Kosmos – L’Envol

Le 24 novembre 2019 posté par Bloodybarbie

Line-up sur cet Album


  • Nekros : tous les instruments, chant, textes
  • Naja : batterie de session

Style:

Post-Black Metal

Date de sortie:

20 septembre 2019

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.5/10

“Même pour le simple envol d’un papillon tout le ciel est nécessaire.” Paul Claudel

La musique nous apporte parfois une forme d’aboutissement personnel. Comme un accomplissement, une forme d’élévation spirituelle qui touche nos sens et notre corps, bien au-delà de l’esprit. Nombre de fois je me suis retrouvé envahi par l’émotion à l’écoute d’une chanson, à la lecture de paroles ou simplement à la faveur d’un fredonnement inopiné. J’ai beau chercher, je ne connais pas de passion plus dévorante que la musique en ce qui me concerne. Et pourtant, les Dieux savent que je suis touche-à-tout : calligraphie, poésie, etc. Mais chaque fois, la musique est revenue au-devant de ma vie. Alors, quelquefois, je m’évertue à penser que cette dernière constitue une part importante de mon être. Et je me prête à rêver que je fais partie de cette catégorie de musiciens qui puisent l’inspiration beaucoup plus profondément que la simple lumière qui en découle. Et parmi tous ces musiciens, il y en a un que je considère comme le plus authentique de tous, rien que par l’écoute de sa musique et de la découverte de son univers : le one-man band Kosmos.

Kosmos, univers… Tout est lié. Puisqu’il s’agit du travail d’un seul homme : Nekros, ancien musicien d’Inferi GloriaMourning ForestRavenskull, et actuel bassiste live de Suicidal Madness. Ayant décidé de faire cavalier seul en 2010, il a su sortir de son Moi intérieur pas moins de cinq albums ! Un travail de fourmi, mais au singulier, qui montre à coup sûr que l’inspiration n’attend pas toujours de pointer le bout de son nez insidieusement mais qu’elle peut être provoquée pour donner une discographie riche et variée. Vous l’aurez compris – et je me risque à le dire -, j’adore sa musique, depuis toujours. Véritable OVNI, il est d’ailleurs particulièrement difficile de cataloguer sa musique tant elle est personnelle et intimiste. C’est le travail que je vais me risquer de faire ici, en partant avec un leitmotiv bien précis : lui donner une vitrine mille fois méritée, au vue de son talent et de l’injustice que si peu de gens le (re)connaissent.

Me voici donc en présence de son dernier prodige, qui se nomme sobrement L’Envol et qui est, comme tous ses grands frères, sorti en autoproduction. C’est là l’un des mérites que je trouve à Nekros, que de garder cette forme d’indépendance pour ne diffuser que ce que lui veut et non pas ce qu’attend un public. Bref, L’Envol présente un artwork de toute beauté mais, à l’image de la musique, assez mystérieux. J’avoue ne pas savoir exactement de quoi il s’agit. Comme ça, en laissant parler mon imagination, je crois voir le bas d’un volcan, fait de magma refroidi qui crée ces vagues assez caractéristiques ! D’ailleurs, si je crois déceler une pente abrupte, le fait qu’il y ait plus de lumière en haut du design me fait penser à un ciel lumineux qui annonce une forme d’apogée. La symbolique du volcan est particulière puisqu’il s’agit de la renaissance de la Nature par le Feu. J’aime d’ailleurs beaucoup les tons utilisés qui sont à la fois métalliques mais aussi très lyriques ! Du beau boulot !

Ou alors, peut-être est-ce une représentation de l’Enfer… Je ne sais pas, pour vous dire vrai. Je retiens simplement que le travail de Marianne Plasse est splendide et que le rendu final ne l’est pas moins ! Mais de ce point de vue, je n’étais pas étonné du tout. Encore une belle satisfaction confirmée pour moi donc !

Pour la musique, comme j’expliquais plus haut, c’est une autre paire de manches car il est très compliqué de définir avec exactitude la musique de Kosmos. Je pense que le nom du groupe n’est pas choisi par hasard et qu’il a pour objectif de justifier pleinement l’exploration de plusieurs cosmos musicaux. De même que, contrairement à un black metal classique, Nekros propose non pas des lignes de guitares trop linéaires justement et bourrées de blasts, mais des partitions très techniques et rythmiques ! On pourrait donc dire qu’il y a, certes, du black metal (surtout au vu du palmarès de Nekros, cela coule presque de source), mais aussi du prog, du technique par moment et un son limite deathened black metalNekros a également ce talent incroyable pour ne pas tomber dans les clichés que l’on retrouve dans les différents genres de metal, à savoir le démoniaque pour le black par exemple. Ici, la musique a beau avoir un son black, ce n’est pas toujours pour aller vers une forme de noirceur ! Comme quoi, cela me conforte dans l’idée que la musique est ici un reflet direct des états d’âme du compositeur, comme un diamant brut, sans découpe, exposé aux yeux de tous. Et question diamant, niveau richesse, la musique l’est. C’est simple : c’est du travail de composition exceptionnel. A la fois intelligent, réfléchi mais aussi (et surtout !) authentique. L’expression « jouer avec ses tripes » prend tout son sens quand on découvre L’Envol. Que ce soit le premier morceau, sans chant « La Brèche » et son arrivée en douceur pour ensuite partir sur un riff limite un peu épique sur les bords, « Le Porteur de Promesses » qui joue sur les harmoniques pour donner une atmosphère incroyablement forte ou le déroutant « Terre-mère, Ciel-père » qui a la particularité de bien marquer la dualité du titre dans la mélodie, aucun des morceaux du CD n’échappe à la patte maîtresse de Nekros. Tout cela pour dire qu’en résumé, et pour le bien de la chronique, je vais dire que la musique de Kosmos se rapproche d’une forme de « post-black metal » ou « black metal atmosphérique« .

Cette démarche entièrement subjective pourrait décourager les auditeurs qui aiment « comprendre » rapidement la musique pour se l’approprier. C’est en effet un risque, on ne peut le nier, d’autant que la complexité de l’album pourrait les dissuader d’aller au bout. Mais c’est un geste qu’il faut saluer ! Il manque trop d’authenticité dans la musique pour que l’on passe bêtement à côté. De fait, l’un des points forts de l’album est la richesse des morceaux, qui ne se ressemblent pas du tout mais qui sont tous liés par une forme d’élévation spirituelle de l’auteur. Ils sont les chaînons d’une histoire et se suivent à merveille. C’est en cela que cet album s’écoute très bien, d’une traite.

Un moment d’attention tout particulier pour le morceau « Dialogue avec les Archivistes de la Terre », qui est le titre qui a piqué ma curiosité et surtout, de l’acoustique sur des samples de baleines qui chantent. Toute une force de symbole derrière ce titre énigmatique et l’hommage rendu aux cétacées qui peuplent notre planète qui sont les représentants de la lutte pour leur préservation. A moins qu’il y ait une recherche tout autre. Mais, moi qui ai la trouille de tout ce qui peuple les océans, je peux vous garantir qu’on s’y croirait tellement que j’en ai eu des frissons de peur.

Ce qui m’a sauté aux oreilles dès la première écoute, c’est le sentiment que la musique suit une ascension spirituelle vers un état de grâce personnel. J’entends par là que les morceaux se suivent avec une forte symbiose, on a l’impression de vivre cette ascension. Et c’est ce que je trouve de magique dans cet album : on vit intensément cette transformation psychique avec l’auteur et cet album, loin de nous endormir, nous fait surtout voguer vers d’autres recherches personnelles. Je suis assez déboussolé de faire ce constat d’ailleurs, rarement cela m’est arrivé de me retrouver hypnotisé comme cela. On tomberait presque dans un état de transe, qui fait d’ailleurs racine avec le mot « transcendantal » et qui résume parfaitement ce que j’ai ressenti en deux pôles liés. Extraordinaire !

Franchement, je n’ai aucun reproche à faire sur la qualité du mastering et du son en général. Contrairement à mes propres idées reçues (et assumées), cette autoproduction est bluffante de qualité. J’ai tendance à pointer du doigt les groupes qui produisent eux-mêmes leurs CDs et nous disent que, par manque de moyens, ils n’ont pas pu faire du « super son ». Alors, mesdames et messieurs les musicien(ne)s, s’il-vous-plaît. Ecoutez cet album à la production excellente, et rappelez-vous que Nekros est tout seul pour financer ses albums.

Désolé de la pique mais, pour cette-fois, je pense qu’elle illustre bien que l’on peut être seul et faire du travail exceptionnel niveau mixage. Et en l’occurrence, l’Envol est impeccable. Le son est propre, la technicité des mélodies aux guitares ressortent bien, ne s’étouffent jamais, et la batterie et la basse sont bien situées (ni trop en avant, ni l’inverse). Le chant est, quant à lui, peut-être parfois un peu trop en retrait, mais on entend suffisamment vociférer le chanteur, essentiellement, en scream, pour se laisser griser.

D’ailleurs, les parties chant sont excellemment rythmées, placées à des moments opportuns et sont pas du tout redondantes, si bien que l’on se demande si tout n’a pas été enregistré en même temps ! Bon, il faudrait à notre ami Nekros beaucoup d’organes et de membres pour accomplir cet exploit. Mais quand on voit cette symbiose parfaite entre les instruments et le chant, c’est limite à se demander si notre ami n’est pas Shiva ! Je loue d’ailleurs avec grand respect cette capacité à distiller la rythmique des textes parfaitement comme cela car c’est, en tant que parolier, l’une de mes lacunes récurrentes.

L’autre point fort indéniable de cet album est l’utilisation du français, si cher à mon cœur de parolier, et qui donne encore plus de sens à la démarche musicale. D’autant plus qu’il n’est pas systématiquement utilisé dans la discographie de Kosmos, donc je vois cette démarche comme une énième volonté de mettre de sa personne, de son intégrité dans la musique. Alors, quoi de plus normal pour un Français que de chanter et écrire en français ?

Dans ma diatribe je parlais de diamant brut. Je pense que pour conclure cette chronique très dithyrambique, il faudra retenir cette métaphore pour savoir de quel acabit est fait l’album L’Envol. C’est du naturel tout simplement. De l’authentique à l’état pur, une démarche personnelle dans son exhaustivité qui, certes, est une prise de risque si l’on cherche à toucher un large public mais qui reste une démarche digne du respect le plus sincère car la musique, n’est-ce pas le rendez-vous de l’auteur avec ses sentiments les plus profonds ? En tout cas, à l’écoute de cet album, j’achève de penser que Nekros est l’un des musiciens les plus géniaux de sa génération et l’un des plus incompris. Alors, humblement, j’espère avoir réussi à donner un peu de lumière à ce musicien de génie qui devrait mettre tout le monde d’accord grâce à sa sincérité et son talent. L’Envol est un bijou, un diamant brut que l’on peut rajouter parmi les autres joyaux de la couronne de sa discographie.

Tracklist :

1. La breche
2. Le porteur de promesses
3. L’instinct primordial
4. La fureur du soleil
5. Terre-mère – Ciel-père
6. Dialogue avec les archivistes de la terre
7. La mystique sauvage
8. Transformation
9. L’envol

Facebook : https://www.facebook.com/KOSMOS.BLACK.METAL/
Bandcamp : https://kosmosblackmetal.bandcamp.com/
YouTube : https://www.youtube.com/channel/UComyd3 … w/featured

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