Swarm Chain – Looming Darkness

Le 25 février 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Paolo Veluti : basse, chant clair
  • Emanuele Cirilli : chant saturé
  • Daniele Mandelli : guitare
  • Riccardo Tonoli : guitare
  • Daniele Valseriati : batterie

Style:

Doom Metal

Date de sortie:

25 février 2022

Label:

Punishment 18

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 6.75/10

« Les souris de l’enclume. Cette image m’aurait paru charmante autrefois. Elle suggère un essaim d’étincelles décimé en son éclair. » René Char

On vit une drôle d’époque quand-même. Je ne sais pas où on va, mais on y va. On s’est tapé la crise des Gilets Jaunes, ensuite pendant deux ans et encore de nos jours on se torche tous les jours avec la covid-19, on se tape des débats sans fin entre pro-vaccins et anti-vaccins, et pour finir alors qu’on commence à enfin respirer sur cette crise sanitaire, BAM ! Il y a une crise géopolitique majeure entre l’Ukraine et la Russie.
Les plus croyants d’entre nous devraient se demander ce qu’on a fait au Bon Dieu pour mériter cela.
Moi, si je mettais en avant mon côté enfoui très misanthrope, je dirais que ce n’est que la conséquence de la cupidité et l’égoïsme de la nature humaine. Je suis malgré tout rassuré de voir des gens se soulever, manifester et exprimer leur désaccord sur ce coup militaire d’une ampleur plus atteinte depuis les années sombres. Mais je me dis des fois que la nature humaine est bien représentée depuis les premières frappes ce matin, tôt, et que l’on est définitivement une espèce animale à radier de la Terre.
Je suis dégouté parce que je me demande en tant que père de famille ce que je vais léguer à ma fille, et mes futurs enfants à venir ! Déjà que ma fille sera très fière, hein, d’être contemporaine d’une guerre du haut de ses cinq années d’innocence…
Non mais sincèrement, cela ne vous donne pas des idées de meurtre à grande échelle de voir toutes ces informations qui circulent, toutes aussi abominables les unes que les autres, qui portent un message vilipendé par le désespoir ?
Moi, ça me désole. Je suis dévasté ce soir, et je pense à tous ces civils qui vont en payer le prix, comme toujours, de la mégalomanie et la paranoïa de plusieurs chefs d’Etat.
C’est ainsi.
Mais bon, rien à voir avec la future chronique de ce soir, c’était juste un petit coup de mou partagé avec vous, en espérant avoir un certain écho derrière, on ne sait jamais. En tout cas, je m’apprête à faire la chronique d’un premier album intitulé Looming Darkness, d’un groupe tout nouveau dans mon roster de reporter musical, qui s’appelle Swarm Chain.

De ce groupe qui fait son apparition tardivement sur la scène metal, on ne sait pas grand-chose, le groupe ou le label ne nous ayant pas proposé beaucoup d’informations. On sait simplement que le groupe Swarm Chain est italien, on ne connait pas la provenance exact mais cela, au pire, ce n’est pas très grave (au final, j’ai trouvé grâce à Instagram que le groupe venait de Plaisance). On n’a pas non plus de date de création, ce qui est un peu plus dommageable car cela amène parfois un début d’explication dans l’analyse, notamment sur la maturité ou non des musiciens par exemple. Après, en fouillant toujours sur Instagram j’ai fini par trouver que le premier poste, qui annonçait l’émergence d’un « nouveau groupe de doom metal italien », datait d’aout 2020. Donc une formation relativement jeune si on en croit les réseaux sociaux! Il est bon toutefois de préciser que le groupe a sorti à ce jour deux singles, histoire d’annoncer ce premier album. Looming Darkness sonne donc comme une entrée dans la cour, des grands ou non, pour ces néophytes de la musique. J’aime bien chroniquer les premiers albums parce qu’on part sur du tout neuf, tout emballé serré.
C’est cool!

Et pour un premier album, Swarm Chain se pare d’un artwork de toute beauté ! Et je pèse mes mots parce que le style en lui-même est vraiment superbe. J’adore ce côté graphique très prenant qui n’enlève en rien toute l’iconographie et les symboles que l’on trouve sur cet ensemble qui affiche d’ailleurs des couleurs étrangement douces mais tout de même assez sales. Evidemment le rapport à la sombritude est très important, le titre de l’album qui signifie « Noirceur imminente » en atteste avec donc des références comme les crânes ouverts, ce décor très chaotique, ce personnage qui fait penser à une figure iconoclaste avec cette auréole marron et ce serpent qui va derrière comme un compagnon de noirceur. C’est symboliquement parlant du déjà-vu, mais le style me plait bien. Cet effet coup de crayon grossier qui donne au final, comme dans certaines bandes-dessinées, un rendu particulièrement fin et tumultueux me sied bien ! J’aurais préféré un peu plus de recherche de la part de Swarm Chain parce que je ne suis pas certain que cet artwork qui emprunte les chemins « qui fonctionnent » et qui reprend des images déjà utilisées mille fois se démarque bien pour mettre en avant ce groupe tout jeune.
Mais ce n’est que mon avis, et si l’on en reste stricto facto sur l’artwork en lui-même, il défend bien son bout de gras.
C’est vraiment pas mal!

Honnêtement, quand j’ai amorcé l’écoute de Looming Darkness, je me suis dit « bon ben c’est mal barré. »
Mais pour une raison très simple : le doom metal proposé par le groupe italien est à moitié un vrai et sincère copier-coller de Black Sabbath. C’est simple : vous prenez Black Sabbath, notamment l’album Paranoid, et vous avez la moitié des morceaux de Swarm Chain.
Et très franchement, les groupes qui font du copier-coller comme ça, parce qu’on est au-delà de l’influence pour moi (c’est drôle ! J’avais justement un débat ce matin avec d’autres metalleux sur la différence entre influence et plagiat), on est presque sur du plagiat.
Notamment sur les riffs minimalistes, sur le son très heavy metal et la lenteur moins importante que ce qui se fait actuellement, et surtout SURTOUT le chant.
Mais heureusement, j’ai persévéré parce qu’en temps normal quand je découvre un album de ce genre, qui copie allègrement, je ne l’achète pas. Donc ma chronique aurait été rédhibitoire si, et heureusement si, le groupe n’avait pas changé notamment le chant sur une bonne autre moitié de l’album et sur les passages plus mélodiques ou les soli.
Et là, je trouve que la magie opère! Avec un chant saturé et des passages légèrement plus heavy metal pur, il y a indéniablement un truc en plus. Le groupe fonctionne superbement bien avec cette démarche plus extrême qu’old school. Cela donne un aspect étrange à ce Looming Darkness, qui s’avère être très clivé au lieu de fonctionner sur une harmonie honnête.
On a deux parties distinctes en fait, je trouve que c’est un peu dommage parce que le groupe a voulu probablement se sortir de cette étiquette old school dont je parlais tout à l’heure en changeant la technique de chant, mais en vérité il n’a fait que scinder en deux entités les pistes elles-mêmes, rendant donc ce premier album encore très brouillon et hasardeux pour moi. Après, sur une première écoute, j’ai eu une réaction d’auditeur lambda, ce que je suis bien sûr avant tout, qui a beaucoup aimé Looming Darkness et qui s’est même demandé s’il n’allait pas l’acheter. Et puis le chroniqueur qui a pris le relais s’est creusé la cervelle en se demandant pourquoi il avait soudain un doute sérieux sur les louanges à accorder aussi vite à Swarm Chain.
Et delà mon constat s’est décliné, je pense effectivement que ce premier album souffre de quelques errances et maladresses qui peuvent être radicales selon les auditeurs en face.
Mais bon, en fin de compte on a encore une moitié de chronique pour développer et analyser, donc allons-y !
Ne restons-pas sur cela.

La production est en tout état de cause, et contrairement à ce constat mitigé fait plus haut, plus nette et propre. J’avoue avoir été très étonné de cette dimension old school dans le son général, avec un doom metal qui se verra doté d’un son beaucoup moins lourd et d’une lenteur moins importante que la modernité nous offre, restant ainsi sur une base séculaire et sonore digne des années d’avant, à l’époque de l’émergence ou de la confirmation des grands groupes de heavy metal et de doom metal.
J’en ai nommé un déjà.
Mais bon, ce son bien moins enveloppé et moins épais va certainement ravir des nostalgiques, pour ce qui est de ceux qui aiment la modernité et la brutalité à outrance, ils risquent d’être un brin déçus. Les guitares sonnent en tout cas assez simplement, la jauge d’énergie reste moyenne et la basse est un peu timorée, la batterie en revanche claque bien des dents sur la parquet! J’aime les accélérations avec cette dernière qui nous rappelle encore des groupes d’antan sur des phases en mid tempo. La formule reste néanmoins classique, une ou deux guitares, une basse, une batterie et un chant. Donc on est sur une recette basique qui fonctionne, qui amène quelque chose sur une production soignée et polie, et c’est déjà un très bon point !
C’est peut-être d’ailleurs le point le plus satisfaisant de Looming Darkness.

J’ai écouté seulement une deuxième fois l’album, mais je suis resté sur le premier constat.
Ce clivage est net, précis et malheureusement dessert pas mal Swarm Chain. Il est important d’avoir une fluidité dans un même album, or je déplore un peu que le groupe fasse ce choix bizarre de ne pas assumer soit un aspect old school genre doom metal traditionnel, soit un côté plus extrême avec un chant saturé et des passages plus rapides. Je pense, et je suis même profondément convaincu que le groupe doit choisir. Il doit choisir lequel durablement garder pour ne pas tomber dans ce piège de clivage et disharmonie. Toutefois, je retiens que ces derniers ont largement de quoi s’améliorer et revoir son travail de composition parce que j’ai sincèrement apprécié certains passages. Quelques rares vont même me convaincre d’acheter l’album! Il y a matière à faire une musique qui leur correspondent mais qui ne copient pas les gloires du passé comme ça. J’aime profondément ce que Looming Darkness peut amener sur un seul de ses deux versants! C’est vraiment dommage parce que l’album est très bien produit, le son est comme je l’aime dans un registre doom heavy metal si j’ose dire, les parties mélodiques et les soli sont superbes, alors pourquoi s’embarrasser avec des passages plus « Black Sabbath » et qui n’ont aucune saveur ? Qui sont une pâle copie ?…
Vous vous ferez votre opinion, mais moi je suis vraiment partagé. Je ne sais pas si je vais, à ce stade de la chronique, accorder une bonne note ou pas.

Alors, je me suis dit que ce qui allait sauver l’album de Swarm Chain et ce, même si encore une fois c’est très copié, c’est le chant.
Ou les chants.
En tout cas, il y a bien deux types de vocalises mis à l’honneur : un chant clair et un chant saturé. Le chant clair est très bien, typiquement heavy metal à l’ancienne, avec un peu d’énergie mais pas trop puisqu’on parle de doom metal quand-même, donc un chant clair posé et poétique, comme le ferait par exemple un groupe comme Eclipse of the Sun. J’adore ce chant, très clairement. Je ne vais néanmoins pas me répéter sur son intérêt ici, vous avez compris que la technique seule ne suffit pas à édulcorer les errances composales du groupe. Et je préfère cent fois le chant saturé, qui parfois est couplé comme un ensemble de chœurs grunt grave / scream qui sont ultra efficaces !
Ils apportent une profondeur et une noirceur follement macabre à la musique, qui me semblent largement opportuns et bien plus intelligents que ce chant clair trop calme et trop angélique. Les deux sont en tout cas techniquement parlant bien maitrisés, c’est déjà ça.

Pour terminer, Swar Chain nous délivre un premier album Looming Darkness qui s’avère être un album très diviseur. Sur le plan purement technique (on verra la tactique après avec Didier), je n’ai pas grand-chose à redire de négligeant sur ce premier album qui est fort bien produit, proposant un doom metal sur le papier très classique, avec de fortes influences heavy metal, conférant une nette coloration old school qui me plait bien. Mais sur le plan tactique justement, Looming Darkness est trop clivé entre des parties doom metal énergiques avec un chant saturé, des mélodies guitares et soli franchement excellents, et des parties trop calmes, trop aériennes avec un chant presque trop suave, et au lieu d’amener une sorte d’harmonie par l’équilibre des genres, on se retrouve avec un premier CD scindé en deux, qui casse net une dynamique qui met du temps à venir et qui coupe la chique.
J’aurais vraiment envie de voir un choix drastique de fait par le groupe entre l’une ou l’autre partie. Parce que sinon, je vais vite m’en lasser. Je me suis donc lancé le challenge de faire le prochain album de Swarm Chain pour voir si mes conseils de modestes chroniqueur bénévole et passionné ont trouvé leur écho.
Album clivant mais quand-même bon, voilà mon constat final.
Note moyenne.

Tracklist :

01. Hunters
02. Worms
03. Witch of the wood
04. Looming Darkness
05. Codex Gigas
06. Almost Nothing

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