The Awakening – This Alchemy

Le 30 juin 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Ashton Nyte : tous les instruments, chant

Style:

Darkwave

Date de sortie:

28 mai 2021

Label:

Intervention Arts

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9,5/10

« Oh mais là, sur cette crédence, qu’est-ce que c’est? Elle s’arrête… Mais c’est très beau, dites-moi, cette Vierge gothique. » Nathalie Sarraute

Je pensais que la musique metal m’offrait encore aujourd’hui les ramifications les plus nombreuses de tous les genres musicaux réunis, et qu’il fallait avoir une vingtaine de cerveaux surentrainés pour parvenir à retenir toutes les classifications possibles et imaginables. Il est vrai que le genre metal n’est pas le dernier à s’émanciper des tentations de toujours faire loufoque et large. Mais j’ai découvert récemment le mouvement gothique. Oh! Je le connaissais un peu, comme tout le monde on va dire, avec pas mal de préjugés et une certaine aversion aussi. Mais je me suis surtout aperçu de l’incroyable ampleur que ce mouvement apparu historiquement dans les années 70 au Royaume-Uni allait connaître. C’est simple! Le gothique, on peut en bouffer à toutes les sauces et à tous les râteliers! Vous prenez la musique? Présent! Vous prenez le cinéma? Présent! Vous prenez la littérature? Présent! Vous prenez les codes vestimentaires? Présent! Il y en a partout, du gothique, qu’on le veuille ou non. Ne vous méprenez pas, je ne vais pas faire tout un laïus sur la relations étroite entre musique et gothique, sinon on ne serait pas couché (ce qui plairait à Laurent Ruquier, mais ça c’est un autre souci). Mais il y a un genre musical que j’adore, probablement plus encore que le rock et le metal, et dont je me fais un malin plaisir à chroniquer au nez et à la barbe (fine) de notre Grande Supernova Interstellaire qui Traverse tous les Big-Gang-Bang Chris Metalfreak qui adore aussi ce genre : la darkwave. C’est là encore très complexe de décrire ce style de musique aux accents industriels, tant les univers de chaque artiste ou groupe sont variés. Mais il y en a un que je trouve extrêmement talentueux, et dont je suis très fier de faire la chronique ce jour, c’est The Awakening. Et il propose depuis fin mai un album qui ne pouvait que me taper dans l’œil, qui se nomme This Alchemy. Chronique à suivre!

The Awakening est l’identité musicale d’un artiste multi-instrumentaliste sud-africain appelé Ashton Nyte. Non content d’être le fondateur et maître à créer de son projet, Ashton Nyte est aussi un producteur, compositeur et chanteur. Artiste accompli qui a officié dans un autre projet musical qui porte son nom, il a tout pour me plaire : une voix baryton à la Johnny Cash le côté rocailleux en moins, une créativité complexe et magnifique, et une réelle profondeur personnelle dans chacun de ses albums. Proposant un label qui évidemment produit toute son œuvre et qui se nomme Intervention Arts, This Alchemy arrive pour nous rappeler à quel point la presse adulte cet artiste, surtout dans son pays. Bon je reconnais que je manque pas mal d’objectivité concernant The Awakening, mais au moins peut-être que je vais tomber de très haut et que vous allez trouver cela distrayant. Nous verrons.

Bon, je vais avoir du mal à défendre la pochette de The Awakening étant donné qu’elle ne reflète pas l’entière sophistication de la musique. Après, on a un symbole très fort qu’est la rose noire, que l’on voit avec une ombre projetée sur une surface dure très abimée, probablement un mur de crépi ou quelque chose du genre. C’est assez simple, caustique aussi dans le sens où je trouve qu’il y a une idée de dualité et de reflet de réalité dans une attitude sombre qui ne laisse pas indifférent dans la métaphore de cette ombre de la rose projetée. Quelque de chose qui balance entre le sérieux, la noirceur et le cynisme. La rose est aussi un symbole du romantisme très important dans le mouvement gothique, donc tout cela mis ensemble donne un aspect fort dans l’image qui peut être faite pour la pochette. Après, sur la forme, je trouve que The Awakening aurait pu faire mieux, plus réfléchi et plus sophistiqué comme sa musique, mais ce n’est que mon avis. Il y a d’ailleurs un côté old school qui m’a marqué, et c’est probablement pour cela, dans cette espèce d’hommage à la musique d’antan en lien avec le mouvement gothique, que la pochette fait vieillotte. Je ferai donc un constat positif de cet artwork, plein de métaphores et de symboles, mais qui manque un peu de travail selon moi. Mais je dois admettre que je suis très pénible avec les artworks, plus que la majorité des chroniqueurs probablement.

La musique est quant à elle toujours un superbe conte de fées. Résolument et définitivement darkwave avec des accentuations rock et des incorporations de musique industrielle plus basique, la musique de The Awakening a vraiment quelque chose d’une autre époque. J’ai le sentiment d’écouter de vieux morceaux de darkwave, dans les premiers temps de ce mouvement, il faut dire qu’il était l’un des pionniers du genre dans les années 90 donc rien d’étonnant qu’il cultive cette démarche antique. Pour ma part, les nombreuses mélodies et jeux rythmiques avec les beat me procurent toujours autant l’envie de me trémousser comme une tige de roseau sous l’ouragan. J’adore cette musique qui transpire l’ancienne époque où les gothiques avaient du charisme, de la prestance et de l’importance malgré la minorité. On ne peut pas dire que cet album soit novateur dans le genre mais plus une confirmation d’un génie artistique, d’un musicien qui porte tout seul tout le charisme de son mouvement dans sa discographie. En tout cas, l’album ravira les amateurs de darkwave, de rock gothique et de chanteur à la voix grave, comme l’attitude. La première écoute que j’ai faite de l’album This Alchemy m’a déjà convaincu d’avoir un vrai bijou du genre, l’une des sorties qui me manquaient ces dernières années pour m’extirper de ma torpeur sur les anciens albums de Sisters of Mercy par exemple.

La production a donc sa part du gâteau qui est la plus prépondérante dans la construction et le cheminement de l’album. Au travers un son qui parvient à ne pas faire oublier la recette sonore d’antan qui était un doux nectar tout en ayant une touche moderne notamment dans les banques sons, This Alchemy se dote donc d’une véritable orfèvrerie en matière de production. Et dire que c’est Ashton Nyte lui-même qui crée tout et enregistre tout, jusqu’au mastering. Cela me laisse pantois d’admiration. Une sorte d’autoproduction puisque le label lui appartient, qui plus est avec des moyens somme toutes pas si faramineux que cela, accoucher d’un son aussi bon cela relève considérablement du génie. J’étais déjà convaincu avant, je le suis davantage ce soir. Franchement, grosse performance studio pour cet album de The Awakening, un vrai modèle du genre que l’on devrait montrer dans les écoles pour désacraliser le mythe de l’accompagnement studio au détriment de l’instinct de l’artiste. Quand on a des musiciens, qui plus est qui joue de tout, qui sont capables de pondre un album aussi exceptionnellement produit, il ne faut surtout pas se priver de le faire écouter à des ingénieurs sons, histoire de leur donner une leçon. Une vraie! Énorme!

On sent que la grande force de ce mouvement réside dans cet album. Il y a énormément de personnel dedans, et c’est tout le paradoxe de cette époque musicale lointaine pour moi où chaque personne produisait SA musique en se foutant des convenances. De nos jours, ce n’est absolument pas au petit bonheur la chance de faire de la musique, on est plus sur une recherche sécuritaire où la musique doit plaire à tout un chacun. Or, avant, les artistes se contrefoutaient allègrement des qu’en dira-t-on et jouaient, tout simplement. The Awakening a largement son public mais il l’a gagné avec son style, et ses compositions ne sont pas là pour dire « je fais une musique accessible, aimez-moi! ». Non. Les compositions, si belles et si tranchantes, fonctionnent selon une recette uniquement personnelle, et le vrai pouvoir de la fameuse alchimie qui trône fièrement sur cet album, c’est que la musique marche. Et plaira! Pas besoin d’abuser de démarche commercial. L’album reflète donc tout ce que j’aime dans la musique, et il n’en fallait pas plus que toutes les écoutes que j’ai faites pour me convaincre que This Alchemy va devenir une référence en la matière cette année.

J’ai longuement salué le talent du gonze, aussi vais-je surtout m’attarder sur le chant qui est là encore l’un des gros points forts de cette croisade-ci. Je vous l’ai révélé : j’adore les chants baryton. Johnny Cash, Brad Roberts du groupe The Crash Test Dummies, etc. Ashton Nyte ne fait pas exception, et me plombe davantage le cul avec ce chant onirique, envoutant et en même temps d’une extrême gravité dans le sens des émotions. Bien sûr, les différents arrangements qui amènent cette part d’électrique dénaturent un peu le tout, mais la voix semble si naturellement baryton que j’en suis bouche bée. Pour un chanteur c’est un comble! Mais en tout cas, j’ai toujours été « fanatique » (c’est un bien grand mot) de la voix de The Awakening, je n’avais pas réalisé que pourtant, techniquement parlant, on est sur du très basique, du très calme en termes d’intensité. Comme quoi, l’on peut faire dans l’apaisement et le recueillement tout en mettant une claque phénoménale. A ne pas louper!

Pour terminer, ce n’est pas ma meilleure chronique et je le sais. The Awakening met à mal mon objectivité, et le dernier album nommé This Alchemy itou. Mais bon, quand on aime on a parfois du mal à dire pourquoi. La nostalgie reste mon argument le plus valable concernant cet album extraordinaire, qui transpose toute l’importance charismatique du mouvement gothique et donc de toute la darkwave qui en découlait avant. La recette de notre camarade sud-africain reste quasiment la même, avec toutefois cette apport moderne qui manquait un peu aux anciens CDs. Mais pour ma part, je continue à penser que The Awakening est l’un des pionniers, sinon LE pionnier du genre darkwave des années 90. Le poids de son génie artistique continue d’orienter la balance vers le quintal de la réussite, et pèse ainsi de tous son poids dans le cœur des nostalgiques comme moi, d’une époque musicale libre et exceptionnelle. Un incontournable.

Tracklist :

1. Bitter Bliss
2. Into the Machine (part 1 and 2)
3. Zero Down
4. Shadow Call
5. Winter’s Unknown
6. When the Fear Subsides
7. A Victory of Love
8. Take me Home
9. Empty Garden
10. All Tomorrow’s Saints
11. This Alchemy

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