Acid Mammoth – Caravan

Le 5 mars 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Dimosthenis Varikos : basse
  • Chris Babalis Jr. : guitare, chant
  • Marios Louvaris : batterie
  • Chris Babalis Sr. : guitare

Style:

Doom Stoner Metal

Date de sortie:

05 mars 2021

Label:

Heavy Psych Sounds Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

« Il y a des hommes plutôt faits pour la cueillette, la décoration d’intérieur et les enfants au parc, et des femmes bâties pour aller trépaner le mammouth, faire du bruit et des embuscades. » Virginie Despentes

On me demande beaucoup pourquoi je suis aussi tatillon sur les artworks. Il est vrai que, lorsque je m’amuse à lire les chroniques qui peuvent être faites par nos confrères et consœurs des autres webzines, je m’aperçois qu’une référence aux artworks est rare. Du moins rare, et surtout peu aussi élaborée. Il m’arrive en effet de faire un paragraphe plus gros pour les artworks que pour la musique, ce qui peut être exagéré et un peu hors sujet, je peux l’admettre. Mais si vous suivez mes chroniques, vous verrez qu’elles fonctionnent comme le simple fait de chiner des CDs chez un disquaire. Et quand on tombe sur un CD qui nous attrape l’oeil, ce n’est pas la musique que l’on découvre en premier, mais bien l’artwork. Devant, derrière. Puis, parfois on ouvre le CD quand il n’est pas emballé, pour voir le contenu du boitier. Et enfin, après avoir découvert les designs respectifs, on écoute la musique. Voire parfois, on ne l’écoute que chez soi. Car oui, on achète des CDs parce que le design nous plait. Voilà pourquoi je me suis toujours évertué à parler des pochettes, parce qu’elles jouent un rôle de premier contact avec l’auditeur que je qualifierais de primordial. De décisif. Après, je n’ai pas vraiment de préférence en matière d’artwork, je dirais que c’est une question de feeling. Et l’on peut avoir du feeling avec n’importe quel type de pochette, au même titre évidemment que la musique. C’est donc sur un très bon feeling que je me lance sur la chronique du dernier Acid Mammoth qui s’appelle Caravan.

Acid Mammoth est un bien drôle de nom pour un groupe plus ou moins bizarre. La partie la moins étrange provient de son origine : la Grèce. Plus pointilleusement, le groupe a jeté ses bases à Athènes en 2015. Depuis, nos fausses préhistoriens ont sorti trois albums avec ce dernier, un single et un split avec 1782, un groupe de stoner doom metal italien, qui s’appelle… Doom Sessions Vol. 2. Tiens tiens! J’ai fait en chronique le troisième volet avec les groupes -(16)- et Grime, sans savoir que la coïncidence me guiderait indirectement vers les anciens volumes de Doom Sessions. De fait, cette sortie d’un troisième album pour Acid Mammoth est concomitante avec les Doom Sessions puisqu’il s’agit du même label : Heavy Psych Sounds. Voilà, c’était pour l’anecdote! Caravan est donc l’album qui nous intéresse ce jour, qui sortira donc le lendemain de la rédaction de cette chronique. Et comme les mammouths peuvent être montés inopinément par un certain Vulgaris Magistralis (Heidevolk, si vous nous lisez…), il ne faut pas tarder, donc fonçons vers le troupeau de Manfred!

Et comme il faut bien que je justifie cette introduction cousue de fils blancs, je vais donc me lancer dans mon éternel ressenti sur l’artwork de Caravan. Sans suspense aucun, voici donc un troupeau de mammouth marchant en file indienne! Mais attention, des mammouths qui arpentent ce qui ressemble à un sol planétaire bien rocheux. Je dirais d’ailleurs au vu de la présence dans ce ciel rougeâtre de Jupiter et de la Terre, qu’il s’agit de la planète Mars. Mais la plus grande curiosité pour moi, et je dirais ce qui me fait le plus triper dans cet artwork n’est pas ce dernier lui-même, mais le logo du groupe. Ils ont réussi à faire avec leur logo une reproduction très ressemblante de la tête d’un mammouth. Putain, comme c’est génial! En fait, je dois reconnaître que c’est typiquement le genre d’artwork qui me ferait acheter le CD tout de suite. On trouve comme ingrédients incontournables l’originalité (des mammouths pour illustrer du metal, déjà ce n’est pas courant, alors sur Mars…), la beauté parce qu’il faut bien admettre que l’artwork est superbe, le côté accroche-l’œil avec des couleurs vives, bref! Un artwork réussi, c’est un artwork comme celui de l’album Caravan quoi. Pas de doute possible, vous avez donc un parfait exemple de ce qui fonctionne selon moi.

L’avantage également de la majorité des pochettes, et ce n’est pas un argument tangible pour discréditer la dite pochette, c’est que vous pouvez deviner quel style de musique vous aurez dans le CD. Il y a quelques codes bien rôdés, notamment dans des styles qui ont peu évolué d’un point de vue structurel et général. Acid Mammoth propose de fait un subtil mélange de doom metal et de stoner. On peut aisément s’en rendre compte avec le côté un peu vieillot de l’artwork et du logo du groupe. Cinq morceaux composent donc cet album, c’est assez peu, on est sur la frontière entre l’EP et l’album avec une balance penchant sur l’album par la durée des morceaux, assez longs. Ce qui est frappant, c’est que la métaphore du mammouth est très bien en adéquation avec la musique d’Acid Mammoth, lente, lourde à l’extrême mais sans tomber dans l’épaisseur sonore à outrance. Le côté stoner est prenant avec une basse qui est là justement pour amener cette légère épaisseur, les guitares sont étonnamment stridentes et la batterie est sèche comme un coup de couteau de boucher sur une planche à découper. C’est surprenant parce qu’on ressent le côté placide du mammouth, la musique devient pachydermique. Il y a quelques solis qui rajoutent davantage encore de platitude. En fait, on dirait que la musique est entièrement dédiée à un troupeau de pachyderme perdu dans un cosmos lunaire! Cette perdition est d’ailleurs renforcée par le fait que les morceaux sont plus une répétition abusive d’un même riff, on est comme hypnotisé. Le minimalisme dont fait preuve les grecs est bluffant d’efficacité. J’adore quoi!

La production de l’album est au final l’un des points les plus étonnants qui concerne ce troisième fait d’armes. Je suis effectivement un peu formaté après ces années d’écoute, et je m’attends toujours, bêtement, à avoir un type précis de son concernant les styles évoqués. Et force m’est de constater que dans le cas de Caravan, je me fourre le doigt dans l’oreille bien profond! Ces guitares stridentes, cette basse épaisse mais sans outrance, cette batterie tranchante et sèche, et ce chant nasillard, bouleversent les codes du doom stoner. Et malgré cela, tout le paradoxe réside dans le fait qu’on a clairement l’impression selon certains morceaux d’avoir un troupeau de mammouth qui martèle le sol! C’est difficile à expliquer, mais c’est comme si l’absence de ce son épais que j’ai l’habitude d’entendre, rajoutait encore de la lourdeur dans la placidité de ces monstres préhistoriques! C’est comme si la musique d’Acid Mammoth était en parfaite alliance avec l’univers. Je suis sincèrement sur le cul devant cette production qui s’égare des sentiers balisés pour proposer un autre chemin possible, mais sans piétiner les plates-bandes. Un son strident donc pour une musique de gros balourds, c’est bluffant de réussite!

Il convient toutefois de prévenir l’auditeur : la musique d’Acid Mammoth n’est pas une musique innovante dans ses compositions. Il convient de dire, au regard du visuel un peu vintage, que la musique doom stoner est un style qui reste ancré dans ses origines lointaines et son principal alliage de rock et de musique minimaliste. Donc, si vous cherchez un CD innovant, ce ne sera pas celui-ci. Pour ma part, après plusieurs écoutes, le constat principal qui ressort de ce Caravan est qu’il s’agit d’un très bon album, bien construit et qui suit bien les codes qui fonctionnent. Les riffs sont accrocheurs et balançants, avec cette répétition qui ne me dérange pas le moins du monde, surtout quand il s’agit comme ici de riffs redoutablement efficaces et ponctués avec justesse par des incorporations légères mais importantes pour ne pas lasser l’auditeur, comme des soli, des parties mélodiques, des riffs différents mais brefs, et le chant dont je parlerai en bas. Il y a vraiment un côté expérimenté dans cet album qui n’en finit pas de me fasciner puisque le groupe n’a pas une longévité grandiose, mais il a clairement la maturité des plus grands. Je ne connaissais pas Acid Mammoth, je viens de faire une belle découverte les ami(e)s.

Il va donc de soi que les musiciens sont très bons. Mais je m’attarde sur le chant parce qu’il m’a soulevé la plus grosse question de cette chronique. D’ordinaire, ce chant nasillard et mou, je ne l’aime pas. J’en avais parlé sur des chroniques comme pour Dune Sea, où clairement il ne passe pas. J’aime le chant bien stoner, c’est à dire épais et limite machiste! Ou le chant doomesque, même s’il m’en coute de le dire, avec des envolées heavy bien caractéristiques! Mais le chant comme celui d’Acid Mammoth, en temps normal je ne l’aime pas. En temps normal. Parce que curieusement ici, je l’aime beaucoup. Je ne sais pas si c’est le côté spatial qui manquait à l’univers musical, et qui colle durablement avec l’aspect planétaire de la pochette, mais j’aime beaucoup le chant. Il a cette capacité de s’accompagner autosuffisamment avec le reste, avec les riffs lents, et au moins il est l’un des rares instruments à varier les rythmiques. Il joue donc un rôle fondamental pour ne pas que l’auditeur tourne en rond. De fait, je pense que c’est la raison pour laquelle j’aime beaucoup le chant ici. Pour la technique, on va dire que c’est une autre paire de manches. Mais oui, je le reconnais : pour une fois, j’aime bien le chant nasillard!

Voilà les amis, je vais finir la chronique! Cet Acid Mammoth a vraiment du très bon en lui. D’abord, un univers musical d’une grande originalité dans le visuel et la conception, ensuite une musique très bien composée, avec une recherche sur le son qui demeure à ce jour une grande attraction! Et pour finir, cette recherche n’empiette nullement sur les codes qui ont toujours apporté à ce doom stoner un côté bien reconnaissable, oscillant entre des passages mélodiques marquants, et une ligne riffique identique sur de longues minutes insassiables. Caravan, troisième album du groupe grec, résonne comme une grande preuve de maturité artistique. Une ode à la pachydermie, la placidité et en même temps la poésie. Je recommande vivement cette sortie de chez Heavy Psych Sounds, qui ravira l’auditeur le plus aguerri et celui avide de découvrir les magnifiques codes musicaux qui hantent encore nos plateformes et nos discothèques. Un superbe album.

Tracklist :

Side A
1 Berserker (05:01)
2 Psychedelic Wasteland (08:53)
3 Ivory Towers (06:18)
Side B
4 Caravan (11:07)
5 Black Dust (08:57)

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