Note du SoilChroniqueur (Metalfreak) : 9,99/10

L’histoire ne dira pas si le nom de ce groupe est celui que préfère notre Bernard-Henry Levy national (gloup gloup), mais la musique que propose Entartung pourra bien faire que cette formation allemande soit, à terme, parmi mes favoris !

Depuis neuf ans qu’existe ce trio de Limbourg, ce “Maleficae Artes” est le quatrième album, et il semble être incapable de composer un mauvais album. Là où “Krypteia” (2012), “Peccata Mortalia” (2014) et “Baptised into the faith of lust” (2017) étaient vraiment très bons, ce petit nouveau, trois ans après le précédent, frôle l’excellence !

Avec quatre longs titres plus un interlude acoustique pour quarante minutes d’un black metal très inspiré par l’esprit de la vague scandinave des années 90, ce “Maleficae Artes” s’avère être passionnant de bout en bout et ce n’est sûrement pas la longueur des titres (entre huit et douze minutes) qui rebutera l’auditeur tant la richesse des compositions est remarquable, avec un soin particulier apporté aux atmosphères.

Entartung arrive à rendre le noir, le sinistre et la violence d’une beauté quasi absolue. D’entrée, “Tower of silence” nous donne le ton : riffing rapide, pas d’introduction, un hurlement strident et une rythmique à rendre jaloux n’importe quel épileptique. Mais ne résumons pas la musique du trio à un vulgaire catalogue de blasts sans reliefs : de nombreux breaks, plages ambiantes, passages plus atmosphériques viennent embellir la musique d’Entartung.

Contrairement au titre d’ouverture qui démarre sur les chapeau de roues, “Bortförd” propose une introduction atmosphérique avant qu’un mid tempo apparaisse, sur lequel des chœurs guerriers accompagnent le chant criard et terriblement déchirant de Vulfolaic. Et ce titre, passionnant, addictif, à la rage tantôt contenue ou mise en exergue, passe à vitesse grand V. Inquiétante, mélancolique et désespérée, l’œuvre d’Entartung se veut profonde et magistrale.

On a droit à un interlude instrumental acoustique au titre français (“Un ciel bourbeux et noir”) d’à peine une minute et demie introduisant un “Circle of suffering” absolument magnifique. Encore une fois, le mid tempo se veut profond, prenant, addictif… avant que les accélérations d’une rare violence nous poussent dans nos derniers retranchements. Rarement la mélancolie n’aura été accompagnée d’autant de noirceur… Je parlais plus haut de beauté absolue, on la frôle à chaque seconde de ce titre qui justifie, à lui tout seul, l’acquisition de cet album.

C’est avec un titre de plus de douze minutes que l’album se termine… évidemment en beauté.
Entartung semble avoir décidé d’éclabousser l’auditeur de tout son talent de composition.
Certes, on nage dans des eaux connues : Entartung revisitant le style scandinave d’il y a 25 ans : on pense à Dawn et à toute cette tripotée de groupes de black metal alliant la sauvagerie à la mélodie, les parties atmosphériques aux blasts les plus éprouvants. Et quand on rajoute à ça une production sans faille signée Stan W. Decker, on a le cocktail gagnant.

Éprouvant, c’est le mot : “Maleficae artes” est une œuvre dérangeante mais d’une beauté incroyable, capable de transformer des magmas de ténèbres en ambiances désespérées dans lesquelles la moindre parcelle d’optimisme n’est même pas envisageable.

Une œuvre très forte !

Tracklist :

1. Tower of Silence (9:31)
2. Bortförd (9:38)
3. Un ciel bourbeux et noir (1:37)
4. Circle of Suffering (7:57)
5. Aufruhr MDXXV (12:02)

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Artwork de la version vinyle