Puzhmer – Mystericon

Le 20 octobre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Tuno : tous les instruments, chant

Style:

Black Metal

Date de sortie:

09 octobre 2021

Label:

Black Shadow Legions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.5/10

« La musique. Serait-elle un fluide mystérieux doué d’ubiquité ou un philtre magique que l’ouïe absorbe pour la dispenser dans toutes les cellules et nous apporter l’évasion. » Anne Bernard

Aaaaaaaaaah cette chronique, elle fait un bien fou! Je l’attendais depuis un moment, le retour de ce partenariat. Il me fait sincèrement du bien, même si je pars de manière objective sur chaque chronique, je sais que je vais rarement être déçu. J’en profite de cette introduction, pour une fois que je lui trouve un intérêt authentique. Je voudrais faire passer un message, qui est directement en lien avec la correspondance que j’entretiens avec le gérant du label Black Shadow Legions et que je remercie encore de sa confiance. J’aimerais que les lecteurs qui vont découvrir cette chronique se rendent compte à quel point gérer un « petit » label est compliqué, et mérite beaucoup plus d’attention et d’encouragement que Black Shadow ne reçoit. Je suis effaré d’apprendre les ventes sporadiques qu’il fait en ce moment, je suis même profondément en colère de voir un intérêt aussi minuscule pour des labels qui se cassent littéralement le cul pour faire vivre notre belle scène metal. Mon coup de gueule va directement de pair avec le message d’alerte qu’avait publié il y a quelques semaines Antiq Label qui là encore en chie pour continuer à exister. Je ne comprends pas… Vous n’avez donc si peu d’intérêt pour nos labels? Vous préférez engraisser des plus gros qui sont largement en capacité de soutenir un effort le temps que vous vous intéressiez à des plus modestes. Moi, je considère que faire vivre un label c’est faire vivre éternellement la culture, et mettre des œillères sur la crise actuelle qui touche notamment le disque m’exaspère au plus haut point. Alors, cher(e)s lecteur(e)s, si j’ai un conseil à donner, un seul : c’est d’acheter des CDs. Faites vivre les labels comme Black Shadow Legions, et arrêtez de vous contenter de la bouillie commerciale que l’on nous rabâche à longueur de journée, comme si elle en avait besoin… Bon Dieu! Ouvrez-vous quoi! En tout cas, je me sens investi d’une mission ce soir : permettre à Black Shadow Legions d’enfin trouver une certaine reconnaissance pour sa dernière sortie, le groupe Puzhmer et son album sorti en 2020 en autoproduction, ressorti cette année, qui se nomme « Mystericon« .

Puzhmer est l’occasion aussi pour le label de produire pour la première fois un groupe d’une autre nationalité que le français. Il s’agit du projet solo d’un musicien russe, de la ville d’Izhevsk près de Kazan, qui se nomme Tuno. Le projet musical est assez récent du moins en apparence puisque le premier EP nommé « Nihil Sub Sole Novum » est sorti en 2018. S’en suivra un autre EP un an plus tard appelé « Igni et Ferro« , pour accoucher finalement d’un premier album dont j’expliquais plus haut qu’il était d’abord autoproduit en 2020 et produit par Black Shadow Legions cette année. Connaissant le lascar derrière le label, je suis certain qu’il s’agit d’un groupe de qualité, surtout pour se lancer dans l’aventure folle de produire son premier groupe étranger lui dont la fanbase se situait principalement en France. Une énorme prise de risque pour laquelle j’espérais ne pas passer à côté.

Comme d’habitude, petit passage sur la pochette de cet album que j’ai eu la chance de recevoir en format physique. Un format en trois panels, de qualité, cela fait toujours plaisir. Le livret avec les paroles se situe sur les panels, en lui-même c’est un format que je considère comme une mesure optimale pour les groupes et les labels. Mais le vrai plus de l’album « Mystericon« , c’est le design. Il est sincèrement très beau, avec cet effet vitrail en fond qui donne une perspective lumineuse sur le symbole central, le nom du groupe en haut et de l’album en bas. Le design en lui-même pourrait avoir plusieurs significations, on pourrait voir des fragments de verre ou comme un agrandissement puissant sur du sable, mais j’aime beaucoup ce mélange de couleur et ces perspectives lumineuses, c’est une très belle pochette qui me fait penser à Nagaarum et son album « Covid Diaries » que j’adore. Ce qui m’a surtout bien plu c’est le concept qui semble se dégager très vite, avec ce symbole runique et le nom de l’album en runes, cela sent bon l’univers nordique! J’ai toujours essayé de trouver de la corrélation entre les pochettes et le nom d’album, honnêtement ici je n’en trouve pas puisque le nom Mystericon est inventé, et a inspiré d’autres groupes comme nom. Mais je me dis qu’il y a une volonté de parler de certains mystères, de runes magiques et donc que l’on pourrait avoir une sorte d’univers musical centré sur le nordisme, ce qui bien entendu me siérait énormément. D’autant que, pour avoir fouillé les précédents EPs, je me suis aperçu que le dénommé Tuno aimait centrer ses créations sur des concepts précis, souvent sur un univers romain ou grec. Cela me conforte donc dans l’idée que Puzhmer est un groupe intéressant. En tout cas, l’artwork est franchement sublime, j’aime beaucoup! J’aime beaucoup aussi ce choix de format qui est un excellent compromis pour tout le monde et permet de développer davantage la dite pochette. Judicieux!

Puzhmer propose sur le papier un black metal relativement simple quoique atmosphérique, normal quand on connait bien le label! Mais alors, j’étais loin de me douter que je prendrais une gifle de la sorte, le genre qu’on ne souhaite pas prendre au boulot mais qui fait du bien quand on est face à de la musique. Un truc intersidéral! En fait, j’avais à tort été habitué à des productions raw, sans que cela soit un terme péjoratif dans mes écrits, qu’on se le dise! Mais est venu « Mystericon« , et là… J’ai tout de suite compris pourquoi ce choix de groupe dans son roster! Loin de faire dans le « true » black metal avec un son nasillard, du blast à n’en plus finir et des screams glaciaux, on a un black metal que je qualifierai d’antan, des tout débuts. Vous savez? Quand il y avait encore quelques relents heavy metal, avec des riffs inspirés et très mélodiques, couplés avec des accords épiques. J’ai tellement adoré les claviers qui sont simples mais redoutables d’efficacité, mélangés mélodiquement avec les accords guitares, utilisés avec intelligence et non abus, pour ajouter une dimension plus dramatique à l’ensemble qui sonne comme une vraie escapade historique et légendaire. Je crois que le mot est insuffisant, puisque chaque piste a son univers, son attrait artistique. J’ai tantôt reçu de l’épique, de l’onirique, du dramatique, du romantique, etc. Tuno est un artiste qui ne se contente vraisemblablement pas de son attirance charnelle et principale pour le black metal, il insuffle à chaque morceau un peu de son immense savoir musical. Nommer le genre autrement que « black metal » me paraît incongru tant je décèle d’autres inspirations comme le heavy metal, le metal folklorique voire paganique. On pourrait de fait cataloguer Puzhmer comme du black metal paganique mais comme cette étiquette n’est pas l’œuvre de son propriétaire, je resterai succinct. Mais sincèrement, la musique est superbe, extraordinaire. Une vraie beauté, qui mélange habilement le primitif d’un black metal d’époque, avec une production digne et fière, qui transcrit avec force et véhémence tout le talent du gonze russe. Une grosse grosse surprise, et un vrai plaisir!

La production a quelques soubresauts un peu hasardeux, mais suffisamment légers pour qu’ils ne soient pas du tout rédhibitoires. Parce que très globalement, la production est propre. Il n’y a quelques pistes, deux tout au plus, qui souffrent d’une batterie légèrement trop haute, masquant les guitares et offrant un son sur les cymbales, notamment la china, assez cacophonique par moment. Autrement, je suis très content du reste, je trouve que les deux guitares se complètent très bien, la basse est bien audible surtout en rajoutant quelques bonnes basses fréquences, la batterie hormis quelques accrocs est relativement bien mixée et je lui trouve même, si l’on met de côté les cymbales, un son très naturel au niveau des tomes et de la grosse caisse, ainsi que de la caisse claire. Le chant pourrait être un poil monté dans le mixage mais ce n’est que mon point de vue, on l’entend tout de même bien. Les claviers sont judicieusement mis plus en avant quand il faut, plus en retrait itou, ce qui démontre qu’il s’agit d’un instrument majeur dans la composition de « Mystericon« . Bref! Une production très bonne, un black metal facilement reconnaissable dans sa structure principale avec un son peu couvert en basse fréquence, des guitares qui tranchent l’air net et qui ne souffrent d’aucun gonflement sonore particulier, un chant typique. De quoi facilement identifier et très facilement apprécier cet album de Puzhmer, contrat largement rempli!

En vérité, je me suis passé l’album au moins trois ou quatre fois tellement ce dernier est facile d’écoute et nous emmène vers des contrées lointaines absolument sublimes. « Mystericon » est une vraie découverte pour moi, je ne pensais pas un jour pouvoir retrouver un groupe comme Puzhmer qui retransmet avec un vrai talent et une nostalgie sincère un black metal aussi racé, aussi vieux. Avec les premiers émois d’antan, les mélodies extrêmement épiques et pas simplement des lignes de blasts à outrance! Moi, quand il y a de la mélodie, j’adore. Le black metal bourré de mélodies et même dans le cas présent de quelques soli, j’adore trop! Ces claviers qui sont parfois dans une mouvance mélodique aussi, pas seulement au service rythmique en étant comme des nappes analogiques, mais de vraies mélodies belles et aventureuses, voire majestueuses et voire même en solo, c’est une pure merveille moi qui adore les claviers analogiques! Je me suis éclaté, j’ai trouvé qu’au-delà de la musique, c’est tout un univers conceptuel qui est mis en exergue. Alors certes je me suis quelque peu mépris sur les intentions nordiques du groupe, mais mieux encore! Le groupe explore un aspect plus chamanique, plus magique et c’est ce qui fait le charme indéniable de Puzhmer. On devine que ce n’est pas un récit guerrier qui est présenté mais plus une sorte de spiritualité, une recherche en profondeur de la beauté de l’âme dans sa noirceur. D’ailleurs, les thématiques principales évoquées depuis sa création (et d’après Metal Archives) sont la colère, le mépris, le dégout et la nostalgie. Des thèmes récurrents dans le black metal mais qui sont très souvent retranscrits de la même manière. Vous avez donc POUR UNE FOIS un groupe qui se targue de traiter de ces sujets avec une musique beaucoup plus épique, une sorte d’hybride « black heavy metal » très très très bon. Enfin voilà, c’était franchement une pure découverte. Cela se passe de mot à ce stade, l’évidence saute aux oreilles. Je ne comprends vraiment pas pourquoi cet album n’a pas le succès escompté… Il est génial et conviendrait à tout amateur de black metal (bon, un peu moins puriste hein…) qui se respecte. Sublime, vraiment sublime.

Le chant pour terminer est évidemment dans une mouvance très classique. Un high scream comme on en entend beaucoup, je trouve toutefois qu’il colle très bien avec le reste. Il mériterait d’être un tout petit peu mis plus en avant, rien de méchant mais par moment on aimerait bien partager ce qu’il chante le type. Partager son marasme quoi. Là, on le sent un peu en retrait, c’est dommage mais en même temps la musique est tellement belle qu’on lui pardonne. Largement même! Il ne varie pas, on reste sur une technique vocale simple mais qui a fait ses preuves bien sûr. Un chant en tout cas qui me semble maitrisé, sincère et qui fait passer le message de la souffrance avec talent. Tout ce qu’on demande en somme!

J’ai fait un petit crochet express sur les textes. D’ordinaire, par souci de ne pas biaiser ma compréhension et pour ne pas faire celui qui comprend toutes les subtilités métaphoriques de l’anglais, je n’en parle pas. Mais ici, j’ai eu envie de découvrir comment Tuno parlait de ses miasmes psychiques. Et j’ai lu de très beaux textes, qui ont une dimension poétique incontestable et qui va de pair avec un sentiment personnel profond. On écrit vachement bien quand on n’a des sentiments négatifs hein? En tout cas, loin de se montrer simpliste dans sa démarche littéraire, notre musicien russe délivre des textes maitrisés également, avec des comparaisons intéressantes et des métaphores parfois filées sur tout un morceau du plus bel effet. Là encore, belle surprise!

Pour conclure cette chronique, rien ne me sera plus facile que de vanter ce premier album de Puzhmer puisque le coup de foudre a été immédiat. Un album aux sonorités typiquement black metal mais avec des mélodies incroyables, des ambiances splendides et hypnotisantes au possible, et une sorte de retour aux sources, mais vraiment des sources primitives, qui m’ont laissé pantois d’admiration. Je pense que mon constat final est à la hauteur de ce fantastique découverte que m’a offert le label avec qui j’adore bosser. Une ode à ce que la noirceur spirituelle a de plus beau, c’est à dire la sincérité et l’appel à l’aide, l’appel à autrui à participer ou accompagner son autodestruction. Puzhmer et son « Mystericon » se sont définitivement immiscés dans ma sphère intime, et je considère que cet album est l’un des plus réussis, sinon l’est, que le label ait produit depuis que je m’évertue à le faire connaître. Alors, si j’ai un message, c’est de ne plus JAMAIS laisser Black Shadow Legions et cet album dans l’ombre qu’ils ne méritent désormais pas!

Tracklist :

1. When Sun Was Devoured 05:57
2. Echo of the Mind 04:21
3. Cruel Passages of Labyrinth 01:48
4. Amber and Sun 07:44
5. Lost Ancient Secrets 05:30
6. Glare of Morning Vapor 02:12
7. Flows 07:28

Facebook
Bandcamp
VKontakte

Retour en début de page

Laissez un commentaire

M'informer des réponses et commentaires sur cet article.

Markup Controls
Emoticons Smile Grin Sad Surprised Shocked Confused Cool Mad Razz Neutral Wink Lol Red Face Cry Evil Twisted Roll Exclaim Question Idea Arrow Mr Green