L’an 2000 s’en est allé. Et avec lui, nos jeunes années, l’insouciance de notre candide adolescence. Hors du temps et bien loin maintenant sont dorénavant ces moments passés à s’émerveiller naïvement sur chaque nouvelle production de cette génération émergente d’artistes, emmenés par les voix angéliques de leur frontwomen.

La donne est dorénavant toute autre. Nightwish enlisé dans des revirements pop non-assumés, Within Temptation parti pique-niquer chez les bisounours … qu’elles paraissent désormais lointaines, les fastes et prestigieuses années de la scène métal-gothique/à chanteuses. Des figures de proue du mouvement, seul The Gathering arrive encore à tirer son épingle du jeu, même si ce jeu n’est plus métal depuis belle lurette.

Mais … ces emblématiques formations … n’étaient-elles pas quatre ? Je vois que vous n’avez donc pas oublié Lacuna Coil, première victime du cyclone Evanescence ayant balayé le vieux continent courant 2003, emportant les italiens dans son sillage. Le groupe, radicalisant son style et ne cachant plus son attrait pour le marché outre-atlantique, s’acquitta en 2006, d’un décevant « Karmacode » résolument néo-métal, y laissant quelques plumes et de sa superbe au passage. Pourtant, les prémices à ce revirement étaient déjà perceptibles sur « Comalies » (2002), ou le groupe abandonnait petit à petit son métal-gothique finement ciselé pour des riffs plus catchy, des mélodies plus facilement assimilables. Tout ça pour dire, que même si le groupe ne renie en rien son escapade américaine, le revoilà en cette année 2009 avec un « Shallow Life » revenant à des sonorités plus proches de cet avant-dernier opus, ou tout du moins sonnant comme ce qui aurait pu en être une suite, sans ce lourdeau de « Karmacode », mais sans pour autant abandonner cette touche néo certaine, notamment au niveau des riffs, solides et efficaces.

Une suite de « Comalies » ? En quelque sorte, oui. Les transalpins reviennent à un mélange de sonorités plus familières et de riffs typiques, avec un feeling tantôt gros-rock tantôt métal mais toujours saupoudré de ces petites boucles et samples électros et d’une post-production sur les parties de batterie et de guitares donnant un côté très organique au résultat. Sans nous pondre un album révolutionnaire ni même vraiment fondamental, Lacuna Coil remplit sa part du contrat. Contrairement à ce que l’artwork pourrait laisser entendre, rien de bien explosif ni de très délicat non plus. Le groupe applique une recette qu’il connait et maîtrise bien, mélodies et riffs efficaces (‘I won’t tell you’), un petit solo (‘Unchained’), une petite balade, une petite mélodie arabisante (‘The maze’) et voila : « Emballé, c’est pesé ! Merci ma bonne dame et bon appétit ! ». Tout cela manquant d’un peu de folie, de fougue … On sent un groupe bien en place, mais sans réelle passion. Même le duo de vocalistes Cristina ‘no damn H in it’ Scabbia / Andrea ‘no grunt’ Ferro, qui a longtemps été l’apanage du combo commence à prendre un peu de plomb dans l’aile, ne surprenant guère plus.

Pas de réelle innovation donc, ni de surprise digne de ce nom : la totalité des morceaux dure entre 3’20 et 4’00, c’est dire … Soyons franc, si vous ne vous êtes toujours pas remis de la direction adoptée par les italiens sur leurs dernières productions, d’or et déjà, vous pouvez passer votre chemin. Dans le cas opposé, jetez-vous dessus. Si enfin, toutes ces péripéties et tribulations stylistiques vous laissent de marbre, alors faites donc comme moi, tentez votre chance, ce « Shallow Life » est tout de même plaisant. Pas transcendant, mais plaisant, qui en aurait d’ailleurs attendu vraiment davantage ?