Mustasuo – Hiljaisuus

Le 23 juillet 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Christopher Livingstone : basse, chant Tomi Luimula : batterie Antti Saarilampi : guitares, chant Guests : Aleksi Huhta, Otto Joki, Jani Kuorikoski, Karolis Navašinskas, Joonatan Rajala, Fanny Riekki, Urho : chœurs Jari Räävi : narration, clarinette Kalle Huttu-Hiltunen, Jere Kilpinen : samples

Style:

Crust Punk / Black Metal

Date de sortie:

1er avril 2022

Label:

Inverse Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8 /10

 

On répond au fou par le silence.” Hazrat Ali

Ce jour, je m’attèle à un genre musical que je n’ai encore jamais écouté, tout du moins à ma connaissance parce qu’au vu de ce qui s’annonce, il est fort probable que si : le crust punk. Alors, comme tout nouveau genre que j’aborde, j’ai fait mes petites recherches mais pas trop ! Parce que sinon, grande serait la tentation d’influencer mes ressentis sur la musique, alors je me suis contenté d’une vulgaire page Wikipedia qui explique, deux points ouvrez les guillemets « Le crust punk est une forme musicale dérivée du punk hardcore et de l’anarcho-punk, mélangée à des riffs de metal. Le tempo est souvent rapide, mais plus raccourci que le thrashcore ou le grindcore. Le son musical en lui-même est décrit comme minimaliste. Les morceaux de batterie sont habituellement rapides, et font souvent usage du d-beat. » En soi, cela ne veut que tout ou rien dire puisque globalement ces caractéristiques musicales se retrouvent dans des genres dérivés du punk, assez lambda. Alors j’ai cherché un peu plus et je suis tombé sur les caractéristiques plus conceptuelles alliant des thématiques assez punk avec un pessimisme qui frôle le maladif ou la mélancolie, je ne pouvais que titiller mon subconscient avec cette idée. C’est ainsi que mon premier groupe de crust punk à chroniquer (et espérons, pas le dernier) sera Mustasuo et son dernier album appelé « Katharsis« .

Voilà ce que j’écrivais en faisant la première chronique du groupe Mustasuo. Je n’avais strictement aucune connaissance propre du style crust punk et j’admets qu’à ce jour, je n’en ai toujours pas tant que cela. Pour vous dire la vérité, je ne me suis pas spécialement penché dessus non plus, mais je vois que cela circule pas mal dans nos rangs avec une dimension bien évidemment plus punk, mais aussi mélangé avec des genres de metal. Alors là, je vous conjure de croire que je ne sais absolument pas ce que cela va donner. Et quand j’ai choisi de faire le troisième album de Mustasuo, qui se nomme « Hiljaisuus » (le silence en finnois), je ne savais même plus que j’avais fait en chronique le précédent méfait. On peut ainsi considérer que cette nouvelle chronique sera l’objet d’un retour à la case départ pour un genre musical que je ne connais pas, qui m’attire par association des choses, mais pour lequel je vais probablement avoir un peu de mal à comprendre tout de suite. Mais qu’importe ! Je suis audacieux.

Et je notais également ceci, j’avoue avoir un peu honte aujourd’hui mais je promets que je n’ai pas pris de substances ce jour-là : « Alors, je vous laisse deviner de quel pays provient le groupe… Je vous laisse réfléchir ; cinq, quatre, trois, deux un… VOUS AVEZ TOUS PENSE AU JAPON ! Comme moi !!! Eh… Ben non. Mustasuo nous viennent tout droit de Finlande, et de la bourgade paisible et verdoyante d’Oulu dans le Pohjois-Pohjanmaa c’est à dire le centre du pays. Evidemment vous vous demandez ce que signifie Mustasuo, et j’ai la réponse : « marais noir ». Le groupe a balancé son fiel musical dans l’année 2015 et a depuis sorti un premier album autoproduit nommé sobrement « 7 » et un split avec le groupe du même pays et même de la même ville, Napalm Ted, qui fait du grindcore et du death. Et nous voici donc avec le dernier nouveau-né du groupe qui s’appelle « Katharsis » et qui est le premier CD du groupe à être signé, chez Off Records Finland. Nous avons de fait une formation composée de trois musiciens, relativement jeune mais qui se lance en quelque sorte dans la cour des moyens-grands avec cet album sorti chez un label. Groupe prometteur ? C’est ce que nous allons découvrir. » Il convient donc de préciser que non, le groupe n’est toujours pas japonais, qu’il y a eu un changement au poste de bassiste et que le troisième album nommé donc « Hiljaisuus » est sorti chez un label différent mais que l’on connait bien chez Soil Chronicles : Inverse Records. On se lance donc pour cette deuxième chronique pour le compte du groupe finnois, même si je m’étais juré de ne pas le faire. Cette fois-ci, c’est un choix purement hasardeux !

J’avais suspecté, sans que je ne me souvienne pourquoi, le groupe Mustasuo d’avoir fait de la récupération d’une autre œuvre artistique pour incarner son artwork. Ce qui me déplait fortement. Mais pour cette fois-ci, je n’ai pas la certitude que ce soit le cas, même si la ressemblance stylistique est frappante. On a pas mal de similitudes sur le jeu des couleurs qui font penser à la pourriture, au dégout, avec des tons kakis tout à fait à propos sur ce que l’image veut renvoyer. Soit un décorum de marécage avec une créature monstrueuse, probablement sortie de l’eau ou apparaissant dans la brume autour de ce marécage, offrant une sorte de référence à un film d’horreur. La créature est particulièrement effrayante et me fait penser à la petite fille qui se défigure atrocement dans le film « The Grave Encounters ». Cette petite fille m’a traumatisé pendant de très longues nuits… Aussi suis-je un peu mal à l’aise, mais ce n’est en rien la faute de l’œuvre en elle-même, c’est simplement la faute à ce transfert idiot que je fais. Sur le style, qui se veut un peu grossier dans les traits, brille selon moi par ses couleurs et cette représentation mystérieuse du silence. On pourrait penser que cette créature qui semble crier n’a finalement aucune voix qui sort et cela la rend encore plus dérangeante. En tout cas, même si je subodore que Mustasuo s’est encore accaparé un tableau, il n’en demeure pas moins que le choix est tout à fait intelligent, judicieux et marquant. Alors je vais faire le même constat que dans ma chronique précédente : même si cela me déplait fortement, je dois reconnaître que j’aime beaucoup ce choix.

Alors, sans suspense aucun, « Hiljaisuus » s’affaire à proposer une musique estampillée crust punk. Avec néanmoins une petite subtilité qui ne me semble pas avoir été présente sur le précédent album : l’incorporation de black metal. Je connais le lien de parenté entre le crust punk et le black metal, ce dernier s’étant probablement historiquement inspiré de l’autre, mais j’avoue avoir un peu de mal à discerner là où il apparait sur l’album. Pour moi, c’est essentiellement du crust punk dans toute sa crasse splendide, avec des pistes nombreuses mais extrêmement courtes, inhérentes au genre, des riffs très minimalistes et qui ne font aucune place à la fioriture hormis peut-être des petits soli en fin de morceau par exemple, ou l’introduction du premier morceau. Vingt-cinq minutes pour onze titres, c’est très court et cela permet à Mustasuo de proposer un album rapide d’écoute, mais qu’il convient de prendre avec toute la bestialité et la révolte qu’il mérite. En tout cas, on sent toute l’influence des musiques underground, du tréfond le plus loin que l’on puisse trouver, avec un son bien raw typique du genre, et le fait que ce troisième album suive exactement la même mouvance sans tenter de se moderniser ou de reprendre des bases plus familières pour nous. En tout cas, ce que je retiens de cette première écoute, c’est que « Hiljaisuus » est un album finalement assez familier pour moi. Je connais bien le punk, pratiquement pas le crust punk mais je m’aperçois que finalement le jumelage est quasiment similaire et, hormis quelques petites nuances notamment conceptuelles, les deux genres se chevauchent très bien. Pour les incorporations black metal, j’ai été bien plus en peine de les trouver. A part quelques accélérations à la batterie, quelques parties chant qui se rapprochent bien d’une technique high scream, je trouve que la distinction est infime. Alors, je veux bien croire Mustasuo quand il s’étiquette crust black metal mais j’aurais aimé qu’on me l’explique. Mais le label est coutumier de se contenter d’envoyer les pistes sans aucun dossier presse… En tout cas, « Hiljaisuus » s’écoute bien. Il n’est pas surprenant, restant donc sur une musique minimaliste et simple que l’on connait sans connaître, ce qui n’a pas enlevé le plaisir réel et sincère que j’ai éprouvé durant cette écoute ! Amateurs de punk, vous allez aimer c’est évident.

Pour la production, comme je l’évoquais précédemment, on touche à l’underground bien profond, ce qui se situe toutefois bien sur ce qui est fait habituellement pour le punk. Avec donc une base instrumentale minime, soit une guitare, une basse et une batterie. Vous vous doutez probablement que le son ne sera pas épais ni lourd, mais comme l’association potentielle du crust punk avec du black metal le supposait, le son est nasillard au possible, pas aussi froid que le voudrait le black metal old school, mais en tout cas bien raw ! Je pense que le son se passe d’explications techniques, vous saurez tout de suite de quoi on parle dans le cas de Mustasuo. La part qui est faite à l’énergie contraste avec ce son léger, mais on voit tout de suite que cette contradiction fonctionne très bien. Après, j’aime bien ce son dans le registre du punk, qu’il soit crust ou autre chose, parce que cela me change de mon sludge metal favori et les deux sont bien inversés. Quoiqu’il en soit, n’ayant pas le jargon technique pour creuser davantage sur la production de « Hiljaisuus« , je dirais que cela reste très coutumier du style, et qu’en ce sens il est judicieux de dire que l’album est réussi sur ce plan. Tout est raccord, et cela m’enchante beaucoup !

Là où il y avait au détour de la chronique d’avant une subtilité remarquée avec le sludge metal pour des passages bien lourds, je crois qu’il faut se dire que Mustasuo s’amuse à brouiller les pistes et ne se donne pas tant de limites dans la composition. « Hiljaisuus » n’a en effet aucune ressemblance composale particulière avec l’album précédent, ce qui me laisse à croire que le groupe innove un peu quand-même. Mais en tout cas, comme le black metal et le crust punk se ressemblent énormément, on ne sent pas de réelle démarcation sur cet album, ce qui me déçoit un peu et ne me permet pas d’avoir autant d’enthousiasme qu’avant. Je trouve que ce choix sonne comme un retour aux sources et même si je suis sensible à ce genre de nostalgie, je ne peux pas autant m’enthousiasmer ici. Entendons-nous ! J’aime bien l’album, mais comparé au précédent, je suis moins satisfait. Je préférais les passages sludge. Je trouvais que dans le contexte de cette musique qui fleure bon la révolte, la révolution et le pessimisme sociétal, un peu de lourdeur était de fort bonne utilité. Mais ici, avoir cette musique tranchante, agressive et froide, cela amène un côté plus « Kickback » que je trouve moins intéressant. On ne peut donc pas décemment parler de régression puisque le groupe changeant de version ne trace pas d’amélioration spéciale, mais on pourrait donc parler d’un petit soupçon de déception pour moi. Mustasuo restera néanmoins un groupe intéressant pour les amateurs du genre et de tout ce qui chatouille les fanons de l’underground.

La seule constante qui demeure, et qui me fait très plaisir tant j’avais usé de termes emphatiques pour en parler, c’est le chant. Se situant typiquement sur le style punk, avec de temps en temps quelques petites accroches high scream qui étayent plus facilement les incorporations black metal, on sent que c’est le moyen le plus intense de cracher cette haine musicale qui émane du genre crust punk. Les lignes vocales déraillent littéralement en fonction des parties de chant, jouant subtilement sur la bestialité de ce dernier et non la technicité, favorisant ainsi l’authenticité d’une certaine souffrance exprimée. Et cela, j’en suis extrêmement sensible. Je reconnais avoir un faible pour ce type de chant et la volonté de se contreficher des déraillements, des fausses notes pour mettre en exergue l’intention brutale. Au moins Mustasuo maintient donc ce cap à la frontière du post-hardcore pour me faire le plus grand des biens ! Excellent !

Je tiens à mettre un point final à cette chronique en faisant mon mea culpa. J’avais émis l’hypothèse de découvrir un nouveau style de musique avec enthousiasme et je reconnais aujourd’hui que je n’ai pas creusé davantage le bazar. Mustasuo achève de me convaincre qu’il me faut approfondir la solution. Non pas parce que j’adore ce genre, mais parce que je ne le connais pas très bien. En tout cas, troisième album de la fratrie finnoise underground, « Hiljaisuus » est un album qui balance vers un crust punk et le black metal. Du moins c’est ce qui est avancé par le groupe parce que j’ai été incapable de faire le distinguo précis. Pour moi, c’est tout simplement du crust punk avec des pistes très courtes, peu de fioritures et beaucoup de minimalisme, pour au final un album coup de poing brutal et bestial. Une musique qui ne laisse pas l’auditeur s’endimancher de confusion, on est sur quelque chose de terriblement méchant, violent. Mon seul reproche assez important reste ce changement d’incorporation, passant d’une dimension sludgienne à un black metal qui plonge un peu trop l’auditeur dans une sphère old school un peu désarmante. Mais cela reste un bon album, assurément.

 

Tracklist :

1. Levottomat kädet 01:32
2. Aikamme on loppumassa 01:09
3. Hiljaisuus I 01:00
4. Huijaus 01:56
5. Temppeli 03:26
6. Loputon 02:40
7. Tilkitsen sairaat soluni 02:28
8. Kulkutauti 00:55
9. Hiljaisuus II 01:49
10. Taas sataa 03:30
11. Ei en 04:52

 

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Chronique « Katharsis« 

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