Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 9/10

J’ai appris la rigueur métronomique de l’aller-retour à la guitare avec Legacy of King d’Hammerfall. Jouer très vite, c’est bien, et on peut éventuellement dissimuler les défauts dans la vélocité… Jouer très lentement, c’est bien… et ça facilité les choses, sauf l’envie prépondérante d’accélérer. Mais jouer sur des tempi enlevés et garder à la fois la régularité et la propreté, c’est déjà plus chaud ! Et cet album et ce groupe, je les ai toujours vénérés pour ceci… Puis ils sont partis en cacahuète à partir de Renegade, en entrant dans une espèce de cercle du « on se rapproche du Heavy Metal en s’éloignant du Speed » au profit d’une lourdeur inadéquate… Et ça n’a fait qu’empirer par la suite, ajoutant de surcroit un ridicule notable dans des clips bien cheap… Il m’a fallu du temps pour me dire que c’était surtout de l’autodérision bien poussée quand ils ont fait LE fameux clip avec l’équipe féminine suédoise de curling – tant qu’à faire, autant mettre en valeur les produits locaux, d’autant quand ils sont de qualité : cinq fruits et légumes qu’on dégusterait bien chaque jour. Mais musicalement, j’avais un peu laissé tomber, parce que sortis de leur son bien reconnaissable, plus rien ne me rattachait à ce groupe qui m’avait guitaristiquement tant apporté. Et qu’en est-il aujourd’hui avec Built to last, leur dernier opus en date ?

Si je me kiffais davantage (ou étais plus souple), je me remercierais (voire mieux, question souplesse, mais j’ai une côte entre trop) d’avoir dit oui pour chroniquer ce groupe en qui j’avais perdu la foi ,et qui me l’a rendue dès les 3 premiers morceaux de cette galette. ENFIN, je retrouve cette magie et cette machine de guerre, cette horlogerie suisse bien qu’ils soient suédois ! Le groupe n’a plus rien à prouver, au point de piocher sans vergogne dans l’inspiration de leurs voisins finlandais de Stratovarius les plans speed mélo eux-mêmes piqués chez Bach et Vivaldi, voire leur son de clavier lead mêlé à celui de clavecin, deux références stratovariennes usuelles. Mais ils continuent de faire du Heavy/Power Metal puissant et ultra carré sans dénigrer un instant l’aspect mélodieux et la musicalité. Et en plus ils se permettent de nous pondre encore des hymnes ! Bon, quand je parle d’hymnes, vous vous doutez bien que ça implique directement l’idée de « chœurs masculins burnés » et/ou de « woo-oooh », avec de l’épique que ce soit en binaire ou en ternaire. Dès le deuxième titre, « Hammer high », on a envie de chanter à pleine voix, après un titre d’ouverture, « Bring it ! » efficace mais aux paroles un peu cul-cul.

[Un clip bien moins cheap déjà… Mais ne me dites pas que vous n’avez pas été pris d’une envie de chanter ce refrain !]

Une sorte de retour aux sources vers une bonne cuvée pour le groupe, de ce cépage qu’ils avaient « construit pour durer » et qui correspond d’autant plus au titre de ce nouvel album qui revient à ce qui a fait ce dénominateur d’unanimité auprès de ses fans : une section rythmique ultra aiguisée guitares-basse-batterie – six fûts, six caisses – et le timbre de voix de Joacim Cans. Je ne sais pas et n’ai pas vérifié si Oscar Dronjak assume toujours ses tenues en cuir assez improbables et/ou y est revenu, mais si l’assumation parait un peu #tapette pour citer RGeneral, la musique ne l’est pas – ou plus, selon le point de vue. Sortis de ce qui pour moi a été une erreur, c’est-à-dire vouloir se détourner du droit chemin qu’ils s’étaient ouvert en allant voir ailleurs si les suédoises sont plus vertes – j’imagine que c’est aussi ce qui leur a valu un changement de label –, ils reviennent donc à des bases solides et jouissives, assumées avec le vocabulaire habituel des warriors qui vont sauver la princesse, ce qui implique une structure d’album très metal, ce qu’ils défendent ouvertement dans un « New Breed » éloquent dans ses paroles « Heavy Metal running through our veins » et musicalement dans son agencement de riff, l’avant-dernier principalement, mais aussi le solo typé « Painkiller » de Priest sur « Second to none ». On ajoute comme arrière gout de la célérité – et pas du céleri –, de la lourdeur, la traditionnelle balade (intelligemment appelée « Twilight Princess » dans la suite logique de leur champ lexical), mais surtout de l’épique, de l’épique et pas de collégram !

De l’epicness qui devrait suffisamment titiller tout le monde, y compris faire fondre le string désormais cartonneux de ma consœur-auteure-chro-niqueuse : Hammerfall a de la bouteille, voire de la canette, n’a plus rien à démontrer et s’en amuse avec les codes qu’ils se sont apposés, pour mon plus grand plaisir de le siroter et siffloter.

Un retour à l’alpha on-ne-peut plus appréciable qui me donne envie de ressortir ma gratte accordée en Mi bémol et en chopper la rythmique !

A écouter en dégustant un grand cru de 1998, goutu et moelleux comme une cuisse de mannequin suédoise de Göteborg – dans la série « le saviez-vous ? », la première formation d’Hammerfall incluait des futurs/ex-membres d’In Flames et Dark Tranquillity… qui sortent aussi simultanément et respectivement un album « retour aux sources »… Si c’est pas bien foutu, ça ?!

Tracklist:
1. Bring it ! (4:18)
2. Hammer high (4:37)
3. The sacred Vow (4:11)
4. Dethrone and defy (5:10)
5. Twilight Princess (5:03)
6. Stormbreaker (4:51)
7. Built to last (3:52)
8. The Star of home (4:47)
9. New Breed (5:02)
10. Second to one (5:29)

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