Line-up sur cet Album


  • Pete Robertson : batterie
  • Chris : guitare
  • Dalton Quade Wilson : guitare
  • Tim Smith : chant
  • Jonathan Ennis : basse

Style:

Doom Death Metal

Date de sortie:

31 mai 2022

Label:

Bitter Loss Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.75/10

« Il suffit, dès fois, qu’un esprit sain ou même malsain surgisse pour que les consciences somnolentes se réveillent. » Ahmed Khiat

Bon sang, que cela fait du bien! Je m’avance un peu pour une fois en préambule de ma chronique, parce que pour une fois le sentiment final est plus important que mes pérégrinations intellectuelles du début. Parfois, je tricote une introduction histoire de me dire maladivement que toute action a un commencement et donc une amorce de logique. Voilà pourquoi je me suis lancé dans une litanie pompeuse souvent. Qui est somme toute assez peu utile à une chronique, vous me direz. Pour une fois, et seulement pour cette fois, je suis d’accord avec vous. Le sentiment final est bien le plus primordial de tous, la preuve en est ici. Vous voyez, on est souvent en recherche du petit truc qui va faire chavirer la balance du destin analytique. Ce poids famélique qui finalement va orienter le choix du chroniqueur indécis, soucieux de ne froisser personne et de trouver un consensus intéressant. Et puis, par moment, le truc qui va faire chavirer le destin se mue en un enfoncement vers les profondeurs tant l’agacement est de mise. On revient donc sur un besoin fondamental d’ old school. Un metal bien normal, simple et efficace, au temps où on ne voulait pas se la jouer meilleur techos de la Terre! On a nos envies, nous sommes comme des femmes enceintes perpétuellement, en quête de fraises en hiver, de vers de farine lors d’un repas en gastronomie, de sel sur un tiramisu ou de sucre sur les pâtes. Et puis, parfois, un énorme poulet rôti bien dodu suffit, sans rien d’autres! En fait, je casse un peu le mythe du chroniqueur avide de techniques et de je-ne-sais quelle fioriture. On a chez Soil Chronicles de vrais amateurs d’old school, à l’image de Chris Metalfreak, Antirouille, Arno et son grind préféré, Migou qui ne semble pas en reste de musique grassouillette et purulente, etc. Bref! Chez nous, point d’abus de faiblesse, on aime le bien gras! Et ce n’est pas l’album de Malignant Aura qui va me faire dire le contraire. Il s’appelle Abysmal Misfortune Is Draped upon Me, et la chronique c’est maintenant! Comme le changement. Bref…

Malignant Aura est un groupe qui nous vient tout droit d’Australie. Ce qui est souvent gage de bons groupes, puisque l’un de mes préférés notamment et qui est Be’lakor, vient de là-bas. Donc en général quand je vois Australie dans le metal, je suis content! Bon, vous serez sûrement extatiques d’apprendre qu’il vient de Brisbane et de Melbourne, les musiciens étant probablement étalés sur deux grandes villes, dix-huit heures de route quand même! Pas évident pour répéter quoi. Le groupe existe depuis 2018, sous un autre nom en 2017 soit Cursed by a Hag. Et Abysmal Misfortune Is Draped upon Me, qui brille autant par la longueur de son nom que sa signification (« Un malheur abyssal est drapé sur moi »), est à ce jour la seule et unique sortie du groupe. Et déjà, un label s’est penché dessus. Bitter Loss Records, qui est également australien et qui a un roster qui sent bon le bourrin. Tout un bonheur! En tout cas, la perspective de faire la chronique d’un tout premier album, spécifiquement pour Malignant Aura, je suis toujours content parce qu’on part sur des bases toutes nouvelles. C’est parti!

En tout cas, qu’est-ce que la pochette est belle, ma parole! Dans un style superbe, mais quand j’ai vu le créateur de l’artwork, j’ai tout de suite compris pourquoi le tableau me plaisait. Paolo Girardi de son nom est probablement l’un des plus talentueux qui soient actuellement, avec feu Mariusz Lewandowski dont j’ai une pensée ce soir. Et quel ouvrage! Il est absolument splendide, un tableau d’une qualité incroyable. Des couleurs qui vont bien ensemble avec cet arrière-plan qui fait paysage de destruction et ce ciel mi-diurne mi-nocturne me fait un effet bizarrement effrayant. Et que dire de l’avant-scène… Ce personnage plein de folie, qui regarde l’auditeur avec ces yeux ahuris, remplis de peur, qui fait un peu cliché d’un fou mais qui a un côté très flippant et un peu réaliste aussi, puisque les personnes en cachexie comme cela peuvent exister. Et je trouve l’idée de représenter la folie par des figures démoniaques, des créatures apeurantes et cette voûte couleur ocre qui représente symboliquement l’enfermement et repli que procure la folie. On voit bien que le groupe Malignant Aura jongle sur la folie destructrice, et l’idée de présenter cette dernière par une métaphore d’abysse comme le stipule le nom de l’album Abysmal Misfortune Is Draped upon Me, et tout cet ensemble visuel devient un véritable melting pot artistique. En tout cas, Paolo Girardi demeure en vertu de cette dernière création un artiste exceptionnel et je me réjouis du choix judicieux, plein de sens du groupe Malignant Aura pour parer ce premier album. On voit que le groupe s’est donné les moyens d’aller au bout de ses ambitions, et je trouve donc que cette pochette illustre d’emblée le gros travail et la maturité des australiens pour aller dans la cour des grands, ou y franchir une dalle. Excellent choix en tout cas!

J’ai envie de vous partager mon cri du cœur de ce soir, véritablement sorti de mes entrailles et qui résume en tout ce que je pense de l’album Abysmal Misfortune Is Draped upon Me : ENFIN!!! Enfin un VRAI album de doom death metal! Un vrai, putain! Jusqu’à présent, je n’avais que des groupes qui étaient soit tout sauf du doom death metal, soit du doom death metal mais avec tellement de fioritures que c’en avait moins de saveur. Là, on a tout ce qu’il faut pour un bon moment bien old school. Du lourd, de la lenteur à gogo et de l’épaisseur sonore bien juteuse, bien huileuse. Le genre de musique dont tu sais pertinemment que tu ne vas pas trouver beaucoup d’élaboration et d’introspection. Le genre bien extrême et bien lent quoi. Je me réécoutais justement Ahab qui officie dans un côté bien plus funeral doom metal, mais je me disais que j’adorais davantage le death metal quand il était lent, associé à du doom metal pour justement accentuer la lourdeur pathologique des accords. Je trouve que la musique d’Abysmal Misfortune Is Draped upon Me sonne en tout cas exactement comme il faudrait pour sublimer ce genre sale et malsain. Un exemple concret : je lui trouve beaucoup de ressemblances avec le groupe Knowledge Through Suffering qui a splitté et qui avait sorti un seul album du même cru, avec des sonorités malsaines et lourdes, quelques mélodies guitares qui font tout, qui apportent un côté encore plus terrible et qui casse la dynamique minimaliste d’un genre qui pourrait nous faire croire qu’il tourne en rond. Pour ce qui est de l’ensemble, l’album de Malignant Aura sonne harmonieusement, ce mot est toujours très hors sujet quand on cause d’une musique aussi distordue que le doom death metal. Entendez par-là que l’album s’écoute facilement d’une traite, ne laisse aucunement place à l’ennui et la lassitude, et je trouve même que, sans se parer de quelconque agrément pour l’enchainement des pistes, si ce n’est ce chant diphonique au début et d’autres surprises que je me refuse de vous dévoiler ici, Abysmal Misfortune Is Draped upon Me a au moins le mérite d’être un CD qui suit la même ligne logique sans chercher, comme je disais de manière emphatique et quelques théâtrale, à faire dans le complexe ou le trop-plein de m’as-tu-vu. La musique est brute de décoffrage, sans chercher plus loin. Et franchement les ami(e)s, cela me fait un bien tellement fou! La technique n’a ici quoiqu’il advienne peu de place pour expliquer quelque chose. Avec ce genre de musique où la lenteur et le minimalisme sont de mise, il suffit surtout de se fier à ses ressentis, car en soi le doom death metal est un style qui se revigore peu. Il vous suffira de voir ce qui vous sied ou non dans untel album. Pour Abysmal Misfortune Is Draped upon Me, c’est tout simplement les mélodies guitares qui sont macabres au possible, les quelques accélérations qui ne sont pas spécialement exagérées, plutôt posées même. Et surtout, les moments plus dramatiques qui émanent de l’album, nous rappelant sûrement le côté destructeur et tragique de la Folie. Voilà donc un album en première écoute qui m’a totalement et immédiatement mis d’accord sur le fait qu’il est excellent! Et cela faisait longtemps.

Le plus important dans un album de ce style reste selon moi la production. Il ne faut clairement pas se louper, tout le processus repose sur la sonorisation si singulière d’un style qui doit, je le rappelle, associer habilement et « sonoriquement » la lenteur maladive du doom metal et la lourdeur funéraire du death metal. Il convient ainsi d’avoir un son épais mais qui laisse une place nette et forte aux mélodies guitares, l’idéal étant que la partie rythmique basse / batterie soit la plus lourde possible. Voilà grosso modo ce que j’attends d’un album de doom death metal, et force m’est de constater que Malignant Aura remplit à merveille cet objectif sonore. L’album sonne exactement comme je m’y attendais, avec tout le panel expliqué précédemment. Résultat : l’album est accablant, oppressant au possible, avec un côté mélancolique qui transpire au travers de cette sensation sonore, ne laissant finalement qu’un chaos indescriptible pour seule issue. Le fait que les pistes s’enchainent impeccablement rajoute cette accentuation progressive de la désolation. En fin de compte, je pense que c’est la première fois dans ce registre que je vois un album qui ne peut dissocier les deux grandes bases séculaires de la composition que sont la production et la logique. Abysmal Misfortune Is Draped upon Me ne serait pas l’album génial et bien foutu qu’il est sans ce principe fondamental qui souvent peut être dissocié pour ne garder que le positif. Là, les deux sont liés étroitement et cela permet d’avoir une harmonisation qui me laisse pantois d’admiration. Incroyable production! Bravo!

Ayant réussi, je crois, à bien décrire mes ressentis sur l’album et le descriptif plus analytique, je passe exceptionnellement directement au chant. Qui m’a laissé un tantinet plus circonspect, surtout au début avec ce passage en chant diphonique magnifique, à une sorte de cri de douleur comme si l’on s’était coincé l’orifice pelvien dans une porte de voiture, un truc du genre. Inutile de vous dire que la technique générale illustrée par cette métaphore familière est quelque peu douteuse sur l’album. J’ignore toutefois s’il s’agit d’un vrai défaut d’élocution et de grain vocal, ou ce sont les arrangement studio qui ont été mauvais et de surcroit difficiles à rattraper. En tout état de cause, le chant n’est pas le meilleur pour cette musique, et de loin. J’aurais vu un grunt grave caverneux à souhait, je me retrouve avec une sorte de growl dans une tessiture indéfinissable, entre le grave et medium sûrement, sinon très lointain et mal rangé dans le mixage. On a surtout un chant qui ne varie pas ou peu, qui se retrouve comme une sorte d’enfant perdu dans un centre commercial, à errer sans but dans ce marasme sonore. En fait, je pense que le chanteur n’a pas su tirer son épingle du jeu, a subi ses lignes de chant. Moi, je ne ressens pas de motivation dans ces vocalises là. Il faudrait vachement accentuer le gain, parce que sinon on va se retrouver avec une discographie instrumentale superbe voire quasiment parfaite, et un chant laconique et ennuyeux. C’est dommage parce que je tenais presque l’album du genre, mais avec ce chant il redescend à un niveau plus modeste. Très bon, mais plus modeste.

Conclusion de cette chronique, Malignant Aura sort aujourd’hui en grande pompe son premier album nommé (on tousse un bon coup, on inspire eeeeeeeeeet…) Abysmal Misfortune Is Draped upon Me. Alors, j’aurais été tenté de dire que comme toute première naissance, les associations chromosomiques sont parfois perfectibles, étant moi-même l’aîné de ma fratrie je sais de quoi je parle! Mais en allant sur le terrain d’un doom death metal basique et réunissant les ingrédients de sa grandeur, le challenge n’était pas forcément compliqué, et il résulte que ce premier album est déjà hyper prometteur. Si le chant laisse clairement à désirer et ne mérite pas tellement de louanges ni d’objectivité, la partie instrumentale est quasiment parfaite à tous points de vue, et je trouve que l’album parvient à l’exploit rarissime de ne pas dissocier la production de la composition. Les deux étant inséparables, l’harmonie si j’ose dire est au rendez-vous, offrant donc un album lourd et lent, macabre et malaisant! Tout ce qu’on adore! Bravo donc à Malignant Aura pour avoir déjà sorti ce qui s’apparente à une pépite.

Tracklist :

1. Malignant Aura 07:57
2. In a Timeless Place Beneath the Earth 07:44
3. There Is Blackness in the Water 11:40
4. Abysmal Misfortune Is Draped upon Me 08:04
5. A Soliloquy Beneath the Sepulchre 10:14
6. …and so It Was That I Lay Down Forever 08:17

Facebook
Bandcamp
Instagram
SoundCloud
Spotify

Retour en début de page

Laissez un commentaire

M'informer des réponses et commentaires sur cet article.

Markup Controls
Emoticons Smile Grin Sad Surprised Shocked Confused Cool Mad Razz Neutral Wink Lol Red Face Cry Evil Twisted Roll Exclaim Question Idea Arrow Mr Green