Golden Core – Fimbultýr

Le 9 mars 2020 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Johannes Thor Sandal : batterie, chant Simen Jakobsen Harstad : guitare, clavier

Style:

Sludge Metal

Date de sortie:

01 novembre 2019

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10

« J’aime écrire sur des choses noires et tordues. La poésie naît quand vous partez de l’obscurité et que vous atteignez la lumière. C’est ce qui ne me rend pas dépressif » Josh Homme, producteur de stoner rock.

Ce soir, je m’apprête à repartir pour le beau pays qu’est la Norvège. Pays depuis trop longtemps estampillé « black metal » par son histoire et son conflit générationnel entre la religion catholique et le paganisme, il peut arriver qu’elle nous surprenne ! Bon, je peux être assez idiot en disant qu’il n’y a pas d’autres styles que le black metal là-bas. Qu’il y ait un style dominant est une chose, qu’il n’y ait que ce style dominant en est en effet une autre. Dans le cas présent, je pars sur les routes inexplorées jusqu’à présent pour moi, d’un style assez peu courant là-bas pour qu’on en parle bien au moins une fois : le sludge metal. Et je tiens à vous présenter officiellement le groupe Golden Core, et son album « Fimbultýr« .

La première chose que je me suis demandé, avant même d’enquêter sur le groupe, est : kézako « Fimbultýr » ? Après quelques recherches, j’ai découvert qu’il s’agissait d’un des nombreux noms pour Odin et qui signifie « Puissant Dieu ». Voilà de quoi éveiller ma curiosité tant les références païennes sont rares dans ce style. Après, je vous présente volontiers le duo qui forme Golden Core (« noyau d’or »), qui est composé de deux (très) jeunes hommes ! Johannes Thor Sandal, le batteur/chanteur a dix-sept ans, et Simen Jakobsen Harstad le guitariste/claviériste, en a quatorze ! C’est assez rare pour être souligné surtout avec une discographie assez riche : premier album en 2016 nommé « Norwegian Stoner Machine« , suivi de… sept singles (dont un avec un nom en runes) et le fameux deuxième album qui nous intéresse ici. En fin de compte, j’aurais dû dès le départ m’intéresser aux musiciens parce que je me suis rendu compte qu’il y avait une volonté, sincère ou plus abstraite, de s’intéresser à la spiritualité avec leur musique. Beaucoup de références aux mythes nordiques, pour des jeunes gens, je trouve cela fascinant. Et je sentais, avant même d’entamer l’écoute (tout en ignorant leur identité et leur âge) que j’aurais affaire à une musique très mature. Je n’ai pas du tout été déçu.

Adonc (j’avais envie de le caser celui-là), je parlais de maturité. L’artwork qui pourrait s’avérer simpliste, cache en fait quelques trucs inopinés. On a bien une représentation d’Odin avec ce vieil homme et son œil en moins et son nom marqué sur le front en runes. Mais c’est assez facile de constater que cette représentation est d’une noirceur extrême. Assez dérangeante même. L’Odin du dessin est tout sauf vu comme un être de lumière, c’est plutôt l’inverse je pense. Aurait-on affaire à une forme de révolte contre les dieux nordiques ? C’est surprenant pour moi, je n’avais pas connu jusqu’à présent de personne qui en soit arrivé au point de stigmatiser l’image des dieux nordiques. Son œil manquant est en fait ici un œil crevé. Il y a certainement de la violence dans la musique de Golden Core. Une violence qui émane d’un sentiment de révolte et je ne veux surtout pas tomber dans le piège de la révolte adolescente ! Je parle d’une vraie révolte, intérieure, spirituelle. Mais je ne vais guère développer plus sinon mon PDG bien aimé va encore me taxer de fou (NdMetalfreak : comme si c’était déjà arrivé…., illuminé, va !) ! Retenez que cet artwork a quelque chose de dérangeant et que, si le but est celui-ci, alors il est réussi haut la main !

Mais là où j’ai été un peu perdu au départ est dans le style musical. Je tiens à préciser que je suis un néophyte en ce qui concerne le stoner, ou le sludge metal. Donc d’entrée de jeu j’ai été perdu. Le groupe se présente comme étant un groupe de stoner progressif. Soit. Mais alors, pourquoi j’ai eu l’instinct de penser qu’il s’agissait plus de sludge (d’où ma présentation) ? J’ai donc dû en venir à appeler un Joker, et il s’appelle non pas Jean-Pierre Foucault, mais Moland le stoner-sludgologue de Soil Chronicles. Qui m’a confirmé après quelques analyses qu’il s’agissait bel et bien d’une forme de sludge metal associé à des accents doom. Mais il m’a aussi précisé, à juste titre sûrement, que la frontière est mince entre le stoner et le sludge et ayant lu que le sludge avait une dimension plus pessimiste que le stoner (qui passe pour une musique cool), j’ai donc forgé ma conviction que Golden Core jouait du sludge doom metal. Voilà pour le point de départ !

Au fond, j’ai compris une fois la première écoute passée pourquoi j’étais persuadé que c’était du sludge. Et le tout premier argument est basique au possible : le combo. Un guitariste, un batteur/chanteur, et cela m’a fait penser immédiatement à Mantar, le groupe que j’avais découvert au Hellfest et que j’adore depuis. Et le son est vraiment significatif de ce tandem parce qu’on entend qu’il y a une seule guitare mais son son est tellement travaillé, avec ces différents changements (le guitariste doit avoir un looper de dingue) qu’on n’y voit pas d’inconvénients. Le son général est épais, bien enveloppé de plusieurs couches différentes qui donnent une texture sonore imposante mais agréable. En même temps, il faut bien compenser par quelques tours de passe-passe l’absence de basse dans le groupe, et le dénommé Simen y parvient très bien ! La batterie joue un rôle très important et donne une rythmique avec un gros travail de recherche. Les lignes de batterie sont effectivement, pour le coup, assez progressives, on dirait vraiment que le batteur s’amuse à « détruire » la rythmique habituelle pour donner cette déstructuration que l’on écoute chez des batteurs adeptes du jazz par exemple. Et cela donne l’impression que notre corps n’arrivera jamais à se calquer rythmiquement sur le tempo tant il est éparpillé. J’adore cela !

A ce sujet, les riffs sont très estampillés sludge dans le sens où il y a des variations de tempos assez caractéristiques du genre. Tantôt les riffs sont lents mais rythmés, tantôt ils accélèrent dans un ensemble plus linéaire, plus fluide. Et ces variations, je les adore ! C’est ce qui m’a fait tomber amoureux du genre sludge d’ailleurs. La longueur des morceaux est assez curieuse, avec « Villist vættir » qui dure à peine une minute, et « Rúnatal » qui dure plus d’onze minutes par exemple. Vous voyez, il y a de tout dans cet album mais cela reste assez carré.

Et alors, là où mon admiration est poussée dans son paroxysme, c’est concernant le chanteur qui est aussi batteur. J’ai une énorme admiration pour les musiciens qui associent les deux. Rendez-vous compte ? La synchronisation et la concentration qu’il faut pour, déjà, faire bouger à des intervalles différents ses mains et ses pieds et pour changer de riffs aussi souvent comme dans le prog. Alors, imaginez encore quand le batteur chante par-dessus ! C’est juste incroyable. Et je suis pétri de fascination pour ces musiciens. Alors, il a beau avoir dix-sept ans le Johannes, il a vraiment tout mon respect. Et le pire c’est qu’il arrive à chanter avec énergie et pas que sur CD (j’ai regardé quelques lives d’eux). Chapeau bas !

Encore une fois je n’aurai pas accès aux textes mais cela ne fait rien parce que, d’une part, je crois qu’ils chantent en norvégien (mais je ne suis pas sûr) et, d’autre part, si cela aurait satisfait ma curiosité et ma soif intangible d’analyse, cela aurait pu me perdre davantage. Je laisse donc volontiers ma part aux lions du mystère musical. Si j’achète le CD je verrai bien de toute manière. Je me suis toutefois amusé à traduire les noms des morceaux, pensant qu’ils m’éclaireraient sur les intentions du groupe. Il y a effectivement des références à Odin, certaines sont assez « normales » (Hrafnaspá, Rúnir skal rísta), d’autres plus métaphoriques (Lite vet mennesket, Villist vættir, Blóð). Cela rejoint l’idée selon laquelle la révolte à travers Odin est ramenée sur un truc plus métaphorique à l’échelle moderne. Et je suis moi-même très attaché à l’utilisation moderne de l’image des dieux nordiques, alors c’est un très bon point supplémentaire ! Décidément, ce CD n’a pas fini de me faire plaisir !

Car oui ! Je vais acheter le CD et sûrement le deuxième tant Golden Core est un groupe surprenant sur beaucoup de points. Surprenant par sa maturité, par son talent de composition et de jeu, et directement par son potentiel à venir. Je souhaite vivement qu’au-delà de l’achat que vous ferez de leur(s) CD(s), un promoteur s’intéresse à eux pour enfin les faire sortir de leur cocon scandinave empoisonné (ils ne sont jamais allés ailleurs en live) et va enfin mettre en lumière leur noirceur. Golden Core est une valeur montante du sludge metal, qui a encore des adeptes. Moland ne me dira pas le contraire puisqu’il adore aussi ce groupe ! Très bon groupe à découvrir donc !

Tracklist :

1. Fimbultýr 07:20
2. Rúnir skal rísta 03:10
3. Rúnatal 11:17
4. Hrafnaspá 05:48
5. Villist vættir 01:02
6. Blóð 03:34
7. Buslubæn 10:57
8. Lite vet mennesket 03:44

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