Mayhem – Grand Declaration of War

Le 7 février 2019 posté par Bloodybarbie

Line-up sur cet Album


  • Maniac - Vocals
  • Necrobutcher - Bass
  • Blasphemer - Guitars
  • Hellhammer - Drums

Style:

Black Metal

Date de sortie:

7 Décembre 2018

Label:

Season of Mist

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 6.5/10

“I remember it was here I died
By following the freezing moon”

Ah, Mayhem… Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai été grisé par leur musique démoniaque. Grisé également par leur histoire terrible, émaillée de morts, de terrorisme à caractère satanique, souvent emmenés par la folie d’un homme qui jouait le gout de la provocation et de la terreur à la perfection. Je crois qu’on a souvent tout dit sur Mayhem, ce groupe n’est même plus à présenter tant il a sa renommée, si triste soit-elle.

Selon moi, il y a eu deux périodes distinctes entre l’année de création du groupe, 1984, et la période actuelle : celle comprenant Deathcrush et De Mysteriis Dom Sathanas, et celle comprenant tout le reste. D’abord parce que l’album live Live in Leipzig et Dawn of the black Hearts sont d’une incroyable noirceur avec la voix extraordinairement torturée de Dead, ensuite parce que Euronymous a eu l’idée de génie d’embaucher, pour remplacer Dead, l’actuel chanteur Attila Csihar pour De Mysteriis Dom Sathanas. Je trouve que Csihar est le chanteur qui manquait à Mayhem depuis Dead car, non content d’avoir une folie assez similaire (quoique beaucoup moins morbide), son étendue vocal est telle qu’il sait se (mor)fondre parfaitement dans la musique torturée de Mayhem.
Et puis, la période actuelle qui est, selon moi, très très loin du niveau antérieur. Pour être honnête avec vous, je n’ai pas pu aller au-delà de l’album Grand Declaration of War (écouté vaguement une fois dans un moment d’égarement, je pense). Les opus suivants, je ne les ai jamais écoutés et, même pour parfaire davantage ma chronique, je ne l’aurais pas fait. Une intuition, tout simplement, me l’en empêche. Voir, par exemple, les mots « industriels », « passages lents » pour l’album Ordo ab Chao, je n’ai vraiment pas envie de l’écouter car pour moi, cette expérimentation fait perdre cette quintessence identitaire qui a fait Mayhem. Alors si vous avez des arguments solides pour me faire changer d’avis, je suis preneur [NdWvG : #changemymind].

Mais qu’importe! Pour faire la chronique de Grand Declaration of War remixé et remasterisé pour 2018, je n’ai pas spécialement eu besoin d’étendre ma connaissance sur le Mayhem actuel. Une réécoute de la version originale m’a suffi. Au moins, cette possibilité de chronique m’aura permis de toucher du bout de l’orteil une nouvelle dalle posée dans l’histoire du groupe, moi qui étais resté sur les fondations.

D’emblée, on sent qu’il y a une patte experte derrière ce travail de remixage car la différence est telle qu’il est difficile de distinguer quel son représente l’esprit Mayhem. Si j’ai toujours reproché à Grand Declaration of War 1.0 un son plus mécanique, moins sale que les précédents ; pour ce qui est de la 2.0 le son est transformé. On est passé d’un album « le cul entre deux chaises » si je puis dire à un album qui a choisi sa place.
La version première apparaissant suite à la reconstruction du groupe, elle était forcément celle qui a essuyé les plâtres. Ce qui nous amène vers une explication à la question que beaucoup comme moi se sont posés au début : pourquoi avoir repris cet album ? Eh bien pour lui redorer son blason d’album le plus détesté de Mayhem.

En tout cas, on sent qu’il y a plus de profondeur dans le mixage ce qui manquait cruellement à la version une. C’est bien plus agréable à écouter ! Moins nasillard.

Même le chanteur Maniac qui n’a pas brillé par ses prestations, qu’elles soient studio ou scéniques, a enfin une voix qui lui donne un peu de crédibilité ! Je n’aime cependant pas son côté rébarbatif. C’est toujours le même chant… Quand on est habitué à la diversité bluffante de Csihar, entendre cette voix si monocorde, sans âme ni effort, ça me laisse indifférent.

En revanche, j’ai trouvé les textes bien écrits, bien rythmés pour du Black Metal. Je ne sais pas qui est celui du groupe qui s’en est occupé, mais au moins cela m’a apporté un point positif auquel je ne m’attendais pas du tout ! Une bonne surprise. J’ai aimé la recherche qu’il y a eu, une vraie qualité d’écriture qui change des sempiternels refrains anti-sémantiques.

Par contre – et là-dessus il va me falloir plus qu’un simple remixage pour me faire changer d’avis -, cet album est trop brouillon encore dans la version 2.0. J’avais omis combien les structures étaient disparates à en devenir indigestes ! Il n’y a pas de cohérence même au sein des morceaux eux-mêmes… Bon, le compositeur original du groupe étant décédé depuis (Euronymous), difficile d’en trouver un autre qui suive la même route. D’où mon scepticisme vis à vis de la composition en général de l’album. D’ailleurs, du line up originel il ne reste que Necrobutcher, c’est vous dire si Mayhem devait ne plus être le même !

Cela n’enlève en rien non plus le talent des musiciens qui ont fait cet album. Mais vraiment… Non. Il n’y a rien à faire, l’album ne me revient pas. Trop éparpillé, trop dissocié. Et si certains trouveront les citations de Nietzche à propos, en ce qui me concerne je les trouve inutiles. Si seulement elles étaient un peu travaillées, un peu « gonflées » dans le mastering avec des effets sonores qui feraient varier au moins la voix du narrateur. Mais même pas ! Encore un ton monocorde, fade et sans charisme. Pourtant, c’est du Nietzche bordel ! C’est censé avoir de la gueule de tels nihilisme et cynisme ! Mais là, c’est un peu comme si vous étiez à un repas de famille et que votre cousin autiste récitait un poème de Baudelaire !!!

Avec du recul, j’ai bien peur que cet album soit le signe que le label pousse le groupe à sortir autre chose rapidement pour renflouer les caisses. L’album d’avant date de 2013, ce n’est pas incompatible avec cette exaspérante lenteur du groupe pour sortir un opus. C’est une hypothèse plutôt triste évidemment, mais pas impossible tant je patauge dans l’inutilité de cette démarche…

Finalement, Mayhem, c’est un peu le terreau capable de faire pousser de la mauvaise herbe et en même temps des plantations magnifiques : on ignore comment cela est possible d’avoir eu deux récoltes si différentes les unes des autres. Par respect pour la grande carrière de Mayhem et par admiration pour Csihar qui n’y est pour rien, je ne mettrai pas une note dégueulasse. Mais je pense que ce remixage de Grand Declaration of War n’est pas vraiment utile à avoir en discothèque. Il n’est pas en soi l’idée du siècle qui revigorera un Mayhem qui vieillit, s’effrite et n’est plus comme avant. Si je ne nie pas la puissance scénique du groupe qui dégage une atmosphère toujours aussi malsaine, force est de constater que cette dernière sortie studio n’aura pas été un choix judicieux pour continuer à transcender les foules avides de faits divers sanglants. C’est Mayhem, pour toujours, envers et contre tous ces détracteurs (dont moi sur ce coup-là), mais définitivement, je préférais avant.

Tracklist :

1. A Grand Declaration of War (04:15)
2. In the Lies where upon you lay (06:00)
3. A Time to die (01:48)
4. View from Nihil (Part I of II) (03:05)
5. View from Nihil (Part II of II) (01:16)
6. A Bloodsword and a colder Sun (Part I of II) (00:33)
7. A Bloodsword and a colder Sun (Part II of II) (04:27)
8. Crystalized Pain in Deconstruction (04:07)
9. Completion in Science of Agony (Part I of II) (09:44)
10. To Daimonion (Part I of III) (03:26)
11. To Daimonion (Part II of III) (04:54)
12. To Daimonion (Part III of III) (00:07)
13. Completion in Science of Agony (Part II of II) (02:14)

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