Live report + photos & vidéos : Bloodybarbie

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Ô que  je l’attendais cette date !  Je l’attendais depuis le jour où j’ai découvert Katatonia en 2011 avec le morceau « My Twin ». C’était le début d’une longue et sincère histoire d’amour qui n’est pas prête de se terminer. Je ne peux plus me passer de Katatonia qui anime mon quotidien ou certaines situations de la vie. Malheureusement, l’occasion ne s’est jamais présentée pour que je puisse enfin les voir : jamais là au bon endroit au bon moment. Mais, ce soir, rien d’autre que la mort aurait pu m’empêcher d’assister au concert. Cependant, j’aurais aimé voir un groupe pareil dans une salle plus belle (parce que je n’aime pas le Trabendo, surtout quand il s’agit de doom, j’aime les salles qui ressemblent à un théâtre comme Le Divan Du Monde, le Trianon, La Cigale…) mais bon, Katatonia ce n’est ni Opeth ni Anathema (même si un Divan aurait affiché complet).

On remarquera que le public est semblable à celui d’Anathema : beaucoup de personnes qui ne sont pas des métalleux purs, qu’on ne voit jamais aux concerts de métal, puisque comme pour Anathema, c’est le genre de musique tout (bon) public, qui attire les mélomanes (et les amateurs de mélancolie). Un groupe comme Katatonia mérite d’avoir la terre entière comme fan !

Même si j’aurais tellement souhaité et rêvé que Katatonia tourne avec October Tide et Novembre (bon ce n’est pas pour faire le tour des saisons) on va se contenter de Vola, que je découvre, et d’Agent Fresco que j’ai eu l’occasion de voir en première partie de Coheed & Cambria en janvier 2016.

 

Vola :

Si je devais trouver rapidement un substitut à Meshuggah (parce que je n’ai pas du tout aimé leur nouvel album, avec tout le respect que j’avais pour ce groupe), en écoutant Vola le choix est vite fait. Des rythmes complexes, un style se rapprochant de celui de Between The Buried and Me et TesseracT (d’ailleurs le chant clair est assez  proche de celui de Daniel Tompkins), un jeu de guitares sous accordées ultra technique, des nappes de synthé et des mélodies planantes.

 

On se sent volatile, léger, transporté par cette musique stratosphérique. Vola joue sur la finesse, pas trop agressif, juste ce qu’il faut pour faire du bon prog djent solide. Coup de cœur pour le morceau « Gutter Moon » avec sa belle intro piano et ses synthés lui donnant une teinte électro discrète avec les soins de Martin Werner  aux manettes de son Apple et de son clavier. Même si, pour tout le reste, les morceaux se ressemblent assez au vue des quelques riffs de guitares qu’on retrouve partout, seuls les claviers / samples et les différents ponts / changements de tempo font la différence.

Vola nous installe dans une ambiance calme, très apaisante et agréable. En tout cas, les Danois avaient l’air très heureux et reconnaissants (bien qu’un peu timides) envers Katatonia de les avoir pris avec eux en tournée.

Un groupe qui passe très bien en première partie mais certainement pas un coup de cœur !

 

 

Setlist Vola:
-The Same War
-Starburn
-Owls
-Your Mind Is a Helpless Dreamer
-Emily
-Gutter Moon
-Stray the Skies

 

 

Agent Fresco :

Si on vous dit Islande, vous pensez directement au Volcan (ou Vulcain), Magma, des groupes français quoi mais aussi et surtout Solstafir et Skalmold, ainsi qu’une flopée de groupes Black Metal qui est la scène dominante du coin. Mais il y a aussi des groupes de prog, un en particulier, très bon et qui se démarque spécialement par son talent, sa schizophrénie, et la voix de son chanteur qui est très distinguable des vocalistes de son genre par sa capacité de couvrir plusieurs gammes et utiliser différents styles de chant (clair cristallin, screamé, des envolés impressionnantes), je citerai son seul et unique alter ego, Tommy Giles Rogers de Between The Buried and Me. Un set d’une demi-heure avec une setlist quasi similaire à celle de l’année dernière (à 3 morceaux près).

 

Si le très touchant « Wait for Me » dégage une forte émotion c’est parce qu’il a été écrit avec beaucoup d’émotion et de peine. Comme l’annonce Agent, ce morceau est dédicacé à tous les rêveurs et ambitieux qui vont jusqu’au bout de leurs rêves, même s’ils ont dû s’éloigner des gens qu’ils aiment, ils sont heureux car ils réalisent leurs rêves, comme celui d’être ici ce soir avec Vola et Katatonia. Il y a un vécu derrière tout cela puisque le frontman Arnór Dan Arnarson a perdu son père suite à cancer alors qu’il avait 20 ans, c’est ce qui l’a motivé à retourner en Islande pour un ou deux ans pour être près de sa famille car il vivait et étudiait au Danemark. Et finalement il vit toujours là-bas, faisant de la musique son métier. Une autre de ses qualités en tant que chanteur, c’est qu’il a le pouvoir absolu de transmettre différentes émotions à travers sa voix dans laquelle réside la moitié du charme des compositions des Islandais. Il ne fait pas que chanter mais se met au piano le temps de jouer un passage sur quelques titres.

Vient la fin du set où Arnór nous remercie une dernière fois et dédicace l’avant dernier morceau à son père qu’il a perdu il y a quelques années de ça, et a composé ce morceau en son hommage lorsqu’il a dit ses adieux à son père, et enchaîne avec le très émouvant « Eyes of a Cloud Catcher », une morceau qui clôture souvent leur setlist.

 

Alors là, ceux qui connaissent se sont déjà préparés à cette musique schizophrénique d’Agent Fresco fortement salué. J’étais entourée par deux personnes qui découvraient tout juste le groupe et je m’impatientais de connaître leur avis. S’ils les ont faits venir d’Islande pour la tournée c’est qu’ils ont vraiment du talent !

Agent Fresco c’est, pour moi, un des jeunes groupes les plus brillants du metal prog que je classerais, en termes de qualité et d’état d’esprit, juste après Leprous. On retrouve un chant clair un peu pop, avec des envolés par moment, des cris déchaînés et monstrueux par d’autres au sein d’un même morceau comme « Angst » !

D’ailleurs à la fin du set, ma voisine de concert me dit “je vais aller acheter leur album de suite” et une autre “je ne connaissais pas mais c’est vraiment excellent” !

Agent Fresco a conquis, une fois de plus, de nouveaux fans, un grand bravo pour cette formidable prestation !

 

Setlist Agent Fresco:
-Anemoi
-He Is Listening
-Howls
-Pyre
-Wait for Me
-See Hell
-Angst
-Eyes of a Cloud Catcher

 

Katatonia :

Niveau complexité rythmique, ce sont les deux précédents groupes prog qui l’emporte sur Katatonia. On laisse maintenant la technique musicale d’intello et on passe à la musique de Katatonia qui est un tourbillon émotionnel inégalé, fait de mélodies pas spécialement complexes mais tellement propres à eux, une marque de fabrique et un son unique qui se reconnaît parmi des millions d’autres. C’est là qu’est leur point fort, et ce principalement grâce à la voix unique de Jonas ! Le set est introduit par un titre du nouvel et excellent album (un de mes albums de l’année d’ailleurs: http://www.soilchronicles.fr/chroniques/katatonia-the-fall-of-hearts) qu’ils sont censés défendre lors de cette tournée, je dis bien « censé » car il n’y a eu que deux titres de joués, j’ignore pourquoi, si c’est par honte alors qu’il a été très bien noté par la presse et les fans, ou alors parce qu’ils préfèrent jouer les vieux morceaux, ce qui est fort regrettable ! Après, on ne va pas se plaindre de la setlist, elle est très bien (même si j’avais envie d’entendre plus de morceaux), 2h de Katatonia ce n’est pas assez, ce n’est jamais assez ! En particulier, j’ai été ravie (surtout en tant que chroniqueuse de Soil Chronicles) qu’ils nous jouent en live des morceaux qui font rarement partie de leurs setlist « Soil’s Song » mais aussi « Saw you Drawn ».

 

Comme je l’ai toujours pensé, c’est dommage que Jonas ne s’inspire pas d’Agent Fresco et ne se mette pas à jouer les parties de piano sur un clavier, surtout que souvent pendant ces parties, il n’y a pas de chant, ça aurait fait plus classe et plus vivant que de les lancer sur bande (et surtout qu’il sait jouer un peu de piano) !

Il y a quelques nouveaux que le groupe joue pour la première fois en tournée, le nouveau guitariste Robert à qui on a même confié un solo : il s’est avancé fièrement au milieu de la scène (alors qu’il était timidement en retrait pendant tout le concert), avec un grand sourire, et il l’a exécuté à la perfection. Le second nouvel arrivant est le batteur, aussi excellent que son prédécesseur Daniele (qui était soutenu par une personne présente à côté de lui durant tout le concert, ça m’a bien fait marrer).

 

Le son était très bien équilibré mais assez fort pour ceux qui étaient en première ligne. La lumière était globalement très sombre, à l’image de la musique de Katatonia mais avec un brin de rayon lumineux de temps en temps (ce qui rendait la photo quasi-mission impossible, le pire concert à photographier pour moi). Aussi sympathique qu’est Jonas, il établit une barrière entre lui et le public lorsqu’il chante, un rideau avec ses cheveux tombants et cachant son visage qu’il dégageait lors des quelques moments où il communiquait avec le public entre deux morceaux pour nous remercier et nous demander si on en voulait encore ! Un concert de Katatonia c’est dans le silence et l’attention absolue du public qu’il se déroule, certains connaissent par cœur les paroles (comme moi et mon voisin venu d’Angleterre pour cette date) ce qui rend le concert encore plus magique.

 

Je ne dirais pas que le chant de Jonas était tout le temps juste et à la perfection, il y avait quelques fausses notes qui se comptent sur les doigts d’une main ou deux (mince, moi qui croyais qu’il était parfait!) et aussi certains morceaux ne sont pas joués exactement comme sur album, ce qui est appréciable aussi.

Pour l’anecdote, c’est très bizarre de voir des doomeux sourire fréquemment en concert (tous sauf Jonas qui reste sous l’emprise de l’émotion que dégage sa musique sombre et mélancolique). Le rappel se fait avec « Forsaker »,  « My Twin » (je n’ai pas aimé le chant de Jonas revisité sur ce morceau),  « Lethean » et à ma grande surprise « July », avant qu’ils nous quittent avec grande tristesse. En tout cas la setlist du concert était dans le désordre par rapport à ce qui était affiché devant les musiciens!

 

Setlist Katatonia
-Last Song Before the Fade
-Deliberation
-Serein
-Dead Letters
-Day and Then the Shade
-Teargas
-Criminals
-Saw You Drown
-Evidence
-Soil’s Song
-Old Heart Falls
-For My Demons
-Leaders
-In the White

Encore
-Forsaker
-My Twin
-Lethean
-July

 

Avant ce jour, je craignais que la mort ne s’empare de moi avant d’avoir vu Katatonia en chair et en os mobile devant moi en 3D et les rencontrer personnellement (chose faite d’ailleurs, le contenu officiel ici et l’officieux je le garde pour moi : http://www.soilchronicles.fr/interviews/katatonia ). Mais maintenant que j’ai goûté à cette magie catatonique en live, je voudrais vivre le plus longtemps possible pour les revoir encore et encore (ou devenir leur batteuse), car clairement, un concert comme celui-là ne suffit pas mais fait vivre ! Un grand merci à Garmonbozia pour avoir permis ce magnifique concert et aux groupes de nous avoir transporté dans un autre monde !

 

 

 

 

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