Une courte introduction pour seulement expliciter aux lecteurs mon bonheur à chroniquer ce premier opus des Grieving Age. Sans verser dans la démagogie du « Love And Peace » woodstockien , il ne tombe pas en effet tous les jours dans l’escarcelle du reviewer un tel album ayant vocation à rejeter aux oubliettes les dogmes culturels, religieux et ethniques. A l’image de son titre à rallonge, et en rupture totale avec la tendance concise actuelle quand il s’agit d’affubler une palette d’un terme générique accrocheur, cette « Lantern » vous demande quelques éclaircissements…

Tout d’abord, avoir six musiciens aux manettes ne s’avère déjà pas aussi usuel que l’on pourrait le penser, tant trouver ensuite la juste alchimie à faire jouer tout ce monde ensemble se révèle délicat. Mais le groupe formé en 2003, a pris le temps de la réflexion et de la maturité pour nous délivrer un premier opus très abouti ; malgré le pari risqué choisi de ne délivrer que deux titres sur sa première offrande. Seulement deux plages certes, mais avoisinant les 18 et 20 minutes ; ce qui convenez-en se montre particulièrement « Couillu ». Ajoutez à cela que la musicalité du combo ne s’affranchit du style Doom/death scandinave que par une curiosité somme toute assez incroyable : Grieving Age nous vient de Jeddah, Arabie Saoudite. En guise de trolls errant dans de froides contrées brumeuses fertiles à la mythologie nordique ; « vlà t’y pas » que surgissent des sables brulants de mystérieux vaisseaux du désert métaleux jusqu’à la garde.

Certaines de mes dernières découvertes exotiques, et ayant pour nom Chthonic (Black sympho de Taiwan) ou encore Myrath (Metal Prog, Tunisie), m’ayant laissé plus que conquis ; je vous avoue avoir passé sans trop d’encombres l’écueil de la durée des deux titres délivrés. Car celui-ci sera le principal frein à votre appréciation initiale ; un peu comme si vous deviez ingurgiter in facto six à sept morceaux accrochés les uns aux autres. Certains d’entre vous risquent de ne pouvoir franchir allègrement le cap ; et ce d’autant plus qu’un second obstacle moins saillant s’érigera devant vous. Celui du chant, qui par instant peut finir par se révéler un peu trop linéaire.

Heureusement, ces deux petits « défauts » mis de côté ; tout le reste n’est que du bonheur. Une bonne production, des ambiances cold et dark de haute tenue, une voix Death accrocheuse à souhait malgré tout, des musiciens qui tiennent la route et se font plaisir, une mélodicité à la mise en place parfaite… Du grand art tout simplement. A mi-chemin entre du « old » Candlemass et du My Dying Bride ; Grieving Age revisite et explore avec réussite un Arabian Doom qui vous revient à la face tel un ressac ou une tempête du désert. Imparable !!!

L’exotisme n’a ici que la provenance du groupe, car tout fleure résolument le maelstrom hybride scandinave. Un sacré coup de bluff, une sacrée surprise et un sacré album. En un mot, « Sidérant ». Et à découvrir absolument.

Myspace : http://www.myspace.com/grievingage