Sinon, vous frôlez la crise cardiaque. Par contre, quand vous prenez le temps d’écouter les morceaux un par un, avec quelques pauses entre deux bouchées comme pour digérer, vous vous apercevrez comme moi que ce sixième opus est vraiment très très bon. En vérité, il y a une part insondable dans la musique qu’il ne faut pas essayer de chercher, il est vrai que ce mystère qui englobe le one man band est particulièrement prenant dans la musique. Aussi, il suffit juste d’apprécier la musique dans son rôle le plus fugace : distraire. Je vois mal ce The Thule Grimoires être le reflet de quelque chose de trop personnel, je vois plutôt un style de musique dont la qualité et la quantité sont poussés à l’extrême pour faire complexe. Sept morceaux de grande qualité et de quantité donc. Après, j’ai beau me dire que cet album est très bon, mon ascendance ardéchoise me pousse à dire que malheureusement, je ne suis pas certain d’en faire un CD de chevet ou tout simplement d’en garnir ma discothèque. Pour sa complexité, je ne suis pas certain. C’est un constat paradoxal je l’admets, mais si je suivais mon opinion personnelle, je ne serai pas aussi dithyrambique. On va donc rester sur un constat manichéen!

Bon, il va tout de même sans dire que notre ami Alexander von Meilenwald est un excellent musicien. Je ne connaissais véritablement que Nagelfar où je le trouvais bon derrière les futs, je le découvre ainsi en tant que multi-instrumentaliste et je dois reconnaître que si la complexité exacerbée de ses morceaux m’a laissé plutôt perplexe, il n’en demeure pas moins que techniquement et imaginativement parlant, c’est du lourd! Franchement, il faut y arriver, à construire des pistes d’une telle longueur chacune avec autant d’idées et de créativité. Je suis plutôt ébahi par ce que ce brave allemand a dans le ciboulot pour parvenir à accoucher d’un album aussi vaste. C’est du grand talent donc! J’aime aussi sa voix, qu’elle soit claire ou saturée, elle assure.

Bref. Je vais faire court (ne riez pas au fond, on vous voit !) (NdMetalfreak : « Ah ! » – Denis Brogniart), parce que je suis bien en peine de dire plus de chose concernant ce sixième album. Je reconnais sans peine qu’il est extrêmement intéressant dans sa grande technique, et son savoir-faire. Il y a assurément beaucoup de talent chez Alexander von Meilenwald et son projet The Ruins of Beverast, et je suis intimement persuadé qu’il aura son public, si naguère ce n’était pas déjà le cas. Mais en ce qui me concerne, j’ai été bien en mal d’adhérer à son ouvrage. Autant le talent est là, autant je n’ai pas réussi à rentrer dedans. Je pense que cela est dû à sa sagacité et son trop plein de sophistication. Il y aurait selon moi besoin d’un gros épurement pour me convaincre que ce The Thule Grimoires est un excellent album. Je reste sur un constat plus proche de « moyen-bon album », je ne désespère néanmoins pas de m’y recoller un jour pour changer d’avis, j’en suis capable au vu du potentiel du gonze. Essayez, par contre! Et vous me direz si cela vous sied.

Tracklist :

1. Ropes into Eden (12:42)
2. The Tundra Shines (11:18)
3. Kromlec’h Knell (8:33)
4. Mammothpolis (6:22)
5. Anchoress in Furs (9:11)
6. Polar Hiss Hysteria (7:13)
7. Deserts to Bind and Defeat (14:07)

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