Quinze ans d’âge, et tout comme certains vins, le « Mob Rules » des six de Wilhemshaven se bonifie et arrive à maturité. Depuis le prometteur « Savage Land » de 1999, nos teutons ont fait leur petit bout de chemin, se sont assurés une frange de public fidèle, ont asséné leurs offrandes appréciables très régulièrement, et sont reconnus dans la planète Metal comme un très bon combo de « Power mélodique ». Avec ce que cela sous entend comme retenues d’agréments, quand à un manque d’originalité où une incapacité à gravir l’échelon fatidique permettant d’accéder au statut de « pointures du genre ». Reste donc à savoir si ce « Radical Peace », sixième opus des chevelus couronnés de Basse-Saxe, sera enfin l’album « culte » leur permettant d’accéder à la caste supérieure.

Autant le dire de suite, cette nouvelle offrande désormais labélisée par le spécialiste du genre AFM, ne pourra qu’être meilleure que la précédente « Ethnolution A.D » sortie en 2006 chez Spv, tant celle-ci accumulait poncifs et caciques du genre. Platitude et intérêt relatif des compositions proposées, chant linéaire et peu incitateur, sonorités et dégoulinées des lignes organiques empreintes de béatitudes… Arrêtons là, une liste assez rédhibitoire quand à l’agrément potentiel des douze plages délivrées alors. Mais ce qui parut certains néanmoins, fut que « Mob Rules » n’était pas un adepte de la prise de risques… Se contentant de ficeler et lâcher un kaléidoscope d’éléments prédigérés et aux saveurs limitées. Et ce à contrario de la triplette, « Temple Of Two Suns », « Holloweed Be Thy Name » -rien à voir avec le veuve d’acier- et « Among The Gods », entre 2000 et 2004, qui quoique n’étant pas gravée au fer rouge de l’avant-gardisme n’en recelait pas moins d’excellents « Celebration Day », « Black Rain » où autres « Arabia », et surtout une progression constante.

Et les sept plages de ce « Radical Peace », risquent de laisser « sur le cul » bon nombre d’entre vous s’essayant à l’audition de celui-ci ; particulièrement ceux déjà familiers avec le combo. Car si la musicalité de « Mob Rules » n’a pas évolué sur le fond, la forme à quand elle procédé à un « toilettage » tout simplement divin. La mélodicité est résolument accrocheuse et vous séduit dès l’inaugural emphatique « Children Of The Flames » faisant référence au camp de la mort de Mengele : Gros riffs, descentes de manches aiguisées et nimbées de facettes orientales, tempos saccadés, break énorme, lignes vocales captivantes et claquants leurs grandiloquences sur la progression du titre… Jubilatoire ; inexorablement, et jusqu’aux dernières secondes de déferlements de concerts entre six cordes et volutes organiques. Un des meilleurs morceaux jusqu’alors jamais pondu par « Mob Rules » et dont on se dit qu’il risque fort de rester tel un coup d’épée dans l’eau, car suivi de plages plus « quelconques »…

Ce qui ne sera absolument pas le cas, tant la doublette suivante sera du même acabit. Le « Trial By Fire », auquel sera rajouté une intro tendance « martiale », reprendra la même alchimie avec semblable réussite. Et le « Warchild » s’annonçant ensuite enfoncera définitivement le clou, véritable pointe centrale sur aiguisée de ce trident sans concessions ni rémissions possibles. Autant vous le concéder sans fards ni faux semblants, nombreux seront ceux d’entre vous à s’égosiller et déchirer leurs cordes vocales sur le refrain de cet enfant guerrier. Quand parallèlement les shredders amateurs s’essaieront à plagier les soli ébouriffants des six cordes.

Et si le soufflé ne retombera pas avec le « Astral Hand » inspiré de la fresque de Michel-Ange (la création d’Adam) dans la chapelle sixtine au Vatican et déjà sorti en Ep précédemment ; que dire de « The Oswald File »… Plus de 18 minutes de bravoure, un cheminement musical d’exception quand au traitement de l’assassinat de John F. Kennedy, la plénitude du Prog au service des tenants et aboutissants d’un dossier lugubre et complexe, ou les bruits de pas, les claquements de portes, les samples de discours, la présence d’Harvey Lee comme killer manipulé tiendront du septième art auditif. Un titre culte, viscéralement ; la perfection atteinte de la symbiose parfaite entre Power mélodique et Progressif. Pour être franc du collier et ne rien vous cacher, quitte à jeter aux oubliettes la sacro-sainte ligne de conduite des chroniqueurs « normands »… Colossal, gigantesque, titanesque, peu importera le qualificatif ou le superlatif ; ce dossier « Oswald » est tout simplement un morceau d’anthologie !!!

La résultante de cette perfection atteinte, et dont aurait pu douter de la propension de « Mob Rules » à y parvenir au vu de leur précédente discographie, est que les deux dernières tracks paraitront comparativement malheureusement plus « convenues ». « Waiting For The Sun » se voudra pour autant malgré tout bien agréable et mené tambour battant ; et au final seul « The Glance Of Flame » retombera en partie dans les travers du « déjà trop entendu ».

Ne faisons pas la fine bouche cependant ; car ce « Radical Peace » est un pur régal. Vous doutiez, tout comme moi d’ailleurs, de la capacité du combo à franchir un cap ; à l’instar de la pléthore de combos (tels Wizard par exemple) ne parvenant pas à s’extraire de la nasse… Et Mob Rules le fait allègrement, en nous assénant par surprise un opus d’exception, son meilleur haut la main. Un coup de maitre qui, espérons le, sera suivi de nombreux semblables.

Site Internet : www.mobrules.de/
Myspace : www.myspace.com/mobrulesband

METALPSYCHOKILLER