Note du Soilchroniqueur (MetalPsychoKiller):
7 / 10

Seize mois après un premier “No Light but Rather Darkness Visible”, prometteur et potentiellement viscéralement intéressant, Stathis Kassios (ex-Nightfall, System Shock) et la chanteuse mezzo soprano Mina G. (ex: Kinetic, The Rain I Bleed) sont de retour. Et si leur offrande initiale surgie de nulle part eut le mérite de séduire malgré des facettes un peu erratiques, naïves ou tout simplement brouillonnes ; il y a fort à parier que ce second jet ne se confortera point de telles mansuétudes. Pour résumer, l’effet de surprise est passé, et cet « Esoterica » doit franchir un palier qualitatif pour confirmer et affirmer l’unicité du combo suédois ; sous peine imagée de l’adage que « le soufflé ne retombe aussi vite qu’il n’était monté »…

Avant de s’essayer à disserter cette nouvelle sortie se voulant conceptuelle -puisqu’explicitant tout au long de la tracklist les problèmes métaphysiques d’une dénommée Sandra affectée par des séries d’évènements étranges …-, un détail a retenu l’attention de votre serviteur préféré. Le Myspace de Karmic Link, naguère étoffé des photos de Stathis et de Mina s’est modifié, et la belle grecque a disparu au profit du nouvel arrivant dans le line-up ; le guitariste Evan Hensley de Nashville. Cette précision pourra vous surprendre, mais elle me semble être judicieuse pour expliquer l’évolution musicale de l’ex duo, union entre la glace scandinave et le feu latin. A la genèse, l’alchimie proposée semblait se résumer à ce que, le claviériste Kassios composait, tenait les rênes, et guidait l’attelage sur lequel la belle calquait ses lignes vocales. Ceci ne sera plus obligatoirement le cas sur ces nouvelles pistes délivrées tant le nouveau guitariste (et bassiste) a pris une place prépondérante dans la musicalité de Karmic Link. Infidélité, ménage à trois, remplacement, seul l’avenir pourra répondre à cette question.

En attendant ce dénouement ultime, disons que ce second opus folâtrerra dans les mêmes sentiers balisés par son prédécesseur, mais avec de surcroit une affirmation presque omniprésente des lignes et soli de guitares. L’éléctro gothico sympho indus délivré, virant parfois au Dark mélancolique, est un véritable kaléidoscope dont les facettes scintillent différemment selon les besoins des univers et sentiments assénés tout au long d’une tracklist hétéroclite (hétérogène ?). A fortiori, le panel des travails de Chant, tels le semblant de vocalises Death sur le titre éponyme et l’utilisation de voice coders sur « The Separate Reality » ; ou encore les tempos alternés quoique majoritairement modérés, renforceront ce sentiment que Stathis est un touche à tout. Le génie filtrant particulièrement au travers de ses claviers en volutes, nappages aux sonorités ciselées, dégoulinés épileptiques ou lignes organiques entrainantes.

Les onze titres proposés ne souffriront d’aucuns manquements quels qu’ils soient, si ce ne sont peut-être d’un manque de puissance entrainant dans notre ressenti un sentiment d’essoufflement sur la durée. Des compositions solides, accrocheuses, empreintes de mélodicité, d’émotivité, voir sensualité suave, qui sauront asservir un auditoire appréciant beautés et esthétismes musicaux. Mixé par Chris « Rektor » Ntaskas à Athènes, et masterisé par John McCaig au Panic Studios à Seattle, la production se révélera sur mesure à conforter un univers ambiant emphatique et malgré tout intimiste. Moins brouillon et mieux canalisé que « No Light But Rather Darkness Visible », cet opus marque une réelle progression évolutive mais souffrira néanmoins de ce que l’on pourrait appeler « trop de calibrage ».

Ainsi par exemple, les vocalises féminines (à la Katra…) restent continuellement dans des lignes médiums, les temps plus forts voient leurs angles arrondis et donc nous laissant sur notre faim, ou encore l’absence de « Highlights » nous fait regretter de n’avoir aucun titre plus fédérateur à entonner. Toujours bon, toujours sympathique, toujours contrôlé, toujours retenu, toujours aseptisé…Mais jamais le grain de folie vous marquant les neurones au fer rouge. Et au final, juste une impression sirupeuse de béatitude apaisante…Agréable certes, mais on en aimerait plus au vu du potentiel perceptible…

MetalPsychoKiller