Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 7.5/10

The Grey, premier album de Stömb. En voila un album qui porte éminemment et judicieusement bien son nom. Explication…

Forts d’un EP, Fragment, paru en avril 2013, le quatuor de parisiens fait dans un mélange de genre assez étrange, à la croisée du Prog(principalement), du Death, de l’Atmospheric, de l’Électro, de l’Ambient, du Djent… avec des influences assez évidentes (Tool, Messhugah, Tesseract) et d’autres un peu moins (Animal as Leader). La couleur annoncée dans le titre sied parfaitement à cette musique totalement instrumentale (ou presque, avec ses deux inserts de speeches en 1ère et 6ème pistes) : pas de couleur, pas davantage de noir ou de blanc… du gris. Avec une volonté consciente de rester dans le flou, le gris, et l’aspect technologique, au point que les blases des interprètes ne sont indiqués que sous la forme d’un idéogramme de matheux ou de physicien – heureusement que Big Brother/Internet m’aide dans ma tâche ardue… Une musique assurément scientifique (et je n’ai pas recherché, si éventuellement on trouvait du nombre d’or, du crible ou de l’algorithme…).

Cet ovni musical, c’est de la musique qui s’entend. Et là, vous allez me rétorquer : « Mais t’es gland ou quoi ? De la musique, ça s’entend ! » Certes… Mais vous avez deux options : soit écouter la musique, chercher la petite bête avec attention, décortiquer, analyser… soit entendre sans chercher vraiment plus loin, sur les principes de l’époque Baroque de la « musique pure ». Ici, on est dans le deuxième cas de figure, à part pour les plus tatillons d’entre vous qui s’efforceront d’en saisir la quintessence, la complexité, sans vraiment savourer l’ambiance que le groupe a voulu créer. The Grey, c’est ce genre d’album qu’on met dans son autoradio pendant un long trajet et qui vous plonge dans la réflexion. A la mienne, de réflexion, oubliez ce que je viens de dire, ça vous évitera un accident ; écoutez-le plutôt en fond sonore dans votre salon, « posey dans le canapey » avec un bouquin… Pour résumer, avec ses 10 looooongues pistes, c’est une sorte de Lounge, mais pour les metalleux, mais avec un grain sonore copie conforme, au niveau des guitares, à celui de Scar Symmetry.

Est-ce que j’aime ? Est-ce que je n’aime pas ? Ma réponse sera du même acabit que le titre : en demi-teinte. Ça ne laisse pas indifférent tant c’est différent, mais il ne faut pas chercher à se raccrocher à une quelconque mélodie ou essayer de fredonner. On n’est pas dans du bruit, même si le bruit reste de la musique, qu’il soit ou non un reflet de la réalité – « Une œuvre d’Art a-t-elle pour but de représenter la réalité ? » A vos stylos, vous avez 4 heures ! –, ça reste mélodique et mélodieux, mais on finit par ne plus savoir où et quoi chercher, ou à quoi se raccrocher. Un peu comme les Répétitifs du genre d’Addams et Reich, on joue sur la variation pas forcément tranchante qui vous emmène vers un autre motif. Complexe donc, tant musicalement que le fait de s’y acclimater – ces scienteux qui font de la musique, j’vous jure… Je sais que la musique, c’est aussi et surtout des maths, mais où est la poésie dans tout ça ?

A écouter… pardon entendre (ceci est du second de Grey) pendant un diner avec vos potes extraterrestres, de petits hommes gris – la vérité est ailleurs… (A vos stylos, une fois encore !)

Tracklist:
1. The Complex (8:50)
2. Rise from Nothing (5:39)
3. Veins of Asphalt (8:32)
4. Corrosion Juncture (6:44)
5. The Crossing (2:20)
6. Under the Grey (6:27)
7. Terminal City (8:06)
8. The New Coming (6:00)
9. Genome Decline (8:29)
10. Only an Echo (7:45)

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