Empire Drowns – Nothing

Le 11 novembre 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Marco Angioni : basse
  • Anders Ro Nielsen : claviers
  • Kim Jørgensen : batterie
  • Thomas Birk : guitare
  • Michael H. Andersen : chant

Style:

Doom Metal Gothique

Date de sortie:

11 novembre 2022

Label:

Uprising! Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

On devrait gouverner un grand empire avec autant de simplicité que l’on fait cuire un petit poisson.” Proverbe chinois

On devrait en effet se souvenir que gouverner est un verbe qui veut dire à la base « diriger son navire ». Le gouvernail quoi. Quand on part du principe que la mer a quelque chose d’imprévisible, on peut sans peine s’imaginer combien gouverner est difficile. Maintenant, je me disais que parfois l’Homme était une créature ingouvernable. Généralement insatisfait, toujours en quête de plus, on a beau critiquer nos gouvernants, souvent je me dis que je suis bien content de ne pas diriger quoique ce soit. Moi, le simple infirmier, exécutant de l’hôpital public, je me sens tellement content des fois de faire mon boulot tranquille, comme le vent m’emporte, sans avoir à prendre des décisions qui ne satisferont personne ou presque. D’ailleurs, il le dit parce qu’il est modeste et surtout très paternaliste avec nous, mais notre boss Chris Metalfreak ne se considère pas comme tel, et pourtant! Qu’est-ce-qu’il abat comme boulot! Parfois, je me dis que je suis bien content d’être à la place de sous-fifre et de le laisser s’arracher les cheveux égoïstement sur les soucis qui sont inhérents à la gestion d’un webzine aussi grandissant que Soil Chronicles. Je suis un peu le spectateur de loin en ce moment, étant pris émotionnellement par des soucis personnels, mais je lis toujours les conversations et je me dis que franchement, avec la belle bande de demeurés que nous sommes, il en faut du courage et du Lexomil pour parvenir à tirer un semblant de gouvernance! Et on va encore m’accuser de fayotage, pour sûr que je dépasserai définitivement Antirouille dans ce jeu de rôle, mais je le trouve très courageux, vraiment. On a beau dire, on a besoin de leaders dans la vie. Ceux qui prétendent le contraire ne s’imaginent probablement pas les conséquences désastreuses de l’absence d’un leader. Bon! Allez! J’arrête de partir dans mes pérégrinations inutiles et vaines, histoire de meubler quelque peu et de mettre en haleine votre supposée impatience de me lire! Je m’adresse aux correcteurs bien entendu (rire sardonique). Voilà donc que ce soir, sous vos yeux ébahis, je vous présente Empire Drowns et son album « Nothing« . Oui oui, « Nothing« …

Je sais, vous seriez tenté de vous demander si le groupe s’appelle Ulysse! Mais non… Le groupe s’appelle bien Empire Drowns et nous vient du Danemark! Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait la chronique d’un groupe danois, alors sans trop que je comprenne pourquoi, peut-être grâce à mon amour pour les dernières séries danoises sur Netflix, j’aime ce pays. Voilà, c’est dit! Mais je sais, on s’en fout. Sachez tout de même que le groupe existe depuis 2011, ce qui commence à faire un peu quelques années, pour simplement… Deux sorties. Un EP en 2013… Et donc ce premier album nommé sobrement « Nothing » qui sort tout de même sur le roster d’un label, et non des moindres. Uprising! Records nous gratifie, ou gratifie surtout le groupe de cette première sortie officielle après onze années de quasi disette. C’est toujours chez moi un sentiment de doute qui me parcourt sur le bien fondé de ce type de sorties, éparses et tellement rares que c’en est suspect sur le groupe lui-même. Ses motivations, son talent intrinsèque, etc. Mais bon, au moins le line up n’a pas bougé depuis sa création et comme toujours, ne tirons pas des plans sur les comètes sachant qu’en plus cet album sera publié en release du jour sur le site. Écoutons « Nothing« , premier album du quintet scandinave, et nous verrons les ami(e)s.

J’ai toujours un attachement particulier sur les pochettes qui utilisent une photographie d’un lieu précis. Je suis toujours curieux surtout de comprendre en quoi ces lieux peuvent transmettre quelque chose de symbolique dans une utilisation visuelle comme une pochette. Empire Drowns a donc utilisé ce procédé, avec cette photo en noir et blanc de l’intérieur d’un bâtiment qui semble à l’abandon. La photo est volontairement ou non un peu floue, on ne distingue en effet pas bien ce qu’il y a comme détails. A moins que ce ne soit un effet zoom qui donne ce résultat. On devine toutefois que le bas du mur est fait de carreaux, que les fenêtres sont immenses et évoquent une sorte d’usine abandonnée. Mais pour le reste, on ne sait rien. Rien. C’est justement le nom de l’album. Je me dis que le groupe a voulu montrer une sorte de néant, qui serait symboliquement traduit par une forme d’abandon, un délaissement qui conduirait au chaos et à la destruction. Quoi de mieux, finalement, qu’un bâtiment qui est laissé sans soin, aux mains de dame Nature, pour aller doucement mais inexorablement vers sa destruction par l’érosion? En fait, cela n’a l’air de rien comme cela, mais cette photographie peut faire verbaliser beaucoup de choses en ce sens. Moi, je trouve le procédé un peu léger, surtout que les retouches de l’image sont assez moches, volontairement ou non encore une fois un peu raw sur les bords, et que je me dis que le groupe a largement les moyens de proposer mieux. Mais bon… Ne soyons pas trop sévère. Le fond est intéressant! Manque plus qu’une forme plus travaillée et le tour est joué. C’est un premier album qui a mis onze années à éclore après tout…

J’aurais été méchant, j’aurais dit que je n’avais rien à dire! Mais non seulement c’est complètement faux, mais en plus c’est plutôt satisfaisant comme premier constat. Alors! Que propose le groupe? Un mélange très intéressant de doom metal et de metal gothique. Alors, je sais que derrière cette appellation, il y a un énorme malentendu dans le sens où la culture gothique n’est absolument pas inhérente à la musique, mais je crois que pour résumer la composition d’Empire Drowns, c’est un terme plutôt adéquat. Le doom metal ne se pare pas d’une lourdeur particulière, il reste sonoriquement parlant sur un rapport plutôt old school, se déguisant avec d’énormes apports aux claviers et avec une dimension mélodique sur certaines parties guitares qui effectivement, peuvent faire penser à une atmosphère gothique. Soit dit en passant, plutôt lugubre et onirique. Sur l’écoute en elle-même, j’ai été plutôt pris par les ambiances ce qui demeure assez rare dans le registre gothique pour moi. Le gothique, pour moi, cela se situe sur la darkwave ou le néo-classique par exemple. Et je remarque que les ambiances aux claviers se situent sur quelque chose d’assez épuré, pour ne pas dire simple. Efficace serait quand-même le mot idoine pour aller sur une association symbolique. Après, sur les riffs en eux-mêmes, cela reste du doom metal, donc avec la lenteur caractéristique, quelques accélérations courtes mais bienvenues et donc même si je la trouve plutôt légère, une forme de lourdeur qui en fait serait beaucoup plus importante si la production n’avait pas quelques soucis précis, j’y reviendrai. Maintenant, c’est vrai qu’en termes identitaires, il était compliqué de savoir sur quoi on allait, vu que le groupe joue la carte du néant avec un nom comme « Nothing« . C’est donc sur des bases neuves que mes oreilles ont caressé l’espoir d’avoir un album extraordinaire! Bon, on est loin du compte, mais je trouve qu’en première intention, remise sur le contexte d’une première sortie, Empire Drowns va sur des sentiers battus intéressants et sincèrement prometteurs. Maintenant, il manque quelques détails pour fignoler tout cela.

A commencer par la production un peu naïve. Je disais que normalement, le doom metal, même dans sa forme la plus old school, induit une forme de lourdeur. Cela est dû principalement à la distorsion extrême des cordes, et à l’utilisation d’une basse encore plus distendue et encore plus présente que de coutume. Clairement, sur « Nothing« , ce n’est pas cela. La lourdeur est trop légère, désolé de le dire ainsi… En fait, on sent qu’un truc étouffe énormément d’instruments, je ne sais pas s’il s’agit de la basse ou des guitares, mais par exemple, on n’entend à peine les claviers. La batterie a quelques éléments qui ne sont pas aisés à discerner dans cet espèce de marasme sonore qui ressemble plus à une bouillie sonore qu’à une réelle lourdeur reconnaissable. Je ne dirais pas que cette erreur d’appréciation sonore est rédhibitoire puisque l’on entend bien les guitares et le chant, mais franchement, au vu du peu que j’entendais des claviers, il y aurait eu moyen de faire un album dantesque, avec des ambiances noires et lugubres, un peu comme Desolate Grave avec son doom death metal symphonique avait réussi à conserver une certaine lourdeur avec les claviers et les chœurs. Là, manifestement, le groupe Empire Drowns a voulu chercher une forme de lourdeur presque doom death metal, mais qui est complètement ratée. Au moins avons-nous un son doom metal, on verra les choses ainsi histoire de ne pas être trop sévère tout de suite. Moi, cela ne m’a pas outrageusement dérangé mais suffisamment pour être souligné. Il va falloir mettre un coup de cravache pour la prochaine sortie, si toutefois il y a.

Je pense que ce qui a fait pencher la balance du côté de la satisfaction reste les compositions en elles-mêmes. J’ai vraiment aimé le travail qui a été fait sur les riffs, dont je trouve l’association avec les claviers particulièrement intéressantes et prenantes. Il y a d’ailleurs une sorte de paradoxe avec l’idée du vide pour « Nothing » et la perspective de compositions variées et qui ne se suivent pas tellement entre elles, qui font plus comme une sorte de compilation qu’autre chose, et offrant donc non pas une vacuité artistique inextinguible, mais plus un maelstrom de plusieurs éléments fondateurs et élévateurs vers une musique changeante et prenante. J’ai aimé l’idée qu’en fait, cet album d’Empire Drowns s’offre le luxe, basé sur l’idée d’une nullité de concept, d’avoir un album qui ressemble plus à un recueil qu’à un roman. Du coup, vous avez des compositions très variées, aux ambiances différentes et une richesse composale prometteuse. Je me dis que parfois, certains groupes mettent toute une vie pour pondre un album référence, et s’il n’y avait pas eu ce défaut sonore empreint de naïveté, il y aurait eu un très très bon album de doom metal gothique. Il ne manque pas grand-chose! Franchement, le prochain ne peut qu’être meilleur si Empire Drowns fait preuve de résilience.

Le chant joue d’ailleurs un rôle prépondérant dans la réussite de ce premier album. Principalement sur une technique en grunt grave, pas forcément très profond comme le ferait un chanteur de funeral doom par exemple, je note la constante sur laquelle repose les lignes de chant, notamment sur le timbre de voix qui n’évolue pas en chant saturé, offrant le liant et la seule linéarité de « Nothing« . Avec quelques anicroches en chant clair, notamment sur les fins de pistes, cela amène une petite pointe de légèreté qui est la bienvenue. Ce que j’apprécie surtout sur cet album, c’est que le terme gothique sous-entendant souvent du chant clair pompeux, ici ce n’est pas le cas! Empire Drowns réussit à maintenir une ligne plus extrême avec ce chant profond et noir, ne dénaturant pas du tout contrairement à ce que l’on pourrait croire la thématique gothique potentielle. On pourrait se lamenter d’un chant qui ne varie pas, mais parfois on se rend compte très vite que le chant peut être le terreau qui unit les plantations d’un même jardin. Ici, selon moi, le chant joue un rôle essentiel dans sa constance. J’espère que le groupe ne tombera pas dans le piège mainstream de foutre du chant clair partout, histoire de faire dans le déjà-vu. Les gars, je croise les doigts!

Pour conclure cette chronique, en sortie du jour, Empire Drowns va proposer ce premier album aux allures étranges de fantôme sorti du placard après onze années de gestation mystique. « Nothing » qui ne porte pas forcément bien son nom, est donc le premier album du quintet danois. Avec un doom metal estampillé à tort ou à raison gothique, le groupe va en tout cas certainement soit ravir une bonne partie des curieux, soit les rebuter. Avec une production un peu maladroite, pas totalement rédhibitoire pour autant, les compositions suffisent selon moi pleinement à combler ce défaut d’immaturité qui ne va certainement que s’améliorer. S’offrant le luxe comme je disais d’avoir un album qui n’a pas de concept particulier, si ce n’est cette fausse vacuité, Empire Drowns peut se targuer d’avoir pondu un premier album qui pourrait servir de référence, et s’il n’y avait pas eu ce défaut sonore empreint de naïveté, il y aurait eu un très très bon album de doom metal gothique comme je disais plus haut. Il ne manque pas grand-chose! Alors, les amis, mettez vous un bon coup de fouet et le prochain sera bien mieux noté.

Tracklist :

1.     I Am     01:52
2.     Purity     04:37
3.     Anathesia     07:32
4.     Nothing     05:11
5.     Gone     07:35
6.     Loved     01:56

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