Black Reuss – Metamorphosis

Le 6 septembre 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Maurizio Dottores : tous les instruments, chant

Style:

Doom Metal Gothique

Date de sortie:

06 septembre 2022

Label:

Sliptrick Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 6.5/10

La chance, c’est la faculté de s’adapter instantanément à l’imprévu.” Alfred Capus

Ah ben là, si je l’attendais celle-ci, je n’y aurais pas cru! Dans les nombreuses choses que j’adore par le fait d’écrire des chroniques, il y a le fait d’aller sur des pays totalement improbables! Je me souviens d’avoir fait Stromptha qui venait du Groenland, cette perspective m’ayant déjà mis en joie au point de contacter le mec derrière le projet solo, et d’avoir des informations sur la vie là-bas! Car oui, j’adore le Groenland, c’est un de mes rêves absolus de voyages. Je me souviens également d’un groupe que j’avais fait en chronique, un truc assez immonde dans le genre drone metal ambient mais avec la qualité d’une cassette usée, qui venait du Bangladesh et qui avait d’ailleurs livré tellement peu d’informations que j’ai failli ne jamais écrire la chronique, au point même à ce jour de ne plus savoir ce que devient le projet. Honnêtement cela ne m’étonnerait pas qu’il n’y ait pas eu de suite mais sait-on jamais. En tout cas, j’adore cette sensation de voyage quand on tombe sur un groupe fortuitement étranger, d’un pays improbable. Il faut savoir que ma femme et moi adorons voyager dans les pays dont on dit un peu par moquerie « là où personne ne songerait à aller ». Et nous avions eu un formidable coup de cœur pour un tout petit pays qui ne paye pas de mine mais qui figure parmi les plus riches du monde : le Liechtenstein. Nous y avions voyagé en mai 2015, à l’époque ma femme était enceinte et ne le savait pas encore. Nous étions restés une semaine à camper en plein mois de mai, et nous avions eu l’incroyable surprise de nous réveiller au bout de la première nuit… Sous la neige! Un truc incroyable, imaginez ouvrir votre tente le matin et découvrir que dans la nuit, il a neigé. C’était fou! Après, on ne va pas se mentir, on fait le tour de la principauté en une journée sans problème, et nous avions voyagé en Autriche et Allemagne sur deux jours vu que le pays est frontalier avec le premier nommé. J’ai donc un lien spécial avec ce pays et la traversée de la Suisse avait également été très plaisante. Et j’avais même l’idée folle de faire naître ma fille là-bas, pour avoir quelques avantages fiscaux. Bon! En tout cas, à ce jour, je n’y suis pas encore retourné mais ce sera évident que je le ferai un de ces quatre. En attendant, si je vous rabâche les yeux avec mes états d’âme, c’est parce que cette chronique s’inscrit dans une logique double : l’exotisme de pays improbables et un retour au Liechtenstein pour moi. Avec Black Reuss et son album « Metamorphosis« .

Je lève ainsi le voile de l’origine de Black Reuss, qui vient donc de Triesen au Liechtenstein! Le groupe est en fait un projet solo, d’un certain Maurizio Dottores qui se veut à la fois multi-instrumentaliste, chanteur et producteur tout seul de son projet. Néanmoins, il convient de préciser que « Metamorphosis » n’est pas le dernier album du projet. Il est au préalable sorti en 2021 en autoproduction, et le label Sliptrick Records s’est chargé ensuite de le rééditer pour ce mois de septembre. Une démarche intéressante mais qui va entrer en collision avec la sortie du deuxième album en octobre de cette année, sur le même label bien sûr, et qui se nommera « Journey« . Voilà grosso modo où nous en sommes avec Black Reuss! Une formation très jeune, un leader dont on ignore beaucoup de choses si ce n’est qu’apparemment, ce projet est son seul et unique. Mais! Notre camarade est également le directeur marketing de Sony en Suisse, ni plus ni moins! Autant dire que Maurizio Dottores n’est pas un total inconnu de la musique en général, quand on travaille pour Sony on peut se vanter de tremper dans l’univers musical d’une manière pérenne. Maintenant, entre le marketing musical et le passage derrière la console, il n’y a qu’un pas. On va voir tout de suite si ce pas a été fructueux. « Metamorphosis« , c’est parti!

Mais avant de traiter de la musique, comme chaque fois j’aime bien d’abord parler de la pochette. Et manifestement, l’analyse va être courte. Puisque l’artwork n’apporte rien de franchement intéressant. On a de simples ondulations grisonnantes sur un fond noir, et c’est tout. Pas de nom de groupe ni d’albums, juste ce truc. Alors, à un petit détail près : Black Reuss peut signifier « Reuss noir », la Reuss étant un fleuve qui coule en Suisse. On pourrait donc penser que cet artwork est une représentant littérale du nom du groupe, avec des vagues noires. Mais ce n’est qu’une hypothèse, le label n’ayant fourni aucune information spéciale à ce sujet. On n’en est qu’aux hypothèses. Mais je suis même un peu affligé de voir que l’artwork du prochain album est exactement le même… Sur des tonalités blanches. On peut imaginer qu’il s’agira d’une suite à « Metamorphosis« , mais franchement c’est du travail inutile. On aurait pu trouver autre chose, un truc plus chiadé, un minimum syndical quoi. Mettre en avant une pochette sans identification est déjà selon moi une grossière erreur quand on essaye de percer dans la musique ou au moins d’aller dans la cour des découvertes, mais quand en plus on pond un machin aussi basique, insipide au possible et sans originalité, je suis très déçu. Au moins le paragraphe est court, mais ce n’est pas bon signe du tout chez moi. Typiquement ce genre d’artwork qui me ferait passer mon chemin chez un disquaire…

On pourrait considérer à ce stade qu’en première écoute, la musique m’a offert un début de réconfort. Loin de me faire bondir de joie ni m’affliger d’une peine immense, « Metamorphosis » m’a d’abord permis de toucher un début d’ennui avant que je n m’intéresse davantage à la musique. En fait, on est sur un mélange assez tentant de doom metal et de metal gothique, même si je n’aime pas vraiment cette deuxième appellation. Ni le style au passage. Toutefois, même si la dénomination est sujette à débat, je pense qu’on est effectivement sur la voie d’un metal gothique, avec beaucoup d’incorporations aux claviers et des ambiances éthérées très prenantes. Le metal tout court, dans sa forme extrême, se situe sur une démarche doom metal avec des lenteurs de tempo caractéristiques, et une certaine lourdeur qui m’aurait fait penser par moment à du doom death metal, mais la lourdeur n’est pas assez présente pour estampiller la musique de Black Reuss du style idoine. Ce n’est pas très grave! Disons que la musique a eu le don de m’endormir au début, mais quand j’ai tendu l’oreille plus attentivement, je me suis aperçu qu’il y avait de tout dans cet album. Du très bon dans les riffs et les ambiances oniriques, voire de noirceur, car les claviers sont bien utilisés et sèment une légère confusion quant à l’importance de ces derniers sur la musique. On a parfois l’impression que le metal se met au service de l’accompagnement harmonique des parties ambiantes comme avec ses claviers, et je n’ai pas su identifier qui avait la prépondérance et l’autre la servitude si j’ose dire, ce qui est un bon point au niveau du boulot de composition. Le moins bon se situe toutefois sur la production, ce qui est très surprenant quand on connait le palmarès du mec et de sa revendication d’une production solo. Sur l’ensemble, l’album est très varié, et c’est avec une certaine incompréhension que je me suis trouvé quand je me suis assoupi en écoutant l’album. Il est plutôt bien composé, original sur certaines pistes mais avec un démarrage qui me semblait un peu trop long à arriver. Les pistes ont une durée globalement raisonnable, et je trouve qu’au moins Black Reuss ne tombe pas dans l’excès. C’est un premier constat : l’album est objectivement très bon, avec certainement beaucoup de points positifs mais au final, je ne suis pas spécialement emballé. Peut-être est-ce un manque d’originalité global malgré les pistes variées et les bonnes incorporations aux claviers qui sont résolument les points prépondérants. Bon, vous vous ferez votre avis! Moi, je considère que le mien ne compte guère alors partons du principe que « Metamorphosis » est intéressant. Nous verrons la suite après.

Pour la production, je suis bien en peine d’y trouver que du positif. Dans mon casque, pas mal de soucis m’ont interpellé en fait, notamment sur le mixage. Le son des guitares est celui qui me pose le plus de problème, parce que je trouve que ces dernières se situent sur une maladresse sonore, oscillant entre une distorsion doom metal old school, sans réelle retouche quoi, et un côté boueux à la sludge mais trop timide, pas assez prononcé. Le résultat est une sorte de son de guitare raté, avec en prime un gain trop poussé, mettant en avant de manière exagérée les guitares et occultant ces claviers qui auraient mérité qu’on les entende plus, beaucoup plus… Pour la basse, à vrai dire s’il n’y en avait pas on ne verrait pas particulièrement la différence tant elle est timorée dans le mixage ou par moment, c’est tout le contraire soit bien trop présente. La batterie est pas mal, même si délaissée par la basse elle manque un peu de pep quand-même. Et le chant est le seul motif de réelle satisfaction avec très peu de retouches et une présence intéressante. Je pensais naïvement que cette réédition d’un an révolu serait bénéfique pour améliorer deux ou trois choses sur « Metamorphosis« , mais je me rends compte que c’est pareil. Que le label n’a pas cru bon de demander à Maurizio Dottores de retoucher un tantinet son mixage, histoire de rééquilibrer les instruments. Au final, on se retrouve avec le genre d’autoproduction qui démontre surtout l’importance de confier son mixage et mastering à une personne extérieure. On connait tous les projets d’une seule personne qui ne prend pas la peine de faire écouter son ouvrage à un producteur, histoire de corriger les imperfections inhérentes au fait que l’on manque toujours de recul quand on voit ou écoute la même chose de ses organes propres. Quelques rares cas parviennent à sublimer ou maintenir le niveau sonore sur le très bon tout en étant acteur et metteur en scène de leurs albums, mais manifestement Black Reuss n’a pas la capacité suffisante pour cela. J’espère que le prochain album aura été confié à quelqu’un de neutre mais des informations que j’ai trouvées, non… Cela ne présage rien de bon.

On pourrait parfois éclipser les défauts sonores et faire fi de quelques accommodations, mais je crains que malheureusement ce son décrit plus haut de manière plus mesurée dirons-nous, ne soit plus rédhibitoire qu’autre chose. C’est d’autant plus dommage qu’il y a du potentiel c’est indéniable. On sent que notre ami liechtensteinois a de l’envie de bien faire mais manque cruellement d’objectivité sur son boulot. Avoir comme cela des morceaux bien identifiés doom metal avec quelques relents de metal gothique, on sait déjà que c’est une possible valeur sûre même si selon moi le travail de composition est encore bien perfectible notamment pour essayer d’aller sur des pistes plus logiques entre elles, moins éparpillées. En fait, cet album souffre surtout de regards extérieurs, tout simplement. Histoire de dire à la tête pensante de Black Reuss de changer untel truc par-ci, untel machin par-là, et ainsi de suite. Vouloir mener sa barque tout seul contre vents et marées revient hélas quelque fois à risquer de chavirer de manière violente. On n’en est pas là non plus puisque « Metamorphosis » est un premier album, donc par définition même perfectible, et qu’il y a matière à mieux faire après. Et comme un deuxième album arrive, je compte bien rester attentif, pour constater s’il y a eu des progrès ou non. On va retenir que cet album est « pas mal », sans plus. Ah oui! Un détail : il manque là encore un réel concept. C’est un album fourre-tout je pense, avec des morceaux compilés et empilés, sans liant romancier ou quoique ce soit et ce même si le dernier mentionne le nom du prochain album. Et cela aussi, je trouve que c’est un constat dommageable pour la suite… Nous verrons la suite! Pour ce qui est de cet album en tout cas, je suis perplexe. Ce qui ne veut pas dire que le constat final sera mauvais, mais on sera sur quelque chose d’assez moyen.

Pour terminer je voulais bien évidemment revenir sur le chant qui est selon moi un des motifs de satisfaction principaux pour « Metamorphosis« . Et encore. Disons que pour la musique, la technique vocale me paraît être la bonne. On se situe sur du chant clair très calme, posé et sans partir sur des envolées lyriques un peu trop pénibles parfois. Au moins le chant me semble raccord avec la démarche metal gothique, même si indirectement et c’est rare venant de moi, j’aurais vu un chant féminin à côté. Il me semble un peu présomptueux qu’un chant aussi calme, presque pop parfois (je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Muse, je ne sais pourquoi) puisse tenir la dragée haute à un metal aussi lourd et lent, et accompagné par des orchestrations grandiloquentes ou sur un registre romantico-dramatique. Mais de manière fort surprenante, le chant se débrouille très bien comme il est! Je n’ai pas grand-chose à redire de négatif à son encontre, il me semble que la technique vocale en elle-même manque un peu de puissance tant la voix semble détendue, mais au moins elle apporte une petite pointe de calme qui fait du bien, qui allège un peu la lourdeur maladive des riffs et qui en plus, fait rare sur le mixage de « Metamorphosis« , est très bien situé, à sa juste place! Ce n’est pas beau ça? Les chanteurs vaincront moi, je vous dis!

Ainsi finit cette chronique du soir, plutôt intéressante pour une analyse en demi-teinte. Toujours est-il qu’il s’agit de citer cette belle citation dans Men in Black 2 : « – On va le mettre… – Mettre quoi ? – Le dernier costume de ta vie… …encore… » Parce que ce premier album de Black Reuss, sort en réédition un an après sa sortie. Il conviendrait sans jeu de mot de vérifier si « Metamorphosis » a subi une profonde métamorphose pour cette nouvelle peau. En vérité, le constat est un brin amer pour cette fois. Musicalement parlant je n’ai pas tellement de reproches à faire, si ce n’est le petit manque de liant entre les pistes, mais comme le doom metal gothique peut avoir plusieurs cordes à son arc conceptuel, alors ce n’est pas forcément un mal si suprême que de se contenter de compiler des morceaux sur un album neutre. Ne soyons pas retors non plus! Toutefois, je déplore une regrettable maladresse dans la production qui dénature beaucoup le tout, et empêche l’auditeur péremptoire que je suis de pénétrer pleinement dans l’atmosphère générale de cet album. Objectivement parlant, on est sur le registre du « pas mal mais… », il faudrait vraiment que notre ami liechtensteinois s’entoure d’une oreille neutre la prochaine fois. Tu verras mon ami, cela te fera le plus grand bien! On se retrouve dans un mois?

Tracklist :

1. Incomplete 06:31
2. Grief 05:15
3. Fear 07:10
4. Anger 04:28
5. Pride 05:59
6. Lifeblood 06:07
7. Zeal 05:04
8. Acceptance 06:02
9. Mind 03:54
10. Love 05:25
11. Joy 04:23
12. Inspiration 04:52
13. Exodus (Outro to Journey) 01:36

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