Impending Triumph – Impending Triumph

Le 30 septembre 2023 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Déhà : Tous les instruments, chœurs François Blanc : chant, paroles

Style:

Heavy / Thrash Metal

Date de sortie:

04 mai 2023

Label:

Jawbreaker Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

 

On s’est lancé récemment un défi sur Soil Chronicles, sans aucune obligation bien sûr. Celui de chroniquer un genre qu’on n’a quasiment jamais écouté ou pour lequel on n’a aucune accointance particulière. Il est vrai que l’expérience musicale dépend de notre familiarité avec tel ou tel style, et que nous n’avons pas tous démarré sur le même genre. En ce qui me concerne, j’ai démarré fort je crois. Partant du black metal des années 90, voire carrément raw comme Abruptum, il m’est naturellement difficile aujourd’hui d’aller chroniquer des genres plus anciens comme le heavy metal ou le speed metal. Je suis même souvent en difficulté pour trouver un quelconque intérêt pour les énormes groupes de thrash metal que sont Metallica et consorts. Ne parlons pas d’Iron Maiden dont le dernier album m’échut, et que je n’ai pas réussi à décortiquer avec le minimum d’oreille initiée et entrainée nécessaire pour appréhender ce type de metal. Je comprends et respecte que l’inverse chez mes confrères et consœurs soit possible, que l’on puisse ne pas aimer les genres plus violents et plus underground, d’ailleurs comme dit le proverbe « il faut de tout pour faire un monde« . Mais ces genres-ci ne sont tout simplement pas ma tasse de thé. Cependant, quand je m’aventure un peu par erreur il est vrai dans les groupes actuels et qui reprennent les codes anciens pour les mettre à jour d’un point de vue sonore par exemple, il m’arrive d’être agréablement surpris ! Je citerais volontiers le groupe Battle Beast que j’ai découvert en première partie de Nightwish à Lyon, et dont la discographie se fait encore à l’heure actuelle une belle place de choix dans ma discothèque. On pourrait citer également les groupes plus « américanisés » dans le genre comme Five Finger Death Punch que je ne rechigne jamais à écouter de temps en temps, même si cela reste au compte-gouttes. Alors, fort de cette ouverture d’esprit que je revendique allègrement mais qui ne s’avère pas, honnêtement, si optimale, je vais me lancer dans deux chroniques de deux genres que je n’affectionne pas spécialement habituellement. Cette chronique va me permettre de me frotter au style heavy metal, même si elle était programmée bien avant le défi lancé, et que je suis tout simplement à la bourre. Il s’agit d’Impending Triumph et de son EP éponyme ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’un projet qui m’attire beaucoup à la base.

Parce qu’aux manettes de ce projet figurent deux musiciens que j’admire beaucoup, pour ne pas dire plus ! A commencer par Déhà qui s’occupe de toute la partie instrumentale, qu’on ne présente plus puisqu’il figure dans énormément (c’est peu de le dire !) de projets musicaux dans le metal. Artiste multi-instrumentiste et producteur studio belge, il se voit accompagné dans ce nouveau projet par le chanteur français François Blanc, que l’on retrouve dans les groupes Abduction et Angellore que j’adore, c’est là encore peu de le dire ! Curieux que je suis de constater que le heavy metal peut être une nouvelle corde à l’arc déjà bien rempli de François Blanc, lui qui m’a agréablement surpris dans un registre de chant clair sur une tonalité vocale que j’adore et saturé dans Angellore, je me demande bien ce qu’un chant heavy metal peut donner chez lui. Pour ce qui est du projet en lui-même, Impending Triumph existe depuis 2020 eu aura mis trois ans donc pour accoucher d’un premier EP nommé éponymement. En même temps, on ne peut pas demander à Déhà, tout extra-terrestre qu’il est, de composer un EP en un temps record ! Attendez… Si ? Bon, je l’ignorais. En tout cas, Impending Triumph est arrivé tôt dans cette année 2023, cela faisait un moment que je m’étais engagé de le faire en chronique. C’est chose faite ce jour ! On remerciera mon aller-retour imprévu en train dans ma Drôme chérie, le temps de trajet m’aura permis de l’écrire et j’en suis très heureux.

Pour la pochette, j’ai envie de dire qu’il n’y a rien de surprenant, ni de transcendant. J’ai beau ne pas être un spécialiste ni un grand amateur du genre, je sais reconnaître les codes principaux. Et sur les pochettes, surtout quand on se situe sur une veine old school comme ici, on voit bien ce qui marche si j’ose dire. A savoir : un grand gaillard bien musclé, typiquement guerrier mythologique sans citer pour autant de références précises, entouré par un décorum bien apocalyptique type Ragnarök, en tout cas ici un décor rougeoyant enflammé, et un logo très typique là aussi. En fait, pour ce premier EP, on devine que visuellement, Impending Triumph va très clairement se situer sur une sphère nostalgique, histoire de rendre hommage une nouvelle fois à cette scène heavy metal qui a fait la gloire du genre metal extrême dans les années 80. On ne nommera pas les groupes idoines, mais on sait par avance que sans tomber dans le piège du tribute band, Impending Triumph va être un EP qui fleurera bon l’ancien. Loin de m’effrayer, n’étant pas un grand fanatique des groupes qui reprennent un genre fidèlement pour finalement n’amener rien de grandiloquent, je pense qu’au moins, avec une pochette aussi évidemment faite, le duo de musiciens nous plante le décor. On sait que l’on n’aura rien de neuf, mais comme rien ne rime avec rédhibitoire quand on chronique, on va foncer quand même. En tout état de cause, sur le style graphique, l’artwork est très beau. Et c’est déjà pas mal ! Pour ce qui est de l’idée de la conquête d’une certaine Puritania comme le stipule le dossier presse, visuellement c’est en revanche loin d’être évident… Mais voyons la suite.

Musicalement, il s’agit d’effectivement ce à quoi je m’attendais en substance. On a une musique estampillée très clairement heavy metal, avec selon moi quelques relents plus agressifs qui fleurtent doucement mais surement vers le thrash metal. En fait, c’est là toute l’intelligence de composition de Déhà qui parvient à nous emmener dans un mélange subtil et prenant de heavy metal à la sauce « ancienne », avec des riffs très épiques et rythmés, sentant bon l’aventure et la légende. Le côté « envolées riffiques » se vit très intensément grâce à une production sur laquelle je reviendrai plus bas mais qui apporte une touche de lourdeur qui n’est pas désagréable du tout, bien au contraire. La recette fait mouche puisque l’on retrouve bien évidemment quelques soli bien placés sur tous les morceaux. En fin de compte, la composition n’est pas si folle que ça. On reste sur du basique, couplet / refrain et un pont solo, pour finir sur une partie couplet instrumentale, parfois avec un fondu sonore. Voilà. Et pourtant, sans que je comprenne pourquoi, n’étant, je le répète, pas du tout un amateur du genre heavy metal, je suis franchement emporté par la musique. Et le pire dans l’histoire, c’est que je suis à peu près convaincu, là encore sans être un spécialiste de ce style précis, qu’il y a du thrash metal par-dessus le lot. Ces parties ultra rythmiques, lourdes, et les quelques passages à la double pédale, me font très précisément penser à du thrash metal. Alors, non seulement Impending Triumph a le mérite de réunir deux styles que je n’affectionne pas plus que cela, mais en plus ils parviennent à me faire aimer sincèrement, sans tricher ni forcer, leur musique ! Alors, quel serait cette petite étincelle de génie qui anime mon cœur et mon âme à ce point ? Je n’ai pas la réponse à l’instant où je rédige ce paragraphe, qui est celui de la première écoute. Mais il y a réellement un ingrédient en plus. En tout cas, cet EP s’écoute très facilement, les morceaux ne sont ni trop longs ni pas assez, offrant une harmonie d’écoute indéniable, et les pistes sont extrêmement bien ficelées. Quand on connait le talent manifeste du bien nommé Déhà, on n’est pas si étonné que cela. Mais le voir se frotter avec un courage et un sens du de l’audace qui frôle l’inspiration sur du heavy metal, style très conventionnel contrairement à ce qu’il a l’habitude de composer, du moins de ce que j’en connais, j’étais entre sceptique et curieux. Le résultat est bluffant, vraiment ! C’est un EP qui m’a surpris en première écoute, allant jusqu’à le passer en boucle sur mon trajet en train, ce qui est rare. Moi qui ai tendance à zapper allègrement sur des styles de musique très différents, là je me suis offert une cure de heavy metal à la sauce belge et française, le tout saupoudré de modernité, qui est loin de m’avoir déçu ! Surprenante première écoute pour moi, ce qui est très bon signe pour la suite.

En y réfléchissant, ce que je prenais au tout début de ma première écoute comme une légère anomalie s’avèrera être finalement tout le contraire en écoutant l’EP Impending Triumph entièrement. Je parle de la production. Oui oui ! Vous avez bien lu. Je me surprends moi-même en disant cela mais je trouvais au début la production, faite par Déhà lui-même cela va de soi, un peu loupée. Mais cela, c’est parce que pour moi le heavy metal n’est pas un genre lourd musicalement parlant, c’est pour cela. Alors cette lourdeur sonore m’a quelque peu fait grimacer au début, je me disais que c’était presque hors sujet. Mais en avançant, en constatant des influences et incorporations thrash metal, je me suis dit que cette lourdeur, c’était probablement LE truc en plus. Le secret de ce qui m’a fait aimer intensément cet EP. Parce que cette lourdeur est loin, très loin d’être en trop ou hors sujet. Elle amène une touche extrême en plus qui manquait pour faire de cet EP un vrai CD prometteur. Loin de dénaturer le côté épique ni d’étouffer les mélodies guitares et autres soli, je trouve que cette petite touche de lourdeur rajoute encore de l’intensité et donne envie de se laisser porter par la musique. Je ne suis même pas certain que l’on puisse parler de modernité dans la démarche puisque si vous prenez un album de Battle Beast par exemple, il n’y a pas cette extrémité sonore ni cette agressivité inhérente selon moi à des ajouts thrash metal. Et pourtant, Battle Beast a une production globale très clairement moderne, c’est évident ! Alors qu’ici, dans le cas d’Impending Triumph… Moi, je crois, hormis quelques chœurs qui sont un poil trop en retrait pour moi sur certains passages, que c’est le génie de Déhà qui opère avec brio, tout bêtement. Les connaisseurs de son travail diront peut-être pareil, je ne sais pas. Mais ce mec a vraiment un truc en plus. Et je crois qu’avoir réussi à mixer son EP en y ajoutant de la lourdeur extrême pour englober son heavy metal conventionnel, c’est une prise de risque qui est encore une fois payante. Même si je préviens les nostalgiques : il va falloir pour vous apprivoiser cet Impending Triumph, sous peine d’être déçu. Moi qui ne le suis pas, nostalgique, j’ai dû m’habituer au début. Pour au final crier au génie, tout simplement ! Une production audacieuse donc, mais parfaite. Mais connaissant Déhà, qui serait surpris?

Je le répète, parce que c’est important, je ne suis pas un fin connaisseur ni friand de heavy metal. La réussite de ce premier EP résidant sur les arguments énoncés au-dessus, je partais dans l’idée que le concept album, si tant est qu’il y en ait réellement un, ne me siérait pas des masses non plus. Loin de détester les récits épiques, je suis un peu fané des sempiternelles légendes pseudo guerrières qui émanent des albums de heavy metal, c’est en partie ce point précis qui m’a durablement découragé de me lancer dans la chronique de ce style. Je ne remets pas en doute que cela ait pu plaire aux communs des nombreux publics et auditeurs d’antan, mais moi qui suis plus jeune, moins initié, et entièrement passionné par les récits mythologiques en tous genres, j’ai un peu de mal avec ce qu’on appelle péjorativement (et j’assume) le côté kitsch de ces albums. Toutefois, sans pour autant révolutionner cet attrait, Impending Triumph a au moins le mérite de tenter de créer un univers à part. Proposant en effet un personnage fictif du nom de Puritania, allant sur des épopées et une forme de mise en mythe, le concept porté par François Blanc essaye en tout cas de créer un univers, et donc un concept, ce qui me soulage un peu. Bon, on reste sur du basique, comparé à ce qu’il est capable de faire dans les autres projets bien plus intéressants conceptuellement parlant. Mais je salue l’effort de proposer une histoire nouvelle. On retrouve ce qui fonctionne quoi : un personnage se pourvoyant d’être un fervent défenseur des libertés individuelles, mais qui s’avère être finalement un redoutable tyran. On connait la musique, on est en plein dedans en France d’un point de vue politique. Un beau parleur qui harangue son monde pour n’être que de la poudre aux yeux, c’est une histoire déjà-vu. Mais bon, au moins comme je le dis, Impending Triumph essaye de créer. Et c’est déjà un bel effort. Delà à en faire un concept durable, comme c’est annoncé dans le dossier presse… J’attends de voir. C’est un peu l’aspect qui me rend sceptique pour ce premier EP, je ne suis pas certain que cela soit un concept qui me transcende autant que la musique, et j’ai peur que cela m’épuise de nouveau à la longue… On verra bien inch’Odin ! Mais au moins, sur ce premier EP, cela passe plutôt bien.

Pour aller comme je le fais toujours vers le chant, il n’y a encore rien de bien nouveau sous le soleil. Une technique heavy metal classique, un chant clair qui va sur quelques belles envolées lyriques et des tonalités aigues qui font le charme pour nombreux et nombreuses d’entre vous de ce genre. Mais là encore, le fait que je connaisse bien les capacités vocales de François Blanc, qui devient décidément un vrai caméléon en la matière, ne manquant pas d’audace comme son compère Déhà pour expérimenter peut-être un style de chant qui n’est pas le sien habituellement (cela, c’est à vérifier auprès de l’intéressé par ailleurs), je suis franchement agréablement surpris. La technique est au rendez-vous, je n’ai pas l’impression qu’il y ait eu tricherie comme on pourrait faire en studio pour corriger le chant, ce qui m’amène à penser que c’est du pur et brut. En plus, rythmiquement parlant, même si cela reste convenu, le chant est bien placé et bonifie les riffs, les parties refrains se voient accompagnées par les chœurs de Déhà qui se situent sur une tonalité plus grave et qui passent très bien ! En fin de compte, le chant m’achève de penser que cet album est un vrai concentré d’audace et de « on s’en fout d’être bon ou pas dans ce domaine, on y va et puis c’est tout » ! C’est rafraichissant, c’est positif, c’est cette audace doublé d’une insouciance délectable qui me pousse à aimer ce premier EP, et le chant, les chœurs, rien ne dérogent finalement à la règle. J’adore d’ailleurs comment la production accentue les parties chant, même si quelques fois les chœurs souffrent de ne pas être assez mis en exergue. Non, autrement, c’est du tout cuit ! C’est impeccable, bluffant et énergisant comme tout !

Vous sentiez venir la tuile en introduction de chronique? Pour finir, je crois que l’on peut dire que l’on se contentera de la charpente. Impending Triumph, que ce soit le nom du projet de musiciens porté par Déhà et François Blanc, ou le nom de ce premier EP, déjoue pas mal de pronostics, à commencer par mes doutes. Ce qui s’annonçait comme un challenge pour le non-initié et franchement pas motivé écouteur de heavy metal, et encore moins de thrash metal, va s’avérer être une redoutable réussite et franche surprise ! De fait, je crois sans vouloir lui faire une forme non officielle de léchage de bottes, que le sieur Déhà contribue énormément à cette belle découverte. Fort de son expérience studio, associé à la voix polymorphe et talentueuse de François Blanc, notre ami multi instrumentaliste a su combiner l’ancienneté du heavy metal avec non pas un son trop moderne, mais plus dans une veine extrême, offrant donc à l’épique de la musique une certaine lourdeur qui m’a beaucoup plu. Cet album pourrait donc officiellement garnir ma discothèque personnelle dans la rubrique trop famélique à ce jour du heavy metal.
C’est vous dire la qualité intrinsèque de l’EP Impending Triumph !

 

Tracklist :

01. Dawn of Death (01.46)
02. Armies of the Conqueror (04.44)
03. The Invisible Fortress (06.09)
04. Dragon Hunt (04.19)
05. Temple of Oblivion (08.00)

 

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