Sylak Open Air 2014 – Jour 3

Le 18 septembre 2014 posté par Metalfreak

Texte : Lusaimoi

Photos : Metalfreak

 

 

On est maintenant dimanche, troisième et dernier jour du Sylak.

Nous nous sommes bien reposés, parce qu’une grosse journée nous attend. Une journée qui sera sous le signe du Stoner/Doom/Psychédélique, puisqu’une grosse partie des groupes présents seront affilié à ce genre. Une journée avec un changement : je suis rejoint par le copain Metalfreak, bien armé niveau reflex.


Le temps semble toujours clément, avec un soleil qui tape déjà pas mal alors qu’on n’est pas encore midi.

Un temps parfait pour accueillir le premier groupe, qui porte le nom de Space Fisters. Ce jeune trio de Haute-Savoie, qui fête tout juste ses deux ans d’existence, est parfait pour entamer la programmation. Une musique lourde, mais aussi étrangement aérienne, groovie et psychédélique à mort ; surtout lors de soli déjantés, elle nous emmène, dans un monde fait de forme et de couleurs bizarres. Un effet qui sera de plus en plus présent au fil du set, mais également de ce dimanche. On aurait pu croire la scène un peu grande pour un simple trio, mais c’était sans compter sur la présence qu’ils affichent. Avec vraiment pas grand chose – peu d’interactions avec le public, un jeu de scène qui se résume à quelques headbangs lors des moments les plus denses – ils arrivent à capter l’attention grâce à l’impression qu’ils nous donnent de vivre leur musique et pas seulement la jouer.

Pour ce deuxième groupe, on change d’univers mais pas tout à fait de style, puisqu’un groove impressionnant est aussi l’une des marques de fabrique de Flayed. S’inspirant de grandes formations du Hard Rock, les Isérois développent des ambiances très américaines. Et ce n’est pas étonnant, puisque certains des membres viennent tout droit de God Damn, groupe de Southern Metal pour qui ne le saurait pas. Ce qui n’est pas étonnant non plus, c’est de voir un show tout en énergie, qui met en valeur une musique déjà pas calme et entraînante comme un bon vieux tube du genre, mais un tube bien couillu. Gardant encore d’excellents souvenirs du concert God Damn à Avignon, c’est avec plaisir que je découvre une prestation avec le même appétit pour le boxon. Sur scène déjà, mais aussi dans le public, qui commence à bien se rassembler dans la fosse. On aura aussi un mélange des deux, à la toute fin, lorsque Renato, le chanteur, se jettera dans le public pour venir slammer un coup.

Et on reste sous ce soleil de plomb heureusement caché par les arbres, dans les terres arides des États-Unis avec le groupe qui suit. Une Amérique typée Western, puisque c’est en compagnie du General Cluster que nous allons passer les 50 prochaines minutes. Mais cette fois-ci, si le groove sera toujours extrêmement présent, c’est un son beaucoup plus sale, graisseux et lourd qui nous attend. Pratiquant un Southern/Stoner, les Grenoblois n’en sont pas à leur première scène, et ça se voit. Le set se montre nettement plus posé que celui de Flayed, avec surtout un frontman bien charismatique qui fait le show, et ça n’en est pas moins imposant pour autant. Deux styles, deux ambiances, et toujours une envie de faire remuer le public avec des compos qui donnent furieusement envie de se bouger le popotin.
Venant de tout près, General Cluster aura fait l’illusion d’être né de l’autre côté de l’Atlantique.

Le voilà, le groupe du jour, celui que j’attendais : Church of Misery. Du Doom/Stoner exotique – et culte pour qui s’y connaît un peu –, puisque les gars nous viennent du Japon. J’en avais entendu parler dans une (bonne) émission de télé et les voir là, à Saint-Mo, c’est quand même quelque chose.

Et eux arrivent sur scène, tranquilles, pour prendre leurs instruments et entamer leur set dans des vêtements qui n’auraient pas dépareillé à Woodstock (surtout pour Ikuma Kawabe, le guitariste). Mais point de Peace & Love ici. Church of Misery traite de sujets beaucoup plus sympas : les tueurs en série.


Et pour mettre ce thème en valeur, on nous sert des morceaux psychédéliques, oui, mais aussi glauques, lents et qui prennent leur temps pour installer ses atmosphères. Ils semblent résonner, prendre tout l’espace de cette scène extérieure pour venir faire vibrer nos tympans. Sur scène, on a affaire à des gars inspirés, complètement ivres de leur musique. Hideki Fukasawa, le chanteur, ne me fera pas mentir. Comme s’il avait mangé des champignons spéciaux, il semble se trouver dans un tout autre monde le long de ce show. Quant à Tatsu Mikami, le seul membre d’origine, il attire les regards en faisant gronder sa basse au niveau des tibias.
Bien plus que le fait d’avoir vu un groupe culte venu de loin, c’est réellement leur prestation qui nous aura emmené ailleurs.

Heureux hasard ou boutade de l’organisation, après Church of Misery : Misery Index. Mais un genre bien différent : finis la lenteur et le psyché, mais on garde toujours des ambiances malsaines, car cette fois, c’est du bon gros Death Metal. Un truc qui tâche à grands coups de riffs rapides et assassins et de soli aussi impressionnants que mélodiques. La prestation devient très rapidement furieuse. Sur scène, ça reste du classique : tandis que le batteur se démène sur sa batterie, le trio devant ne lésine pas sur les poses et les headbangs, du classique joué avec conviction. Dans la fosse, ça commence à se remuer, mais pas au même niveau de violence que le Death de nos Américains (c’est peut-être trop véloce et pas aussi « immédiat » que Benighted pour une découverte en live). Celui-ci, d’ailleurs, deviendra de plus en plus lourd et pesant au fil de la setlist, accentuant l’ambiance déjà présente en début de set.


En bref, une très bonne prestation, mais il faudrait que je revois le groupe après m’être acheté leurs albums pour mieux apprécier.

On aurait aimé un « Index of quelque chose », mais le nombre de groupes commençant par ce mot se compte sur le doigt d’un pouce. Alors c’est The Real McKenzies qui suit le set dévastateur de Misery Index. Et on change une nouvelle fois d’univers. Et pas qu’un peu ! Du Punk-Rock ! Oui, mesdames et messieurs, après le Death sombre et violent, le Sylak fait voyager ! Et eux viennent d’Ecosse… Ah, non, du Canada pardon… Mais Paul McKenzie, le leader, a été élevé dans la tradition écossaise. C’est un peu par vengeance qu’il a décidé de les mélanger à du Punk-Rock. D’où la présence d’une cornemuse et de kilts. Kilts dont on pourra d’ailleurs rapidement constater qu’ils sont portés selon la coutume, c’est à dire sans sous-vêtement.
Sautillant, énergique, décontracté, le sextet donne l’impression de remplir la scène comme s’il y avait toute une fanfare. Des musiciens content d’être là, notamment un guitariste qui monte sur les retours pour jouer et un chanteur peu avare en discours et phrases assassines envers l’Angleterre, sa reine ou même le public. Cela donne un show festif, avec une musique qui l’est évidemment tout autant. La surprise aura été de taille pour grand nombre de festivaliers.

On retourne à un peu plus de violence avec Dew-Scented. Ce nom, ça faisait un moment que j’en entendais parler, mais sans jamais avoir mis une musique dessus. Voilà qui est fait. Et pour ceux qui seraient dans mon cas, ils sont allemands, sont nés il y a 22 ans et pratiquent un Thrash/Death.
Et en entamant le show, Leif Jensen, frontman, s’excuse des petits démêlés avec l’aéroport, qui a perdu leur matos. C’est donc avec celui de Recueil Morbide que ce set aura lieu.

Et ma foi, c’est un très bon set qu’on a là ! La majeure partie du groupe n’est là que depuis peu – 2012, mis à part Jensen –, mais donne l’impression d’être une vieille famille. Comme s’ils avaient joué ensemble depuis leur adolescence. Mention spéciale au guitariste Martin Vriesde, au sourire constant et dont les grimaces laissent croire qu’il est étonné des sons qu’il nous sort avec ses doigts. Jensen, lui, aussi sympa qu’humble et à son aise, nous lance quelques mots en français – avec des remerciement à tout le monde, dont Recueil Morbide, des petits compliments à Benighted, Julien notamment, qu’il n’a pas manqué de remarquer dans le public –, chose vraiment cool, mon anglais étant ce qu’il est.
Quant à la musique, c’est du bon vieux Thrash/Death bien furax, dont il est question. C’est nettement moins violent que Misery Index, mais plus accessible aussi. Le truc ne manque donc pas de faire bouger un public qui, comme les jours précédents, devient de plus en plus agité au fil de la journée.

Red Fang. Je les attendais eux aussi. Pourtant, c’était juste parce que j’avais reçu une news de Pelagic parlant de leur split CD avec Kunz. Mais Pelagic, c’est toujours synonyme de baffe sonore, alors sans en savoir plus, je savais que j’avais envie de les voir. Et la baffe n’a pas manqué. On les a vus se préparer, ces Américains au look.. hum… vous voyez Trevor de GTA V ? Mettez-lui des cheveux long. Bah voilà. Seul le bassiste pourrait envisager un entretien d’embauche dans une entreprise. Mais Red Fang, c’est ça justement. C’est sale, crasseux, ça sent la bière et le cambouis. Le Stoner Rock bien Heavy des gars de l’Oregon est particulièrement jouissif. Lourd et envolé, ils nous plaque au sol autant qu’ils nous donne envie de nous bouger. Surtout qu’il est servi par des gars qui, s’ils s’en contrefoutent de leur look, nous donne à voir un sacré spectacle. Aaron Beam dégage une énergie folle et si David Sullivan est un brin plus effacé que son compère guitariste, c’est uniquement parce que ce dernier a été magistral. En effet, Maurice Bryan Giles tous cheveux au vent nous livre une performance toute en hargne.
Pas besoin d’en dire plus. Red Fang, c’était énorme, ça nous a tous foutu sur le cul, et pis c’est tout.

On arrive maintenant dans la toute dernière partie du festival. Il ne reste plus que deux groupes, les plus gros. Les têtes d’affiche.
Le premier, c’est Coroner. Et c’est un peu comme de vieilles retrouvailles pour pas mal de gars présent ce soir, puisque les Suisses s’étaient séparé en 1996, pour se reformer 14 ans plus tard, soit en 2010. Les premières gouttes commencent à tomber, les éclairs zèbrent le ciel au loin, laissant craindre le pire pour cette fin de journée. Un pire qui n’arrivera heureusement pas.


Et que dire de Coroner ? Un très bon show, avec un Ron Royce, bassiste-chanteur, convainquant et convaincu. Et si le reste de la troupe – Tommy Baron notamment, les autres, batteur et claviériste, étant contraints de rester à leur place – fait le job, c’est vraiment sur les épaules du frontman que repose la prestation.
Une prestation enjolivée par la nuit permettant un jeu de lumière plus poussé, qui nous a délivré une musique intense et technique. Très technique. C’est d’ailleurs du Thrash Technique, que Coroner pratique. Du coup, ce que j’ai dit pour Misery Index trouve ici une toute autre dimension. C’est assez difficile d’apprécier pleinement les morceaux en les découvrant pour la première fois en live.
Néanmoins, les connaisseurs du groupe ont dû prendre leur pied. Les veinards. Faudrait que je fasse comme eux, pour le prendre à mon tour la prochaine fois.


Voilà la fin du festival s’approche, le dernier groupe avant que tout le monde se sépare pour rentrer chez soi après ces trois jours, que l’organisation commence à remballer, certainement la chose la moins marrante à faire.
Et pour clore le Sylak quatrième édition, c’est à Turbonegro qu’on a fait appel. Et je dois dire que personnellement, je ne comprenais pas ce choix. Moi, Turbonegro, je n’en avais jamais entendu parler. Alors faire la tête d’affiche d’un festival avec un groupe inconnu… Mais il semble que je sois le seul à ne pas connaître les Norvégiens. Durant toute la journée, on a pu croiser des gens, souvent en groupes, vêtus de vestes en jean avec les patchs « TurboJugend ». Une fan base importante qui justifie à elle seule la place du groupe dans le Sylak.
Mais Turbonegro, c’est quoi ? Du Hard Rock qui envoie bien, immédiatement assimilable et dynamique. Tout comme le groupe qui met une belle ambiance très très bien relayée par les fans qui n’étaient venus que pour eux. Une ambiance joyeuse, au moins autant que celle de The Real McKenzies, avec une très belle dose d’humour présente dans le jeu de scène – chacun des membres étant costumé différemment –, que dans les paroles des chansons, la musique par moments, et les interventions, parfois en français, de Tony Sylvester. Y a pas à dire, le festival se conclut sur une note très festive. Le groupe est bon, le public réceptif. Rien ne manque.

Pourtant, sans trouver ce set désagréable, je ne parviens pas à entrer dans le truc. C’est peut-être dû au style pratiqué (je vous ai dit que le Hard Rock, c’était pas mon truc?). Alors au bout d’un moment, je pars un peu plus loin reposer mes pieds tout en gardant un œil et une oreille sur Turbonegro.
Un chouette groupe de fin, mais auquel je n’ai pas totalement adhéré.

Et voilà. 11H30, maintenant. Le dernier set se termine et avant que tout le monde parte, l’orga monte sur scène avec une grosse partie des bénévoles. Tradition de fin de festival. Après un petit discours remerciant les bénévoles, sans qui rien n’aurait pu avoir lieu, les partenaires, la ville, et pas mal d’autres gens – qu’il nous convient aussi de remercier, sinon, on n’aurait pas eu droit au Sylak, fest à taille humaine, mais avec de gros groupes, des gars motivés et des conditions excellentes. Et puis on s’en va dans la nuit. On rentre chez nous, dans le calme, avec nos souvenirs.

Lundi 11 août. L’orage prévu durant ces trois jours tombe maintenant. Un jour maussade, qui tend à retranscrire l’émotion que l’on ressent après un retour à la normale.
Rendez-vous l’année prochaine.

 

Deuxième jour

 

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