Note du SoilChroniqueur (Metalfreak) : 9,5/10

Il y a des vocalistes, comme ça, où rien que leur nom symbolise un genre particulier. Quand on cite des John Tardy, Martin Van Drunnen ou Karl Willets, on sait immédiatement qu’ils ne sont pas des chanteurs de death metal, mais LES voix du death metal !

Pour ce dernier, j’avoue que j’ai vraiment flippé de ne plus l’entendre un jour, moi qui suis fan de sa voix depuis un certain « In Battle there is no Law ! » qui date déjà de 1988. Et la sympathie du gaillard n’a d’égale que sa bonhommie, toujours disponible après un concert pour serrer une louche voire papoter un brin de choses diverses : oui, Bolt Thrower est un des groupes pour lequel je n’hésitais pas à faire des centaines de kilomètres pour assister à une de ses déflagrations apocalyptiques sur scène. Le quintet était une formidable machine de guerre et chacun de ses riffs surpuissants autant d’armes de destruction massive !
Le décès prématuré de Martin “Kiddie” Kearns en septembre 2015, batteur de génie qui collait parfaitement au son du groupe et parti dans son sommeil à seulement 38 ans a mis fin au groupe Bolt Thrower, rendant orphelins tous les amateurs d’un death metal d’une puissance que peu de groupes atteignent ! Si Willets se met en tête de fonder un nouveau groupe dans la lignée du précédent, on n’a en revanche plus aucune information qui filtre quant aux autres membres Jo Bench (basse), Barry Thomson (guitares) et Gavin Ward (guitares).
Décision aussi compréhensible que respectable du groupe de ne pas continuer Bolt Thrower, malgré une réelle envie d’écouter un jour un successeur à « Those once loyal » datant déjà de 2005. Le groupe anglais laissera un héritage de huit albums, tous parfaits ou presque, et surtout une réputation scénique remarquable !

Karl Willets formera donc Memoriam en 2016, à la base en tant que groupe hommage au batteur décédé, avec quelques musiciens aguerris : Frank Healy à la basse (Benediction, Sacrilege, ex-Napalm Death, ex-Cerebral Fix), Andrew Whale à la batterie (ex-Colostomy, ex-Bolt Thrower…) et Scott Fairfax aux guitares (ex-Cerebral Fix, ex-Exploder…).
Aujourd’hui, Memoriam, c’est une démo (“The Hellfire Demos”) et un single en 2016, une autre démo l’année suivante (“The Hellfire Demos II”) et les voilà qui arrivent avec un album pour fêter l’arrivée du printemps… et s’apercevoir que Memoriam est le frère jumeau de Bolt Thrower.

Un frère jumeau peut être plus cru(st ?), un rien moins sophistiqué mais non moins efficace.
Karl Willets a sa formule et entend la perpétuer avec Memoriam. Pourtant l’intro « Memoriam », très lourde, limite doomisante, si elle laisse entrevoir qu’on s’oriente toujours dans un death metal guerrier, à l’instar d’un Bolt Thrower (of course) ou d’un Hail of Bullets, donne l’impression de vouloir nous écraser d’emblée sous une chape de plomb très lourde et pesante. Un low tempo étouffant plus proche d’un Asphyx que de ce à quoi Willetsnous avait habitué jusqu’alors.

Mais c’est lorsque « War rages on » déboule qu’on se retrouve en terrain (miné) connu !
On retrouve à nouveau ces rythmiques lourdes, ce chant typique du vocaliste, et ce death metal puissant, pas forcément rapide mais extrêmement étouffant. « Reduced to Zero » confirme la sensation du titre précédent : le tempo général est encore ralenti et le rendu se veut aussi écrasant qu’un bataillon de chars d’assaut vous roulant sur le torse.

Les choses s’emballent avec le plus rapide « Corrupted system » alternant les passages rapides un rien plus crust et les plus étouffants. C’est avec l’impitoyable « Flatline » que les lourdeurs vont reprendre le dessus : des riffs typiquement death metal, accordés très bas et répétitifs en guise d’intro avant que les choses ne s’emballent. Pendant plus de sept minutes, Memoriam nous donne une leçon de death metal, avec l’option “le petit Bolt Thrower illustré” en prime, comme si le groupe cherchait à faire renaître l’esprit de « In Battle there is no Law » en le combinant avec celui de « Those once loyal ».

Cette impression est d’autant renforcée que les deux titres suivants « Surrounded (by Death) » et « Resistance », d’à peine trois minutes, sont d’un brut de décoffrage sans la moindre pitié ni concession, avec ce petit côté punk/crust pas désagréable.

En guise de final, Memoriam nous balance presque neuf minutes avec un « Last words » au mid tempo une nouvelle fois dévastateur, prouvant une fois de plus qu’on n’a pas besoin de passer à 180 bpm pour se montrer impitoyable.

« For the fallen » se veut être une leçon de death metal pour tout amateur du genre : si l’ensemble donne l’impression d’être un rien en dessous de Bolt Thrower, Memoriam montre qu’ils en sont les meilleurs représentants et qu’il va falloir compter avec eux.

Bolt Thrower est mort, vive Memoriam !

Tracklist :
1. Memoriam (2:50)
2. War rages on (4:09)
3. Reduced to Zero (6:37)
4. Corrupted System (6:38)
5. Flatline (7:35)
6. Surrounded (by Death) (3:10)
7. Resistance (3:52)
8. Last Words (8:45)

Site officiel : http://www.memoriam.uk.com/
Facebook : https://www.facebook.com/Memoriam2016/
BandCamp : https://willettsio.bandcamp.com/